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Athlétisme (championnats d'Europe): espoir de médaille, Mayer en piste... la plongée ou la renaissance pour les Bleus à Rome

Les championnats d’Europe d’athlétisme (7-12 juin) commencent ce vendredi à Rome avec une délégation française étoffée comme jamais. 101 Tricolores seront sur la ligne de départ, un record. Malgré tout, sur le papier, les doutes sont à tous les étages pour cette dernière répétition internationale avant les Jeux olympiques de Paris.

Depuis 2020, l’armoire à trophée de la Fédération Française d’Athlétisme n’a pas été beaucoup dérangée. Une seule médaille olympique à Tokyo (l’argent du décathlon pour Mayer), deux médailles en deux éditions des Mondiaux (l’or pour Mayer au décathlon et l’argent pour le relais 4x400m), et enfin neuf médailles mais aucun titre lors des championnats d’Europe de Munich en 2022.

Les championnats continentaux de Rome (7-12 juin) peuvent donc faire basculer l’athlé français du côté obscur, mais il peut aussi nous surprendre. La Méthode Coué ayant ses limites, le directeur de la haute-performance, Romain Barras, préfère ne pas s’enflammer. "Il reste 50 jours avant les Jeux olympiques, les athlètes montent en puissance. Les performances de ce début de saison estivale sont bonnes. Certains ont le niveau pour jouer le top européen. Mais pour les autres, ils doivent d’abord montrer la meilleure version d’eux-mêmes." Barras n’a jamais donné d’objectif de médailles, il n’en donnera pas non plus sous le soleil romain.

"C’est l’esprit bleu qu’on met en place depuis deux ans"

D'autant que les rayons du soleil ont du mal à percer au-dessus de la tête des Bleus. Après le traumatisme de l’erreur administrative qui a failli coûter leur inscription aux championnats d’Europe à Azeddine Habz et Simon Bédard, la FFA s’est faite tancer par ses propres athlètes sur les réseaux sociaux. Le patron des Bleus en ressort tout de même du positif pour les semaines à venir. "Les athlètes nous ont accablés, ok, on a fait une erreur mais le plus important c’est la solidarité entre eux. Ça m’a même fait plaisir. C’est l’esprit bleu qu’on met en place depuis deux ans, et c’est grâce notamment au stage en Afrique du Sud en décembre dernier. Il faut surfer sur ces moments de partage et de fraternité." Surfer pour ne pas plonger. Et pour cela, il faut des médailles.

Le premier titre européen pour Alice Finot?

Les premières chances de monter sur le podium dès ce weekend se trouvent notamment sur le 3.000m steeple, avec Alice Finot. Cinquième des derniers championnats du monde, elle n’a pas encore couru sa distance phare cette saison car elle estime avoir assez de repère désormais. "J’ai fait du 1.500m notamment pour travailler mon finish et ma vitesse. Et je considère que c’est encore le tout début de saison. Je suis dans la meilleure forme de ma carrière. La médaille d’or européenne n’est pas incompatible avec ma trajectoire. Quand je repense à ma médaille d’argent à Torun (3.000m en salle en 2021), je n’ai pas fait l’effort au bon moment quand j’ai compris que j’allais être sur le podium. Aujourd’hui, je vais chercher l’or, ne pas m’imposer de limite pour ne pas refaire l’erreur." Meilleure européenne de la discipline en 2023, toute proche du podium mondial, Alice Finot pourrait remporter le premier titre de sa carrière.

Zeze aux côtés de Noah Lyles

Derrière la steepleuse, un des premiers moments forts sera également le 100m masculin. Mickael Zeze, l’homme aux 9'99" en 2022 qui n’a jamais confirmé, revient avec plus d’humilité en 2024. "J’étais ultra confiant car dans le top 3 européen à l’époque. Cette fois c’est différent, je suis plus outsider. Mais j’ai compris pourquoi je courais aujourd’hui. La saison 2023 a été très difficile, ça m’a permis de savoir où je voulais aller. Et il n’y pas de raison de ne pas viser très haut."

Zeze a en effet eu de grave problème de trésorerie, pas assez aidé par la FFA selon lui, et a fait appel à une cagnotte. "J’ai pu aller m’entraîner aux Etats-Unis grâce à cela. Je suis aux côtés de Noah Lyles notamment (l’américain champion du monde du 100 et 200m)." Zeze fera aussi partie du relais du 4x100m, médaillé de bronze lors des derniers Mondiaux de relais aux Bahamas. Une autre vraie chance de médaille.

Des vraies chances de médailles pour les Bleus

Cyrena Samba-Mayela, nouvelle recordwoman de France du 100m haies, devrait monter sur la boîte vue sa forme actuelle. Les deux lanceurs de marteau, Quentin Bigot, de par son expérience, et Yann Chaussinand, actuel 5ème mondial, ont leur chance. Comme Teura Tupaia au javelot, qui a écrasé le record de France il y a quelques semaines avec un jet à 86m11. Sans oublier Yann Schrub et Jimmy Gressier sur 10.000m, déjà en bronze et 4ème en 2022, ni Gabriel Tual ou Yanis Méziane sur le 800m ou encore Azeddine Habz sur 1.500m. Si le vent tourne bien, l’équipe de France peut vraiment se rassurer et rigoler enfin un peu avant les Jeux olympiques de Paris.

Mayer, la France a peur

Mais un homme phagocyte l’attention des médias et même de la délégation française. Kevin Mayer va-t-il enfin terminer un décathlon? Le recordman du monde est à Rome grâce à une invitation exceptionnelle et il devra s’en servir pour réussir les minima olympiques, à savoir 8.460 points. La FFA et Romain Barras ont accepté l’invitation de European Athletics avec plaisir: "Kevin a vu ça comme une opportunité. Il cherchait un décathlon dans de bonnes conditions atmosphériques avec de la compétitivité. Il sera au départ, en bonne possession de ses moyens. Il a résolu ses problèmes physiques. Tous les feux sont au vert. Aux dernières nouvelles, il ne vient pas pour rigoler."

En cas de nouvel échec, certains membres de la Fédération imaginent inclure un décathlon lors des championnats de France élite les 29-30 juin (mais sans remettre de titre de champion national, puisqu'il a été décerné lors des championnats de France d'épreuves combinées les 18 et 19 mai à Oyonnax).

Aurélien Tiercin