Statistiques

Date de création : 13.05.2015
Dernière mise à jour : 24.01.2025
605 articles


Derniers commentaires

le logo "france travail" châtie gravement la grammaire car l'intenti on sous-jacente de la réforme (dan s l'
Par Anonyme, le 24.01.2025

un chien dans un jeu de quilles : il casse nos jouets pour s'en saisir d'autres. de gaulle parlait de l'onu c
Par Anonyme, le 24.01.2025

trump fut président quatre ans durant déjà et tous les malheurs que les prophètes de malheur avaient prédits n
Par Anonyme, le 24.01.2025

la panne te sied. j'en reste scié. "c'? ?tait un soir, messieurs, mesdames où la télé était en panne ah je
Par Anonyme, le 25.08.2022

l'autre jour roulant sur la nationale qui est l'ancienne autoroute, une 4 voies à 110, un orage de grêle survi
Par Anonyme, le 25.07.2022

Voir plus

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· ...marssfarm (263)
· A w pics (25)
· 3 le potager verger élémentaire (2)
· -- comments drafts (6)
· 1 l'université des arbres (15)
· Potager pratique planter céréale s.d. (9)
· U4trees mars'sfarm semences paysannes (9)
· Epistemology ecology economy of farm. (12)
· 1 les terrasses soli-pluviales (9)
· .0 dTao non-dualité (10)

Thèmes

homme image centerblog merci sur vie france roman afrique amour png photo fond mode belle base mort animaux 2010 argent dieu rose nuit nature place amitié carte livre fleurs agrinature fukuoka afrique

Images
photosynthèse continue

L'agrinature tend vers la pratique native d'agriculture n'utilisant que les ressources du vivant en son effort de néguentropie insufflée par l'injection constante dans l'écosystème Terre des photons que lui dispense maître Soleil, étoile moyenne de la galaxie.

deux chaînes trophiques

La nourriture des plantes est pour l'essentiel un triptyque constitué par l'hydrogène de l'eau, le dioxyde de carbone de l'air & par voie indirecte l'azote de l'air.  Utiliser toute l'eau & tout le soleil disponibles en un lieu tout au long de l'année est l'enjeu d'agrinature.

observante attention

Cela signifie que le seul intrant en cette pratique agricole est d'énergie solaire. De ce fait nous prendrons soin à observer que les plantes présentes puissent faire emploi autant que faire se peut de ces deux ressources données à tous. - la lumière solaire & l'eau des précipitations.

prélever part infime

Deux parts au moins de la production est destinée à la fabrication des sols & une part prélevée comme nourriture. Nous intervenons le moins qu'il est possible afin de laisser aux êtres vivants de l'écosystème champ toute latitude d'oeuvrer selon leur nature propre.

simplicité du complexe

Pour que ces êtres puissent exister, nous devons proscrire l'usage des substances de synthèse que le vivant ne sait pas métaboliser.  C'est la diversité qui assure l'ensemble des fonctions requises & ce par le moyen de la complémentarité biologique des êtres.

humus & sens pratique

Les notions de pédogenèse sont l'essence de l'agrinature : la Terre doit redevenir terreuse, refabriquer ses sols. A l'échelle d'un siècle l'agronomie envisagera une combinaison des deux pratiques. Des paysans, paysannes, chercheurs & chercheuses affineront des méthodes applicables à plus grande échelle & éventuellement des machines simples & légères. Celles disponibles ce jour sont trop complexes, trop pesantes sur le sol & de ce fait trop voraces en énergie.

projection en nutriments

Des petites parcelles sont le cas idéal car les lisières & bordures sont des points de grande richesse biologique & parce qu'il est besoin d'arbres pour garder & fabriquer le sol. La production locale permet aussi le retour, le "recyclement" de la matière organique pour l’auto-fertilisation.

Abonnement au blog
Recevez les actualités de mon blog gratuitement :

Je comprends qu’en m’abonnant, je choisis explicitement de recevoir la newsletter du blog "agrinature" et que je peux facilement et à tout moment me désinscrire.


Articles les plus lus

· contribution au débat : Simplicity is divine. / 0K
· les sujets / topics / p 0.6
· un thesaurus d'agriculture sauvage dite agrinature p0.8
· semer : céréales sans labour 2°
· semences paysannes 2° X

· w 303 boutures en plançon / décompacter le sol p
· z semisdirect mélange couvertvivant verger comments p40K
· w 224 grelinette, mycorhizes & limaces p1K
· w 310 planter en butte / la non-taille des fruitiers p
· semences paysannes 3° X
· ec f rar eau éltschim.viv. ogm/mét.lourds scienc/empirism X
· z comments 02.16 40K
· un jeune noyer sous les frênes p
· w 324 réaliser une butte à partir d'un gazon âgé p
· w le vers & la rime d'une poésie en sol mineur p

Voir plus 

Rechercher

b) ces jardins vergers des terreux constructifs 2p40K

2-3. ces jardins vergers des terreux constructifs
2-3. ces jardins vergers des terreux constructifs 3p40K
  • 2. ces jardins vergers des terreux constructifs

Sur la planète, plus des deux tiers de la nourriture est produite par l'agriculture locale & familiale.  Un dixième des terres émergées son dévolues à l'agriculture & un quart à l'élevage.  Un tiers des terres environ sont boisées & un tiers sont des déserts, sommets des montagnes, zones urbaines & routes.  Un sixième des humains sont en carence en micronutriments alimentaires, avec excès calorique pour une part d'entre-eux ou en sous-nutrition pour ce qui concerne les vrais affamés.  Une large partie de ces mal nourris sont des paysans.  Environ la moitié des humains sont des ruraux, dont huit sur dix sont agriculteurs.

Les terres des vallées alluviales sont accaparées tout d'abord par les bâtisseurs d'urbanisme, de routes & autoroutes, de quartiers réservés à l'industrie, au commerce ou à la résidence avec pour règles & restreintes celles de la spéculation vers plus de profit, du fait qu'en ces lieux l'eau est facilement disponible pour l'usage des habitations & des usines & les déplacements sans contrainte autre que les bouchons routiers.  L'agriculture financière & politique s'empare des terrains qui viennent ensuite en ordre de fertilité, ceux des grandes plaines, des bassins sédimentaires au substratum non acide.

