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JO 2024: comment les douaniers partent à la chasse aux contrefaçons

Près de 6.000 douaniers ont été mobilisés pour les Jeux olympiques. La recherche des contrefaçons de produits liés aux JO occupe la moitié de leurs missions quotidiennes.

Gilet pare-balles glissé sous le T-shirt, pistolet sous la chemise: les douaniers de la brigade nord parisienne transpirent sous un soleil de plomb, se confondant aux touristes venus admirer la vasque olympique aux jardins des Tuileries. "Peut-être qu'il y aura des vendeurs, mais avec tous les policiers moi je n'y crois pas trop", avance Alfredo, chef adjoint de la brigade, qui a prévenu ses six agents avant de partir.

Il a raison: les 35.000 policiers mobilisés quotidiennement dans la capitale cet été ont fait fuir les vendeurs à la sauvette, notamment près des sites touristiques barricadés et transformés en terrains pour les Jeux. Parmi les 5.800 douaniers mobilisés cet été pour les JO, dont 1.400 en région parisienne, certains sont venus en renfort dans la capitale. Comme policiers et gendarmes, tous bénéficieront d'une prime de 1.900 euros.

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Une mobilisation près des sites olympiques "pas forcément nécessaire", déplorent sur le terrain plusieurs douaniers à l'AFP. L'équipe d'Alfredo, dont une mission quotidienne sur deux est dédiée à la recherche de produits de contrefaçon liés au Jeux, se fait d'ailleurs refuser l'entrée au parc urbain de Concorde par les organisateurs.

Bijoux et cigarettes

C'est à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, que les douaniers trouvent ce qu'ils cherchent, mercredi : faux bijoux, téléphonie, cigarettes électroniques ou babioles en tous genres... Un pactole de contrefaçons découvert lors d'une vaste opération de saisie. "Aubervilliers, c'est une zone de grossistes pour toute la France, et pour quasiment toute l'Europe", explique Gilles, chef de la brigade Sud, pendant que son équipe, ruban adhésif et cartons en main, vide l'inventaire d'un grossiste de téléphonie.

"Ça fait presque deux ans qu'on le cherchait" se réjouit le chef de brigade au milieu des rayons qui alimentent les petites boutiques de téléphonie parisiennes. Faux casques Apple, chargeurs, enceintes JBL et mêmes téléphones Samsung... Les douaniers ne savent plus où donner de la tête et les cartons s'entassent devant la boutique avant d'être placés dans un fourgon. Une marchandise dont la valeur dépasse le million d'euros, selon Gilles, expert en la matière.

Quelques coins de rue plus loin, les douaniers ont mis la main sur des grossistes de "puffs", ces cigarettes électroniques jetables plébiscitées par les jeunes. Ici, ils trouvent des emballages avec des motifs de fruits ou des personnages fictifs, interdits selon la réglementation européenne. "On considère que ce sont des images susceptibles d'attiser la curiosité des jeunes" explique Gaëtan, chef adjoint à la BSI Paris Sud. Là, des étiquettes mensongères sur le taux de nicotine et des teneurs qui dépassent le seuil maximal de 20 milligrammes.

"L'intérêt c'était vraiment de faire une grosse opération conjointe pour marquer le coup", explique Maeva Daynac, cheffe de la division surveillance de Paris, qui se faufile entre les cartons entassés au deuxième étage d'une boutique. Au total, les douaniers ont saisi lors de cette opération plus de 145.000 contrefaçons en une journée, selon le ministère chargé des Comptes publics.

Dans les gares

Gare de Lyon, à Paris, "Tofu" zigzague entre les valises et les passagers qui se pressent jeudi dans un train à destination d'Antibes, sur la Côte d'Azur. Ce jeune labrador beige, dont l'air joueur provoque quelques sourires et regards attendris – lui aussi est en civil – cherche du cannabis. "Tout l'axe Nord-Sud est très important, très criminogène" explique Neil, chef de la brigade ferroviaire parisienne, tout en précisant que le ferroviaire reste néanmoins le "parent pauvre du stup'".

Son équipe, qui procède aussi à des contrôles à bord des trains, trouve généralement de l'argent liquide – prohibé au-delà de 10.000 euros – et des drogues, acheminées de l'Espagne aux Pays-Bas et transitant par la France, notamment sur la ligne Paris-Bruxelles. Au signe enthousiaste de Tofu quand il décèle l'odeur recherchée, son maître l'indique à ses collègues qui fouillent le voyageur quelques mètres plus loin. Quelques pochons d'herbe sont trouvés, le chien est récompensé.

Les fouilles se déroulent à même le quai, sur le sol ou des barrières. "Ça reste un métier de contraintes" glisse Neil, qui s'assure de la fluidité des contrôles.

J. Br. avec AFP