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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
03.12.2024
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De la création d’une instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des violences sexuelles à l’indemnisation sans réserve des victimes, les évêques français ont voté, lundi 8 novembre à Lourdes, des mesures majeures dans la lutte contre la pédocriminalité dans l’Église, qui témoignent d’un changement de mentalité inédit. Abus sexuels : révolution intérieure et décisions historiques pour les évêques français Abonnés
Analyse
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Autant ils ont pu donner l’impression, ces dernières années, de résister aux attentes exprimées par les victimes d’abus sexuels, et de n’y consentir que sous la pression, autant au terme de cette Assemblée plénière d’une densité rare, les évêques de France semblent avoir décidé d’assumer jusqu’au bout, sans réserve et quoi qu’il en coûte, leur responsabilité institutionnelle dans ces drames en s’engageant dans un ambitieux programme de réparation et de réforme de leur gouvernance. «Notre intention est que toute victime qui se présentera à nous soit honorée » , a affirmé leur président, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, en présentant lundi 8 novembre la série de mesures votées le matin même à huis clos à «une immense majorité ».
→ TÉMOIGNAGES. Abus sexuels : les victimes entre satisfaction et vigilance après les décisions des évêques
Ils ont ainsi décidé de la création, sur le modèle de la Ciase, d’une instance nationale indépendante pour la reconnaissance et la réparation des violences sexuelles dans l’Église, confiée à la juriste Marie Derain de Vaucresson, ancienne défenseure des enfants, et de lui garantir les moyens financiers nécessaires.
Pour cela, un fonds d’indemnisation, décidé en mars, a déjà été mis en route et abondé par les évêques. Mais ces cotisations seront à l’évidence insuffisantes. Aussi ont-ils décidé de puiser « autant que nécessaire » dans les réserves de sécurité des diocèses et de la Conférence épiscopale, en se dessaisissant de biens immobiliers ou mobiliers, mais aussi en contractant un emprunt si nécessaire. «Nous réfléchissons avec des juristes à voir comment lever les obstacles liés à la loi de 1905 qui pourraient empêcher de recourir à certains de ces biens», a précisé Mgr Olivier Leborgne, vice-président de la CEF.
→ ENTRETIEN EXCLUSIF. Abus sexuels et « réparation » : Marie Derain nommée pour « écouter les besoins exprimés par les victimes »
Riches ou pauvres, les diocèses seront donc solidaires les uns des autres (1). Pas d’appel aux dons des fidèles, donc, ni de recours aux fonds versés pour la mission de l’Église contrairement à ce qui avait été évoqué jusque-là. «Nous n’exclurons pas les dons de toute personne qui voudrait s’associer à ce processus de justice restaurative, mais c’est d’abord l’institution qui s’engage», a souligné Mgr Dominique Blanchet, vice-président de la CEF.
Les évêques, qui ont travaillé toute la semaine en présence du nonce apostolique, ont aussi annoncé leur intention de demander au pape d’envoyer une équipe de visiteurs afin d’examiner la manière dont chaque diocèse a agi face aux cas d’abus qui s’y sont présentés. Alors que certains laïcs et victimes avaient appelé à leur démission, ils n’ont pas rejeté lundi 8 novembre l’idée de tirer « toutes les conséquences si cela était nécessaire » de cet audit pontifical.
→ CONTEXTE. Abus sexuels : à Lourdes, les évêques amorcent leur révolution culturelle
Enfin, décidés à répondre aux recommandations de la Ciase et à s’engager dans« un vaste programme de renouvellement de leur gouvernance », ils ont voté la constitution de neuf groupes de travail qui seront pilotés par des laïcs et coordonnés par un laïc, homme ou femme. Ces groupes associeront des membres de divers états de vie, pour répondre à la démarche synodale voulue par le pape. Ils rendront compte de leurs travaux à chaque Assemblée plénière.
Au printemps 2023, ce processus aboutira à un « événement d’Église de type synodal » et à la prise de décisions, que ce soit en termes d’accompagnement des prêtres et des évêques tout au long de leur vie, d’audit des cellules d’écoute, de réflexion sur les bonnes pratiques face à la révélation de cas d’abus, de suivi des prêtres abuseurs ayant purgé leur peine. Alors que le rapport de la Ciase avait pointé une trop grande concentration des pouvoirs dans les mains de l’évêque, Mgr de Moulins-Beaufort a souligné que les séances de travail avec une centaine de laïcs invités à Lourdes les ont « convaincus »qu’ils avaient « besoin d’aide extérieure » et qu’ils pouvaient « apprendre à partager la construction des décisions pour un meilleur service du peuple de Dieu ».