Que le peuple des gens ordinaires tourne l'ordinaire de ses regards, de ses actes de foi & de vie vers les zones délaissées par les mâles dominants de la classe dominante bourgeoise, du capital & des cités.  Il nous est urgent d'apprendre & assimiler les pratiques de l'auto-fertilité, des recyclements sans fin & l'usage optimal de l'énergie solaire par couverts constants des sols en engrais-verts, dérobées & ligneux intercalaires.  En ces exercices en semis direct & couverts continus, les intrants de pétrole s'avèrent moins indispensables tout d'abord, puis superflus ensuite.

Les exemplifications de bocages & vergers en permaculture, culture permanente, sylvo-agriculture & agrinature nous conduiront aux espaces délaissés des steppes, semi-déserts de méditerranées, piémonts en terrasses des abords alpins, oasis espacées où le village s'épanche, où l'oued s'assèche.  Il est aisé aux autochtones de construire les fertilités du futur, restaurer puis maintenir du sol une richesse faite d'équilibre, soins, patiences & recyclements.

Nous reconstruirons ainsi les pays nouveaux où cohabiteront les humains & les autres espèces en amitié & coopération burlesque.  Arbres, abustes & arbrisseaux fruitièrement nutritifs ou d'autres aussi élancés vers les ciels, animaux sauvages ou d'élevage, plantes potagères & légumes, & même quelque céréale, peuvent & devront cohabiter en ces forêts jardins & ces jardins vergers de la terre à venir des terreux constructifs.

Terre à terre - 15.02.14

  • inconnue le 25/02/2015 : Comment définis-tu les gens ordinaires ?  Ta vision du futur me fait penser à du Barjavel.

marssfarm le 25/02/2015 : La gent ordinaire, celle qui n'a plus d'argent placé à la banque, qui ne spécule pas en bourse & alimente le moins possible la politique, la finance & les grandes compagnies cotées en bourse qui en émanent...

  • le 14/03/2015 :  Nous rêvons la vie.  Puis viendront ceux qui la concrétiseront.  Puis, ceux qui la pervertiront.  Mais d'autres rêveurs seront venus entre-temps.  N'ayant pas l'agressivité nécessaire pour devenir riches, il nous reste le rêve d'un être doux.  C'est pourtant bien les rêveurs & poètes qui créent.  Les égoïstes ou intolérants ne savent que détruire, brûler l'humus des espoirs, le potentiel du rêve.  Ils inversent les valeurs de l'amour & de la haine, de la propreté & du bien, du commun & du moi.

René Barjavel, écrivain & journaliste français, connu pour ses romans d'anticipation, avec pour thèmes la chute de la civilisation causée par les excès de la science & la folie de la guerre, ou l'éternel & indestructible de l'amour, une écriture mêlée de poésie, de rêve ou de philosophie.  Il fit des incursions dans la littérature plus traditionnelle, avec un roman comme les Chemins de Katmandou, ou les légendes avec l'Enchanteur.  Il aborda dans des essais une interrogation d'empirisme poétique au sujet de Dieu & le sens de l'action des humains sur leur milieu.  Il fut aussi scénariste & dialoguiste de films – Le petit monde de Don Camillo.  He was born in Nyons, a town in the Drôme department in southeastern France.  He is best known as a science fiction author, whose work often involved the fall of civilisation due to technocratic hubris & the madness of war, & favoured themes emphasising the durability of love.  He wrote several novels with these themes, such as Ravage - translated as Ashes, ashes - Le Grand Secret, La Nuit des temps - translated as The Ice People - & Une rose au paradis.  His writing is poetic, dreamy & sometimes philosophical.  Some of his works have their roots in an empirical & poetic questioning of the existence of God - La Faim du tigre.  He was also interested in the environmental heritage which we leave to future generations.  Whilst his works are not taught in French schools, they are very popular in France.  Barjavel wrote Le Voyageur imprudent (1943), the first novel to present the famous Grandfather paradox of time travel : if one goes backwards in time & kills one of their ancestors before he had children, the traveller cannot exist & therefore cannot kill the ancestor.  He died in 1985 & was buried with his ancestors in Tarendol cemetery, opposite Mount Ventoux in Provence.  He used these place names in his books : Mount Ventoux appears as the site of the space base in "Colomb de la lune", for example, & Tarendol is the name of the hero in the eponymous novel.

En leur définition usuelle des conditions dites normales, la température a une valeur égale à 0° Celsius, soit 273,15 Kelvin, & la pression une valeur égale à une atmosphère, soit 1013,25 hecto-Pascal -  1 hPa = 100 Pa = 1 mbar = 100 N/m² = 100 Kg/m.s².

  • Un oued ou wadi, de l’arabe وادي ouādī, vallée, lit de rivière, rivière, est un cours d'eau des régions semi-désertiques à régime hydrologique très irrégulier.  A plus petite échelle, il existe aussi des oueds en Méditerranée au sud de la France & en Espagne, connus comme ramblas.  Surtout présent dans les régions endoréiques, il s'anime lors des rares & fortes précipitations.  Le plus souvent à sec, il peut connaître des crues spectaculaires, charriant d'énormes quantités de boue, qui provoquent parfois des changements de lit.  C'est pourquoi on dit des oued qu'ils roulent plus qu'il ne s'écoulent.  Ceux des vallées du Tibesti sont appelés enneris.  Le mot devint  guad en espagnol.

