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4716 DU SAVOIR CERTAIN A LA CRITIQUE DE LA RAISON

Publié le 06/03/2024 à 06:05 par cafenetphilosophie Tags : sur vie moi amour monde soi chez homme mode maison mort dieu divers nature pouvoir demain

Rubrique "Ignorance et Savoir". Suite du billet N°4709.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome VII, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet demain jeudi 07 mars.

 

 

Contrairement à ce que tend à penser l’opinion commune contemporaine, la science ne dispose pas du monopole du savoir. Les limites ontologiques ou relatives à la réalité et les limites épistémologiques ou relatives à la portée des conclusions de l’activité scientifique sont là pour en témoigner. La science, dont les problèmes abordés par elle et les réponses qu’elle délivre sont fondés sur les possibilités de l’expérimentation et de la mesure ne peut pas tout. Elle exclut de son champ d’étude la question des valeurs et du sens et au sein de la réalité empirique, le monde irrationnel, étranger à la raison, du qualitatif. Au cœur de son domaine de compétence, ses conclusions s’avèrent provisoires et vraisemblablement renvoient à de simples représentations humaines ou analogiques du réel. A ce titre, elle ignore la nature profonde les notions fondamentales qu’elle utilise comme l’espace, le mouvement, le temps.

Dès lors cela laisse le champ libre à la réflexion critique rationnelle constitutive de l’activité philosophique, de « penser » ce que l’activité scientifique, par la force des choses, se voit contrainte de déserter. Car la philosophie, dont la naissance se situe au V° siècle av J.C, en Grèce, renvoie à l’activité culturelle fondée tout entière sur les possibilités et les limites de la seule raison, refusant aux croyances, aux traditions, à l’expérience des peuples et des individus la prétention d’acquérir un véritable savoir.

Ainsi conçue, la réflexion philosophique qui se refuse de s’arrêter en chemin, soulève in fine les questions les plus radicales et que l’on désigne comme étant de nature métaphysique à propos des questions touchant au sens de la réalité et de l’aventure humaine. L’apogée de cet effort de saisie rationnelle du réel se situe au XIX° siècle avec le système de Hegel, pour qui tout ce qui est réel est rationnel et tout ce qui est rationnel est réel. Des désordres multiples, de ce que nous appelons le Mal, surgit par le jeu de la ruse de la raison, un ordre conforme aux exigences de celle-ci.

Il n’en reste pas moins vrai, que dès les origines de la philosophie, ses fondateurs tel Platon, ont eu une claire conscience des limites de la raison humaine, parcelle de la raison divine qui façonne les choses. Le philosophe n’est pas un savant ni un sage mais il est seulement en quête de la sagesse. Cette limitation du savoir se retrouve même chez Hegel car le déploiement temporel et progressif de la Raison universelle nous condamne à ne pas connaître les étapes ultérieures de son développement. L’avenir est une pagre blanche.

Pourtant, au XVII° siècle, Descartes nous avait fait prendre conscience que le sujet humain pouvait accéder à un savoir absolu, à un savoir qui transcendait sa finitude, à un savoir que même un Dieu tout-puissant ne pouvait nous enlever aussi longtemps que celui-ci acceptait de permettre aux créatures de persévérer dans leur existence. Il s’agit du fameux « Cogito », « Je pense donc je suis », fort connu alors que rares sont ceux qui en saisissent la portée véritable.

Descartes est à la recherche d’un savoir certain, d’un savoir à l’abri de tout doute possible. Il convient donc d’examiner les sources de la connaissance afin de traquer ce qui dans chacune d’elles est source d’incertitudes et d’erreurs possibles. Il y a deux deux sources de la connaissance : les organes des sens et la raison. Nous faisons l’expérience chaque jour que les organes des sens peuvent nous amener à porter des jugements erronés. Il convient donc de les écarter de la voie menant à des connaissances certaines.

Concernant les connaissances délivrées par la raison, comme une connaissance mathématique du type 3+2 = 5, il semble au premier abord qu’il n’y ait là aucune possibilité d’incertitude. Pourtant, nous dit Descartes, il n’en est rien. Car j’appartiens à une civilisation où l’on évoque l’existence d’un Dieu tout-puissant. Peu importe si cela est vrai ou faux. Mais je dois tenir compte de cette possibilité ontologique. Car un Dieu tout-puissant peut me tromper lorsque j’affirme que 3+2 = 5. Les connaissances rationnelles sont donc également frappées d’incertitude.

Mais il reste une connaissance qui échappe à tout doute. C’est lorsque je pense que je suis, au moins en tant que pensée, car un Dieu tout-puissant, pour me tromper, présuppose que j’existe. On ne peut tromper quelqu’un qui n’existe pas. Il s’agit là d’une connaissance certaine, surmontant la source d’un doute radical, provenant d’un Dieu trompeur et qui plus est une connaissance absolue, que je partage avec Dieu, si Dieu il y a. Cette connaissance absolue me permet donc de transcender ma finitude et les limites de la connaissance humaine.

Cependant de telles limites subsistent. Car contrairement aux espoirs de Descartes le « Cogito » est la seule connaissance certaine envisageable. Certes, Nietzsche en a contesté la formulation en accusant Descartes de présupposer sans le dire l’existence d’un sujet « Je ». Il faudrait dire « ça pense donc ça est ». Mais cette nouvelle formulation ne change rien à une conclusion qui s’impose, à savoir qu’il s’agit d’une connaissance de nature absolue et qui transcende, qui dépasse, qui surmonte notre finitude.

Pourtant le « Cogito » demeure la seule connaissance certaine et absolue possible. Descartes avançait bien que toutes les connaissances possédant la même évidence que le « Cogito » partageraient le statut de savoir absolu. Mais comme le dit ironiquement Leibniz, « Descartes a logé la vérité à l’hostellerie de l’évidence mais il a omis de nous en laisser l’adresse ».

