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jeudi 6 février 2025

On en est là ?

 

 

On en est là ?

Si l'on en croit les publicités, prochainement paraîtra la fameuse trilogie d'Arno Schmidt Les Enfants de Nobodaddy (Nobodaddy's Kinder). Préfacée par Marie Darrieussecq !!! Ah nom de Dieu ! Pourquoi pas par Amélie Nothomb ?!?! ou Claire Chazal ?!

Est annoncé aussi, depuis un moment déjà, un recueil de poèmes inédits de Charles Bukowski, chez un autre éditeur,  traduits par Virginie Despentes, que l'éditrice exaltée estime être la Bukowski française — il est vrai qu'elle est presque aussi barbue et moustachue et s'y connaitrait en descente de mousse.

Aux Élysées, Charles Bukowski rigole à en dégueuler et se décapsule en rotant une Bud avec les dents. Arno Schmidt ne lève même pas son museau plongé dans la lecture de Rayas Richa. Jean-Claude Hémery et Claude Riehl élèvent de puissants doigts d'honneur synchronisés et attrapent de l'autre main la Bud fraîche que leur tend l'ami Hank.

À quand une biographie de Baudelaire par Michel Houellebecq, en feuilleton dans Valeurs Actuelles ? Un Rabelais abrégé en français inclusif par Daniel Pennac ? Un Mon Jacques Tati par Michel Onfray, préfacé par Éric Naulleau, qui décroche le Grand Prix des Pompes Funèbres ? Un inédit inachevé de Thomas Bernhard traduit et terminé par Bruno Le Maire ? À quand un Beckett pour les Nuls par Xavier Niel ? Un J'irai dormir chez Cioran par ChatGPT ? Les Bagatelles de Céline annotées par Éric Zemmour ? À quand un biopic de Robert Walser avec Jean Dujardin ?  Un  Vie et aventures de Montaigne au Puy du Fou ? Un Dictionnaire amoureux de Nicolas Bouvier par Bruno Retailleau ? un Joey Starr rappe Arthur Cravan ? Les poèmes d'Emily Dickinson traduits par Brigitte Macron et Deepseek, mis en musique par Benjamin Biolay et chantés par Clara Luciani ? Le Voyage d'Hiver de Schubert en autotune par Jul ?…

On en serait là ? 

On en est là. Seulement là.

L.W.-O.


mardi 22 décembre 2015

Strictement rien…




On me demande ce qui m'arrive, ce que je peux bien faire…

Il ne m'arrive strictement rien, puisque je m'y ingénie.
Je ne fais strictement rien.
Je ne change strictement rien à mes bonnes vieilles habitudes, qui sont la garantie de mon confort.
Comme tout le reste de l'année, j'hiberne.
Je me tiens, dans ma tanière, le plus loin possible de tout et de tous. Je calfeutre mon incognito, renforce l'étanchéité de mon terrier, chasse toute lubie de projet et de programme, je m'épargne toute obligation, renâcle d'avance au moindre déplacement et me tiens, sans plus aucune notion du temps ni sens de la durée, le cul sur ma chaise ou vautré sur mon canapé.
Parmi la luxuriance de mon jardin d'hiver, sous des horloges sans piles, des calendriers périmés, des images idiotes, et des murs de livres en vrac, je fume, je roupille, je lis, je regarde dans le vide, je dorlote mes bobos et contiens mes hantises, je chéris mon ennui, je chouchoute ma flemme incurable, je m'empiffre par boites entières de Ferrero Rocher offerts par une fée, je roule des cigarettes et enfume mon hypermnésie, j'apprivoise mes démons, je cultive ma nostalgie, je fais la planche dans le trou à merde, je parle à la mouche solitaire qui est mon seul témoin et la menace vainement avec le Schopenhauer quand elle me tourne autour et vient me chatouiller, je la loupe volontairement à chaque fois mais en revanche j'extermine avec le Schopenhauer la moindre idée qui me titille, je contiens la nausée que me causent mes contemporains, et me félicite de ne plus donner dans le panneau d'aucune comédie, même plus les miennes,  etc…
Je vis sans témoins ni mouchards. Je me refuse à mener quelque chose comme une existence. En somme, comme en témoigne avec éloquence, alignée en équilibre sur un rayon plus poussiéreux que les autres, la cinquantaine de beaux carnets offerts chaque année pour y tenir une sorte de journal intime, je mène la belle vie : ils sont tous vierges car elle ne saurait y être plus scrupuleusement consignée, d'avance.
Quand cela me chante je relis, ces jours, Nicolas Bouvier, Henri Calet et Robert Walser. J'ai ressorti en me frottant les mains les chroniques de Jacques Perret. La factrice doit me livrer un Bove. Sinon, les yeux fermés, j'écoute en boucle What a difference a day made, What are you doing the rest of your life et Ces petits riens. 