Un écosystème endoréique qualifie une masse d'eau, un bassin qui n'a pas de relation directe avec la mer, est uniquement un lieu d'évaporation.  Une région est endoréique lorsque l'écoulement des eaux vers la mer est faible.  Il peut s'agir d'une dépression fermée de taille variable submergée d'eau salée en saison des pluies, desséchée & couverte d'efflorescences salines en saison sèche.  Elle prend alors les noms de Sebkha ou chott en Afrique du Nord, takyr en Asie centrale, playa en Amérique du Nord ou salar en Amérique du Sud. http://www.aquaportail.com/

photo publiée le 20/03/2015 à 08:51 par maminette44

 

photo missing
  • - des buttes Holzer de permaculture soli-pluviales -

L'inventaire réalisé par les études citées plus haut, décrit ainsi les surfaces agricoles de la planète :

terres cultivées : 1800 millions d'ha.

pâturages permanents non arables : 1000 millions d'ha.

terres cultivables : 550 millions d'ha arables pour 154 espèces végétales en agro-écologie.

terres convenant à la culture, mais en zones exclues : 450 millions d'ha disponibles mais infertiles, inaccessibles, d'usages informels, en pâturages extensifs, forêts, infrastructures urbaines ou zones protégées.

terres potentiellement cultivables : 1400 millions d'ha de zones herbeuses, arbustives, de prairies & pâturages permanents.

Notons le danger qu'il peut y avoir à mettre en culture des prairies sans les précautions de protection des sols indispensables.  Ce danger est réduit si le mode cultural est du type biologique, car alors le besoin de préserver ou même accroître l'humus du sol se fait impérieux.

terres disponibles (en permaculture, agrinature, terrasses & agro-foresterie) situées sur des aires ne convenant pas à la culture selon les critères des statisticiens de l'agro-alimentaire.  Elles sont les terres à faible rendement ou celles qui nécessiteraient un ou plusieurs des nombreux aménagements susceptibles de les rendre cultivables.  Nous évaluons l'étendue de ces terrains à 1000 millions d'hectares au moins, sachant que chaque hectare peut nourrir au minimum 5 personnes.

Ce sont ces lieux où l'extension de l'agriculture peut se faire en terrasses soli-pluviales aptes à l'agrinature, la permaculture, l'hügelkultur, l'agro-foresterie, la sylvo-agriculture, les bocages, les forêts jardins, les jardins vergers.  La fertilité de ces terres sera créée par la présence des pionniers qui les habitent & par production des biomasses nécessaires.  De même, leur pluviométrie sera générée par les arbres plantés.  Comme chacun sait, la présence d'arbres attire les pluies & l'humus qu'ils produisent stocke les précipitations reçues.  Dans l'hypothèse de ces extensions en agrinature & méthodes apparentées, la proportion des deux tiers de l'alimentation mondiale produite par l'agriculture artisanale sera maintenue.

  • - concurrences & tensions pour l'accès à l'eau au Proche & Moyen-Orient, & en Afrique du Nord - (annexes au document de Sylviane Tabarly, ENS Lyon / Dgesco, pour Géoconfluences le 23 juin 2011 - mise à jour :  23-06-2011 Copyright ©2002 Géoconfluences - Dgesco - ENS de Lyon Tous droits réservés, pour un usage éducatif ou privé mais non commercial.)

"L'aridité est une constante régionale au Proche & Moyen-Orient, tout comme la prédominance de cultures fortement dépendantes des systèmes d'irrigation (au-delà du bassin du Nil égyptien, 50% de la production céréalière et 90% de la culture horticole libyennes sont issus de l'agriculture irriguée), deux déterminants qui expliquent l'importance stratégique de l'eau. En forte hausse, la demande des consommateurs urbains accroît la pression sur les ressources hydriques, accélère le pompage des nappes phréatiques sahariennes et entre  directement en concurrence avec la demande du secteur agricole. Dans certaines régions  libyennes (plaine de Jifarah), la demande des villes devrait d'ici à 2025 rejoindre le volume d'eau utilisé pour l'agriculture. De manière générale, les prévisions renvoient des perspectives de pénurie : aux Émirats, où la consommation annuelle atteint d'ores et déjà 26 fois le montant des ressources renouvelables disponibles, les réserves hydriques fossiles pourraient s'épuiser d'ici à 2050. En Égypte, la contestation actuelle des accords du bassin du Nil par la majorité des pays signataires pourrait limiter à court terme l'accès aux ressources en eau (ci-contre)."

  • Sources : - Centre d'analyse stratégique (CAS), "Les cessions d'actifs agricoles dans les pays en développement", Rapports & documents, n°29, 2010 - Carte de la Documentation photographique, 2000 - Ressources : - Jacques Bethemont - "Le Nil, l'Égypte & les autres", VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, décembre 2003 - "Partage des eaux du Nil : l'Egypte refuse toute négociation", Good morning Afrika, mai 2010 - Initiative pour le bassin du Nil (Nile Basin Initiative / NBI)

