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jeudi 7 avril 2011

Un souffle d'activité dans l'Oasis de Timia

© Photo de l'auteur du blog
Oasis de Timia, Aïr au Niger

Pierre volcanique et chaleur implacable règnent dans ce monde désertique de l'Aïr.
Sur cette natte en palmier, la lumière éclaire et sèche ces cœurs de tomate.
La vie est suspendue à l'eau fossile extraite par les pompes. Les moteurs à pétrole ont progressivement remplacé les poulies et le travail itératif des chameaux.

La nappe phréatique contient encore un or bleu éphémère. Les engrais généreusement donnés par l'occident enrichissent la terre mais ruinent les réserves potables. Un souffle d'activité s'installe ici un temps dans cet Oasis de Timia.

vendredi 18 janvier 2008

Un bijou carrefour de civilisations

Cet objet souligne la rencontre de différents univers. La pierre a été travaillée, polie, lustrée par des années d'usage. Elle fut une hache, outil ou objet votif des peuples disparus du Sahara.

Des millénaires après le néolithique, la finesse du grain invite un artisan Touareg à la sertir. Une autre culture nomade offre une nouvelle vie à l'objet. L'objet devient presque carrefour de civilisation, machine à remonter le temps.

Argent, et cuivre jaune enserrent la hache dans un jeu complexe de motifs géométriques. L'ensemble suggère comme un petit personnage doté d'une tête en forme de boucle, d'un buste ciselé, d'un large boubou sombre marqué par la pierre. Au dos figurent des caractères Tamatchek accompagnés d'une étoile à 6 branches.

L'objet a quitté le monde des outils et s'affiche désormais comme un bijou doté d'une dimension supplémentaire, symbolique, comme un gri-gri avec une portée magique.

Une combinaison de symboles, des interactions sur des millénaires, des correspondances entre peuples nomades... Autant d'éléments porteur de sens, donnent de la profondeur à cet objet. Je n'hésitais plus et proposais d'acheter ce bijou porté par un Touareg dans les rues d'Agadez.

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lundi 3 décembre 2007

Plantes médicinales du Sahara

Nous sommes aux confins du désert. Les médicaments sont rares. Si ce n'est inexistant. Trop onéreux. Non distribués dans ces régions si éloignées. Peu recommandés en l'absence de médecins. Oui, c'est un peu le bout du monde. La persistance d'une autre culture. Celle des guériseurs, des chamans, de cette lecture intime de la terre et de ses ressources.

Sur un marché de campagne au Niger, je croisais un guériseur vendant quelques herbes médicinales. Il ne parlait pas Français, ni anglais. La communication était difficile. A l'aide d'un recipient en verre je lui mimais le nombre de portions d'herbe que je souhaitais. Il prit un de ces petits sacs en plastique qui inonde l'Afrique et commença à les remplir.


Je ne connaissais pas ces plantes. La seule chose qui me guidait était l'odeur. Celle qui apparaissait en froissant les feuilles. C'était un moment assez étonnant. L'occasion de toucher le savoir ancestrale des vieilles femmes du désert. Des récoltes organisées, dans les temps morts, au détour du pâturage des bêtes. Ce petit manège attira un peu l'attention. Quelques personnes se rapprochèrent dont un francophone. Je lui demandais le nom de ces herbes ? Quelles étaient un peu les vertus médicinales de chacune ? Il ne pouvait répondre. Le marchand non plus. C'était le domaine des femmes. De la grand mère des familles.
Il consentit cependant à noter la transcription phonétique de ces végétaux.

"Teyiss", "Tifilkiss", "Tezaragadé", "Mananan"... Ces mots résonnent et racontent l'histoire d'une autre façon de vivre, en harmonie avec la nature.
Ils me rappelaient également ces médecins opportunistes d'aujourd'hui, parcourant la planète à la recherche du savoir des chamans. Sans écoute, sans attention, juste pour capter les substances actives des plantes, breveter, puis marchandiser ce savoir commun de l'humanité, qu'il nous reste à nous, à redécouvrir.

lundi 29 octobre 2007

Du petit galet à la monnaie

© Collection privée Brocard-Estrangin
La couleur blonde de la terre ocre du Mali a recouvert durablement ces petits galets en quartz. Leur origine reste assez mystérieuse. Certains archélogues y voient des monnaies protohistoriques, d'autres des objets d'échanges au XIIIe siècle, tant certains exemplaires ont été retrouvés dans des tombes de cette époque.

Aux frontières du Sahara, un peu plus haut vers la Mauritanie certains exemplaires ont été trouvés dans la région de Tichitt, mais à la différence de ceux en photo ils restaient à l'état brut sans ajustements.

