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· 13 CROYANCES, RITES ET FÊTES DU JUDAÏSME
· NATURE HUMAINE ET CONDITION HUMAINE.
· 1 LES FONDEMENTS D'UNE DEMOCRATIE
· 10 LA FONCTION DU MYTHE
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· 12 MOÏSE, FONDATEUR DU JUDAÏSME
· 1 COURS DE PHILOSOPHIE: LA PHILOSOPHIE SPONTANEE.
· 289. INCONSCIENT PSYCHIQUE ET CONNAISSANCE DE SOI.
· 286. LES MANIFESTATIONS DE L'INCONSCIENT PSYCHIQUE.
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22.02.2025
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Rubrique "Qu'est-ce que l'homme?". Suite du billet n°4125
Extrait de Philosophie pour tous, Tome I, A.Mendiri, Amazon
Relié 15€; Broché 10 €; Numérique 5€
Prochain billet demain jeudi 21 juillet.
Lors du dernier billet consacré à ce thème, nous avions montré les convergences possibles entre la pensée juive telle que la Bible nous la rapporte et la pensée Grecque, celle des fondateurs de la philosophie vers le V° siècle av. JC.
En premier lieu, les philosophes Grecs, comme les Juifs, soulignent la parenté entre l'homme et Dieu. Commençons par rappeler ce que les Grecs entendent par là. L'homme se définit par la possession de la raison. C'est là sa caractéristique spécifique, ce qui le distingue des autres espèces animales. La raison constitue à ce titre l'essence de l'homme. Aristote précisait qu'être bon ou mauvais mathématicien, bon ou mauvais menuisier, brun ou blond, petit ou grand etc. étaient des "accidents", autrement dit des caractéristiques contingentes, totalement étrangères à la définition d'un homme. En revanche, la possession de la raison est une caractéristique nécessaire afin de signer la présence de l'humanité.
Cette raison n'est pas une caractéristique neutre ou quelconque. C'est, aux yeux des intellectuels Grecs de l'époque, une faculté de même nature que la raison universelle qui est constitutive du sens, du "Logos", qui rend compte de part en part de l'Etre, de ce qui est réellement au-delà des apparences pratiques et sensibles. C'est en ce sens qu'il y a une filiation directe entre la raison humaine et donc l'homme et l'absolu, c'est-à-dire en d'autres termes le fondement de toutes choses, fondement auquel on donne ordinairement le nom de Dieu.
A ce titre la raison humaine est immortelle. Mais il ne s'agit pas de l'homme en particulier, de sa mémoire personnelle, de son identité individuelle mais de la raison impersonnelle et à ce titre, commune à tous les hommes. La raison universelle n'est pas une personne à l'image d'un être humain particulier, c'est une entité impersonnelle.
C'est pour cela que Pascal (XVII° siècle) pouvait dire à juste titre que le Dieu de la Bible, à savoir le Dieu "d'Abraham, d'Isaac et de Jacob" n'avait rien à voir avec le Dieu tel que le concevaient les grands philosophes Grecs.
En effet le Dieu d'Abraham, autrement dit le Dieu des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans, ou si l'on préfère le Dieu des trois grandes religions monothéistes et sémites, est un Dieu personnel. Qu'est-ce que cela signifie exactement ? Cela veut dire, qu'à l'image de l'homme, Dieu serait un être unique, une personne, possédant des caractéristiques semblables aux hommes, comme l'Amour par exemple, puisque, souvenons-nous, St Jean l'évangéliste proclame que "Dieu est amour" (dans le sens "vouloir du bien").
Ce dieu des religions monothéistes tombe donc en première analyse sous l'accusation de représentation anthropomorphique, c'est-à-dire d'une représentation de ce qui n'est pas l'homme à l'image de l'homme. Bref, c'est l'homme qui crée Dieu de toutes pièces. Observons à cet égard qu'il s'agit là d'une possibilité à ne pas écarter. Mais il convient également de ne pas considérer cette conclusion comme étant une évidence que seul un désir aveugle empêche de dévoiler l'éclatante vérité. Et voici pourquoi.
Que l'homme se représente Dieu en termes humains est inévitable et constitue une lapalissade. L'homme est un être fini, limité et il ne saurait comprendre et se représenter une réalité supposée absolue et infinie que sur le mode de sa finitude et sur le mode de ses capacités finies et limitées.
La véritable question ne se situe donc pas là. Le seul sujet sérieux est de savoir si une réalité infinie est effective ou non. Si cette réalité infinie n'est pas un mirage, alors par définition, par nécessité toute réalité finie est contenue en son sein. Par nécessité, par définition, l'infini est présent au sein de toute réalité finie.
Cette réalité infinie présente au sein de toute réalité finie ne peut dévoiler sa présence que sur le mode ou selon les caractéristiques et les limites propres à chacune des réalités concernées. Autrement dit, cette réalité infinie ne peut se dévoiler chez l'homme que sur le mode de la conscience.