l'Office du Niger au Mali : aménagements, développement & convoitises

  • Le delta intérieur du Niger, "grenier à riz" du Mali, est l'une des surfaces irriguées les plus étendues & les plus anciennes d'Afrique de l'Ouest.  L'Office du Niger* au Mali gère un périmètre irrigué situé en rive gauche du fleuve Niger, à environ 30 km en aval de Ségou, 250 km en aval de Bamako. Les périmètres irrigués y représentent aujourd'hui environ 100 000 ha, installés dans le delta mort du fleuve, les productions principales sont le riz, les productions maraîchères, le sucre & les produits d'élevage.  La croissance démographique, l'arrivée de migrants & les modes de gestion du périmètre entraînent une pression accrue sur les ressources en terre & en eau.  Aujourd'hui la population concernée représente environ 500 000 personnes & 25 000 exploitations familiales installées sur la zone, avec une superficie moyenne inférieure à 4 ha.  Les possibilités d'extension du domaine aménagé sont importantes : le potentiel estimé dès les années 1930, à la conception du projet, était d'environ 1 000 000 d'ha de sols aptes à la culture irriguée avec une irrigation gravitaire à partir du barrage de Markala.  Cependant, les études sur la disponibilité en eau sont beaucoup moins optimistes & évaluent le potentiel irrigable avec les techniques actuelles d'irrigation (gravitaire) à 250 000 ha environ.  La zone de l'Office du Niger a connu une évolution spectaculaire des performances agricoles depuis les années 1980 ce qui en a fait une "success story" : entre 1980 & 2006, les rendements en riz ont été multipliés par 4 pour atteindre environ 6 t/ha selon les statistiques de l'Office du Niger.  La production de riz est passée de 60 000 à plus de 500 000 t/an.  Cette dynamique s'explique par la réhabilitation des infrastructures, l'introduction de techniques intensives, la libéralisation du système économique, la responsabilisation des producteurs & par une demande en riz & en produits maraîchers (échalote) en forte progression.  L'extension des superficies aménagées constitue, depuis la fin des années 1990, l'enjeu majeur du développement de la zone.  Pour poursuivre ce développement agricole, de nombreux projets d'aménagement de nouvelles surfaces irriguées sont prévus.  Ils sont portés par des acteurs de type différent : entreprises maliennes & étrangères (éventuellement appuyées par leur État d'origine), investisseurs privés, organisations régionales, bailleurs de l'aide publique au développement.  Les investisseurs étrangers auxquels le Président malien (Amadou Toumani Touré) a fait appel en leur allouant de larges superficies sont d'origine chinoise, libyenne, sud-africaine ou ceux de l'Union monétaire ouest-africaine.  Les gros investissements réalisés ou prévus (plus de 2 000 ha) représenteraient plus de 300 000 ha.  Or dans la réalité les projets d'aménagements sont loin d'atteindre ce niveau car les annonces dépassent amplement les réalisations.  Voici trois exemples de projets présentés en pop-up : le projet Malibya ; deux autres grands projets conçus comme des projets de développement, le projet Millenium Challenge Account (MCA) & le projet UEMOA (Union Economique & Monétaire Ouest-Africaine).

* L'Office du Niger, créé en 1932, est l'établissement public qui a la responsabilité de l'aménagement de la zone.  Ses missions portent sur : la gestion de l'eau ;la gestion des hydro-aménagements, notamment les canaux primaires & secondaires (les canaux tertiaires sont de la responsabilité des agriculteurs) ; la gestion des terres.  L'État, propriétaire du foncier, délègue la gérance des terres à l'Office du Niger qui attribue des surfaces aménagées aux agriculteurs (sous forme de contrat annuel d'exploitation ou de permis d'exploitation agricole), qui en ont un droit d'usufruit, transmissible aux héritiers, sous réserve de respect du cahier de charges & du paiement annuel d'une redevance hydraulique.

  • Sources & ressources : Centre d'analyse stratégique (CAS), d'après des données fournies par le réseau international de la DG Trésor "Les cessions d'actifs agricoles dans les pays en développement", Rapports & documents, n°29, 2010 - B. Troy"Office du Niger : quelles réalités entre accaparement des terres & développement agricole ?",  Fondation pour l'agriculture & la ruralité dans le monde, 2010 - Florence Brondeau (Université Paris 4 Sorbonne, UMR ENeC, Espaces, Nature & Cultures) : - "L'agrobusiness à l'assaut des terres irriguées de l'Office du Niger (Mali)", Cahiers Agricultures. Volume 20, n°1-2, 136-43, Janvier-Avril 2011 - "Un 'grenier pour l'Afrique de l'Ouest' ?",Géocarrefour (Vol. 84), p. 43-53, 1/2009 - "Les investisseurs étrangers à l'assaut des terres agricoles africaines.",EchoGéo, n°14, 2010 - Différents points de vue représentés à travers les documents relayés par l'International Land Coalition (ILC) / Commercial Pressures on Land : - Mali: Main basse sur le fleuve, Jeune Afrique, juillet 2010 - Faut-il risquer son argent dans les terres maliennes ? - Mali: un million d'hectares toujours en friche,Jeune Afrique, mai2011 - Wikipedia, Office du Niger."

3. agro-sylvo-pastoralisme, déserts & vergers à planter

3. agro-sylvo-pastoralisme, déserts & vergers à planter p4K
  • agro-sylvo-pastoralisme, déserts & vergers à planter - les terres cultivables non cultivées dans le monde

usage

million ha

%

 

%

 

%

terres émergées

13 610

100

13 600

100

 

100

infrastructures

    136

1

    200

1

béton & goudron

1

terres cultivées

1 497

11

1 600

12

 

 

prairies permanentes

2 858

21

3 000

22

usage agricole

33

zones herbeuses

1 361

10

1 400

10

 

 

zones arbustives

    953

7

1 000

7

 

 

autres rochers déserts

1 633

12

1 600

12

déserts & semi-déserts

29

eaux

    544

4

    600

4

 

4

forêts

4 627

34

4 200

31

forêts

33

  • terres aptes à la culture pluviale d’au moins 1 de 154 plantes retenues = 27% des terres émergées :
  • très convenables, convenables & modérément convenables à la culture : 3600 millions ha
  • peu convenables : 600 millions ha.

25% des terres aptes à la culture sont en forêts = 33% des forêts du monde

régions où plus de 30% des terres cultivables sont en forêts : Amérique du Sud & du Nord, Afrique centrale & Russie.

part des terres non cultivées dans le monde = 60% des terres cultivables

  • capacité d'extension terres cultivées / terres les plus aptes à la culture : 1 000 millions ha
  • / sur toutes les terres aptes à la culture sauf les bois : 1 500 millions ha
  • / sur toutes les terres aptes même boisées : 2 300 millions ha

Ces extensions donneraient respectivement des taux mondiaux de terres cultivées de 19%, 22% & 28%.

Ce jour, environ 10% de ces terres cultivées le sont en cultures pérennes.

La durabilité des systèmes de production tient de l'utilisation complémentaire des espaces forestiers, pastoraux & de culture.  Le parcours de troupeaux y assurent les transferts latéraux de fertilité,rendant possible la culture permanente des champs en entretenant ou en augmentant la fertilité des sols.  La présence forestière fait partie intégrale des espaces cultivés.  Les dynamiques d’évolution de ces systèmes sont essentielles.  Il est des terroirs où des processus de dégradation apparaissent en ce qui concerne les sols, les réserves en eau, les stocks d'humus & de biomasse & partant, la résilience des systèmes de production.  Dans d’autres cas, des évolutions inverses de construction de sols fertiles & d’accumulation -eau, humus, biomasse, fertilité - se manifestent.  Le rapport de la FAO de 2011 sur l’état des ressources en terres & en eau pour l’alimentation & l’agriculture dans le monde souligne qu’un quart des terres de la planète sont très dégradées ou en cours de forte dégradation.

