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JO 2024 (escrime): le drôle de quart de finale de Vincent Anstett, coach de trois français mais aussi de l'Egypte au sabre

En quart de finale de l’épreuve de sabre masculin olympique par équipe, la France sera opposée à l’Égypte ce mercredi. Un affrontement particulier pour Vincent Anstett: l’ancien sabreur en équipe de France est aujourd’hui entraîneur de l’Égypte mais aussi de trois tireurs tricolores qu’il va affronter.

Assis dans sa chaise, derrière ses sabreurs égyptiens, Vincent Anstett aura peut-être l’impression d’être un peu à l’entraînement cet après-midi au Grand Palais. Car sur la piste, il y aura… sept athlètes qui s’entraînent à ses côtés, quasiment au quotidien. En effet, Vincent Anstett, ancien sabreur de l’équipe de France, a ouvert son académie, la Paris Fencing Academy, il y a un an, après avoir été écarté du staff de l’équipe de France en raison de conflits en interne.

Il a alors pris en main l’équipe d’Égypte, tout en entraînant les Français Sébastien Patrice, Jean-Philippe Patrice (remplaçant) et Maxime Pianfetti. Car ces derniers, qui appréciaient travailler avec Anstett avant son renvoi, ont décidé de le suivre pour leur préparation en vue des JO et ont donc quitté l’Insep.

"Une connerie"

Résultat: les trois Français vont donc tirer "contre" leur entraîneur et contre des sabreurs avec lesquels ils se sont entraînés, notamment durant des stages communs. Cela peut-il changer quelque chose dans un camp ou dans l’autre?

"Aujourd’hui, tu as presque plus de certitudes contre des gens avec qui tu ne t’entraînes pas", relativise Vincent Anstett. "Car l’athlète qui s’entraîne avec toi, tu sais qu’il va modifier son jeu. Comme quand deux Français se rencontrent: tu connais ce que fait l’autre et inversement, donc est ce que l’un va changer de manière de tirer finalement? Tu es dans une forme de doute plus importante que quand tu rencontres quelqu’un de manière plus occasionnelle et tu sais qu’il va venir avec son jeu habituel. Je trouve que ça met plus d’incertitude que de certitudes."

Les sabreurs rappelés par la Fédération

Un argumentaire auquel la Fédération française d’escrime n’a pas semblé adhérer. Alors que la décision des trois athlètes français de s’éloigner de l’Insep avait déjà fait grincer des dents, la FFE a sifflé la fin de la récréation en apprenant le tirage au sort: les frères Patrice et Maxime Pianfetti ont été priés de ne plus s’entraîner avec le groupe de Vincent Anstett jusqu’aux JO, il y a trois semaines, et de rejoindre le stage des Bleus à Forges-les-Eaux.

"Pour des raisons d'éthique, on nous a demandé d'arrêter notre collaboration avec Vincent Anstett, étant donné qu'il allait être contractuel avec l'Égypte et qu'on allait rencontrer l'Égypte au premier tour par équipes", regrettait le sabreur Sébastien Patrice. "Quand ça fait huit mois que tu t'entraînes avec les mecs, c'est pas deux semaines qui vont changer quelque chose. Je ne comprends pas non, c'est une connerie. Mais on a eu tellement d'embûches cette année qu'on a été formés. Je prends ça comme une énième embûche. Je les ai surmontées une par une, et ça ne fait que renforcer mon armure."

Deux nations fortes du sabre masculin

Et l’aspect sentimental dans tout ça? Vincent Anstett, qui aura le survêtement de l’Egypte sur le dos, pense plutôt à la dimension sportive. "Forcément, c’est le pays que j’ai représenté en tant qu’athlète donc c’est toujours particulier, mais après ça reste une compétition de sport et que le meilleur gagne. Les deux équipes aspirent à être championnes olympiques. Je trouve juste dommage qu’une des deux nations ne soit pas médaillée car elles méritent. Après, qu’on ait été amenés à se rencontrer… Il n’y a plus que huit équipes, les deux font partie des meilleures (France 4e au classement mondial, Egypte 6e). C’est un match pour la médaille avant l’heure." Les Bleus espèrent effectivement monter sur le podium, après être passé à côté de l’épreuve individuelle lors de laquelle aucun Français n’est monté sur le podium.

Valentin Jamin