Divers

La vente en vrac dans la réglementation française

Une Nouvelle habitude pour acheter le vrac : http://divers3.centerblog.net/146-

Du gel douche, des croquettes pour chien, des noix de cajou pour l'apéro... Le vrac envahit les rayons des magasins. Et ce n'est qu'un début. A partir du 1er janvier 2030,  tous les commerces de plus de 400 m2 seront dans l’obligation de proposer sur au moins 20% de leur surface des produits en vrac. C'est ce que stipule la loi Climat et Résilience, publiée au journal officiel le 24 août 2021, qui s'inscrit dans la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire). Cependant, avant même que la loi ne soit promulguée les grandes enseignes ont mis en place un certain nombre de dispositifs liés à la vente en vrac.

Mais qu'appelle-t-on vrac? Le magasin doit cumuler trois conditions définies par la loi AGEC. Tout d’abord les produits ne doivent contenir aucun emballage primaire, ensuite le consommateur doit pouvoir choisir la quantité qui lui convient, et enfin, le contenant utilisé doit être ré-employable. Thierry Desouches, porte-parole de Système U, ne voit pas la nouvelle comme une contrainte mais plutôt comme ‘’un défi qu’on saura relever pour répondre à cette nécessité’’. Mais il insiste bien, ce n’est pas une mesure facile à mettre en place, et qui ‘’ne dépend pas uniquement du distributeur, mais aussi du fournisseur et surtout du consommateur’’.

Pour proposer du gel douche ou encore des céréales en vrac dans un magasin c’est en fait toute la chaîne de distribution qui est impactée. Il ne suffit pas d’enlever les produits du carton et de les verser dans les distributeurs en libre service. La logistique liée à l’emballage se fait aussi avec le fournisseur. Cet emballage est notamment présent pour faciliter le transport du produit, et  pour qu'il soit plus facile à manipuler une fois en magasin. ‘’Il est plus facile de livrer des palettes de boîtes de conserve, que des palettes de produits en vrac’’, précise Thierry Desouches. La réflexion doit donc être menée sur l’ensemble de la chaîne, et bien en amont de l’étape d'achat en magasin. Si 2030 peut paraître de prime abord éloigné, ‘’c’est le délai qu’il faut pour tout mettre en place et aussi pour donner le temps au consommateur de s’habituer’’ ajoute le porte parole de Système U.

Car une révolution du vrac ne se fera pas en un claquement de doigt. ‘’Il faut totalement repenser l'expérience du consommateur’’, pointe Thierry Desouches, ‘’c’est une révolution des pratiques”, et il faut que le client apprenne les nouveaux usages. Un effort de pédagogie nécessaire. En effet 59% des Français se disent mal informés sur les efforts des enseignes du commerce en matière de protection de l’environnement, selon une étude Opinionway de mars 2021, et 51% n'ont pas confiance dans ces informations. Si les Français sont 14% à penser que la grande distribution fait preuve d'un engagement sincère pour l'environnement, ils sont 31% à estimer qu'elle agit par obligations légales.

A quand la transformation des habitudes de consommation, Bertrand Swiderski, directeur du développement durable chez Carrefour, imagine le monde de demain où tous les consommateurs ramèneraient leurs contenants pour faire leurs courses, et vident leurs produits dans des pots hermétiques une fois à la maison. Sur ses 3.400 magasins en France, Carrefour compte 1.100 magasins, soit près d’un tiers, équipés de vracs épiceries: cacahuètes, noix de cajou, céréales...

Qui dit vrac, dit moins d'emballage. C'est la promesse de la mesure. Et les emballages plastiques sont en ligne de mire. La loi Climat et Résilience comporte plusieurs échéances, et la plus proche concerne ainsi les emballages plastiques des rayons fruits et légumes: “À compter du 1er janvier 2022, tout commerce de détail exposant à la vente des fruits et légumes frais  est tenu de les exposer sans conditionnement composé pour tout ou partie de matière plastique”. Et c’est là que le délai semble serré pour Bertrand Swiderski. Bien que plus de 50% des fruits et légumes de Carrefour soient déjà en vente en vrac, sans sachet plastique, “Il y a quelques irréductibles, comme la betterave cuite pour laquelle il est difficile de trouver une solution”.

Pour Bertrand Swiderski, une consommation soucieuse de l'impact environnemental passe bien par le développement du vrac mais aussi par cette suppression des emballages plastiques, comme autour du concombre ou des bananes. En supprimant ce plastique au rayon fruits et légumes, et en passant aux sacs en papier, cela représente ‘’2.000 tonnes de plastique en moins par an”, précise Bertrand Swiderski. De même pour le groupe Casino, en enlevant l’emballage plastique des bananes Casino Bio, et en le remplaçant par un ruban adhésif, les enseignes Casino ont réalisé une économie de 13 tonnes de plastique par an, nous indique une porte-parole du groupe. Ce sont également 51 tonnes de plastiques économisés en transformant les boîtes des viennoiseries de Monoprix, en carton...tout en gardant une petite fenêtre en plastique car ‘’si le client ne voit pas le produit, il ne va pas l’acheter”, ajoute une porte-parole de Casino.

Mais sans emballage, quid de la protection des produits? La question des conditions d’hygiène de ces produits en libre service se pose. Le produit en vrac est manipulé, et par conséquent est plus susceptible de se salir ou de transmettre des maladies. ‘’L’emballage venait répondre à cette problématique’’ indique le porte-parole de Système U.

Chez Franprix les trémies –les distributeurs vrac dans lesquels on se sert– sont livrées pré-remplies. Elles n’ont ainsi pas besoin d’être manipulées en magasins ce qui permet d’adopter une démarche zéro déchet en toute sécurité, nous affirme une porte-parole du groupe. Pour pallier cette suppression d’emballages, qui peuvent être peu hygiéniques, de nombreuses enseignes proposent des contenants consignés. Certains magasins Carrefour travaillent avec la start-up Loop, qui soutient l'économie circulaire en proposant la vente de produits de grandes marques dans des emballages consignés et réutilisables. ‘’Les consommateurs sont attachés à leurs produits et leurs marques, Coca, Evian, Ferrero... il faut donc transformer leur mode de consommation avec ces produits-là", atteste Bertrand Swiderski. Dans certains de ses magasins, Monoprix propose également ''des emballages consignés ou réutilisables pour des marques nationales, telles que Gallia, Les 2 Vaches ou encore les produits d’entretien Briochin'', nous précise une porte-parole du groupe Casino. Les idées foisonnent pour développer le vrac.