  • note préparée à la demande de la Commission Agriculture & Alimentation de Coordination Sud - Michel Merlet -

AGTER - 45 bis, avenue de la Belle Gabrielle, 94736 NOGENT SUR MARNE CEDEX, FRANCE - téléphone : +33(0)1 43 94 72 59 / +33(0)1 43 94 72 96 - E-mail : agter@agter.org

  • "Tandis qu’au moins 1,5 milliard de personnes souffrent aujourd’hui de la faim dans le monde (cf. annexe 2 du rapport FAO. 2012. The State of Food Insecurity in the World & F Dévé 2013, http://www.agter.asso.fr/article920…), de nombreuses voix soutiennent qu’il faudra mettre plus de terres en culture pour que l’offre alimentaire puisse répondre aux besoins de l’humanité.  L’existence de vastes surfaces de terres sous-utilisées permettrait de répondre à ce défi, si des investissements de grande ampleur dans le secteur agricole se mettaient en place, & ce, sans présumer des structures de production les mieux à même d’y produire le plus possible.  Dans de nombreux pays, de grandes entreprises ont pris le contrôle de millions d’hectares au cours des dernières années, à un rythme beaucoup plus rapide que celui de l’expansion des terres cultivées pendant les décennies antérieures.

Si ces phénomènes suscitent de nombreuses résistances locales & une préoccupation croissante, ils n’ont pas pour le moment donné lieu à des conflits de grande ampleur.  Cela semble venir du fait que les espaces concernés sont souvent soit couverts de forêts ou de savanes avec de très faibles densités de population, soit d’anciennes terres agricoles en friche.  Leur mise en culture peut toutefois poser des problèmes environnementaux majeurs (accélération des changements climatiques & destruction de la biodiversité), violer les droits des populations autochtones, et/ou s’accompagner d’un accroissement des inégalités & du chômage, pouvant ainsi contribuer sur le long terme à mettre en danger la survie de l’humanité.

Pour toutes ces raisons, l’évaluation de la surface des terres cultivables qui ne sont pas cultivées à l’heure actuelle occupe une place centrale dans les discussions sur les accaparements de terre.  Elle donne lieu à de nombreuses polémiques, souvent accompagnées de confusion & d’incompréhensions, mais aussi de manipulations diverses.  S’agit-il ou non de terres couvertes de forêts ?  Sont-elles vacantes & disponibles ?  Sont-elles situées essentiellement en Afrique subsaharienne & en Amérique Latine ?  L’objectif de cette note est de permettre au lecteur d’y voir plus clair, sur la base des données disponibles, tout en restant critique sur les façons de les utiliser.

  • l’utilisation des terres émergées - trois bases de données

Il existe différentes bases de données sur l’usage agricole réel & potentiel des terres à l’échelle de la planète.  Elles sont fondées sur des données statistiques et/ou sur des images satellite, & enregistrent soit les différents types de couverture du sol soit l’usage de celui-ci.  Laurence Roudart, Professeur à l’Université Libre de Bruxelles, a dirigé en 2009 une étude qui analyse les méthodes & les résultats des trois bases les plus importantes, FAOSTAT, GAEZ, & SAGE/GATP.  Cette étude, sur laquelle nous nous appuyons pour la rédaction de cette partie, permet de comprendre les différences entre les concepts & les méthodes utilisées, & de mieux cerner leurs apports & leurs limites. [1]

Les données de FAOSTAT, concernant à la fois des indicateurs de couverture & d’utilisation des sols, sont compilées par la FAO (UN Food & Agriculture Organisation) à partir des statistiques nationales & d’enquêtes auprès des États.  Il est des catégories peuvant prêter à confusion.  Ainsi les "prairies & pâturages permanents" peuvent être naturels ou spontanés & utilisés ou non.  De même, la catégorie "terres forestières" recouvre aussi des savanes arborées dont le couvert forestier est supérieur à 10% & les jachères & friches qui s’inscrivent dans des rotations de cultures & dont la définition est peu précise.

L’étude GAEZ (IIASA – International Institute for Applied Systems Analysis & FAO) donne des informations sur les potentialités agricoles des terres, sur la base de leur aptitude à la culture de 154 variétés végétales, ainsi que les rendements accessibles selon trois modes de gestion théoriques, "avancé", "amélioré" & "traditionnel" en culture pluviale & irriguée.  Cette analyse se base essentiellement sur des critères agronomiques & écologiques.  Elle ne prend pas véritablement en compte les paramètres socio-économiques.  Elle compare les besoins des plantes étudiées avec les conditions climatiques, de sol, d’altitude, de topographie sur un maillage de cellules de 5 minutes de latitude & de longitude (10 km de coté à l’équateur).  Ces zones sont classées, pour chaque culture et chaque mode de gestion en différentes catégories d’aptitude à la culture par rapport au meilleur rendement constaté dans la grande zone climatique correspondante.  Une synthèse est ensuite opérée en combinant les 3 modes de gestion & les 154 variétés considérées.  L’étude GAEZ précise quelles sont les superficies actuellement sous forêts pour les différentes catégories de terres cultivables.  Elle ne considère pas les évolutions, ni les négatives (dégradation des sols, baisse des nappes phréatiques, …) ni les positives (aménagements, drainage, amendements organiques ou minéraux, …).  Certains de ses choix méthodologiques tendent à surestimer l’étendue des terres cultivables alors que d’autres au contraire la sous-estiment.

La base SAGE (center for Sustainability And the Global Environment) / GATP (Global Trade Analysis Project) combine les données FAOSTAT avec des informations sur la couverture des terres d’origine satellitaire.  Soulignons que SAGE ne travaille pas sur la base des besoins théoriques des plantes ni sur les rendements accessibles, mais à partir des caractéristiques des terres & de leur mise en culture effective.  Pas plus que l’étude GAEZ, elle ne prend en compte les facteurs économiques & sociaux, ni les évolutions en cours.

