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mercredi 5 mars 2025

Actualités du Centre. Macron: «Nous rentrons dans une nouvelle ère» et «face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie»


Dans son allocution solennelle aux Français, ce mercredi soir, Emmanuel Macron les a informés que le monde avait changé, que «nous rentrons dans une nouvelle ère» et qu’il s’agissait désormais pour le pays et pour l’Europe de faire front et de se préparer à toutes les éventualités.

La situation rappelle celle de l’avant-Deuxième guette mondiale où l’indécision des démocraties avait permis à Hitler de s’emparer de l’Europe.

S’il n’a pas voulu insulter l’avenir en déclarant que les États-Unis de Donald Trump étaient devenus des ennemis, le Président de la République a néanmoins expliqué qu’il ne fallait plus désormais compter sur eux et que c’était aux Européens de prendre en main leur destin.

En revanche, il a déclaré que la Russie de Vladimir Poutine était la principale menace des pays européens mais également de la démocratie et de la liberté.

Il a ainsi rappelé que Poutine n’avait pas tenu sa parole de ne plus agresser l’Ukraine après son invasion de la Crimée en 2014 et que tous les actes du despote du Kremlin, de l’invasion de l’Ukraine aux fake news, démontraient la volonté de ce dernier de déstabiliser les démocraties européennes.

Face à ce monde qui vient de changer, il est nécessaire de prendre des décisions fortes et parfois difficiles a-t-il affirmé.

Cela passe, notamment, par des dépenses militaires beaucoup plus importantes pour produire des armes mais aussi pour augmenter le nombre des soldats de l’armée française.

Emmanuel Macron a également réitérer le soutien de la France et de l’Europe à l’Ukraine en rappelant que défendre ce pays était un devoir mais aussi une nécessité pour assurer notre sécurité et notre liberté.

Le Président de la République a abordé la guerre commerciale que Trump veut déclarer à l’Europe en établissant des droits de douane élevés.

Si tel devait être le cas, alors la France ne resterait pas sans réaction et prendrait des mesures de rétorsion.

Il a souhaité que l’on n’en arrive pas à cette extrémité car, selon lui, cette guerre commerciale fera autant de mal à l’Europe qu’aux États-Unis.

 

Principaux propos d’Emmanuel Macron
> La guerre en Ukraine, qui a entraîné près d'un million de morts et de blessés, continuent avec la même intensité. Les États-Unis, notre allié, ont changé leur position sur cette guerre, soutiennent moins l'Ukraine et laissent planer le doute sur la suite. (...) Au total, notre prospérité et notre sécurité sont devenues plus incertaines. Il faut bien le dire : nous rentrons dans une nouvelle ère.

> L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranchée à Moscou ou Washington.

> La menace russe est là et touche les pays d'Europe, nous touche. La Russie a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial.

> La Russie est devenue une menace pour la France et l’Europe. La menace russe est là et touche les pays d’Europe, nous touche. La Russie « a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial, viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie, en Moldavie, organise des attaques numériques contre nos hôpitaux et tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux. Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières. Face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie.

> La paix ne peut pas être trouvée à n'importe quel prix. Elle ne peut pas être faite sous le diktat russe.  Aujourd'hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole.

> La Russie teste nos limites : dans les airs, en mer, dans l'espace et derrière nos écrans. Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières. (…) La Russie continue de se réarmer. Qui peut donc croire dans ce contexte que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine ? La Russie est devenue (...) une menace pour la France et pour l'Europe. Je le regrette profondément. (...) Nous devons faire avec.

> Il faudra un soutien à l'armée ukrainienne dans la durée.

> La paix en Ukraine passera aussi, peut-être, par le déploiement de forces européennes. Celles-ci n’iraient pas se battre aujourd’hui, elles n’iraient pas se battre sur la ligne de front, mais elles seraient là, au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect. Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris les chefs d’état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités à cet égard.

> Je veux croire que les États-Unis resteront à nos côtés. Mais il nous faut être prêts si tel n'était pas le cas.

