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JO 2024 (volley): Ngapeth, Tillie, Patry... Comment les papas des Bleus, anciens internationaux, vivent les exploits de leurs fils

Huit des douze internationaux français qui disputent les Jeux olympiques de Paris sont issus de familles ayant pratiqué le volley-ball. Sept ont même eu leur père international. Ces derniers se régalent ou stressent devant les exploits de leurs fils.

Le volley est-il une affaire de famille? Chez les Bleus, qui affrontent ce mercredi soir l'Italie en demi-finale des JO (20h), sans aucun doute si l'on regarde la proportion de "fils de", sans commune mesure avec les autres sports collectifs.

Sur les 12 sélectionnés français pour ces Jeux olympiques, 7 ont un père qui a lui-même été international. Il y a Earvin Ngapeth, Kévin Tillie, Jean Patry, Trévor Clévenot. Le père de Jenia Grebennikov, Boris, n'a jamais porté le maillot bleu… mais celui de l'ex-URSS et le père de Yacine Louati, Moutaa, celui de la Tunisie. Enfin, Théo Faure, le benjamin de l’équipe de France est le fruit d’une union entre Stéphane Faure (350 sélections en bleu) et de Beate Bühler, championne d’Europe de beach en 1994 avec… l’Allemagne. Le papa de Benjamin Toniutti, Maurizio n’a lui pas été international mais présidait en Alsace le club de volley dans lequel le capitaine des Bleus a fait ses premières passes.

"Les enfants voient leurs parents jouer au volley, ils sont toujours dans les salles quand ils sont petits et peuvent jouer après les matchs de leur père", glisse Laurent Tillie, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, 406 sélections comme joueur avec les Bleus dans les années 80.

"Nous les papas, on a à peu près le même âge, on a eu les enfants à peu près au même moment, ils se sont tous mis au volley. Earvin trainait aux entrainements et manipulait la balle en regardant ce qui se faisait. Au départ, c’était de l’amusement", ajoute Eric Ngapeth, 220 sélections au compteur.

"Le volley, c'est un petit monde"

"Nos pères se connaissent tous", souligne Jean Patry, l’attaquant de pointe des Bleus. "On s’est nous-mêmes, joueurs, croisés beaucoup quand on était petits. C’est assez fou quand on y pense. Le volley c’est un petit monde, on a tous vu nos pères dans les salles de volley, on ramassait les balles lors des entrainements..."

"Ce que je vis, ils l’ont vécu mais à des époques différentes", affirme Théo Faure, le pointu remplaçant de Jean Patry. "Il y a des choses qu’ils comprennent plus facilement, les moments où on a besoin de discuter. Ils ne m’ont jamais poussé à faire du volleyball. J’ai démarré quand j’ai voulu avec des potes en jeune. J’ai beaucoup aimé ce côté-là, je n’ai pas ressenti 'être fils de volleyeur' avant de démarrer le volley. J’ai aimé pouvoir tester plusieurs sports différents."

Du plaisir et du stress de voir leur fils aux Jeux à Paris

Si la plupart des papas joueurs des années 80 n’ont pas le riche palmarès de leur fils (seulement finaliste de l’Euro 87), ils vivent à travers eux ces jeux de Paris. Parfois avec déraison.

"Je deviens totalement irrationnel", reconnaît Christophe Patry, international entre 1990 et 1991 et père de Jean. "Je peux quitter le canapé quand je regarde le match, m’enfermer dans le garage, revenir, essayer de détourner mon attention parce que je ne contrôle rien!"

"Je suis encore plus stressé comme papa que comme joueur", déclare Laurent Tillie. "Je ressens la pression, j’ai des frissons encore de ma carrière de joueur à travers celle de Kévin. Je me remémore les mêmes actions, les mêmes moments même s’ils ont vécu des moments sacrément élevés avec les titres et les Jeux de Tokyo, mais c’est très amusant de voir sa propre carrière se poursuivre avec la carrière de son fils. C’est beaucoup de stress qui nous bouffe de l’intérieur!"

"Parfois ça nous a éloignés", ajoute le héros de Tokyo 2020 et coach de Kévin pendant près de dix ans en équipe nationale. "Il y a des décisions que le fils ne comprend pas forcément mais ça nous a aussi rapprochés avec le titre aux JO. C’est un souvenir incroyable de voir son fils sur le podium, sur la plus haute marche, en train de chanter la Marseillaise."

Une filiation et une fierté

"On forme une équipe de France d’il y a 30 ans avec les enfants", rigole Laurent Tillie. "Ça nous unit, il y a une filiation, une histoire, c’est très touchant." Et Eric Ngapeth de compléter: "Dernièrement Earvin s’est marié, il y avait tous les pères qui étaient là. C’est une famille. On se retrouve, comme si on s’était quittés hier.

"Je pense qu’ils sont très heureux de nous voir jouer ensemble et pour nous, défendre un titre olympique devant eux, c’est quelque chose d’incroyable", ajoute Earvin Ngapeth. "Mon père me donne beaucoup moins de conseils, ça arrive mais il a un œil très attentif sur ce que l’on fait, il nous suit beaucoup. Il est vachement attaché à cette équipe de France. Avant c’était des ordres, maintenant il est tranquille", s’esclaffe le MVP des Jeux de Tokyo.

Une nouvelle médaille à Paris, réunirait encore un peu plus cette grande famille, lignée inépuisable du volley français.

Nicolas Baillou