Date de création : 08.01.2010
Dernière mise à jour :
04.07.2025
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PETITES HISTOIRES COURTES.
Les grandes vacances 1986. Le déluge.
Ma 4 L réparée en un temps record par un garagiste affable et compétent, que le pseudo « Touring Club-Réparateur des Bornes Téléphoniques » m’a envoyé, je prends, pour la deuxième fois, ma carte routière en mains et je m’aperçois que pour aller à Villard de Lans, il me faut passer d’abord par Lans en Vercors. Ce nom de Vercors me parle car c’est le nom de l’auteur d’un de mes livres préférés : « Le silence de la mer ». Dans ce beau et terrible roman Vercors raconte la résistance et muette et passive d’un grand-père et de sa petite-fille, âgée d’une vingtaine d’années, face à l’obligation qui leur est faite d’héberger un jeune officier allemand dans leur maison. Je me dis que Vercors doit avoir de la famille dans le coin…Et me voilà repartie, je quitte l’autoroute à l’endroit indiqué et, peu après, une longue montée se présente à moi, suivie de plusieurs autres et de nombreux virages, j’espère de tout mon cœur que la 4 L va tenir le coup… Je ne vois pas grand-chose de Lans en Vercors que ma route laisse sur le côté, par contre je traverse Villard de Lans et je trouve son camping à ma droite à la sortie du bourg. Ici j’ai tout à découvrir à commencer par ce camping en forme d’amphithéâtre ; les caravanes en bas, dans la prairie, et les tentes sur des gradins d’herbe. Je parque ma 4L et je vais me présenter à l’entrée, dans la maison du chef de camp, celui-ci, entendant que je désire rester 3 semaines, m’attribue une place sur le gradin supérieur, ma voiture devant rester en bas. J’y monte donc mon gourbi, en l’occurrence ma tente canadienne au milieu de la quelle je peux juste me tenir debout, munie, à l’avant, d’un minuscule auvent pour y laisser les chaussures et autres choses indésirables à l’intérieur. Je dispose d’abord ma tente et tous ses attributs sur le sol et je m’apprête à la dresser, quand je suis soudain assaillie par deux grands adolescents arrivés en courant et qui me proposent très aimablement de la monter à ma place. Comme je me sens, quand même un peu fatiguée par le voyage et les émotions qu’il m’a procurées, j’accepte de grand cœur, pourtant une seule chose me pose souci : que la toile supérieure soit bien tendue, et je compte bien vérifier ! Entretemps, je monte mon barda au cinquième degré de l’amphi, c’est-à-dire à ma place ; il s’agit vraiment d’un bagage de survie, le matelas conçu pour le corps, ne m’arrivera qu’aux genoux, la batterie de cuisine ressemble à celle d’une poupée, la bonbonne de gaz aussi, le couvert n’est que pour deux personnes (j’ai vu large), il y a juste le sac de couchage qui est conçu pour la montagne et la valise qui est bien remplie. Je remercie les jeunes qui ont dressé ma tente et je déballe mes affaires pour les installer à l’intérieur, ceci étant terminé, je me félicite d’avoir emporté une mini table et une petite chaise pliante que j’installe dehors pour prendre mon repas du soir sur le pouce.
Avant de me coucher, je vérifie si la toile est bien tendue et j’ai un gros doute pour le piquet arrière gauche que je tire un peu plus loin mais je remets une révision générale approfondie au lendemain. Pourtant, j’entends d’ici mon père m’asséner le dicton allemand que ma grand-mère, véritable femme de poigne que je n’ai malheureusement pas connue, ne cessait de lui répéter : « Demain, demain, tel est le mot qui sort de la bouche du paresseux » ! Mais enfin, « Grosse Mutter », demain est un autre jour…
Je m’endors très vite du sommeil du juste, quoique…Vers une heure du matin, une pluie battante sur ma tente me réveille, j’éclaire avec ma lampe de poche et que vois-je… là à l’endroit dont je me méfiais, les deux toiles se touchent et la pluie s’introduit au goutte à goutte dans mon espace protégé, Grosse Mutter avait raison, que ne l’ai-je écoutée !!! Je me dis que, de toute façon, il ne fait pas un temps à mettre un chien dehors et que j’ai bien de la chance que le goutte à goutte s’opère du côté opposé au mien puis, bercée par la vigoureuse musique de la pluie, je me rendors. Quand je me réveille, je suis au sec mais, au côté opposé à mon minuscule matelas se trouve une flaque qui, heureusement pour moi, a évolué en profondeur et forme une espèce de trou d’eau…et moi qui dormais les poings fermés pendant cette bizarre opération aquatique ! Je loue le ciel d’avoir échappé à la flotte bien que je ne l’aie pas mérité et je mets le nez dehors, il fait grand beau temps et le soleil est déjà haut, je m’habille en vitesse et je sors.