  • place des forêts, savanes & zones cultivées

Sur la base des définitions utilisées par le SAGE/GTAP, L. Roudart présente les différents types d’usage des terres émergées [cf graph. 1, Roudart 2009, p.16].  Les catégories "terres cultivées" (ensemble des terres arablessous culture permanente) & "prairies & pâturages permanents" sont celles de la FAO.

  • couvertures ou usages en % des terres émergées : 136 096 598 Km² = 13 609 659 800 ha -  infrastructures : 1% - terres cultivées : 11% - prairies & pâtures permanentes : 21% - zones herbeuses : 10% - zones arbustives : 7% - autres rochers, eaux, déserts : 16% - forêts : 34%

Un tiers des terres émergées est recouvert de forêts, alors qu’environ un autre tiers est utilisé pour des usages agricoles ou pastoraux [une partie des prairies & pâturages permanents n’étant pas pâturés & une partie des zones herbeuse & arbustives pouvant l’être].  Les infrastructures urbaines & autres n’occupent qu’un faible pourcentage des terres émergées.  Les estimations des superficies de terres cultivées de SAGE - 1 800 millions d’ha en 1992 - & de la FAO - 1 500 millions d’ha - diffèrent de 17%.

Les céréales occupent 55% de ces surfaces, les oléagineux 15%, les légumineuses sèches 5%, les racines & tubercules 4%, les cultures sucrières 2% & les autres cultures 19%. [SAGE, repris par L. Roudart. op cit p.18].  Les estimations de pâturages permanents FAO & SAGE sont similaires (3% de plus pour la FAO), mais cette proximité des moyennes mondiales cache des estimations divergentes sur les différents continents qui se compensent au niveau global.

  • terres cultivables & terres cultivées - données globales

L’étude GAEZ & la base SAGE/GTAP fournissent des informations sur les superficies de terres cultivables en utilisant comme références pour leurs modèles des données des années 1990.  Pour GAEZ, la superficie des terres aptes à la culture pluviale d’au moins 1 des 154 plantes retenues, quel que soit le mode de gestion, représente 27% des terres émergées, soit 3573 millions d’ha pour les terres très convenables, convenables & modérément convenables à la culture, & 4152 millions en incluant les terres considérées peu convenables.

Près du quart des terres aptes à la culture sont aujourd’hui recouvertes de forêts, qui correspondent à 1/3 des espaces forestiers du monde [Roudart, 2009, p 20].  Les régions dont plus de 30%des terres cultivables sont recouvertes de forêts sont l’Amérique du Sud, l’Amérique du Nord, l’Afrique centrale & la Russie.  SAGE estime les surfaces cultivables dans le monde à 4 022 millions d’ha, un chiffre légèrement inférieur à celui de l’étude GAEZ.  Selon ces deux bases de données, la part des terres cultivables non cultivées dans le monde est considérable : 62% pour GAEZ & 55% pour SAGE/GTAP. [Roudart 2009, p.26]

En ne considérant que les terres les plus aptes à la culture, les surfaces cultivées de 2005 pourraient être multipliées par 1,7.  En incluant toutes les terres aptes à la culture, elles pourraient être multipliées par 2.  En considérant la mise en culture de toutes les terres aptes y compris celles couvertes de forêts, elles seraient multipliées par 2,5.

L'auteur conclut : « il apparaît que, en dépit des divergences, des incertitudes & des limites des bases de données que nous avons étudiées, les superficies utilisables en culture pluviale & non encore cultivées sont très étendues à l’échelle du monde, de plusieurs grandes régions & de nombreux pays, en particulier en Amérique du Sud & en Afrique sub-saharienne.  En revanche, cette ressource apparaît comme rare, voire épuisée au Moyen-Orient & en Asie compte tenu des méthodes employées pour juger de l’aptitude des terres à la culture. » [Roudart 2009 p 30].

Voyons maintenant quelques utilisations qui ont pu être faites de ce type de données & quelques questions qu’elles suscitent.

  • des chiffres qui se prêtent à différents types de manipulation - les écarts de rendement de la Banque Mondiale

Le troisième chapitre de l’étude publiée en 2011 par la Banque Mondiale - Rising Global Interest in Farmland. Can It Yield Sustainable & Equitable Benefits ? - examine les possibilités de développement sur les terres au potentiel agricole non utilisé ou sous utilisé.  Avec l’appui de l’IIASA, les auteurs concluent qu’il y aurait 445 millions d’ha de terres non couvertes de forêts ni protégées, dans des zones où la densité de population est inférieure à 25 personnes par km², qui seraient actuellement non cultivées & susceptibles de l’être de façon écologiquement convenable [Deininger 2011 p. 77].  Ils analysent les écarts de rendement [yield gap] entre la réalité & le potentiel dans une "perspective d’analyse des marchandises" [commodity perspective] en étudiant 5 cultures de place importante dans les échanges commerciaux - blé, maïs, soja, canne à sucre, palmier à huile.  Le rapport présente une typologie des pays concernés en croisant la « disponibilité » en terres & les écarts de rendement constatés pour ces 5 productions, afin d’explorer comment l’investissement privé dans l’agriculture peut améliorer la productivité & devenir un pilier central d’une stratégie de développement pour les pauvres [pro-poor] [Deininger 2011 p 83].

Aucun élément agronomique ni sociologique n’est intégré à l’analyse, comme dans les études antérieures de l’IIASA.  Le paramètre étudié, le rendement brut par hectare d’une seule culture n’est pas vraiment pertinent, car il ne rend pas compte de la richesse créée.  Il faudrait prendre en compte la valeur ajoutée par unité de surface (= production brute - intrants utilisés dans le processus de production - part des équipements & infrastructures incorporée à la production).  Bien que le rapport souligne la nécessité de respecter les droits des populations & d’obtenir leur accord pour tout transfert de droits fonciers à de grandes entreprises, il utilise une méthode présentée comme scientifique qui fausse d’emblée la comparaison entre les unités de production familiales & l’agrobusiness, en ne prenant pas en compte les systèmes de production paysans dans leur ensemble & en négligeant le coût des intrants & des machines pour la production à grande échelle.