Dans la haute vallée de Tilemsi par contre, certains exemplaires plus travaillés, ressemblent assez aux exemplaires présentés ci-dessus, avec des formes arrondies et habilement perçés avec un poinçon en roche dure, qui forme au coeur deux cônes inversés.

J'en utilise certains, enfilés sur un petit cable en métal pour soutenir d'un fil quelques tableaux. Cela étonne, surprend. Certains y voient un collier de figue ou d'abricots séchés. Et ces monnaies reprennent vie dans ces images d'un instant.

Observez avec attention la photo. En son centre se trouve une étonnante pierre noire toute polie et également perçée largement en son centre. Un nomade très pauvre, croisé sur une piste très peu fréquentée au Niger, hormis par la rébellion, me la proposa. Je n'hésitais pas un instant. Il n'avait presque rien, son petit enfant était malade. Et pourtant il nous offrit ensuite du fromage préparé avec ses quelques chèvres.

mercredi 24 octobre 2007

A la recherche de l'esthétisme chez les pasteurs Peuls

Dans les rues d'Agadez se croisent de nombreuses cultures. Cette ville est un véritable carrefour aux frontières du désert. Touaregs, Peuls ils sont nombreux à rejoindre cette Cité. Sécheresses et conflits les conduisent vers ces agglomérations, les invitent à abandonner les mers de sable, le nomadisme millénaire, le sentiment irremplaçable de la Liberté.

Sur les pas des maisons, aux carrefours, chacun offre quelques merveilles aux clients de passage. Silex taillés par les anciens. Bijoux en argent ou autres mélanges apparentés. Etoffes brodées.

Chez les Peuls, le sens de l'esthétisme est presque poussé à son paroxysme, tant chez les hommes que les femmes, avec un art de la séduction très développé. On peut d'ailleurs s'interroger sur l'origine de cette sensibilité en comparaison d'autres peuples nomades où celle-ci est bien moins affirmée.

A y regarder de plus près, durant des millénaires, ces peuples ont accompagné les troupeaux de buffles africains et furent marqués par la forme parfaite des cornes. Ils organisèrent ensuite la sélection des plus beaux spécimens. Sous le soleil, à contempler le troupeau durant les journées, ces sinuosités marquantes ont curieusement influencé la pensée et la culture de ces Peuls BoroBoro. Courbes des bois, courbes des corps, dessins subtiles des yeux, peintures de la peau, étoffes brodées... les animaux fétiches ont changé, nourri leurs codes esthétiques, durablement.

L'envergure des parures, déjà marquante aujourd'hui reste sans comparaison avec les buffles à la frontière du Néolithique. A cette époque une race noble s'éteignait dans ce que l'on appelle la période Bubaline. Les plus belles bêtes offraient des cornes de plus de 3m, s'envolant dans les airs. L'homme fut tout de suite séduit et grava dans la pierre la mémoire de ces rencontres et des cultes associés. Héritiers des grands pasteurs du désert, les Peuls d'aujourd'hui restent les témoins de ces époques, et ont érigé au rand d'art visuel les rites de maquillage et les danses complexes associées.

Magnifique photo venant du site KEL12.
Dans cette étoffe teintée d'un bleu profond indigo ci-dessus, on retrouve dans les motifs fins brodés, l'évocation des cornes par les jeux des croisillons, la trace des vaches dans la forme des sabots suggérés. L'animal est absent. C'est abstrait. Vibrant. Connecté à d'autres peuples nomades presque comme dans un langage universel.

dimanche 11 mars 2007

NIGER : le corbeau et le chameau

Nous sommes un matin. Les chameaux sont posés sur le sol, harnachés des sacs et victuailles. Nos colis bien supérieurs, jours après jours au 12 kg recommandés, alourdis par les cailloux collectés, suscitent des mouvements de rébellion des bêtes. Trop lourd, trop anguleux, au parfum différent... ils grognent.

La pierre est ocre, à l'image de la planète Mars. Des acacias élancés, aux branches et troncs "rouge Hermés" étonnent. J'y passe la main caressant l'écorce duveteuse. Celle-ci se couvre d'une poussière carminée persistante. Me voilà "peau rouge". J'apprends que les Touarges font de même. Ils frottent les peaux nouvellement tannées pour les débarrasser des parasistes et leur donner cette teinte magnifique. Généreux le vêtement dépose ensuite sa couleur sur les épaules des coquettes et enchante le regard des hommes.

