Si les Européens avaient vraiment compris les enjeux de la construction européenne, si l’Union européenne était une fédération sur le modèle des Etats-Unis où les Etats gardent bien des prérogatives mais se sont unis en matière économique et surtout de sécurité – où sur celui de la confédération Suisse –, alors, aujourd’hui l’Europe serait la première puissance mondiale.
Si l’Europe existait, elle ne se laisserait pas dicter sa conduite par une extrémiste populiste installé à la Maison blanche.
Si l’Europe existait, elle ne laisserait pas un potentat criminel installé au Kremlin la menacer.
Si l’Europe existait, elle ne laisserait pas un dictateur violent installé à Zhongnanhai, la nouvelle Cité interdite, lui imposer ses règles commerciales.
Oui, si l’Europe existait, les Etats-Unis seraient les alliés de l’Europe et non pas le contraire.
Oui, si l’Europe existait, Poutine ne serait sans doute pas au pouvoir mais règnerait une démocratie en Russie.
Oui, si l’Europe existait, Xi devrait accepter les règles honnêtes du commerce et des relations internationales.
Oui, si l’Europe existait le monde serait tout autre en cette première moitié du 21e siècle et le troisième millénaire qui commence pourrait être vu comme celui où vont triompher les valeurs de l’humanisme.
Car, même à l’intérieur de l’Europe, cette réussite exceptionnelle aurait sans aucun doute réduit les extrémismes et les populismes à peu de chose.
Et, dans cette Europe, la liberté, l’égalité, la fraternité et le respect de la dignité humaine seraient en constante progression tout comme le bien-être de la population.
Mais l’Europe n’existe pas.
En tout cas pas telle qu’elle puisse être cette puissance humaniste et de paix qui imposerait un monde où l’on pourrait vraiment parler de gouvernance mondiale pour repousser le plus possible la guerre et ses dévastations tout en permettant à tous les peuples de la planète d’espérer des jours meilleurs.
Et cette Europe n’existe pas parce que les peuples européens n’en ont pas voulu et que leurs dirigeants se sont évertués depuis sa création à s’attribuer ses succès et à rejeter leurs erreurs sur celle-ci!
Aujourd’hui face à une menace léthale et, à tout le moins, un effacement de la carte de ce monde où l’on peut encore décider de son présent et de son avenir, les dirigeants européens sonnent, un peu tard (trop tard?) le tocsin alors que les peuples européens se chamaillent encore et donnent nombre de leurs voix aux ennemis intérieurs de l’Europe, creusant aux-même dans la haine et la rage, leurs propres tombes.
Oui, l’Europe était un espoir après la Deuxième guerre mondiale, un espoir que les Européens ont gâché en grande partie.
Aujourd’hui, l’Europe est une nécessité vitale.
Mais pas sûr que les Européens l’aient enfin compris.