  • ce que l’on trouve en zoomant sur les zones cultivables non cultivées

G. Chouquer a montré, ainsi que d’autres chercheurs, que l’analyse des images satellitaires sans vérification de terrain ou analyse à une échelle plus rapprochée conduisait souvent à des interprétations erronées.  En zoomant sur une zone qui semblait vide, on découvre des champs, des formes foncières diverses attestant la présence d’habitants. [Chouquer, 2012, p 91-93]

Dissocier les espaces forestiers & pastoraux des zones de culture à partir des images aériennes conduit à méconnaître ce qui constitue souvent la clef de la durabilité des systèmes de production, leur utilisation complémentaire.  Dans les systèmes de défriche brûlis, la repousse forestière fait partie intégrale des espaces cultivés.  Les transferts latéraux de fertilité effectués par des troupeauxpâturant sur des parcours rendent possible la culture permanente de champs en entretenant ou en augmentant la fertilité des sols.  A ces complémentarités de nature agronomique, s’ajoutent les caractéristiques socio-foncières des systèmes de production, qui jouent un rôle déterminant dans leur fonctionnement.

Enfin, les dynamiques d’évolution de ces systèmes sont essentielles.  De nombreux terroirs sont le produit de plusieurs siècles de transformation, avec dans certains cas des processus de dégradation des sols, des réserves en eau, de la résilience des systèmes de production, & dans d’autres cas, des processus inverses de construction de sols fertiles & d’accumulation d’eau.  Ainsi, le rapport de la FAO de 2011 sur l’état des ressources en terres & en eau pour l’alimentation & l’agriculture dans le monde souligne qu’un quart des terres de la planète sont très dégradées ou en cours de forte dégradation. [FAO, SOLAW, 2011 p.113]

  • une distribution très inégale des terres potentiellement cultivables

Les études & les rapports attirent l’attention sur la forte disponibilité de terres non utilisées en Afrique sub-saharienne & en Amérique Latine.  En fait, l’application des critères agro-écologiques décrits antérieurement montre une réalité beaucoup plus diversifiée.  La carte ci-dessous a été construite à partir des données de l’étude GAEZ. (Merlet & al, 2011, p.9)

  • Cette carte indique que les pays du monde où le potentiel en surface agricole est peu sous-utilisé sont des exceptions, situés surtout en Asie, au moyen-orient, aux extrêmes nord & sud de l'Afrique & en Scandinavie.

Parmi les pays qui ont le plus de terres cultivables non cultivées, on trouve aussi les EUA & la Russie.  En Amérique Latine (Brésil) & en Afrique Sub-saharienne (RDC), celles-ci se trouvent en grande partie dans les grands bassins forestiers & les zones de savane.  Enfin, l’Europe occidentale n’est pas exempte de terres cultivables non cultivées.  [Beaucoup de forêts des pays développées, destinées à la production commerciale de quelques espèces de bois, sont établies sur des terres autrefois cultivées]

Pourtant, les analyses & les rapports omettent en général de le signaler.  Après avoir introduit un certain nombre de critères restrictifs plus ou moins clairement justifiés, les auteurs de nombreux rapports présentent le phénomène des terres cultivables non cultivées comme étant caractéristique des pays en développement, & les pays développés disparaissent comme par enchantement de la liste des pays concernés.

  • importance des facteurs socio-économiques

Les appropriations de terres à grande échelle & les phénomènes de concentration de terres sont facilités par l’existence de vastes zones sous utilisées & peu peuplées, mais toutes ne sont pas susceptibles de tomber facilement sous le contrôle de grandes entreprises nationales ou étrangères.  Ce sont les facteurs socio-économiques qui sont déterminants.  Les héritages coloniaux & les conséquences de la collectivisation des ex-pays communistes pèsent lourd dans les rapports de force entre les parties en présence. (Merlet et al, 2011).

La mise en culture des terres "sous-utilisées" est souvent abusivement présentée comme une contribution à l’alimentation & à la production de matières premières agricoles pour le bien-être de l’humanité.  La réalité est toute autre : un vaste processus d’appropriation & d’accaparement de ressources communes, beaucoup plus difficile à mener dans les pays développés disposant d’une agriculture familiale solide dont les droits sur le foncier sont reconnus.

Ainsi, la situation décrite par les études GAEZ & SAGE ne définit en rien un univers de terres disponibles, sur lesquelles il n’y aurait ni populations ni ayants droit.  Elle donne une idée de l’amplitude des ressources agricoles qui peuvent être ciblées par des entreprises à la recherche d’opportunités de retour élevé sur leurs "investissements", partout où il n’existe pas de système de gouvernance du foncier efficace pouvant s’opposer à l’accaparement des ressources.

  • distribution des populations & accès aux ressources, un problème planétaire

L’analyse antérieure a permis de mettre en évidence des disponibilités en terres cultivables par habitant très inégales suivant les régions du monde.  Lorsqu’elles restent abondantes, en Afrique & en Amérique Latine, elles ne sont pas pour autant nécessairement accessibles pour les paysans.  Là où la terre est très inégalement répartie, des processus de redistribution (réformes agraires & politiques foncières permettant d’en pérenniser les effets) seraient nécessaires pour permettre un développement économique & social durable.  Dans beaucoup de ces pays, l’abondance de terres dites "vierges" a permis d’éviter de telles redistributions, avec le développement de fronts pionniers qui ont entraîné une expansion continue des surfaces agricoles & la migration des paysans sans terres, véritable soupape de sécurité pour les zones où la pression foncière était devenue trop forte.

La compétition entre grande production & production paysanne sur ces nouveaux espaces a joué un rôle décisif dans la mise en place des structures agraires.  Depuis plusieurs décennies, la grande production a très largement pris le dessus grâce à de nouveaux moyens techniques, entraînant les accaparements actuels de terres & de ressources.