Dans cet oued, seul refuge pour le sable, alors que tout autour la pierre fait loi, les chameaux enfin se relèvent, libres de leur mouvement, pour grapiller quelques feuilles hautes perchées.
Volant de branches en branches, un corbeau se pose soudain sur la bosse de l'un deux. Le corbeau et le chameau. L'instant est étrange. Il nous regarde. Dans ses yeux nous avons l'impression de rencontrer le grand La Fontaine. Le corbeau se nourrit des insectes cachés dans la fourrure. D'une tique à l'autre, la fable prend corps.

Merci à Michel, Jocelyne et Bernadette pour les photos. :-)

dimanche 4 mars 2007

AGADEZ au Niger : les nombrils d'éléphant dans la maison du boulanger

La "Maison du Boulanger" mérite un détour dans le vieux Agadez. Si ce n'est le voyage à lui tout seul. Construite au tout début du siècle par de riches marchands fortunés elle appartient encore aujourd'hui aux descendants de la famille.

La bâtisse semble presque animale, comme habitée dans le modelée de la terre du désert. On reste troublé par ses murs scarifiés des mythes du peuple Touareg.

Sur la droite se trouve une alcove où le lit du maître était disposé. Aux intersections des croisements, se cachent dans les protubérances du mur les coquillages sacrés ou "nombrils d'éléphants", garantissant sécurité et sérénité au propriétaire des lieux.
Aujourd'hui, ils disparaissent, fruit de la rapine des hommes supersticieux qui creusent le mur et en feront des "gri-gri" à forte résonance.

A des centaines de kilomètres de là, sur le haut plateau de Bagzane, je trouvais deux beaux coquillages usés, vendus par une femme d'un certain âge. Patinés par un usage prolongé, remplis d'une résine énigmatique ils furent difficile à négocier. A haute valeur symbolique, rare sur une terre où la mer n'existe pas, la discussion dura un temps et ne fut pas sans rappeler ceux de la maison du Boulanger.

mardi 27 février 2007

NIGER : le chant des poulies dans l'Oasis de Timia

Dans ce plastique souple, rouge comme un nourrisson des premiers jours, remonte l'eau de la nappe phréatique située quelques 23 mètres plus bas. L'or bleu jaillit des entrailles du sol, aux rythmes réguliers des pas du chameau tirant la corde.
25 litres par 25 litres, tel un coeur qui palpite, l'eau sort de sa poche et offre la vie tout autour dans un savant jeu de rigoles organisées. Le jeune palmier offrira bientôt de l'ombre sur le puit et des dattes savoureuses aux hommes.

Un peu plus haut, la poulie travaillée dans la masse d'un tronc mesure près de quarante centimètres de haut. L'usure de multiples cordes a creusé une gorge profonde entamant le bois dur et polis par la peine de générations de cultivateurs à ré-inventer ce lieu.
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A elle seule la poulie a porté des tonnes d'eau. A vu la terre donner ses fruits. A entendu les encouragements des jeunes guider les chameaux de traie. Dans un éternel mouvement ponctué par leurs râles de protestation caverneux.


Demain on la remplacera sans doute. Comme bien d'autres avant elle. Sans raison. Tout simplement après des années de services. Elle aura juste fait son temps. Métal, groupe électrogène apporteront à leur tour un ersatz de modernité.
Mais elle gardera ses souvenirs et stigmates gravés en elle, porteuse de mémoire, probablement dans un autre pays, vers d'autres usages ou collections, témoin vivant d'un mouvement déjà oublié chez nous : le chant des poulies.

P.S. : photo réalisée par Pierre, Michel et moi pour la poulie rapportée en Europe.

Plateau de Bagzane au NIGER : le sablier est en marche

Les blocs de pierre, brûlés de soleil, se détachent de la montagne. Arrondis, comme posés par des géants, ils laissent imaginer un subtil jeu d'équilibre aux règles inconnues. Un rocher aux formes généreuses, tombé au fond de l'oued sonne la fin d'une partie. Un autre disposé sur la crête invite à un autre cycle. Ensemble ils défient les lois de l'apesanteur.

Les arbres ont échappé à la sécheresse des dernières années. Des branches brunies, des épines acérées cachent quelques feuilles minuscules. Aucune branche ne se rencontre à hauteur d'homme. Collectées, arrachées elles sont rassemblées contre le village et dessinent une forêt d'arbustes autour des huttes.

La barrière infranchissable pour les chèvres, coyotes et singes égarés, protège les maisons des larcins. Il y a bien longtemps, nous faisions la même chose dans le Grand Nord : les os des grands mamifères y constituaient une haie protectrice. Plus au sud, les cités lacustres permettaient d'échapper aux intrus. Chez les hommes du néolitique, des traces de pieux marquaient ainsi l'espace.

