Abonnement au blog
Recevez les actualités de mon blog gratuitement :

Je comprends qu’en m’abonnant, je choisis explicitement de recevoir la newsletter du blog "cafenetphilosophie" et que je peux facilement et à tout moment me désinscrire.


Articles les plus lus

· 10 LA NOTION D'INSTINCT CHEZ L'HOMME . COURS.
· 9 LE STATUT DE LA CONSCIENCE SELON NIETZSCHE. COURS.
· 13 CROYANCES, RITES ET FÊTES DU JUDAÏSME
· NATURE HUMAINE ET CONDITION HUMAINE.
· 1 LES FONDEMENTS D'UNE DEMOCRATIE

· 10 LA FONCTION DU MYTHE
· 531 L'ART POUR L'ART OU ART ENGAGE?
· 5 LE BOUDDHISME: COMPARAISON AVEC L'HINDOUISME
· 12 MOÏSE, FONDATEUR DU JUDAÏSME
· 1 COURS DE PHILOSOPHIE: LA PHILOSOPHIE SPONTANEE.
· 289. INCONSCIENT PSYCHIQUE ET CONNAISSANCE DE SOI.
· 286. LES MANIFESTATIONS DE L'INCONSCIENT PSYCHIQUE.
· 411 LES SOURCES DE LA CONNAISSANCE HUMAINE.
· 2 COURS DE PHILOSOPHIE: LE ROLE DE LA RAISON.
· 8 LE STATUT DE LA CONSCIENCE SELON KANT ET PASCAL. COURS.

Voir plus 

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· 29 Cours: La nature de l'homme (15)
· 8 Les grandes religions (24)
· 36 Cours: L'Art. (14)
· 31Cours: L'inconscient. (6)
· 3 L'esprit démocratique (23)
· 2 Cours: Pourquoi la philosophie? (5)
· 7 Le phénomène religieux (16)
· 30 Cours: La morale. (11)
· 45 Extraits de textes philosophiques (15)
· 35 Cours: La politique. (22)

Rechercher
Thèmes

soi sur vie monde soi obstacles centre création dieu cadre demain créations

Statistiques

Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour : 16.02.2025
4883 articles


4796 SCIENCE ET IDEOLOGIES

Publié le 14/12/2024 à 06:11 par cafenetphilosophie Tags : sur vie monde soi obstacles centre création dieu cadre demain

Rubrique "Cours: le savoir objectif". Suite du billet N°4789.

 

Extrait de Manuel de Philosophie, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet demain dimanche 15 décembre

 

 

Mais il y a encore des obstacles plus graves à la découverte du savoir scientifique. Car contrairement à la croyance commune en la matière, les hommes de science, même les plus illustres d’entre eux, ne sont pas ces esprits froids, désincarnés, neutres, à l’abri d’influences idéologiques diverses. Galilée lui-même, victime des intellectuels et des clercs de son temps à propos de sa conception héliocentrique du monde (c’est-à-dire selon laquelle c’est la Terre qui tourne autour du Soleil) a refusé l’hypothèse des orbites elliptiques des planètes autour du Soleil, établi après maints tâtonnements par Kepler, au motif que le monde étant œuvre divine et que le cercle étant une figure parfaite, tous ses points se situant à égale distance de son centre, les fameuses orbites ne pouvaient être, selon lui, que circulaires.

 

Au XX° siècle, un autre monument de la science, à savoir Einstein, n’a-t-il pas refusé l’hypothèse de l’univers en expansion, possibilité qui découlait de ses propres équations de la théorie de la relativité, allant jusqu’à introduire des paramètres supplémentaires et non vérifiés dans cette théorie afin de rendre impossible cette hypothèse de l’expansion ? Ne rejoignait-il pas ce faisant le cosmologiste Hoyle, qui refusait la théorie dite du « Big Bang » (expression inventée par ce dernier et par dérision) selon laquelle l’univers actuel a pour origine l’explosion d’un noyau initial, explosion se prolongeant par une expansion de cet univers et se terminant par un processus de contraction, sous prétexte que ces hypothèses s’avéraient selon lui trop proches des textes bibliques, (« Les étoiles tomberont du ciel » dans l’Apocalypse) oubliant ou ignorant par la même occasion que ces textes sont mythiques et ne prétendent pas à ce titre expliquer et décrire ce qui s’est passé ou ce qui se passera réellement ? Einstein encore n’admettait pas les conclusions de la théorie des quanta ou si l’on préfère de la microphysique qui proclamait des formes d’indéterminisme dans les lois physiques à ce niveau de la réalité sous prétexte que « Dieu ne joue pas aux dés avec le monde ».

