L’actualité est ainsi. On passe d’une chose à l’autre. Un jour, c’est la mort de centaines d’oiseaux dans un camion. Aujourd’hui, c’est une décision concernant une pratique de chasse sur une espèce classée comme vulnérable par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, une institution de référence dans ce domaine.

Parlons déjà un peu de notre outarde puisqu’il s’agit de Chlamydotis undulata. Elle vit dans le nord de l’Afrique, le Moyen-Orient et en Asie centrale. Oiseau plutôt sédentaire en Afrique, il est très migrateur en Asie centrale.

Il existe deux sous-espèces dont l’une est installée aux iles Canaries.

L’outarde Houbara est du genre discret et silencieux. Ses cris sont insignifiants. Elle est de la taille d’un gros poulet ou d’une dinde. Si cette outarde se montre solitaire, elle développe un instinct très grégaire en dehors de la période de reproduction.

Sur le plan alimentaire, elle n’est pas trop regardante. Tout est bon, les insectes comme les criquets, les sauterelles et toute une collection de petits invertébrés. Elle s’attaque aussi aux petits serpents et à certains lézards. Les fruits et les graines sont aussi mangés.

Mais ce qui vaut le sujet, c’est que pour des raisons « diplomatiques », un état – en l’occurrence le Pakistan – a décidé de lever l’interdiction de chasse qui concernait cette outarde. Celle-ci a la bonne idée de migrer par milliers de l’Asie centrale vers le Pakistan et ce, chaque hiver.

Evidemment, ces passages d’oiseaux attirent de nombreux chasseurs dont de nombreux dignitaires arabes, adeptes de la chasse aux faucons.

Pas de chance pour notre oiseau, nos chasseurs justifient leurs actes en disant que la chair de l’outarde Houbara s’avère…aphrodisiaque…Comment résister ?

Le Gouvernement pakistanais s’est donc tourné vers la Cour Suprême du Pakistan pour lever l’interdiction. Cette intervention se justifiait donc car l’interdiction de chasser nuisait aux bonnes relations diplomatiques avec les pays du golfe persique. Bien entendu, le nécessaire a été fait.

Bon, nos dignitaires n’étaient pas trop frustrés puisque l’interdiction datait de cet été (et la chasse commence en hiver). Mais avant cela, c’était de véritables expéditions qui se rendaient au Pakistan pour pratiquer la chasse. Des dizaines de véhicules et de domestiques avec les retombées locales qui vont bien.

Nous savons ce qu’il en est dans notre propre région de Haute-Savoie….

Mais quand vous avez une licence pour en tuer 100 et que vous en tuez 2.100 en 3 semaines, il y a comme un malaise. D’où l’interdiction. C’est quand même une espèce en voie de disparition !

Mais comme l’interdiction a été levée, la chasse va pouvoir reprendre, les devises rentrer, le commerce continuer.

Quant aux outardes, elles resteront…vulnérables puisqu’il en reste entre 50.000 et 100.000 dans le monde.

Photo : Len Worthington - Flickr