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Date de création : 01.01.2019
Dernière mise à jour : 01.12.2024
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VISITE DE LA SAINTE VIERGE A SAINTE ELISABETH

Publié le 13/05/2022 à 14:03 par flammedamour Tags : couronnement gloire assomption agreda marie divine marie vierge sainte tres la de vie
VISITE DE LA SAINTE VIERGE A SAINTE ELISABETH
CHAPITRE IX
VISITE DE LA SAINTE VIERGE A SAINTE ELISABETH
NAISSANCE DE SAINT JEAN-BAPTISTE

 

Dans la vision qu'elle eut après l'incarnation, la sainte Vierge connut que le Seigneur avait pour agréable qu'elle visitât sainte Elisabeth afin de sanctifier, par la présence de son divin Fils, le précurseur qui allait naître. Elle conféra de ce voyage avec saint Joseph, qui offrit avec un grand respect de l'accompagner. Ils fixèrent le jour du départ, qui fut le quatrième après l'incarnation du Verbe. Ils préparèrent les choses nécessaires, c'est-à-dire un âne que leur prêta un voisin, quelques fruits, du pain et quelques poissons et ils partirent de Nazareth, pour la maison de Zacharie, éloignée de quatre jours de marche par un chemin rude et pénible. La sainte Vierge se servait quelques fois du petit animal dans son voyage pour obéir à son époux mais elle marchait souvent à pied. Elle pria plusieurs fois saint Joseph de se servir de la pauvre monture mais le saint ne voulut jamais le faire. Ils restaient de longues heures en silence, la sainte Vierge chantait alors avec les anges visibles pour elle seule, des hymnes au Très-Haut, saint Joseph s'entretenait avec Dieu dans l'oraison. Ils s'occupaient ensuite à de saints entretiens dont le saint époux se sentait extraordinairement enflammé et pénétré. Ne sachant d'où lui provenait cette grande ferveur, il voulut le demander à la sainte Vierge mais il n'en eut pas le courage. La prudente Vierge ne voulut pas le lui découvrir, quoiqu'elle pénétrât son intérieur. Le voyage dura quatre jours pendant lesquels plusieurs miracles furent opérés: l'un fut de rendre la santé à une fille malade. La Reine de l'univers ordonna aux humeurs par le pouvoir suprême qu'elle avait sur les créatures, de se remettre dans leur état naturel. Les saints pèlerins arrivèrent enfin à Juda, c'était le nom de la ville où sainte Elisabeth habitait. Elle fut détruite dans la suite et il resta seulement cette maison qui devint un temple. Zacharie ne demeura pas toujours à Juda mais aussi à Hébron où il avait une maison et il y mourut. Avant d'arriver à Juda, Joseph voulut prévenir Zacharie mais sainte Elisabeth éclairée de l'Esprit-Saint, était venue à la rencontre de la sainte Vierge avec quelques personnes de sa famille et la joignit aussitôt. La très pure Vierge salua la première Elisabeth avec ces paroles: -le Seigneur soit avec vous ma cousine. Elisabeth répondit: -la Mère du Très-Haut vient à moi! Que le Seigneur vous récompense d'être venue me donner cette consolation. Après ce salut, elles se retirèrent en particulier et la Mère de la grâce salua de nouveau, en disant: -Dieu vous sauve, ma chère cousine et sa divine lumière vous communique la grâce et la vie. A ces paroles, Elisabeth fut remplie de l'Esprit Saint et éclairée intérieurement, elle connut en un instant les plus hauts mystères. Lorsque Marie proférait les paroles déjà rapportées, Dieu regarda saint Jean et lui accorda en ce moment le parfait usage de la raison, il le purifia du péché originel et le remplit de l'Esprit Saint. Dans le même temps, saint Jean vit aussi le Verbe Incarné, les entrailles de Marie lui servant comme de cristal et prosterné, il adora le Rédempteur du monde. Cette adoration produisit un tressaillement de joie du saint enfant dans le sein d'Elisabeth et ravie d'admiration de ces merveilles, les yeux fixés sur Marie, elle dit les paroles rapportées par saint Luc: -vous êtes bénie entre toutes les femmes. Le jeune Baptiste comprit le sens de ces paroles. La sainte Vierge répondit d'une voix douce et modeste par le cantique Magnificat anima mea dominum. Elisabeth ensuite s'offrit elle-même et toute sa famille à la sainte Vierge pour la servir et la pria d'accepter une chambre dont elle faisait usage pour prier le Seigneur. Marie accepta cette chambre avec un remerciement sincère et personne n'y entra désormais excepté sainte Elisabeth. La nuit arriva au milieu de leur doux entretien, la Vierge Mère demanda en se retirant la bénédiction à Zacharie comme prêtre du Seigneur. Elle ne s'empressa pas de remédier à son état de mutisme mais elle pria pour lui et lui porta une tendre compassion. Saint Joseph, après trois jours, demanda la permission de revenir à Nazareth, offrant de revenir au premier avis de sa sainte Epouse. Après son départ, la sainte Vierge régla sa manière de vivre dans cette maison et ce fut celle qu'elle observait à Nazareth. Elle faisait de ses mains les langes de l'enfant qui devait naître. Après une douce contestation, elle obtint de pratiquer l'obéissance et qu'Elisabeth aurait le commandement. Elle s'occupa des ouvrages qui lui furent imposés de sa sainte cousine. Tout ce que faisait la Mère de sa sagesse, Elisabeth le gardait avec une grande vénération sans jamais l'employer pour aucun usage.