Murs. Barrières. Claustras. L'humanité n'a de cesse d'inventer les limites de la propriété. Ici ces branches amassées, habilement disposées, ruinent les alentours, détruisent toute végétation. Réserve de bois de chauffe et protection, celles-ci ne dureront que tant qu'il y aura des arbres. Le sablier est en marche !

P.S. : merci à Bernadette pour la photo.

vendredi 23 février 2007

Plateau de Bagzane au NIGER : l'herbe tombe du ciel

Le fond de l'oued sabloneux ne laisse que le lointain souvenir de l'eau sur le plateau de Bagzane. Dans les méandres volcaniques s'amusent des hordes de singes roux visibles au petit matin. La terre est rêche, miel, argileuse. Dans chaque interstice, le sol garde l'histoire du passage des animaux. Fèces de chameaux, chèvres, ânes griment des galets polis ou autres fruits secs aux couleurs pastels. On s'y tromperait presque. Avec gourmandise, la nature aride garde le témoignage des traces de vie.

De jeunes filles élancées, noires comme l'ébène, aux formes finement ourlées aborent fièrement une longue perche courbée de cinq mètres. Un seul baton n'aurait pas suffit. Deux branches jointes par un noeud savant tressé permettent d'aggriper les plus hautes ramifications des acacias à l'aide d'un crochet en métal.

Elles secouent si fortement l'arbre, de tout leur poids que les branchettes et feuilles de l'épineux finissent par céder, se détachent et tombent au sol. Un cri résonne. Répété comme un chant. C'est leur signal pour le troupeau de chèvres. Il n'attend pas et converge vers cette manne venue du ciel. Chaque nouvelle branche tombant à terre est prise d'assaut par les bêtes qui grignotent cette rare nourriture. "L'herbe tombe du ciel".Les petites filles sourient et m'observent tandis que j'écris cette nouvelle. Pendant ce temps, Les arbres se dégarnissent. Leur feuillage devient de plus en plus rare. Leurs ramages échappaient au long cou des chameaux et aux caprins équilibristes. Mais l'homme va plus loin avec ses inventions. Cependant arbre ou désertification, il faudra un jour choisir. Mais pour l'instant elles pensent juste à demain. Au maigre lait des chèvres pour composer le fromage de la famille. Ce matin le fourrage vient du ciel et le futur n'existe pas.

P.S. : merci à Bernadette pour le prêt de son appareil photo

jeudi 22 février 2007

Niger : du néant ils inventent un Oasis

Nous sommes à la fin du voyage. Une corde tressée avec les cheiches remplace la courroi du 4x4 qui a cassé il y a deux jours. Fin de la journée. Après des heures de route nous arrivons à ce lieu si souvent discuté durant le voyage. Un engagement de notre part pour aider les Touarges à contruire un Oasis dans un lieu propice, à quelques heures d'Agadez.

Notre imagination fertile imaginait déjà un espace hospitalier. De l'eau généreuse. Des gueltas cachées... Rien de tout cela. Un simple puit perdu au milieu de nulle part dans un océan caillouteux couleur sang. Notre guide, ancien leader de la rébellion Touareg a une vision et résussit à rassembler autour de lui sur ce pari d'Oasis.

Les nomades pasteur du coin, semblent prêt à s'arrêter ici. S'ils ne le font pas auhourd'hui, d'autres prendront la terre. Nous vivons un moment incroyable. Comme un résumé en accéléré de l'histoire de l'humanité. Il aura fallu aux hommes des millénaires pour passer du nomadisme à l'agriculture. Ici à cet endroit les esprits sont prêts pour une mutation sans doute inéluctale et immédiate. L'heure a sonné. Mais cela reste un projet. La terre semble bonne, même écrasée par le soleil. Au loin quelques palmiers doum montrent que la nature pourrait s'installer ici et que l'eau n'est pas loin. Les puits la révèlent à 3 mètres.

Il y a quelques jours les premiers sillons ont été creusés dans le sol. Les jeunes pousses de piments apparaissent, protégées par des branches épineuses d'acacia. Il faudra des grillages pour empêcher les chétives chèvres de croquer cette première verdure.

Aujourd'hui nous allons plus loin avec eux. Vingt petits palmiers vont être plantés dans un fumier naturel. Un touareg a appris le BA-BA et nous montre comment disposer ces futurs datiers. Un peu penchés, la pousse doit protéger le coeur de l'éclat du soleil. Quelques palmiers plus tard, le lieu semble tout à coup plus accueillant. Le rêve pourrait devenir réalité. L'eau est là. Les bonnes volontés aussi. Leur temps n'a pas le même prix que chez nous... Si tout va bien dans quatre ans les premières dattes seront récoltées. L'imagination prend le relais. L'enjeux est de taille. Pas celui de faire de l'argent mais de planter du blé, de récolter des dattes pour assurer une auto-suffisance aux nouvelles populations sédentarisées. On rêve avec eux. L'instant pourrait être historique.

