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Escrimeuse enceinte aux JO: comment concilier pratique physique et sportive et grossesse?

La triathlète professionnelle Sarah Piampiano, enceinte, s'entraîne à la natation le 5 janvier 2021 à San Rafael, en Californie.

La triathlète professionnelle Sarah Piampiano, enceinte, s'entraîne à la natation le 5 janvier 2021 à San Rafael, en Californie. - EZRA SHAW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

L'Égyptienne Nada Hafez a participé aux JO alors qu'elle est enceinte de sept mois. Si la grossesse est souvent un temps où l'activité physique des femmes baisse, elle est pourtant très recommandée chez celles ne présentant pas de complications ou de facteurs de risque spécifiques.

Après son élimination ce lundi 29 juillet en huitièmes de finale du tournoi de sabre en escrime lors des Jeux olympiques de Paris, l'Égyptienne Nada Hafez a indiqué sur son compte Instagram qu'elle avait participé à l'épreuve en étant enceinte de sept mois.

"Mon bébé et moi avons eu notre part de défis, qu'ils soient physiques ou émotionnels", a-t-elle écrit.

"Les montagnes russes de la grossesse sont déjà difficiles en soi, mais devoir se battre pour maintenir l'équilibre entre la vie et le sport n'était rien de moins qu'exténuant, mais cela en valait la peine. J'écris ce message pour dire que je suis fière d'avoir obtenu ma place en huitième de finale!", a partagé Nada Hafez.

Une déclaration qui peut étonner, pourtant, comme le rappellent les Hospices Civils de Lyon, "la grossesse normale ne contre-indique pas l'activité physique à condition de choisir une activité adaptée".

L'activité physique régulière vivement conseillée

Moins d'une femme sur quatre enceinte suit les recommandations d’activité physique qui sont de 30 minutes de marche par jour (hors contre-indications médicales). En effet, selon le ministère des Sports, "la maternité, avant comme après l’accouchement, reste trop souvent la période de leur vie où les femmes diminuent, voire arrêtent toute pratique sportive".

Pourtant, malgré ce que l'on pourrait penser, la pratique du sport n'est pas incompatible avec la grossesse et "elle est même recommandée chez les femmes ne présentant pas de complications ou de facteurs de risque spécifiques", indique les Hospices Civils de Lyon.

Si les efforts conduisant à une fatigue répétée ou importante doivent être proscrits, faire de l'activité physique régulière est conseillé et apporte de nombreux bienfaits.

Casser la sédentarité

L'objectif est tout d'abord de casser la sédentarité, c'est-à-dire les situations où l'on reste éveillé mais avec un très faible dépense d'énergie, par exemple en restant allongée ou assise. Au-delà des femmes enceinte, l'excès de sédentarité cause un risque de détérioration de la santé.

L'Assurance maladie conseille ainsi fortement des "pauses d'au moins une minute toutes les heures ou de 5 à 10 minutes toutes les 90 minutes, pauses pendant lesquelles vous passez de la position assise à la position debout avec une activité physique d'intensité faible (par exemple, se lever pour ranger un livre ou marcher lentement)".

"La sédentarité en cours de grossesse favorise la prise de poids et majore le risque de diabète gestationnel", préviennent les Hospices Civils de Lyon.
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Activité régulière

Durant la grossesse, l'Assurance maladie préconise de pratiquer au moins 150 à 180 minutes d'activité physique par semaine, réparties en plusieurs séances et sans dépasser 60 à 90 minutes par session".

"Ainsi, une pratique d'au moins deux à trois heures par semaine, répartie sur un minimum de 3 jours par semaine est conseillée", ajoute-t-elle sur son site.

Selon le ministère des Sports, durant le premier semestre de grossesse, si vous pratiquez déjà une activité sportive, sauf avis contraire de votre médecin ou certains cas particuliers, vous pouvez la poursuivre, "mais sans rechercher de performance". Au deuxième trimestre, il s'agit d'"évitez la compétition, les activités intenses et les sports de contact ou à risque de chute".

Ce n'est qu'à partir du huitième mois que les professionnels conseillent de privilégier la marche, la gymnastique douce ou la natation.

De nombreux bienfaits

"Que ce soit pour vous détendre, vous tonifier, contrôler votre prise de poids, adoucir les petits maux de la grossesse, vous pouvez et vous devez même continuer à bouger, si votre état de santé vous le permet bien sûr", écrivait la ministre chargée des Sports Roxana Maracineanu en 2021 dans un guide destinée aux femmes enceintes.

Au-delà des bienfaits dans la population générale, le sport a des effets positifs pour les femmes enceintes, notamment car il permet d'abord de limiter une prise de poids excessive et la survenue du diabète gestationnel ou de pré-éclampsie (hypertension). Les professionnels notent également d'autres bienfaits comme la baisse des douleurs lombaires, une meilleure circulation veineuse ou la prévention de fuites urinaires ou de troubles du transit intestinal.

L'activité physique a également des effets positifs sur la santé mentale et permet de diminuer l’anxiété ou les risques de dépression post-partum.

En outre, cela prépare à un accouchement plus facile, rapporte le ministère, mais également une amélioration du neuro-développement de l'enfant à naître.

Quels sports?

Mais alors quelles activités choisir si vous ne pratiquez pas déjà un sport que vous souhaitez continuer durant la grossesse? Parmi les plus citées et les plus généralement recommandées figurent notamment la marche et la natation ou l'aquagym, les deux dernières permettant de travailler tous les muscles sans traumatisme.

En effet, globalement, ce sont des activités physiques dites à faible impact qui sont conseillées par les professionnels de santé. C'est, par exemple, le cas du yoga et du pilâtes, en évitant les positions susceptibles de provoquer une baisse de la tension artérielle ou une chute.

De la même manière, le vélo stationnaire, ou vélo d'appartement, est adapté à la pratique durant la grossesse.

Des activités à éviter

Effectivement, comme le note l'Assurance maladie, à partir du 4-6e mois, il faut surtout éviter toute activité où il existe un risque de perte de l’équilibre et de choc sur l’abdomen en cas de chute, comme l'équitation, le ski alpin, les ports collectifs avec contacts physiques ou les sports de combat.

"Les sports de raquette peuvent être pratiqués, mais de manière raisonnée et plutôt pour les femmes possédant un bon niveau technique, en faisant très attention aux risques de perte de l’équilibre et donc de chute", précise par exemple l'Assurance maladie.

Certaines activités sont totalement contre-indiquées comme plongée sous-marine vu le risque d’accident de décompression pour le fœtus. En outre, "les activités physiques en position allongée sur le dos de façon prolongée doivent être évitées à partir du 5e mois", écrit le ministère des Sports.

Toujours se tenir aux recommandations médicales

Dans tous les cas, il est vivement conseillé de demander l'avis de votre sage-femme ou de votre médecin et un suivi conduisant à une réévaluation régulière de la pratique sportive doit être effectué.

Il faut également veiller à avoir une bonne hydratation et une alimentation adaptée à la pratique du sport, à la patiente et à sa grossesse.

Surtout, "la pratique est possible jusqu’à terme sauf si apparition de symptômes, essoufflement, saignement, céphalée, vertige, perte de liquide amniotique, apparition de retard de croissance intra utérin, contractions utérines…", rappellent les Hospices Civils de Lyon.

Salomé Robles