Dans la compagnie de la Mère de Dieu, Elisabeth s'éleva à une très haute sainteté, elle vit plusieurs fois la sainte Vierge entourée de splendeurs et soulevée de terre. En la voyant toute absorbée en Dieu, elle se prosternait devant elle pour adorer le Verbe fait homme renfermé dans son chaste sein. Elle ne découvrit jamais à personne ce mystère caché excepté à Zacharie et à son fils et à celui-ci seulement après la naissance du divin enfant. Il y avait dans la maison d'Elisabeth, une servante d'un mauvais naturel, colère, médisante et habituée aux jurements. A cause de ces péchés, plusieurs démons la possédaient déjà depuis quatorze ans. La sainte Vierge découvrant le mauvais état de cette malheureuse femme et le motif pour lequel le démon l'avait possédée, pria le Seigneur pour cette âme, elle lui obtint la contrition et le pardon de ses péchés. Elle ordonna aux esprits infernaux de ne plus la tourmenter mais de se tenir toujours éloignés d'elle comme ils avaient fait lorsque la Vierge entra sur le seuil de la maison. Il y avait une autre femme dans le voisinage de la maison d'Elisabeth, qui n'était pas meilleure que la précédente. Dès qu'elle eut appris qu'il était arrivé dans ce lieu une jeune étrangère, modeste, humble et retirée: -quelle est celle-ci, dit-elle, dont la vie est si singulière? Je veux voir qui elle est. Elle alla, poussée par la curiosité, à la maison d'Elisabeth voir l'étrangère mais à la vue de la très pure Marie, tous ses sentiments dépravés furent changés, elle pleura amèrement ses péchés, sans connaître encore la cause de ce changement si subit. La Mère de Dieu fit aussi la conquête d'un grand nombre d'autres âmes mais toujours en secret sans que personne remarquât que la grâce et la conversion étaient l'effet de l'efficacité de ses prières. Il y avait plus de deux mois que la Vierge habitait chez Elisabeth et sanctifiait toute cette famille par ses actions et ses exemples d'humilité. Elisabeth, prévoyant le prochain départ de sa sainte cousine, commença à ressentir la perte qu'elle allait faire. Un jour, elle s'efforça de lui persuader de changer son habitation de Nazareth à Juda, elle lui dit qu'on appellerait saint Joseph et que sa maison, sa famille et sa personne seraient à leur service. L'humble Vierge écouta cette proposition mais elle lui dit qu'elle ne pouvait rien décider sans le bon plaisir de Dieu et de son époux, qu'elle exposerait à Dieu ses désirs dans la prière et ferait connaître son invitation à saint Joseph. Sainte Elisabeth fut satisfaite, elle la pria seulement de ne pas la quitter jusqu'à la naissance de l'enfant. La sainte Vierge se retira dans son oratoire pour connaître la volonté du Seigneur. Elle fut aussitôt ravie en extase et le Seigneur lui fit comprendre qu'elle devait rester jusqu'à la naissance de l'enfant qui devait naître bientôt et retourner à Nazareth lorsque la circoncision serait faite.

