Hospitalisastions

02/09/2012 (j'avais donc 17 ans)

Je suis trop fatiguée pour écrire (pourtant je l'ai fait... Parfois, je m'étonne moi-même), trop fatiguée pour penser, trop fatiguée pour dormir, trop fatiguée pour penser.

Ma chambre, petite et orange est fermée à clef, je ne peux pas sortir, aucun patient ne peut y rentrer. C'est ce dernier point qui importe. Ici, les patients n'ont pas l'habitude d'accueillir une jeune fille, c'est pourquoi on me protège. On me protège aussi de moi. Mes lacets confisqués, mes affaires retirées, je traîne mes baskets tout au long des couloirs vides, à la recherche de ce qui pourrait bien me faire ne serait-ce qu'un tout petit peu de mal. Rien. Il 'y a strictement rien. Des murs et des grillages, rien d'autre. Les médicaments m'assomment, je dors toute la journée et je veille la nuit, malgré le somnifère qui brouille chacun de mes sens, et particulièrement, ma capacité à penser. Je ne sais pas quoi faire, je m'ennuie. Clope, "manger", dodo. Voilà ce qui occupe mes journées. Je n'en n'ai jamais connu d'aussi longues, c'était quand même mieux, l'oncologie. Ici, il y a de quoi devenir fou si on ne l'est pas encore.

03/09/2012

Me voilà réveillée par des cris et de coups donnés sur des portes, des murs, ou des vitres... Apparemment, ils veulent sortir, mais comme moi, ils sont enfermés.

On nous libère pour petit-déjeuner. Je fais durer ce moment afin d'écourter cette longue journée qui s'annonce aussi ennuyante que la précédente.

Je prends ma douche, je m'habille, il est toujours beaucoup trop tôt. Le temps est vraiment long...

Cet après-midi, j'aurai le droit d'aller à la cafétéria, accompagnée d'une infirmière, de mes lacets, et de mes vêtements que l'on vient de me rendre (j'étais en pyjama bleu, fourni par le service les premiers jours). Je pensais sortir aujourd'hui. En fin de compte, dix jours sont à ajouter au compteur. (Je recopie ces écris en ce 13 janvier 2015, je suis sortie hier, j'expliquerai très brièvement mon parcours). Je ferai donc ma rentrée scolaire en passant en hôpital de nuit. Quelle classe d'arriver au lycée en ambulance... (<-- ironie...)

Tiens, je m'ennuie, étrange... On ne perd pas les "bonnes" habitudes.

Je prends alors ma plume, mais l'ennui est tel, que même les idées sont en mode "OFF". C'est fou ce q'on est vide quand on est ici. Le temps lui même, est vide.seul le "tic-tac" de l'horloge suspendue sur le mur au milieu du couloir casse ce silence infernal.

Une autre goutte perlée coule sur ma joue dont elle épouse amoureusement la courbe. Que fais-je parmi les fous ? Où est ma place ? (Celui qui me répond la chambre n°6, j'le tue.)

Mes proches m'attendent, s'inquiètent, et moi, je taquine la mort pour trouver la vie. La vraie.

 04/09/2012

Je comprends seulement maintenant, qu'il ne me reste pas seulement 9 jours, mais bien plus. Je décide donc d'arrêter d'écrire, c'est tellement répétitif...