JO 2024 (cyclisme): "Je suis allé dire adieu à mon record", le fatalisme du KOM de la rue Lepic sur Strava

"Je vais me lever à 8h du mat' pour aller faire le pied de grue rue Lepic". Charles Vialettes le sait, ses jours de roi incontesté de cette célèbre artère de la butte Montmartre sont comptés. Et il veut assister à sa chute.

Détenteur du KOM ('King of the Mountain', soit le meilleur temps, NDLR) du segment "rue Lepic" sur l'application Strava en 1'54, le cycliste amateur est lucide: son temps aura bien du mal à survivre à la course en ligne de ces JO de Paris 2024 qui s'élancera ce samedi et empruntera trois fois les pentes de cette rue bien connue des fans d'Amélie Poulain. "Il n'y aura pas de suspense pour mon KOM, il aura vécu, soupire-t-il, fataliste. Tant pis, j'en ai fait mon deuil..."

"Je suis allé lui dire adieu, à ce KOM. J'ai refait la rue Lepic tranquillement, en 'King of Montmartre'. Enfin en 'king' presque déchu, quoi..."

Menacé par un certain Remco Evenepoel

Ces dernières heures, sa couronne ne tient d'ailleurs plus qu'à un fil. Car les grands fauves du peloton lui tournent déjà autour en ces jours de reconnaissance du parcours. "J'ai vu qu'hier, Remco Evenepoel est venu claquer 1'58 sur Strava, explique-t-il. Bon, Remco, il a plus de watts que moi, évidemment. Et puis eux, ils vont arriver lancés alors que nous, on partait arrêtés du feu rouge du Moulin-Rouge".

Membre du Montmartre Vélo Club, un club amateur créé par des habitants du quartier pendant le confinement quand les sorties étaient limitées à un rayon d'un kilomètre, le puncheur s'était emparé du meilleur temps en avril dernier. "Cette année, on a fait ce qu'on appelle le 'Critérium de Montmartre' pour la première fois. On a fait ça assez tôt pour rouler sur une route assez dégagée des touristes et c'est là que j'ai pris le KOM. C'était entre copains, mais on s'est quand même foutu sur la gueule comme il faut".

Le Poggio des JO

Idéalement placée à moins de 10km de l'arrivée, cette montée de la rue Lepic pourrait jouer le même rôle que le Poggio sur Milan-Sanremo et servir de tremplin aux chasseurs d'or. Et les coureurs et coureuses qui représenteront la France dans cette course en ligne auraient peut-être dû s'adjoindre les services de Charles Vialettes car le Montmartrois en connaît le moindre pavé.

"Cette montée, elle se fait en deux temps, analyse le régional de l'étape. La première partie pour aller jusqu'aux Abbesses, c'est une ligne droite qui grimpe à 6% avec du pavé régulier, donc là tu peux envoyer. Après t'as un replat sur un long virage, où tu peux reprendre de la vitesse. Et quand tu arrives à la station de Vélib, ça se complique un peu, le pavé devient plus irrégulier, la pente s'accentue, c'est là que ça devient dur".

Pour ceux qui basculeront en tête, il ne restera plus qu'à dévaler les rues de la butte pour filer vers le pont d'Iéna, où sera jugée l'arrivée. Il sera alors temps pour les coureurs de mettre en ligne les données de leur petite virée parisienne et pour Charles Vialettes de rafraîchir frénétiquement son application pour constater les dégâts.

Car l'actuel roi de Montmartre s'attend à prendre un bel éclat. "Ca dépend du nombre de professionnels qui vont activer leurs comptes Strava. S'ils ne sont pas nombreux, ça m'arrangerait, mais je pense que je vais rétrograder dans le classement. Ils sont 90, ils n'ont peut-être pas tous de compte Strava mais je pense que je vais passer à la 60e place".