Lorsque le temps fut accompli, le Seigneur fit connaître à Jean-Baptiste l'heure où il devait venir au monde. Le saint enfant, à cet avis, resta en suspens sur ce qu'il devait faire: d'un côté, les lois de la nature l'obligeaient de naître, la volonté du Seigneur l'ordonnait aussi, d'un autre côté, il considérait sérieusement les dangers du périlleux voyage qu'il entreprenait dans cette vie si fragile. Il se tourna donc vers Dieu avec une entière obéissance et une grande confiance dans sa bonté: -Seigneur, dit-il, que votre divine volonté s'exécute, accordez-moi d'employer ma vie à votre service et donnez-moi votre bénédiction pour venir à la lumière du monde. Le saint enfant mérita par cette prière, que la divine majesté, lui accordât de nouveau à sa naissance sa bénédiction et sa grâce. Dès qu'il fut né, Elisabeth en fit donner avis à la Vierge qu'elle n'avait osé inviter d'être présente. Marie lui envoya les langes préparées de ses mains pour envelopper l'enfant et peu après, elle vint elle-même par l'inspiration divine. Elisabeth était déjà assise sur son lit, la sainte Vierge prit l'enfant dans ses bras et l'offrit aussitôt au Père Eternel. Il témoigna une grande joie de se voir dans les bras de la mère de Dieu, il s'inclina en signe de respect et fit d'autres gestes d'affection envers elle mais elle conserva toujours sa dignité et elle ne le baisa pas même une seule fois comme il est en usage de le faire à cet âge. Elle n'arrêta point sa vue sur lui, toute absorbée dans la contemplation de la beauté de sa grande âme, de sorte qu'elle ne l'aurait pas reconnu des yeux du corps.