P.S. : merci à Michel pour la photo.

Niger : Agadez, "le phare" Touareg

Après un périple de 15 jours, me voilà de retour du Niger. Il y a trois jours nous decouvrions la mosquée du XVIIIe siècle dans ses plus intimes détails. A l'inverse des bâtiments phares de l'Islam richement ornés, décorés par les plus grands artistes, celle-ci avec ses murs en terre brute, rongés par les pluies, recouvert par endroit à la chaux, donne l'image d'un Islam humble, tout dans l'intériorité d'une relation avec Allah.

L'Iman, nous invita à visiter l'ensemble des salles de prière, comme celle privée du Sultan d'Agadez. Les portes basses arrivent à la poitrine comme les linteaux entre les piliers et contraignent chacun à s'incliner, la tête baissée. Un effacement qui se conjugue avec l'architecture épurée, telle une invitation à la contemplation. J'avais ressenti cette même impression dans l'Eglise de Bethléem il y a quelques années en pélé.

De son côté le mirhab, petite niche indiquant la Mecque et vers lequel converge tous les croyants reste ici le plus dépouillé possible aux antipodes de celui de la mosquée de Cordoue. Blanc, tout en retrait dans le mur, il se remarquerait à peine. Cette discrétion est touchante et renforce encore sa présence. Dans toutes les salles qui ne se visitent pas des milliers d'hommes peuvent prier ensemble dans la pénombre plusieurs fois dans la semaine. Le haut du minaret attire par contre de son côté de nombreux touristes comme la terrasse de l'hôtel de l'Aïr d'où la vue est magnifique sur la Mosquée.

Des retards d'avion nous permirent de profiter de la ville durant deux bonnes journées. Achat de criquets grillés, de quelques bijoux, d'étoffes Peules "boroboros", de tissus africains cultivant l'abstraction, de quelques vieux outils d'un autre âge. La ville nous apportait un étonnant sentiment d'intimité après un voyage dans des contrées plus minérales, volcaniques ou désert de sable. C'est une autre histoire...

dimanche 4 février 2007

En partance pour le désert de l'Aïr

Dans quelques heures je m'envole pour le désert du Niger. Aïr, Ténéré... Ces mots résonnent dans notre imaginaire, comme ces premiers pas des grands explorateurs.
Promesses envoutantes de découvertes avec les "grands passeurs" des sables. Surprises des rencontres avec les caravanes, véritables vaisseaux de l'océan minéral.

Enthousiasme du dépouillement pour un temps, chacun est renvoyé vers lui-même, invité dans l'espace désertique, décelant une Autre Présence. Je suis impatient de croiser l'autre. L'Homme du désert habité. Les témoins aussi de notre passé. Silex taillés, pierres polies, bifaces, tessons de poteries... Posés sur le sol, à même le sable, discrètement, ils invitent l'imaginaire dans le voyage et racontent avec gourmandise leur histoire aux lecteurs du sol.

Jamais je ne me lasse de ces déserts. L'Algérie avec ses magnifiques cathédrales de pierre et son sable de safran. La Libye avec ses lacs salés et ses grands massifs volcaniques.
La Mauritanie près d'Atar, aux étendues si diversifiées et si chaleureuses au coeur des dunes. L'Irak, le plus implacable, fournaise d'où surgit notre plus lointaine histoire entre Tigre et Euphrate, si lourdement ensanglanté aujourd'hui.
Le Yemen avec ses dunes blanches se jetant dans l'Océan Indien du côté des plages de Bir Ali où les vagues jouent de leur fluorescence au crépuscule. L'Egypte avec ses deux déserts, le blanc et le noir, vestiges des rivages il y a quelques millions d'années, aux concrétions calcaires uniques. La Jordanie avec ses rochers témoins de tant de conquêtes, des premiers pas des religions du Livre, qui recèle tant de trésors comme Petra...

Ces déserts ne seront jamais semblables. Composés de pierres, de roches érigées, de grains orangés aux blancs immaculés, de figures veinées formant dunes, de canyons préservés, d'animaux endémiques perdus dans un point d'eau protégé... Chaque désert conjugue à sa manière le fil de la vie.

A bientôt sur le blog, un peu plus tard en Février.
Amicalement,
Bertrand