L. W.-O.













mardi 29 janvier 2013

"Qu'il est beau d'être si petit…"





"C'est fou toutes ces idées qui me viennent, alors que je suis encore si petit. On peut bien me traîter de bambin. (…) Je suis assez impressionné de comprendre tant de choses déjà. (…) Qu'il est beau d'être si petit ! On n'est responsable de rien du tout. À bien des égards je reste un véritable mystère à mes propres yeux. (…) Je suis étonné moi-même de mon éloquence. Je n'ai que quatre ans. Jamais je ne me serais cru si perspicace, si avisé et si clairvoyant. Je m'enchante littéralement. Ce que ça doit être agréable d'être content de moi. (…) On appelle terre je crois, ce sur quoi je suis debout. (…) Au-dessus de moi, ce ciel."

Robert Walser, Félix 
trad. Gilbert Musy, ed. Zoe

BONUS !!!!!

On peut lire en ligne la traduction de Felix 
(par Gilbert Musy, aux éd. Zoe)
(Merci à Lekti et J. Faucilhon pour cette initiative)

Les captures d'écran 
qui illustrent ce billet proviennent 
du sublime court-métrage !!!!!!!!!!!! 
de Haro Senft 
Mondtag 
(1973, 18mn).
Faute de pouvoir intégrer ici ce film,
on ira le visionner
sur le site
incroyable mine d'archives !!!!!!!!!!!!
dont on saura tout sur


spéciale dédicace à RR et à Kouki !

mardi 31 janvier 2012

The Nobody Snatcher / 6

Déneigeurs / coll. L. W.-O.  © / click to enlarge

"Moi aussi, je me suis laissé ensevelir sous la neige
Pour disparaitre à mes yeux."

Robert Walser
(notre traduction)

lundi 17 octobre 2011

La Grande Têtée



" Simon avait un faible pour ces dames et se réjouissait toujours de les voir (…) " Le peuple n'est-il pas comme un grand petit enfant pauvre, qui a besoin de tutelle et de surveillance, disait sa voix intérieure, et n'est-ce pas mieux qu'il soit surveillé par des femmes, dans ce cas-ci des dames distinguées et généreuses, plutôt que par des tyrans comme dans les temps anciens qu'on aura beau dire plus héroïques ? " (…)"
Robert Walser, Les enfants Tanner

samedi 25 décembre 2010

Choses tombées

Mort de Robert Walser, 25 décembre 1956

Jaune-noir devant moi dans la neige luit
un chemin qui se perd sous les arbres.
C'est le soir, et lourd
est l'air imbibé de couleurs.

Les arbres sous lesquels je marche
ont des branches comme des mains d'enfants ;
elles implorent sans fin,
si douces, quand je suspends mon pas.

Jardins et haies au loin
brûlent dans un obscur fouillis,
et le ciel embrasé voit, figé de peur,
les mains d'enfants qui se lèvent.

Robert Walser, Abend, in Poèmes, Éditions Zoé ©