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samedi 23 août 2003

166 - six ans de réflexion













... Pour les Américains, empêtrés dans cette sombre histoire de navire-espion, ayant fort imprudemment prêté à Israël six RF-4C (version de reconnaissance du McDonnell Phantom II), appartenant à la 26ème escadre de reconnaissance tactique basée à Ramstein (Allemagne) et opérant sous cocardes israéliennes mais avec des pilotes américains (!), il importait de mettre fin, le plus rapidement et le plus discrètement possible, à une guerre qui, si elle avait duré une semaine de plus, aurait pu permettre aux tanks israéliens de défiler tant au Caire qu'à Damas.

Le 10 juin 1967, suite aux pressions des États-Unis, Israël accepta finalement le cessez-le-feu.

Le Caire et Damas étaient sauvées, Tel-Aviv paradait dans l'arrogance de sa victoire sur des armées arabes très supérieures en nombre, Paris reniait son alliance israélienne au profit d'arabo-musulmanes bien plus prometteuses, Moscou passait pour le Sauveur du monde arabe, les Nations-Unies se donnaient l'impression de servir enfin à quelque chose, et Washington ruminait son humiliation, bien décidée à rappeler qui était le maître à son encombrant protégé israélien.

L'attente durerait six ans...

vendredi 22 août 2003

165 - Alliés mais pas à n'importe quel prix

... pour les Israéliens, la décision d'attaquer un navire-espion américain comportait certes un gros risque : celui de se brouiller durablement avec un pays qui, après la défection de la France, était devenu leur principal - sinon l'unique - soutien dans la région. Mais elle s'imposait pour au moins deux raisons.

Au moment où les États-Unis multipliaient les pressions pour les contraindre à un cessez-le-feu sous l'égide des Nations-Unies, les Israéliens entendaient bien dissimuler le plus longtemps possible leur manoeuvre d'invasion du Golan.

Pour la classe politique israélienne, c'était aussi le moyen, spectaculaire, de rappeler à Washington que l'État hébreux n'entendait certes pas se contenter de jouer les Républiques bananières pour son compte, mais au contraire, de conserver sa liberté d'action pleine et entière.

Alliés d'accord, mais pas à n'importe quel prix.

jeudi 21 août 2003

164 - une bien étrange erreur

... avec le recul, la thèse de "l'erreur" dans l'attaque du navire-espion américain USS Liberty le 8 juin 1967, apparaît indéfendable.

Impossible en effet de soutenir que les avions israéliens, qui ont attaqué le navire pendant une demi-heure, n'aient pas aperçu le pavillon américain.

Impossible de croire que les vedettes lance-torpilles israéliennes qui leur ont succédé, et ont continué à arroser les superstructures à la mitrailleuse lourde, à petite distance, n'aient pas identifié le bâtiment comme américain.

Impossible de penser que l'hélicoptère israélien, bourré de commandos en armes, qui a tenté d'y apponter ne se soit rendu compte de rien.

Par intérêt militaire et stratégique bien compris, il importait sans doute, tant pour Tel-Aviv que Washington, d'enterrer l'affaire au plus vite, et donc d'entériner la thèse de "l'erreur" en échange d'excuses et d'indemnités israéliennes

Mais si "l'erreur" n'en fut jamais une, reste alors à se demander pourquoi les Israéliens ont pris le risque, à priori inouï, de tirer sur leurs principaux (sinon leurs seuls) alliés dans la région, et pourquoi ceux-ci ont à ce point jouer la carte de la discrétion

mercredi 20 août 2003

163 - un lourd bilan humain

.. le 8 juin 1967, en fin d'après-midi, l'équipage du USS Liberty réussit à remettre le navire en marche.

Réduit à l'état d'épave fumante, celui-ci se retire des lieux du combat, et se traîne vers la VIème flotte américaine, protégé par deux destroyers soviétiques qui, hasard ou non, se trouvent au bon endroit et au bon moment.

A bord, le bilan est lourd - 34 morts, 171 blessés américains - mais peut-être moins que la rancoeur à l'égard de leur propre gouvernement qui, en échange d'excuses et de considérables indemnisations israéliennes, va très rapidement enterrer l'affaire sur l'autel de la real politik, et entériner la thèse officielle de "l'erreur de tir" : leur navire-espion ayant été "confondu", dans la précipitation des combats, avec un bâtiment égyptien

mardi 19 août 2003

162 - l'attaque du Liberty

... pour démonter la thèse de "l'erreur" dans l'attaque du USS Liberty, le 8 juin 1967, il faut revenir aux sources, et reconstituer la chaîne d'événements ayant abouti à la mort de 34 marins américains.