> Les Etats européens doivent (...) être capables de mieux se défendre et de dissuader toute nouvelle agression. Quoiqu'il advienne, il nous faut nous équiper davantage.

> L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou. La menace revient à l'est. L'innocence des 30 dernières années, depuis la chute du mur de Berlin, est désormais révolue.

> Les Etats membres [de l’UE] pourront accroître leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit. Des financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen des munitions, des chars, des armes, des équipements parmi les plus innovants. Cela veut dire des pays européens davantage prêts à se défendre et à se protéger, qui produisent ensemble les équipements dont ils ont besoin, sur leur sol, qui sont davantage prêts à coopérer, à réduire leur dépendance à l'égard du reste du monde. Et c'est une bonne chose.

> Nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables. Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi des financements publics, sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage.

> La patrie a besoin de vous et de votre engagement

> La France ne suivra qu’un cap, celui de la volonté pour la paix et la liberté.

> Nous devons donc agir en étant unis en Européens et déterminés à nous protéger. C’est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement. Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose, mais ils ne remplaceront jamais la force d’âme d’une nation. Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements.

> Notre dissuasion nucléaire nous protège. Elle est complète, souveraine, française de bout en bout.

> Répondant à l’appel historique du futur chancelier allemand, j’ai décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen. Quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées

> Il ne faut céder à aucun excès : ni celui des va-t-en-guerre, ni celui des défaitistes.


Vues du Centre. Les responsables de la faiblesse de l’Europe: les Européens

Par Aris de Hesselin


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste. 
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.

Bien sûr, la trahison des États-Unis de Donald Trump met les Européens dans une grande difficulté.

Penser qu’en seulement un mois, les États-Unis sont passés d’alliés les plus fidèles à des adversaires déterminés a de quoi déstabiliser les pays européens qui n’estimaient pas que le retournement d’alliance serait réel ou, tout au moins, aussi rapide.

Mais c’est le cas.

L’erreur des Européens a été de ne pas croire ce que disait Trump alors que tout démontrait dans son attitude, dans ses propos, dans les nominations de son administration, dans les compliments adressés à Poutine qu’une fois au pouvoir il ferait ce qu’il disait.

Cependant, la faute majeure des Européens qui pourraient en payer le prix fort, a été de ne pas prendre leur destin en main.

Et ceci essentiellement dans une vision à courte vue où se protéger sous le parapluie américain était une manière de profiter plus ou moins gratuitement d’une sécurité (il fallait malgré tout acheter des armes aux Américains) et à ne dépenser que le minimum nécessaire pour se défendre.

Le «miracle allemand» est dû en grande partie à cette vision – tout comme le «miracle japonais.

Mais pratiquement tous les pays européens l’ont adopté sauf la France qui, même si son budget de la défense n’est pas à la hauteur voulue, est la seule qui puisse sur le continent déployer une force d’intervention rapide et qui possède, avec le Royaume-Uni, l’arme nucléaire.

Est-il temps de réagir?

On voudrait bien le croire.

D’abord, il faudrait vraiment que les déclarations sur la nécessité de se défendre soient suivies d’actes concrets, ce qui n’est pas encore gagné.

Et puis, il faudra du temps.

Ce n’est pas parce que les Européens réarmeront à partir d’aujourd’hui qu’ils seront prêts demain.

Or, leurs ennemis, au premier desquels on trouve le régime de Vladimir Poutine, n’attendront sans doute pas après-demain pour agir…

Aris de Hesselin

 

 


Actualités du Centre. États-Unis – Quand le rêve américain de Trump ressemble fort au rêve chinois de Xi


Lors de son adresse au Congrès, le 4 mars, Trump a inventé un nouveau «rêve américain» qui n’a rien à voir avec celui qui fut défini par l’historien James Adam Tuslow en 1931 ni à celui auquel se réfère les républicains ou celui auquel se réfère les démocrates et notamment les centristes du parti, où l’individu est le détenteur de ce rêve mais qui ressemble comme deux gouttes d'eau au «rêve chinois» de Xi, un rêve essentiellement nationaliste, impérialiste et de puissance où l’Etat en est le destinataire et le propriétaire.

