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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
12.02.2025
10793 articles
La Croix : À l’heure de l’investiture de Donald Trump, quelle est la situation sur le front ukrainien, et en premier lieu autour de la ville de Pokrovsk, important carrefour dans le Donbass ?
Stéphane Audrand : Les Russes sont parvenus aux abords de la ville et procèdent de manière assez classique devant un centre urbain bien défendu : en « déchaussant les pierres » du mur qu’ils ont face à eux, de manière à couper les routes d’approvisionnement et à dégrader progressivement la réactivité du dispositif défensif ukrainien. Ils tentent actuellement un enveloppement par l’Ouest, prennent des positions, et vont probablement essayer de faire de même sur la route à l’est de la ville. Je ne pense pas qu’ils soient pressés d’aborder la ville elle-même, les combats urbains étant très coûteux. Ils vont essayer de l’isoler et de l’encercler, tout en exerçant une pression partout ailleurs sur le front.
Dans le Donbass, la ville de Toretsk est presque prise, et les Russes avancent aussi dans la ville de Tchassiv Yar. Quelle stratégie poursuivent-ils ?
S. T. : La prise de ces deux villes permet d’avancer vers la conurbation Kramatorsk-Sloviansk, et l’objectif fixé par Vladimir Poutine de « libérer » tout le Donbass. Plus globalement, les Russes mènent une bataille méthodique sur l’ensemble du front, en exerçant partout une forme de pression. Ils sont en train de reprendre Velyka Novosylka, le seul gros patelin libéré par l’armée ukrainienne durant sa contre-offensive de l’été 2023, et reprennent toutes les avancées faites par les Ukrainiens dans la « ligne Sourovikine », le grand dispositif défensif russe sur le front sud. Ils déchaussent, ils améliorent leurs positions, ils poussent… et c’est ainsi qu’ils avancent petit à petit depuis un an.
À l’arrivée, cela ne fait pas énormément de kilomètres carrés pris par l’armée russe, mais tous les kilomètres carrés ne se valent pas. Surtout, cette attaque généralisée empêche le repos et la réorganisation de l’armée ukrainienne. C’est un élément essentiel de la stratégie russe : imposer une surchauffe permanente qui consomme du matériel et des hommes, et qui empêche à l’armée ukrainienne de respirer et de « s’adapter pour vaincre », pour reprendre l’expression de Michel Goya (1).
Que révèlent les récentsdéboires de la brigade « Anne de Kiev », formée et équipée par la France, mais presque immédiatement « démembrée » par le commandement militaire ukrainien ?
S. T. :C’est emblématique d’un problème plus large de l’armée ukrainienne, qui préfère créer de nouvelles brigades (formation de plusieurs milliers d’hommes, NDLR) plutôt que de verser ses recrues dans les brigades déjà existantes. Le problème, c’est que Kiev manque de matériel pour équiper ces nouvelles brigades, et qu’elles n’ont pas d’expérience du combat. Plus largement, l’armée ukrainienne a de plus en plus de difficultés d’organisation et de commandement.
Cela se voit dans la construction désordonnée des fortifications, le manque d’homogénéité des brigades, qui sont gérées comme des PME et se font concurrence les unes les autres, les défaillances du commandement intermédiaire, la gestion des volontaires, et ce choix de créer de nouvelles brigades.
De même, j’ai du mal à comprendre leur obsession de la défense millimétrique du territoire. Idem pour leur choix de s’accrocher au territoire qu’ils ont pris dans la région russe de Koursk, qui n’a pas de valeur politique. Ils essayent peut-être d’y « saigner » l’armée russe, qui est contrainte à de coûteuses offensives. Cela a pu être effectif au début, mais les Ukrainiens subissent désormais plus de pertes, et cela dans des unités expérimentées.
Quels sont les risques pour l’armée ukrainienne ?
S. T. :Ce qui m’inquiète, c’est que les courbes se sont croisées en 2024 en ce qui concerne la qualité des organisations. Avant, les Ukrainiens étaient réactifs et savaient saisir des opportunités sur le champ de bataille. Là, on voit qu’ils commettent des erreurs que les Russes exploitent. À l’inverse, l’armée russe profite du fait qu’elle est à l’offensive pour imposer son tempo, et faire tourner ses unités. Donc le niveau général commence à monter chez eux.
Le risque pour l’Ukraine, c’est « l’effet falaise » : une chute brutale d’un pan du front. Avec deux limites. La première, c’est que les Russes auraient des difficultés à l’exploiter, car cela nécessiterait de reconstituer des concentrations de blindés. La seconde, c’est que l’on ne sait pas combien de temps l’armée russe peut continuer à pousser. Cela fait plus d’un an maintenant qu’elle est à l’offensive et subit de lourdes pertes humaines et matérielles. Ces derniers jours, on voit une baisse de l’intensité des assauts. Mais ce n’est peut-être que temporaire.
Le retour de Donald Trump lundi 20 janvier va rebattre les cartes de ce conflit…
S. T. :On est dans l’incertitude. Une partie des républicains veulent continuer à aider l’Ukraine, d’autres veulent réduire le soutien pour s’occuper en priorité de la Chine, d’autres encore sont prêts à lâcher complètement Kiev. Mais Trump ou pas Trump, gardons en tête que le destin de l’Ukraine est entre nos mains.
Nous, Européens, avons les moyens d’aider l’Ukraine à tenir assez pour mettre en échec cette agression russe. Bien qu’avec retard, nous sommes montés en capacité dans la production d’obus. C’est une question de volonté. Je suis convaincu que si l’on refuse de payer maintenant, on paiera le triple plus tard. Paradoxalement, le courage politique est peut-être ce qui manque le plus en Europe.
(1) S’adapter pour vaincre. Comment les armées évoluent, Michel Goya, Éditions Perrin, 2019.