Affichage des articles dont le libellé est Nikkatsu. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Nikkatsu. Afficher tous les articles

Tales of a Gunman : Quick Draw Ryu & Hiroki Matsukata


Si cette affiche originale (différente de celle présente dans le livre de Mark Schilling) n'est pas top moumoute niveau qualité, c'est parce qu'il a fallu batailler pour en retrouver une trace, je ne tombais que sur les visuels du dvd ou celui de la vhs.
La vie est dure parfois.



Tales of a Gunman : Quick Draw Ryu
(Kenju Buraicho : Nukiuchi no Ryu)
Hiroshi Noguchi
1960

Un ex-tueur (Keiichiro Akagi), tireur hors pair qui ne faisait que blesser ses cibles sans les tuer, est forcé de réintégrer le monde de la pègre par un chef de gang chinois qui lui a sauvé la vie, cotoyant pour se faire un autre tueur (Jo Shishido) et une femme fatale (la très, très jolie Ruriko Asaoka).
Premier film de la série des quatre Tales of a Gunman, basée sur le personnage créé par Ryo Kido pour ses romans, le film est réalisé par Hiroshi Noguchi (son premier en couleur), le mentor de Seijun Suzuki. Ce dernier crédite, dans son interview dispo dans le Outlaw Masters de Chris D., Noguchi comme étant le premier réalisateur à la Nikkatsu à faire des films d'action.
Il utilise à merveille les décors comme révélateurs de l'état d'esprit du personnage, la profondeur de champ pour montrer les rapports de force entre les protagonistes ou leur appartenance à tel ou tel monde, ...





C'est avec ce film que Keiichiro Akagi devient une véritable star au sein de la Nikkatsu, le troisième homme du Big 3 composé de lui, Yujiro Ishihara et Akira Kobayashi.
Surnommé Tony à cause de sa ressemblance avec un jeune Tony Curtis, il participe en aout 1958 à la quatrième édition de recherche nationale de talents (les New Faces) organisée par le studio. Il obtient son premier premier rôle dans son dixième film, signé Seijun Suzuki, The Naked Age (Suppadaka no Nenrei, 1959), où il joue le chef d'un jeune gang de motards. Mais c'est donc en 1960 qu'il crève l'écran avec ce Quick Draw Ryu, partageant l'affiche avec Jo Shishido, dans le rôle de ce tireur d'élite capable de retirer un soutien gorge en deux coups de feu bien placés...
Akagi décèdera en 1961 suite à un accident de karting, à l'âge de 22 ans, ce qui, inévitablement, lui vaudra d'être comparé à James Dean.






Face à Keiichiro Akagi, tout en charme naturel et en sérieux, se trouve Jo Shishido, le King of Cool.
Toujours sappé avec une très grande classe : costume nickel, paire de gants, guêtres et portant à merveille le couvre-chef (lui donnant un petit côté Richard Widmark), il joue son personnage de tueur de façon espiègle et pince sans rire. Cela apporte une véritable distanciation qui donne un je-ne-sais-quoi de plus, un charme et une épaisseur venant s'ajouter à la beauté formelle des plans et à la compostion du cadre. Comme le souligne Mark Schilling dans son bouquin No Borders, No Limits : Nikkatsu Action Cinema, ces ruptures de ton surprenantes mais pas hors sujet sont typiques des Nikkatsu Action.




Un p'tit trailer :









A propos de la blagounette en légende à base de canne à pêche et d'Hiroki Matsukata (Lady Gambler donc mais aussi Combat Sans Code d'Honneur ou Police contre Syndicat du Crime) il faut savoir que le monsieur est connu (et moqué) pour être un fondu de pêche (notamment de pêche au gros) au point d'avoir eu des jeux à son effigie sur Super Nes, Saturn et PS1.


"Mais, ce n'est pas un thon rouge... il va falloir le remettre à l'eau."
(Pardon.)


A Colt is my Passport (拳銃は俺のパスポート)







Un tueur à gages (Jo Shihido) est embauché pour abattre un boss yakuza. Mission qu'il exécute avec brio et professionnalisme avant de se retrouver dans le colimateur des yakuza en deuil et de ses anciens patrons ayant fait alliance. Accompagné de son jeune protégé (Jerry Fujio) et d'une serveuse en manque de repaire (Chitose Kobayashi), le chasseur se transforme en proie.