Le huitième jour, il fut circoncis et appelé Jean avec toutes les circonstances rapportées par saint Luc. Zacharie recouvra la parole et ce fut par le moyen de Marie qui usant du pouvoir qu'elle avait sur les créatures, délia sa langue afin qu'il bénît en cette occasion le Seigneur. Il le fit à l'admiration de tous les assistants qui ne comprirent point comment s'était opéré le miracle. Après la circoncision, saint Joseph vint de Nazareth pour ramener son Epouse. Elle le reçut avec une grande joie et un profond respect, se mit à genoux devant lui, le priant de la bénir et ensuite, elle se prépara pour le départ. Elisabeth voulut profiter de la présence de la Mère de la sagesse et la supplia de lui laisser quelques instructions pour lui servir de règlement de vie après son départ. Ses raisons et ses prières furent si vives que la Vierge en fut attendrie et ne put lui refuser une si juste consolation:  -Elevez toujours, lui dit-elle, votre cœur et votre esprit à Dieu et avec la lumière de la grâce que vous avez, ne perdez jamais de vue l'être immuable de Dieu Eternel infini et sa bonté incompréhensible qui l'a porté à tirer les hommes du néant pour les élever à la gloire et les enrichir de ses dons précieux. Vous devez apporter tous vos soins à dégager votrecœur de toutes les choses du monde afin que libre et détaché, il puisse atteindre sa fin. Pour cela, ma chère cousine, je vous recommande de le purifier de ce qui est terrestre afin que délivrée des embarras de cette vie, vous répondiez aux desseins de Dieu et que vous puissiez suivre sans peine et avec joie le Seigneur, lorsqu'il faudra laisser ce corps et tout ce qu'il aime. Maintenant, c'est le temps de souffrir et de mériter la couronne, sachons nous en rendre dignes et marcher avec diligence pour arriver à l'union intime avec notre véritable et souverain bien. Mettez un grand soin pendant votre vie  d'obéir à Zacharie, votre époux et votre chef, à le servir et l'aimer. Offrez votre fils à Dieu son Créateur, et en lui, pour lui, vous pouvez l'aimer comme mère. Employez votre zèle afin que Dieu soit craint et honoré dans votre maison et toute votre famille. Soyez attentive à soulager les pauvres, ceux qui sont dans le besoin autant qu'il vous sera possible. Secourez-les des biens temporels que Dieu vous a libéralement donnés pour les distribuer généreusement à ceux qui en sont privés. Nous sommes tous enfants du même Père qui est aux cieux, auquel appartiennent toutes les choses créées, il n'est pas raisonnable que le père étant riche, un enfant soit dans l'abondance et les autres soient pauvres et délaissés. Continuez ce que vous faites et exécutez ce que vous avez dans l'esprit puisque Zacharie le remet à votre disposition, vous pouvez être libérale avec la permission de votre époux. Vous mettrez en Dieu votre espérance dans tout les peines qu'il vous enverra. Vous serez bonne, douce humble, bienveillante et très patiente avec tout le monde, quoiqu'il y en ait qui vous causent de la peine, dans la pensée que ce sont des instruments pour votre mérite. Bénissez éternellement le Seigneur pour les mystères si élevés qu'il vous a manifestés et demandez toujours avec zèle et charité le salut des âmes. Priez Dieu afin qu'il me gouverne et me dirige pour traiter dignement et selon sa volonté, le mystère que sa bonté immense a confié à une si vile et si pauvre servante.  Ainsi parla la sainte Vierge à sa cousine au moment de son départ et se mettant à genoux, elle lui demanda la bénédiction. Ensuite, elle alla prendre congé de Zacharie et humblement prosternée à ses pieds, lui demanda aussi la bénédiction. Les paroles de la bénédiction du prophète furent presque toutes tirées de la sainte écriture. Que le Dieu tout puissant vous assiste toujours et vous délivre de tout mal, qu'il vous défende par sa protection et vous remplisse de la rosée du ciel et de la graisse de la terre. Que les peuples vous servent et les tribus vous vénèrent parce que vous êtes le tabernacle de Dieu. Vous serez la maîtresse de vos frères et les fils de votre mère fléchiront le genou devant vous. Celui qui vous exaltera et vous bénira, sera exalté et béni et celui qui ne vous louera pas, sera maudit. Que toutes les créatures connaissent Dieu en vous et que par vous, le nom du Très-Haut soit glorifié. Après cette bénédiction, elle baisa la main au saint prêtre qui en fut tout attendri, Il garda toujours le secret de ces mystères. Une seule fois qu'il y avait dans le temple une assemblée de prêtres, poussé par l'Esprit de Dieu, il dit tout à coup ces paroles: -je crois fermement que le Très-Haut nous a visités en envoyant au monde le Messie qui doit racheter son peuple. Siméon, à ces paroles, fut saisi d'une grande émotion: -ne permettez pas, dit-il, ô Dieu d'Israël, que votre serviteur quitte cette vallée de larmes avant d'avoir vu notre salut et le Rédempteur de son peuple.

La sainte Vierge ayant pris congé des saints époux, voulut avant de partir, voir encore Jean-Baptiste. Elle le prit dans ses bras et lui donna plusieurs bénédictions mystérieuses. Le saint enfant parla à la sainte Vierge par la permission de Dieu mais à voix basse et lui demanda son intercession et sa bénédiction. Il lui baisa trois fois la main et adora dans son sein le Verbe Incarné. L'Enfant Divin le regarda en même temps avec tendresse et bienveillance, ce que la Vierge mère vit et admira avec une grande joie.

SOURCE: LA VIE TOUTE DIVINE DE LA TRES SAINTE VIERGE MARIE, de Marie d'Agreda.