→ ANALYSE. Rapport Ciase : la difficile question de la réparation financière des victimes
Ces mesures sont, de fait, le fruit d’une longue prise de conscience. « Nous avons péché ces dernières années dans la tentation de traiter ces cas uniquement en interne, entre nous. Nous avons compris que nous ne pouvions progresser sans le regard des autres et de la société », a reconnu Éric de Moulins-Beaufort. Un peu plus tôt dans un discours de clôture évoquant l’esprit dans lequel ces résolutions ont été prises, l’archevêque de Reims avait mis des mots sur les pas décisifs et la révolution intérieure accomplis par les évêques au cours de cette assemblée.
Sans faux-semblants, il avait évoqué les résistances manifestées ces dernières années par les évêques, avant la reconnaissance décisive, vendredi 5 novembre, de leur responsabilité institutionnelle dans ces abus systémiques dévoilés par le rapport de la Ciase. « Sans le vouloir, nous étions complices, (…) nous passions du temps à (…) lancer des procédures, à trembler en nous demandant ce que tel prêtre pouvait faire ou non, à redouter que quelqu’un se mette à parler encore, à recevoir des personnes victimes et à découvrir des taches nouvelles sur la réputation de tel prêtre ou tel laïc agissant dans l’Église », a-t-il indiqué. Avant d’admettre : « Nous avons compris qu’il fallait le dire plus nettement, sans nous inquiéter des conséquences de tous ordres. »
→ ANALYSE. Pédocriminalité : à Lourdes, les évêques à genoux se repentent
Qu’est-ce qui les a fait basculer ? Éric de Moulins-Beaufort a énuméré, outre les recommandations de la Ciase, les raisons qui fondent la conversion et l’engagement de l’épiscopat : « parce que des fidèles très divers l’attendaient de nous et l’avaient fait savoir fortement » ; « parce que la société nous en sommait » ; et « parce que nous avons senti le regard de Dieu sur nous, parce que nous avons senti monter en nous le dégoût et l’effroi en réalisant ce que tant et tant de personnes avaient vécu et vivaient de souffrances ».
Lui-même a fait part de son propre cheminement spirituel. « J’ai pris conscience pour ma part que je pouvais progresser dans ma disponibilité aux personnes en précarité et dans mon attention à la sagesse et pas seulement à la clameur dont elles sont porteuses », a-t-il dit. Cette reconnaissance a marqué pour les évêques une « libération ». « Nous sommes libérés de pouvoir manifester que notre Église, celle à laquelle nous appartenons et que nous voulons servir, ne peut pas être une institution préoccupée d’elle-même, engoncée dans l’auto-glorification. »Dans ses interventions publiques, Éric de Moulins-Beaufort a placé les engagements des évêques en référence au visage sculpté d’un enfant en pleurs, dévoilé vendredi 5 novembre sur le bâtiment de l’hémicycle épiscopal, à Lourdes, devenu l’icône des victimes d’abus sexuels dans l’Église. Mais aussi l’incarnation, pour les évêques, de cette prise de conscience décisive.
→ À LIRE. Avec le collectif « Agir pour notre Église », des catholiques s’engagent
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Neuf groupes de travail ont été décidés par l’Assemblée des évêques de France, répondant aux recommandations de la commission Sauvé.
1. Partage de bonnes pratiques devant des cas signalés.
2. Confession et accompagnement spirituel (recommandations 8 et 45).
3. Accompagnement des prêtres mis en cause (R1).
4. Discernement vocationnel et formation des futurs prêtres (R44).
5. Accompagnement du ministère des évêques (R13, 34).
6. Accompagnement du ministère des prêtres (R35, 44).
7.Associer les fidèles laïcs aux travaux de la Conférence des évêques (R34, 36).
8. Analyse des causes des violences sexuelles au sein de l’Église (R2).
9.Moyens de vigilance et de contrôle des associations de fidèles menant la vie commune et de tout groupe s’appuyant sur un charisme particulier (R5).