L'être conscient que nous sommes conçoit en effet l'idée, ne serait-ce qu'à titre hypothétique, d'un Etre infini. Il s'agit là d'une démarche purement intellectuelle, c'est-à-dire d'une démarche qui ne fait appel qu'à la seule raison critique.
Mais l'homme ne se réduit pas à la raison. Son être renvoie aussi à des manières d'être, de ressentir, de vivre qui débordent la raison. L'homme peut avoir l'intuition, c'est-à-dire la connaissance immédiate d'une présence qui est en lui mais qui semble ne pas être lui. C'est le propre de l'expérience spirituelle ou de la foi.
Bien entendu, une telle expérience, qui ne saurait être contestée, peut renvoyer à une illusion concernant son interprétation. Nous reviendrons une fois prochaine sur cette faculté intuitive. Mais la question que peut se poser à juste titre tel ou tel lecteur, c'est pourquoi tout le monde, sans exception, ne fait pas une telle expérience, quel que soit le sens qu'on lui donne.
La réponse à cette question est des plus simples : l'homme réel est un être qui ne possède pas des qualités natives mais seulement la possibilité d'acquérir telle ou telle qualité. Bref, l'homme est un être culturel, porteur d'une mémoire, d'une éducation, d'expériences propres, d'un héritage de ses ancêtres. Il ne viendrait à personne l'idée de s'étonner qu'un tel ou un tel ne possède pas une sensibilité esthétique et reste fermé aux arts ou à tel art ou même à tel ou tel type d’œuvre au sein d'un art donné. Il ne viendrait à personne l'idée de se demander pourquoi tous les hommes ne possèdent pas une forme de perception et d'esprit scientifique.
Il en va de même concernant la sensibilité et la perception religieuses, c'est-à-dire la sensibilité et la perception qui nous "relie" à la présence de la transcendance, c'est-à-dire à la présence de ce qui dépasse l'homme et ses limites de toutes sortes.
Reste à savoir pourquoi, ce "Dieu" est représenté ou affirmé à l'image d'une personne. Philosophiquement, cela peut parfaitement se justifier. Si infini il y a, il a de soi que toutes les caractéristiques finies que nous connaissons correspondent à des possibles qui étaient enfermées au sein de l'Etre et ce "depuis toujours". Cette formulation maladroitement d'ordre temporel veut dire simplement que ces caractéristiques appartiennent au fondement de l'Etre, puisque de rien ne saurait rationnellement surgir quoi que ce soit.
Dès lors, il n'y a rien d'illégitime à proclamer que l'Etre infini, s'il existe, contient en lui et possède pour le moins des caractéristiques propres à l'homme, la conscience notamment, même si ces caractéristiques seront sur le mode de l'infini et non de la finitude et resteront à cet égard, inaccessibles à nos modes possibles de représentation et de compréhension.
Le Dieu biblique, à certains égards, est plus rationnel que le Dieu des Grecs ou des "philosophes". Nous aurons l'occasion de revenir sur cette confrontation et de préciser quelles sont les raisons des différences culturelles entre la pensée juive et la pensée grecque en la matière.
A.Mendiri
Lors du dernier billet consacré à ce thème, nous avions montré les convergences possibles entre lapenséejuive telle que la Bible nous la rapporte et lapenséeGrecque, celle des fondateurs de la philosophie vers le V° siècle av. JC.
En premier lieu, les philosophes Grecs, comme les Juifs, soulignent la parenté entre l'homme et Dieu. Commençons par rappeler ce que les Grecs entendent par là. L'homme se définit par la possession de la raison. C'est là sa caractéristique spécifique, ce qui le distingue des autres espèces animales. La raison constitue à ce titre l'essence de l'homme. Aristote précisait qu'être bon ou mauvais mathématicien, bon ou mauvais menuisier, brun ou blond, petit ou grand etc. étaient des "accidents", autrement dit des caractéristiques contingentes, totalement étrangères à la définition d'un homme. En revanche, la possession de la raison est une caractéristique nécessaire afin de signer la présence de l'humanité.
Cette raison n'est pas une caractéristique neutre ou quelconque. C'est, aux yeux des intellectuels Grecs de l'époque, une faculté de même nature que la raison universelle qui est constitutive du sens, du "Logos", qui rend compte de part en part de l'Etre, de ce qui est réellement au-delà des apparences pratiques et sensibles. C'est en ce sens qu'il y a une filiation directe entre la raison humaine et donc l'homme et l'absolu, c'est-à-dire en d'autres termes le fondement de toutes choses, fondement auquel on donne ordinairement le nom de Dieu.
A ce titre la raison humaine est immortelle. Mais il ne s'agit pas de l'homme en particulier, de sa mémoire personnelle, de son identité individuelle mais de la raison impersonnelle et à ce titre, commune à tous les hommes. La raison universelle n'est pas une personne à l'image d'un être humain particulier, c'est une entité impersonnelle.
C'est pour cela que Pascal (XVII° siècle) pouvait dire à juste titre que le Dieu de la Bible, à savoir le Dieu "d'Abraham, d'Isaac et de Jacob" n'avait rien à voir avec le Dieu tel que le concevaient les grands philosophes Grecs.