Ma sortie au grand jour provoque des applaudissements, ce sont mes voisins qui me saluent comme une rescapée. Etant donné que je ne comprends pas que ces applaudissements me concernent, ils m’expliquent :
-« C’est qu’on se faisait du souci pour vous, madame, il est neuf heures du matin et après ce qui s’est passé cette nuit, nous nous demandions ce qui vous était arrivé »
-« Vraiment, c’est très gentil à vous, mais je n’allais quand même pas me noyer dans une tente » !
-« Les enfants qui ont monté votre tente nous ont raconté que vous pourriez bien avoir des ennuis et comme nous ne vous voyions pas en sortir, nous avons cru que vous étiez partie vous refugier à la maison du camp, mais personne ne vous y a vue »
-« Et pourquoi serais- je allée me refugier à la maison du camp » ?
-« Bien sûr, vous ne pouvez pas savoir, mais tous ceux qui sont placés en bas ont du quitter leur tente cette nuit, car la pluie s’est déversée, gradin par gradin jusque à eux et ils étaient dans l’eau »
-« Mon Dieu, et qu’ont-ils donc fait » ?
-« Ils ont été dormir à la maison du camp, qui sur les tables, qui par terre, qui sur les chaises et maintenant ils écopent leur tente comme s’il s’agissait d’un bateau. C’est qu’il y a eu du remue-ménage ici cette nuit et vous pendant ce temps-là vous dormiez ! N’avez-vous donc rien entendu, pas même l’orage » ?
-« Je n’ai pas entendu l’orage, mais la pluie, m’a réveillée vers une heure du matin et je me suis rendormie, mais moi aussi, je vais devoir écoper ».
-« C’est bien ce que craignaient les gamins » !
-« Parlez-vous des jeunes qui ont monté ma tente » ?
-« Et oui, devant la gravité du sinistre, ils ont été pris de remords ».
- « Pour quelle raison ont-ils eu des remords » ?
-« S’il vous était arrivé quelque chose, ils se seraient sentis responsables ».
-« Et bien justement, il m’est arrivé quelque chose, venez voir ».
Et chacun à son tour de pousser une tête dans ma tente en s’esclaffant à qui mieux mieux avec des mots comme :
« Incroyable », « Jamais vu », « Vous en avez eu de la chance » !
Les jeunes sont convoqués et traités de « Garnements irresponsables », mais je fais remarquer que les deux toiles ne se sont touchées qu’à une seule place et que c’était pure négligence de ma part d’avoir remis au lendemain ce que j’aurais dû faire la veille. Sur ce, mes jeunes, rassérénés, me proposent d’écoper à ma place, et rapidement nous vidons la tente de son contenu, après quoi ils écopent à l’aide de mes mini casseroles, pour ensuite sécher le sol de la tente avec des chiffons que leur maman apporte au bon moment. Ensuite, je remercie les jeunes de leur aide et je m’emploie, seule, à tendre mes toiles convenablement, je loue le ciel qui semble m’accompagner dans ce voyage en solo en me protégeant dans mes mésaventures.
Il est presque treize heures et étant donné que les émotions creusent, j’ai une fin de loup…Vite, je remets toutes mes affaires en place dans la tente et je décide de partir à la recherche d’un restaurant. Comme je descends vers ma voiture, je suis interpellée gentiment par des gens que je ne connais pas :
-« Alors Madame, il parait que vous avez bien dormi » !
-« Si nous pouvons vous aider, madame n’hésitez pas à demander » !
-« Bon séjour quand même, madame, un tel orage est exceptionnel ».
-« Mais oui, madame, il n’avait plus plu ici depuis la mi-mai » !
Je suis désemparée par tant de gentillesse venant de la part de gens qui ont été réellement sinistrés, je m’arrête pour répondre, faire un brin de causette et demander des renseignements afin de trouver un bon restaurant.
En une seule nuit, mon sommeil de plomb est devenu célèbre, des gens que je ne connaissais pas se sont souciés de moi et je me suis fait un tas d’amis, décidément mes vacances commencent bien !
Annick le08/05/2018 Magnifique ton récit, mais je craint le pire pour ta voiture! Tu n'as pas entendu l'orage, pourtant à Villard de Lens quand il y a un orage, le bruit est effrayant ça résonne! tu devais être bien fatigué ma douce! J'attend la suite.... gros bisous et merci
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