Aujourd’hui, les mêmes phénomènes se produisent à l’échelle du monde.  Si des politiques de colonisation paysanne peuvent être encouragées au sein d’un même pays - non sans conflits & spoliations affectant souvent les populations autochtones - de telles politiques sont extrêmement difficiles à organiser à l’échelle internationale.  Les mécanismes des marchés fonciers (achats ou concessions) sont aujourd’hui les seuls à opérer pour réguler la distribution des droits d’utilisation des ressources, avec pour conséquence le développement de très grandes entreprises qui prospèrent sur la base de l’appropriation des richesses naturelles & des biens communs.

La forte inégalité de foncier agricole par habitant dans les différentes régions du monde constitue un problème de fond à l’échelle planétaire.  Le niveau national ne saura suffire pour optimiser l’utilisation des ressources, d’autant moins que la maximisation de la production ne peut constituer le seul critère de choix : il convient bien évidemment de considérer aussi les exigences environnementales globales, de réduire les évictions paysannes & les risques de conflits, etc..

Face à cet enjeu fondamental de gouvernance mondiale, il faudra inventer des mécanismes nouveaux pour éviter que les contradictions générées par de telles inégalités ne se transforment en conflits ouverts.

  • sources

Roudart, L. (2009). Terres cultivables & terres cultivées : apports de l’analyse croisée de trois bases de données à l’échelle mondiale.  Document produit pour le service Statistiques & Prospective du Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture & de la Pêche (France). 59 p. - Roudart, L. (2010).  Terres cultivables non cultivées : des disponibilités suffisantes pour la sécurité alimentaire durable de l’humanité.  Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche (France).  Centre d’études & de prospective. Revue Analyse N° 18 - Mai 2010. 8 p. - Deininger, K. et Derek B. (2011). World Bank. Rising global interest in farmland : can it yield sustainable & equitable benefits ? 214 p. - Toulmin, C. & al. (2011). HLPE Committee on World Food Security. Land tenure & international investments in agriculture. 56 p. - Merlet, M., Jamart, C. L’Orphelin S., Groppo P. (2011)  Points chauds liés au foncier & aux droits sur l’eau. SOLAW Background Thematic Report TR05a. FAO. 34 p. FAO. SOLAW. (2011)  The state of the World’s land & water resources for food & agriculture - Managing systems at risk.  Food & Agriculture Organization of the United Nations]. 285 p. - Chouquer, Gérard. (2012), Terres porteuses. Entre faim de terres & appétit d’espace. Ed. Actes Sud, Errance Paris. (247 p.)"

  • [1] Nous ne reprenons ici que les éléments d’analyse les plus pertinents pour le sujet.

"Les projections envisagent que la production agricole mondiale devrait doubler entre 2000 & 2050 en basant 90% de cette augmentation sur un accroissement des rendements & de l'intensité culturale (nombre de récoltes par an sur une même superficie), tandis que 10% seulement proviendraient de l'extension des superficies cultivées (FAO).  Cela se traduirait par un taux d'accroissement annuel des rendements de 0,8% entre 2000 & 2050, contre 1,7% entre 1960 & 2000 & par une superficie de  70 millions d'ha cultivés supplémentaires.  Ce scénario prévoit une diminution de la sous-alimentation chronique dans les pays en développement – à la fois en proportion de la population totale (de 17% à 3,9%) & en nombre absolu (de 810 millions à 290 millions) – mais une persistance de cette sous-alimentation dans les pays où elle sévit sévèrement ce jour : où la croissance démographique est forte & les ressources agricoles limitées." *

* d'après Sylviane Tabarly, ENS Lyon / Dgesco, pour Géoconfluences le 23 juin 2011  mise à jour :  23-06-2011 Copyright ©2002 Géoconfluences - Dgesco - ENS de Lyon. Tous droits réservés, pour un usage éducatif ou privé mais non commercial.

  • - dessiner ensemencer nourrir réjouir apaiser -

Les perspectives des nations unies concernent l'agriculture industrielle utilisant des intrants.  Nous savons les dangers que ce type d'agriculture présente pour l'érosion des sols, la pollution des eaux, la santé humaine & les tensions sociales.  La prospective des méthodes de l'agriculture naturelle envisagent plutôt le point de vue d'une agriculture artisanale & locale.  Leurs modes & méthodes, en considérant la globalité de la question rurale permettent d'équilibrer les flux de fertilité utilisant les cycles & recyclements des éléments fertilisants.  En les régions rurales habitées, les équilibres sont réalisés à l'instar de ce que pratique Josef Holzer sur sa ferme forestière des montagnes d'Autriche, combinant les diverses formes de plantes - des arbres fruitiers, des ligneux, des potagères, des légumes, des céréales & la végétation spontanée - avec la fréquentation animale, les animaux d'élevage.  Ces modes dits naturels ou holistiques de cultures combinées complexes permanentes, proposent de réserver une part notable de la production organique - biomasse & nourriture - au bénéfice de l'accroissement des fertilités vers la luxuriance.  Il s'agit de produire de l'humus par captation de l'azote & du carbone de l'atmosphère vers les sols avec comme source d'énergie la lumière solaire - & l'hydrogène de l'eau - que les plantes savent intégrer aux écosystèmes.

L'insufflation de carbone & d'azote dans les sols de la planète par les bactéries associées aux plantes lorsqu'elles sont élevées selon une méthode globale caractérise l'agrinature, la permaculture & consorts.  Elles sont de ce fait créatrices d'une richesse abondance ouvrant accès à toutes les formes de bien, créatrices de ce bien premier nommé espace de vie.

C'est là l'espace vital que les arbres dessinent en paysages de leurs branches feuillées, élaborent en sols au moyen de leurs racines ramifiées, rassasient en nos estomacs de leurs fruits amitié, apaisent en nos imaginaires de leurs fleurs beauté.

  • Le tableau qui suit résume l'usage des terres ce jour & projette le développement possible des surfaces au cours du siècle à venir.  La colonne désignée cultures pérennes sont les forêts-jardins & jardins vergers pâturés ou non de la permaculture & de l'agrinature.