En effet le Dieu d'Abraham, autrement dit le Dieu des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans, ou si l'on préfère le Dieu des trois grandes religions monothéistes et sémites, est un Dieu personnel. Qu'est-ce que cela signifie exactement ? Cela veut dire, qu'à l'image de l'homme, Dieu serait un être unique, une personne, possédant des caractéristiques semblables aux hommes, comme l'Amour par exemple, puisque, souvenons-nous, St Jean l'évangéliste proclame que "Dieu est amour" (dans le sens "vouloir du bien").
Ce dieu des religions monothéistes tombe donc en première analyse sous l'accusation de représentation anthropomorphique, c'est-à-dire d'une représentation de ce qui n'est pas l'homme à l'image de l'homme. Bref, c'est l'homme qui crée Dieu de toutes pièces. Observons à cet égard qu'il s'agit là d'une possibilité à ne pas écarter. Mais il convient également de ne pas considérer cette conclusion comme étant une évidence que seul un désir aveugle empêche de dévoiler l'éclatante vérité. Et voici pourquoi.
Que l'homme se représente Dieu en termes humains est inévitable et constitue une lapalissade. L'homme est un être fini, limité et il ne saurait comprendre et se représenter une réalité supposée absolue et infinie que sur le mode de sa finitude et sur le mode de ses capacités finies et limitées.
La véritable question ne se situe donc pas là. Le seul sujet sérieux est de savoir si une réalité infinie est effective ou non. Si cette réalité infinie n'est pas un mirage, alors par définition, par nécessité toute réalité finie est contenue en son sein. Par nécessité, par définition, l'infini est présent au sein de toute réalité finie.
Cette réalité infinie présente au sein de toute réalité finie ne peut dévoiler sa présence que sur le mode ou selon les caractéristiques et les limites propres à chacune des réalités concernées. Autrement dit, cette réalité infinie ne peut se dévoiler chez l'homme que sur le mode de la conscience.
L'être conscient que nous sommes conçoit en effet l'idée, ne serait-ce qu'à titre hypothétique, d'un Etre infini. Il s'agit là d'une démarche purement intellectuelle, c'est-à-dire d'une démarche qui ne fait appel qu'à la seule raison critique.
Mais l'homme ne se réduit pas à la raison. Son être renvoie aussi à des manières d'être, de ressentir, de vivre qui débordent la raison. L'homme peut avoir l'intuition, c'est-à-dire la connaissance immédiate d'une présence qui est en lui mais qui semble ne pas être lui. C'est le propre de l'expérience spirituelle ou de la foi.
Bien entendu, une telle expérience, qui ne saurait être contestée, peut renvoyer à une illusion concernant son interprétation. Nous reviendrons une fois prochaine sur cette faculté intuitive. Mais la question que peut se poser à juste titre tel ou tel lecteur, c'est pourquoi tout le monde, sans exception, ne fait pas une telle expérience, quel que soit le sens qu'on lui donne.
La réponse à cette question est des plus simples : l'homme réel est un être qui ne possède pas des qualités natives mais seulement la possibilité d'acquérir telle ou telle qualité. Bref, l'homme est un être culturel, porteur d'une mémoire, d'une éducation, d'expériences propres, d'un héritage de ses ancêtres. Il ne viendrait à personne l'idée de s'étonner qu'un tel ou un tel ne possède pas une sensibilité esthétique et reste fermé aux arts ou à tel art ou même à tel ou tel type d’œuvre au sein d'un art donné. Il ne viendrait à personne l'idée de se demander pourquoi tous les hommes ne possèdent pas une forme de perception et d'esprit scientifique.
Il en va de même concernant la sensibilité et la perception religieuses, c'est-à-dire la sensibilité et la perception qui nous "relie" à la présence de la transcendance, c'est-à-dire à la présence de ce qui dépasse l'homme et ses limites de toutes sortes.
Reste à savoir pourquoi, ce "Dieu" est représenté ou affirmé à l'image d'une personne. Philosophiquement, cela peut parfaitement se justifier. Si infini il y a, il a de soi que toutes les caractéristiques finies que nous connaissons correspondent à des possibles qui étaient enfermées au sein de l'Etre et ce "depuis toujours". Cette formulation maladroitement d'ordre temporel veut dire simplement que ces caractéristiques appartiennent au fondement de l'Etre, puisque de rien ne saurait rationnellement surgir quoi que ce soit.
Dès lors, il n'y a rien d'illégitime à proclamer que l'Etre infini, s'il existe, contient en lui et possède pour le moins des caractéristiques propres à l'homme, la conscience notamment, même si ces caractéristiques seront sur le mode de l'infini et non de la finitude et resteront à cet égard, inaccessibles à nos modes possibles de représentation et de compréhension.
Le Dieu biblique, à certains égards, est plus rationnel que le Dieu des Grecs ou des "philosophes". Nous aurons l'occasion de revenir sur cette confrontation et de préciser quelles sont les raisons des différences culturelles entre lapenséejuive et lapenséegrecque en la matière.
A.Mendiri