Nous sommes donc bien obligés de reconnaître que les connaissances métaphysiques restent très limitées si elles se réduisent au « Cogito ». A l’évidence, les systèmes métaphysiques rationnels sont très divers dans leurs conclusions. Or ce n’est pas le cas concernant le savoir objectif, que ce soit dans le domaine des mathématiques ou des sciences de la nature où leurs conclusions respectives s’imposent à tous les esprits, même si dans ce dernier domaine, elles restent provisoires.

C’est cette contradiction entre la stérilité apparente de l’usage de la raison en métaphysique et sa fécondité lorsqu’il s’agit du savoir objectif qui attire l’attention de Kant au XVIII° siècle et c’est ce problème central qu’il va tenter de résoudre, s’interrogeant donc sur les possibilités et les limites de la raison pure, autrement dit de la raison métaphysique, celle qui aspire à répondre aux questions que se pose l’homme sur son destin et sur la nature et le sens du réel en s’appuyant sur ses seules ressources.

Kant est comme Descartes, un philosophe du sujet. Cela signifie que ce n’est plus le sujet ou la pensée humaine qui se règle sur l’objet ou le monde extérieur mais au contraire l’objet qui se règle sur le sujet. L’objet résulte d’une construction du sujet. Si j’échauffe une barre de fer, je constate qu’elle se dilate. Ou plus précisément je pense que l’échauffement est la cause de la dilatation. Cette relation de causalité me permet de comprendre ce qui se passe, c’est-à-dire de prendre ensemble ce qui est séparé. Sans cette relation de causalité les évènements évoqués s’intégreraient au sein d’un tableau impressionniste. Le sujet demeurerait aveugle.

Or ce n’est pas à force de voir des relations de cause à effet que peut naître en moi l’idée de causalité. Cette relation de causalité n’est pas dans les choses, mon esprit se contentant d’en être le reflet. La relation de causalité est une structure innée de l’esprit humain ou, pour reprendre le vocabulaire de Kant, de son entendement. C’est d’ailleurs ce qui me différencie de l’animal. Si je lance un caillou contre un carreau, celui-ci se casse. L’animal perçoit ET, c’est-à-dire le caillou lancé puis le carreau cassé là où le sujet humain pense PARCE QUE, le carreau s’est cassé parce que le caillou a été lancé.

Mais ces structures innées de l’entendement ne peuvent s’appliquer et s’exercer qu’au sein du monde perçu. Si je l’applique à un raisonnement métaphysique, si je dis par exemple que tout a une cause donc que le monde a une cause et que cette cause est Dieu, mon raisonnement et ma conclusion sont illégitimes car ni le monde dans sa totalité ni Dieu ne constituent des données observables.

Pourtant, la raison qui m’habite est traversée par le désir de trouver des explications ou des raisons en toutes choses. La raison, ce faisant crée des illusions. Elle s’évade du champ à l’intérieur duquel l’esprit et ses structures innées peuvent légitimement s’appliquer, à savoir le monde perçu ou ce que Kant appelle les phénomènes. Ces structures innées de l’entendement me permettent d’avoir une représentation humaine de la réalité qui se présente à moi. Mais la réalité telle qu’elle est en soi me demeure inconnaissable. La raison n’est pas faite pour obtenir des connaissances métaphysiques.

Doit-on en conclure que Kant est un philosophe sceptique pour qui la vérité est inaccessible à l’homme ? Sûrement pas. Car ce qui échappe aux capacités de la raison pure est atteignable par la raison pratique ou la raison morale. Celle-ci me commande de réaliser mon devoir et si cette idée de devoir se présente comme un commandement, c’est précisément parce que cela va à l’encontre de mes intérêts sensibles et immédiats. La raison morale me dit « Tu dois » faire ceci. Cela ne signifie pas que je le ferai ou pas. Cela signifie que je peux le faire : tu dois donc tu peux. Sinon la raison morale qui est naturelle et les ordre qu’elle me donne n’auraient aucun sens. Ainsi, grâce à la raison morale je prends conscience que je dispose de la liberté d’obéir ou de désobéir à ses injonctions. La raison morale me dévoile une vérité métaphysique, à savoir que je suis libre.

Voici ce que Kant écrit à ce propos : « Supposons que quelqu’un prétende ne pouvoir résister à son penchant de plaisir, lorsque l’objet aimé et l’occasion se présentent ; est-ce que, si l’on avait dressé un gibet devant la maison où il trouve cette occasion, pour l’y attacher immédiatement après qu’il aurait satisfait son désir, il lui serait impossible d’y résister ? Il n’est pas difficile de deviner ce qu’il répondrait. Mais si son prince lui ordonnait, sous peine de mort, de porter un faux témoignage contre un honnête homme qu’il voudrait perdre au moyen d’un prétexte plausible, il tiendrait comme possible de vaincre en pareil cas son amour de la vie, si grand qu’il puisse être. S’il le ferait ou non, c’est ce qu’il n’osera peut-être pas décider, mais que cela lui soit possible, c’est ce dont il conviendra sans hésiter. Il juge donc qu’il peut faire quelque chose, parce qu’il a conscience qu’il doit le faire, et il reconnaît ainsi en lui-même la liberté qui, sans la loi morale, lui serait demeurée inconnue ».

La critique des limites de la raison ne concerne donc, chez Kant, que la raison théorique et non la raison morale. Mais ne peut-on aller plus loin dans cette critique de la Raison ? Peut-on par ailleurs envisager un mode de connaissance qui puisse se manifester au-delà de celles délivrées par la raison ? Tels seront les objectifs de notre prochaine analyse.