Réalisé par Takashi Nomura en 1967, A Colt is my Passport est typique des Nikkatsu Action (et commence à en annoncer la fin).
A la fin des années 50, la jeunesse nippone n'allait plus au cinéma que pour voir des films étrangers. Westerns, film de jeunesse rebelle et films noirs américains, Nouvelle Vague française... le plus vieux studio de cinéma japonais se devait de réagir et incorpora aux productions locales les codes de ces films qui attiraient tant de monde.
A Colt... est donc tout à fait dans cette veine : du film noir avec ce tueur hard-boiled en costard noir et une femme fatale, du western avec le final explosif et le thème principal (décliné de façon lounge/jazzy tout au long du film), ...
Même si on est encore loin de la destructuration narrative d'un Seijun Suzuki et de son La Marque du Tueur datant de la même année, A Colt... se sert déjà d'une histoire prétexte du tueur se posant des questions existentielles pour tenter et expérimenter visuellement et ce avec grand succès.

Comment faire passer les émotions aux spectateurs quand votre personnage principal est censé être le King of Cool et donc rester stoïque en toutes circonstances ? ""Facile !"" Ce sont la mise en scène et les décors qui font le boulot. Du Cinéma, en quelques sortes. Dans son entreprise, Nomura est secondé par le directeur de la photo Shigeyoshi Mine à qui l'on doit aussi celle du Vagabond de Tokyo ou de Bureau Detective 2-3. Photo à tomber, cadre au millimètre. Trois p'tits exemples, comme ça.

Le premier, c'est le contrat qu'exécute notre tueur à joues de hamster. Un émissaire des commanditaires lui montre l'itinéraire journalier de la cible (sortie de la maison en voiture, immeuble de bureau, ... l'émissaire et Shishido se trouvant dans le cadre) et lui explique les termes du contrat. Le jour J, la caméra répéte ces mouvements et enchaînement de plans, sans les deux hommes dans le cadre.





Un peu plus tard, on retrouve Shishido louant une chambre afin d'exécuter le contrat. Montage des préparatifs : assemblage de l'arme, mesure de la force du vent avec la fumée d'une cigarette et installation à la fenêtre . Nomura montre ainsi la rigueur presque maladive de notre tueur (aucune ellipse lors de préparatifs, quels qu'ils soient, tout au long du film), mais aussi la concentration du personnage via un jeu de cadre dans le cadre, isolant Shishido dans le plan (vue à travers l'ouverture dans le mur, cadre de la fenêtre tout juste ouverte...).




Chose amusante : tout comme dans La Marque du Tueur, Jo Shishido sera distrait par un animal alors qu'il s'apprétait à tirer (ici, c'est un oiseau) mais touche tout de même sa cible.



Le second passage, c'est lors de la planque de notre tueur et de son jeune complice dans la chambre de la serveuse au-dessus du restaurant. Les multiples lignes obliques (se croisant hors-champs) et perpendiculaires au cadre encombrent l'écran et enferment nos protagonistes, piégés qu'ils sont à ce moment du film, se sachant localisés, faits comme des rats. L'oppression est renforcée par l'unique et exigüe fenêtre ronde comme seule source de lumière.
(C'est aussi le moment choisi pour placer une petite ballade enka chantée "en direct" par Jerry Fujio.)




Le troisième et dernier passage, c'est le duel final entre notre tueur (s'étant "débarrassé" de son complice et de la femme en les mettant sur un paquebot) et une poignée d'hommes de main puis les boss yakuza engoncés dans une voiture blindée. Ce climax westernien se situe dans un immense terrain vague faisant office de désert, un immense vide contrastant avec tout le reste du film et son cadre toujours encombré, correspondant au moment où le personnage de Shishido se libère de sa condition de tueur à gages sur fond d'explosion ingénieuse.










Un excellent polar hard-boiled, rythmé, concis et plein d'action avec un Shishido monolithique à souhait qui, après avoir fait le tour des Etats-Unis via le festival Nikkatsu Action : No Borders, No Limits accompagnant la sortie du livre éponyme de Mark Schilling (dans lequel Jo Shishido dit que A Colt... est le film qu'il préfère parmis la foultitude qu'il a tourné) va sortir le 25 août prochain dans un coffret Nikkatsu chez Criterion avec d'autres perles du genre. Je vous laisse avec le thème du film.




Le coffret Criterion :


Nikkatsu Action



Quelques posters Nikkatsu Action avec au casting Akira Kobayashi, Jo Shishido ou Tetsuya Watari en attendant la review de quelques uns de ces films...

















Et je vous laisse avec Tetsuya Watari chantant le thème du Vagabond de Tokyo de Seijun Suzuki.