Rappelons succinctement ce que sont ces deux rêves.

A tout seigneur, tout honneur, le fameux «rêve américain», terme inventé par James Adams Truslow, dans son livre «L’épopée de l’Amérique» («The Epic of America»).

Ce rêve demeure le concept le plus emblématique de ce que recouvrent les Etats-Unis à la fois comme pays, comme nation et comme idéal.

Des premiers pèlerins qui accostèrent sur les côtes du Massachussetts au 17e siècle aux illégaux sud-américains qui traversent quotidiennement la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis en passant par tous les Européens qui débarquèrent à Ellis Island, tous ceux qui ont décidé un jour de partir vers cette terre promise moderne le recherchaient.

Comme cela reste le cas de tous les Américains d’aujourd’hui, descendants des uns et des autres.

On peut le qualifier lapidairement par la formule «avoir une vie meilleure».

C’est à la fois concis et précis mais ne donne aucunement la dimension multiple qu’il a toujours eue.

On peut même affirmer que chacun des Américains, plus, chacun de nous, habitants de la planète, a son propre «rêve américain».

Ce qui fait qu’il est «américain» depuis plus de deux siècles, vient de cette croyance qu’il est possible de le réaliser aux Etats-Unis et pas ailleurs, ce pays où même la Constitution reconnaît à tout citoyen le droit à «la poursuite du bonheur».

Passons au rêve chinois créé à l’orée du 21e siècle et qui, selon une définition donnée par l’agence de presse officielle du Parti communiste chinois Xinhua, est de faire de la Chine «une nation socialiste moderne, prospère, puissante, démocratique, culturellement avancée et harmonieuse».

Et Xinhua, pour expliquer tout l’intérêt stratégique de ce «rêve» cite Kim Jin Ho, un universitaire Sud-coréen, qui déclare qu’«une nation sans rêve ne pourra pas survivre dans la compétition entre toutes les nations de la Terre. Si la Chine veut faire la différence (...), elle se doit d'avoir un rêve et de le poursuivre sans relâche».

Ce qui est intéressant dans la définition de ce rêve, c’est qu’il est avant tout celui d’une entité, la «nation» qui retentira alors sur chaque Chinois ce qui s’oppose diamétralement au «rêve américain» qui est avant tout individuel et qui, collectivement, n’est que la somme des rêves de chaque individu, c’est-à-dire la réussite de sa vie, à la fois, spirituellement, intellectuellement et matériellement.

Un rêve vient donc d’en haut (le chinois) et l’autre d’en bas (l’américain) si l’on veut schématiser.

Plus profondément, c’est bien l’Etat chinois qui est le pourvoyeur du rêve alors que l’Etat américain n’en est que le facilitateur.

D’un côté, une vision holistique du rêve, de l’autre une recherche personnelle.

Bien entendu, pour que le «rêve américain» puisse se réaliser, il faut comme condition préalable, l’existence d’une démocratie libérale qui garantit la liberté à chacun.

En revanche, le «rêve chinois» n’a guère besoin de cette liberté, sa caractéristique première étant de créer une société «harmonieuse» par le socialisme scientifique, c’est-à-dire par une voie unique à laquelle chacun doit se plier.

Er voici maintenant ce que Trump a déclaré:

«Le rêve américain est en plein essor, plus grand et meilleur que jamais. Le rêve américain est inarrêtable et notre pays est sur le point de connaître un retour en force comme le monde n'en a jamais connu et n'en connaîtra peut-être jamais plus.»

Mais, comme on vient de le voir, le rêve américain n’a jamais été un rêve de puissance alors que le chinois l’est.

Tout simplement parce que le rêve américain jusqu’à présent était accolé à la démocratie alors que le rêve chinois l’était à un régime dictatorial.

Le rêve américain est un rêve de réussite pour les individus, pour la classe moyenne selon les démocrates qu'ils soient de gauche ou du Centre, pour ceux qui veulent faire fortune pour les républicains.

Ainsi dévoyé, le rêve américain selon Trump est d’abord une volonté de domination tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur d’un pouvoir fort qui s’arroge tous les droits et qui se veut avant tout impérialiste.