Petite Fleur des Villes

Petite fleur des villes,
Petite fée casquette,
Elle a l'aspect fragile
Mais d'un geste précieux, grave et habile,
De ses bras de bébé tout creusés de fossettes,
Farouchement, éperdument, elle serre son enfant
Déterminée, sérieuse comme fait sa maman.

Petite fleur, ne t'en va pas ce soir,
Tu sais, tu ressembles à l'espoir,
À l'amour quand parfois il est pur,
À la fraicheur-matin des gouttes de rosée,
À la paix des grands lacs lorsque le vent se tait,
À la douce puissance des cascades mouvantes,
À la prière timide chuchotée mais ardente.

Petite fleur tranquille,
Petite fleur des villes,
Apprends-nous à aimer,
Nous, on a oublié.

Photo "La Presse"
Montréal - 2000

30-9-2001.© Marie

De temps en temps


Avant, porteur de mes regrets,
Il ne faut plus que je te pense,
Maintenant est un infidèle,
Constamment, il me fait faux bond...

D'après, je ne sais pas le sens,
Futur sans visage et sans fond,
Je n'ai pour lui point de pensée,
Et il me plait de l'ignorer.

Il faudrait juste prendre le temps...
Et le garder de temps en temps,
En murmurant "j'ai tout mon temps",
Je voudrais tant...
Quand le soleil est généreux
Quand le ciel ressemble au bonheur
Ou même quand des fois il pleure...

Attends dis, laisse-moi le temps,
À pas lents, de prendre mon temps,
Et d'en jouir à pleines dents...
De temps en temps...

Je t'aime

Je t'aime dans l'absence, menottée de silence
Je t'aime en plein soleil et je baise ton ombre,
Je t'aime dans un souffle, je t'aime comme on sombre,
Je t'aime comme on rêve dessinant ta présence

Je t'aime aux lents soupirs de la brise fragile,
À l'ouragan puissant, à l'arc-en-ciel fringant
Aux tornades, aux éclairs, à l'aube qui vacille,
Je t'aime sans faiblir au crépuscule pesant.

Je t'aime et t'aimerai au-delà des frontières,
À tous les interdits, aux sommets insolents
Au fond des océans, des rivières et des mers,
Dans le creux de ma tombe, sans demander au temps.

Dans le creux de mon âme,
Aux lueurs de ma flamme,
À jamais et sans toi,
Je t'aime et t'aimera.

 Elle

Elle vit tapie dans le silence,
Elle a ce front serein de ceux qui ont aimé
Et ce regard voilé de ceux qui n'ont plus rien...

Plus rien mais le passé...
Une fortune inégalée...

Sur sa lèvre à la courbe douce,
Parfois frémit un sourire un peu las,
Et dans ses yeux vacille une tendre lumière,
Plus, un soupçon d'éclair.

Alors alors, elle vit plus encore,
Et son âme se remplit d'or...
Elle entend le pas de l'aimé,
La grosse voix qui gronde et le rire d'un bébé,
Le téléphone sonne... puis la maison s'endort...
Elle sent contre son front un souffle calme et fort...
Elle se serre plus encore,
Doux corps à corps.

Elle a vingt ans, elle a trente ans,
Elle n'a peut-être que cent ans ?
Qu'importe au fond, qu'importe ?
Tous ces trésors la font si forte.

Elle se vêt de ses robes d'antan,
Elles ont la couleur du passé,
Et l'enlassent si tendrement
D'un nuage d'éternité.

Vieux Souvenir

Toi tu n'es plus la bienvenue,
Femme qui fut mais qui n'est plus,
Usée, presqu'oubliée,
Silhouette d'antan,
Vieux souvenir fâné,
Prisonnière des mouvances du temps.

Ephémère et fragile buée
Ils espèrent qu'enfin tu t'effaces,
Comme ces parfums surranés,
Insistants, dérangeants, tenaces.
Allez, va, fais-toi plus volage,
Retire-toi dans tes nuages.
Va vite je t'en prie,
Laisse-les à leur vie
À leurs amours nouvelles,
Va rien n'est éternel,
Surtout surtout n'insiste pas,
Va,
Où ? eh bien ici ou encore là voyons...
Mais quoi va donc.

Copyright

Sérénité.    

Au rythme d'un pas hésitant,
Elle va comme va le temps,
Insensiblement,
Abruptement.

Fragile silhouette,
Solitaire, secrète,
Il semble qu'elle s'efface,
Au gré d'un pas muet,
Désaccordé,
Passagère fugace
Elle passe.

Par-dessus l'horizon lointain,
Là où s'échoue chaque chemin,
Elle prendra enfin sa pause
Sans que le temps s'en indispose.

Dans l'arôme de chaque fleur,
Elle découvrira la paix
Le parfum du bonheur,
Un soupçon de gaîté,
Une once de tendresse,
Et même un brin d'ivresse.

Là-bas, aux frontières de l'éternité,
Il n'y a que sérénité. 

Quelque part    


Quelque part mais plus loin que le trait ébauché
De l'horizon blasé,
Dorment les cendres froides des croyances lésées.
Quelque part quelquefois les cruelles chimères
Indiscrètes, difformes agacent mes paupières.
Ici ou là, toutes les fois,
J'avais si froid.

Quelque part mais ailleurs,
Se dresse ma demeure
Le temps sournois l'a oubliée,
Le temps maudit m'a effacée.
Au creux douillet de mes néants,
Je danse en souriant,
Dans la salle des pas perdus,
Le froid n'est plus.