Famille je vous hais(me)

LA MEMOIRE DU TUEUR «De zaak Alzheimer » de Erik Van Looy Belgique 2003 Voilà le renouvellement du polar et le resurgissement du cinéma belge avec ce film centré sur la mémoire de plus en plus défaillante d’un tueur à gages qui se sait manipulé.

                       Tout commence dans un restaurant à Marseille où Angelo Ledda (Jan Decleir ) tueur à gages converse avec un inconnu Gilles Resnais (Patrick Descamps ) qui lui donne mission d’éliminer un maitre chanteur. Angelo qui commande une portion de frites se voit rappeler par la serveuse qu’il venait d’émettre cette demande quelques minutes auparavant, il feint de ne pas comprendre la remarque pour cacher cette défaillance mémorielle. Effectivement Ledda souffre de la maladie d’Alzheimer et les premiers symptômes se font connaitre et il acceptera néanmoins cette mission. Mais face à l’avancée de cette affection, à la découverte d’actes pédophiliques et à la hargne de ses commanditaires désireux de l’éliminer Ledda se révolte contre eux et décide d’utiliser la police pour assouvir sa vengeance instituant une relation privilégiée avec l’inspecteur Eric Vincke (Koen De Bouw) . Ce dernier fut témoin d’une affaire d’exploitation enfantine et sexuelle qui se solda par la mort du père de la jeune prostituée. Il ne sait pas encore qu’il va replonger dans ce fait sordide

                                Le film se veut sombre autant que par sa peinture du plat pays pris dans des affaires licencieuses que par la lente descente aux enfers d’un homme qui dans son immoralité conserve une part de morale refusant d’abattre des enfants et de cautionner certains réseaux de prostitution enfantine. Cette dénonciation est d’autant plus pénible que le pays était encore sous le choc de l’affaire Dutroux ( bien que le livre de Jef Geeraerts qui s’en inspire date de 1985) et du statut inattaquable que politiciens et policiers et que le scénario souligne ces deux éléments terribles via l’évocation d’enfants exploités, de politiciens libidineux et d’hommes de loi malhonnêtes.

                              Le réalisateur donne un rythme tonique à son film qu’il charge d’images fortes via des effets de transition, visuels à base de flash et sur fond verdâtre censés représenter l’ivresse le malaise de ce malade. Angelo Ledda est un personnage fort , tueur implacable, calculateur , obligé soudain de tout noter sur son bras – car tout écrit laissé l’accuserait – de se bourrer de comprimés et de composer avec l’inspecteur Eric Vincke qu’il ridiculise , traite en marionnette et l’aide à résoudre ces affaires précités. Jan Decleir habite ce rôle, il demeure l’un des plus grands acteurs belges que l’on connait peu et que l’on a beaucoup apprécié dans Karakter de Mike van Diem en 1997.