Le 7 juin 1967, la guerre contre les armées arabes bat son plein, et menace de tourner à la déroute pour ces dernières. Dans la soirée, un "navire inconnu" est repéré au large du Gaza. Une patrouille de Mirage israéliens est aussitôt envoyée sur place, mais les chasseurs-bombardiers israéliens ne peuvent engager le combat, leur écran-radar se couvrant immédiatement d'une multitude d'échos parasites à chaque fois qu'ils se rapprochent à distance de tir.

Le lendemain, vers 14H00, quatre Mirage chargés de roquettes retrouvent ce mystérieux navire, qui remonte vers l'Ouest. Après un unique survol de reconnaissance, qui aurait dû leur permettre de repérer le pavillon américain, ils passent à l'attaque, bientôt rejoints par deux Super-Mystère.

Touché à de multiples reprises, le navire-espion américain tente de s'enfuir. A bord, son commandant s'efforce, en vain, d'entrer en contact avec les chasseurs israéliens et les navires de la VIème flotte américaine, qui croise très loin au large.

A 14H30, les avions cèdent la place à trois vedettes lance-torpilles. L'une d'elle atteint le flanc tribord, tuant 26 marins américains. Le Liberty s'immobilise mais reste à flots. Ayant épuisé leurs torpilles, les vedettes israéliennes continuent de s'acharner sur le bâtiment à la mitrailleuse lourde, pendant plus d'une demi-heure.

Sur le Liberty ravagé par les incendies, les Américains sont néanmoins parvenus à mettre plusieurs mitrailleuses en batterie, et répliquent aux tirs israéliens.

A 15H00, les tirs cessent. Les Israéliens entrent en contact avec le Liberty et lui demandent... s'il a besoin d'aide (!) Fous de rage, les Américains refusent, et déjouent, quelques minutes plus tard, la tentative d'appontage d'un hélicoptère israélien bourré de commandos en armes.

lundi 18 août 2003

161 - la thèse de l'erreur

... l'attaque israélienne, le 8 juin 1967, du USS Liberty avait fait 34 morts et 171 blessés américains, en plus de réduire ce bateau espion américain à l'état d'épave, qui fut d'ailleurs ferraillée dès son retour aux États-Unis.

Les Israéliens s'empressèrent de présenter leurs excuses - le Liberty avait été "confondu" avec un bâtiment égyptien, voire même russe - et versèrent de considérables indemnités aux familles des victimes.

Pour sa part, le gouvernement américain avalisa d'autant plus rapidement cette thèse qu'il ne tenait guère à s'appesantir trop longuement sur ses propres activités d'espionnage envers son allié israélien, lequel venait de remporter une éclatante victoire après 6 jours de conflit contre plusieurs armées arabes très supérieures en nombre.

L'affaire du Liberty fut donc étouffée très rapidement, et la thèse de "l'erreur" devint donc la vérité officielle

A tort

dimanche 17 août 2003

160 - l'affaire du Liberty

... si toutes les guerres ont leur face secrète, alors l'affaire du USS Liberty est incontestablement celle de la Guerre des Six Jours.

Officiellement, tout est simple. Le 8 juin 1967, quatre Mirage III du 101ème escadron reçoivent l'ordre d'attaquer un "navire inconnu" naviguant au large de Gaza.

Les autorités israéliennes estiment qu'il s'agit d'un bateau "égyptien", voire même "soviétique", venu espionner leurs mouvements militaires.

Dans l'après-midi du 8 juin, donc, les chasseurs-bombardiers israéliens passent à l'attaque et, bientôt rejoints par deux Super-Mystère du 105ème escadron, noient le bâtiment sous un déluge de roquettes et d'obus de 30mm, avant de céder la place, trente minutes plus tard, à trois vedettes lance-torpilles, dont l'une touche le navire par tribord

Ravagé par les incendies et réduit à l'état d'épave à peine flottante, le "navire inconnu" parvient néanmoins à s'éloigner des côtes et, protégé par deux destroyers soviétiques, à rejoindre... la VIème flotte américaine.

A son bord, 34 morts et 171 blessés, qui ne sont ni russes ni égyptiens, mais américains, comme le bâtiment lui-même, un navire-espion, baptisé USS Liberty