 

Cette influence de l’idéologie conduit parfois des savants à aller jusqu’à falsifier leurs expériences, délibérément ou au mieux inconsciemment afin de voir validées leurs hypothèses de départ, c’est-à-dire en l’occurrence leurs convictions profondes. Nous avons eu l’occasion d’évoquer ce généticien britannique, Cyril Burt qui, convaincu de l’influence prédominante de l’hérédité à propos de la transmission de l’intelligence, avait agi de la sorte. De même, le savant soviétique Lyssenko, afin d’établir le rôle prédominant du milieu et donc des vertus des thèses révolutionnaires qui étaient les siennes, soutenir contre toute preuve expérimentale, que les caractères acquis pendant la vie d’un être se transmettaient à sa progéniture.

 

De manière plus noble, sans qu’il y ait ici tricherie ou intentions de refuser par principe toute idée nouvelle établie légitimement c’est-à-dire expérimentalement, il faut bien avoir conscience que les théories scientifiques dominantes d’une époque s’inscrivent ou constituent une conception du monde que l’épistémologue Kuhn (XX° siècle) désigne par le terme de modèle ou de paradigme. Par exemple la physique classique, celle développée par Newton (XIX° siècle) supposait que la matière était distincte de l’énergie ou de la lumière ; que matière et énergie se déployaient au sein d’un espace indépendants d’eux et évoluaient dans un temps également indépendant de ces réalités et de l’espace. Or, la physique du XX° siècle, avec Einstein notamment, conduit à concevoir ou à s’inscrire au sein d’un nouveau paradigme où la matière et énergie sont deux aspects d’une même réalité (Pensons à la formule E = Mc2où E symbolise l’énergie, M la masse et c la vitesse de la lumière), matière et énergie étant eux-mêmes des déterminations de l’espace-temps, réalité où le temps est en quelque sorte la quatrième dimension de l’espace, espace et temps variant l’un par rapport à l’autre. Ainsi, matière, énergie, espace, temps ne constituent-ils qu’une seule et même réalité.

 

Ce changement de paradigme marque véritablement une révolution et par là même est le témoignage d’un véritable progrès scientifique, c’est-à-dire un progrès qualitatif. Le progrès quantitatif ou la simple accumulation des connaissances se manifeste lorsque les chercheurs tirent progressivement toutes les conséquences d’un paradigme donné. Mais en même temps le passage d’un paradigme à un autre n’est pas sans entraîner de fortes résistances dans la communauté scientifique, très attachée aux connaissances acquises et au cadre général à l’intérieur duquel elles se déploient. Les théories physiques révolutionnaires d’Einstein ont eu bien du mal à s’imposer dans un premier temps. Tel est sans doute l’obstacle épistémologique le plus délicat à surmonter.

 

Pour conclure ces réflexions à propos des « obstacles épistémologiques » prenons connaissance avec attention de ce que dit Bachelard dans « La formation de l’esprit scientifique » : « La science, dans son besoin d’achèvement comme dans son principe, s’oppose absolument à l’opinion. S’il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer  l’opinion, c’est pour d’autres raisons que celles qui fondent l’opinion ; de sorte que l’opinion a, en droit, toujours tort. L’opinion pense mal, elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l’opinion : il faut d’abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L’esprit scientifique nous interdit une opinion sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on en dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. »

 

Les « opinions » correspondent à tous les préjugés que nous venons d’analyser, du plus banal, comme faire confiance à ses organes des sens, jusqu’au au moins banal, comme résister à un changement possible de paradigme. Ces « opinions » traduisent bien « des besoins en connaissances » : besoin de se raccrocher à des convictions qui façonnent nos conceptions du monde et qui finissent par se donner le statut de l’évidence. Comme nous pouvons le constater les besoins sont l’ennemi de l’esprit scientifique comme ils l’étaient de la création artistique comme ils le sont bien évidemment de l’étonnement philosophique. Le génie scientifique appartient à celui qui est capable de dépasser ces préjugés, ces fausses certitudes, de faire éclater les frontières du savoir acquis, d’élaborer de nouvelles questions qui conduiront à de nouvelles réponses, réponses qui dévoileront des aspects inconnus du réel que nous explorons. Cette démarche exige de ne pas se contenter de ce qui est, de construire, c’est-à-dire d’imaginer rationnellement, un monde théorique nouveau. De ce point de vue, il ne saurait y avoir de « connaissances vulgaires provisoires » en attendant des vérités plus élaborées, comme Descartes nous le proposait concernant la morale. Car la morale concernait l’action et l’action ne peut pas attendre qu’une vérité soit établie pour vivre. En revanche, la connaissance scientifique peut attendre. Ses conclusions doivent être d’emblée rigoureuses, établies expérimentalement de manière incontestable. La science ne se contente pas, même provisoirement, d’à peu près.