Lecture en 3 min.
«Je sens maintenant la possibilité d’une confiance.» Michel, qui lâche ces mots avec émotion, n’est autre que l’auteur de la photo de l’enfant qui pleure, dévoilée lors du geste mémoriel des évêques, samedi 6 novembre à Lourdes. «Comment est-ce que cela se fait qu’on ne peut pas rendre justice à cet enfant ? »s’interrogeait-il. «J’ai eu des réponses», reprend-il mentionnant l’annonce de la constitution d’un organe indépendant, et l’engagement à abonder le fonds d’indemnisation par la vente de biens immobiliers de l’Église. «Cela nous rend vraiment justice, poursuit Michel. L’auteur de l’agression, dans mon cas, est décédé. Mais c’est bien une culture d’Église qui l’a rendu possible. Que le patrimoine serve à indemniser les victimes montre que c’est l’institution qui paie. »
«Je passe de l’espérance à l’espoir, en voyant que les évêques posent des actes, font des choix. Enfin !», souffle de son côté le père Jean-Luc Souveton, victime d’un prêtre quand il avait 15 ans, et dont la prise de parole sans concession, mardi 2 novembre, avait vivement secoué les évêques. «Je sens qu’il y a un réel mouvement,poursuit-il. J’ai entendu des mots clés, comme évaluation, processus. Je retiens que des choses se mettent en place très rapidement, comme l’instance indépendante de suivi, je prends acte du fait que le fonds d’indemnisation ne fera pas appel aux dons des fidèles… »
«Le fait que tous les évêques seront soumis à la vente de biens immobiliers de leurs diocèses si nécessaire pour indemniser les victimes est une bonne chose», renchérit Brigitte Navail, elle-même victime d’un prêtre. Autre point positif, à ses yeux, la demande d’une visite apostolique de Rome. «C’est un premier pas des évêques pour rendre compte de leur gestion », souligne-t-elle. «La demande d’une équipe de visiteurs romains, je ne m’y attendais pas, reconnaît Jean-Luc Souveton. C’est vraiment quelque chose d’important, même si des questions demeurent : qui va-t‑elle rencontrer ? Des personnes victimes y seront-elles associées ? »
L’annonce de la constitution de neuf groupes de travail composés de laïcs et de clercs, si elle est accueillie positivement, suscite tout de même des réserves chez les victimes interrogées. «Nous serons vigilants, car le détail de la constitution de ces groupes n’est pas clair, en particulier sur la place qu’auront les personnes victimes, estime Michel. Nous n’avons pas envie de revivre l’amateurisme des précédents groupes de travail de la CEF sur ce sujet », ajoute-t-il en faisant allusion aux quatre groupes de travail mis en place en novembre 2018.
Même réticence pour Olivier Savignac. « J’espère que cela relèvera moins du bricolage », affirme-t-il. Le cofondateur de l’association Parler et revivre se dit en outre «un peu surpris que rien ne soit mis en avant sur la question de la prévention». « Ce qu’attendent les personnes victimes, c’est qu’elles puissent être réparées, mais aussi que les enfants d’aujourd’hui et de demain soient protégés,poursuit Olivier Savignac. L’Église doit être modèle sur l’effort de prévention, et cela n’est pas signifié à la hauteur de ce qu’on peut attendre. »
«Un peu sur la réserve», Brigitte Navail attend maintenant de voir comment les productions des groupes de travail seront «entendues, mises en œuvre par les prochaines Assemblées plénières». Mais, comme beaucoup de victimes, elle a l’impression d’avoir assisté à un «basculement». «Quelque chose s’est passé quand les évêques se sont parlé, éclairés par la parole des victimes et des personnes en précarité, décrit-elle. Il y aura un avant et un après, jamais plus les Assemblées plénières ne seront pareilles. » Même si, elle en est consciente, « certains évêques sont sur le reculoir. Mais ce qui m’intéresse est que ces décisions aient pu être votées ».
«Quand l’état d’esprit change, tout devient possible,se réjouit Michel. Mais qu’est-ce qu’il a fallu ramer… » L’auteur de L’Enfant qui pleure l’assure, «il va falloir être vigilant ». «Mais j’ai envie de dire à l’enfant qui pleure : ta parole aujourd’hui est reconnue, et on va te rendre justice. Désormais, cela devient possible. »