En guise de prologue à ce blogue…

Le Maître-Chat Lully

Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Maître-Chat Lully (10 juillet 2006 – 23 mai 2019)

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   « Mon blogue – ce blogue – est né le 10 septembre 2007…
Né d’une boutade de mon « papa-moine », ainsi que j’ai eu l’occasion de l’expliquer en détail > ici lorsque j’en ai donné l’historique alors qu’il allait approcher de son septième anniversaire, ce qui n’était au départ qu’un modeste moyen de garder contact avec un petit groupe d’amis proches du Refuge Notre-Dame de Compassion, a, tout au long des années, largement dépassé ce cadre restreint pour atteindre de très nombreuses personnes bien au-delà de nos simples relations habituelles, et bien au-delà des frontières de notre beau Royaume de France.

   Bien sûr, il y a eu très souvent des personnes très « raisonnables » et très « sérieuses » qui se sont scandalisées qu’un chat écrivît sur des sujets religieux, rédigeât des chroniques et publiât des réflexions sur la société, ses maux et les remèdes que l’authentique tradition politique de notre monarchie légitime leur pourrait apporter…
Il y a bien encore quelques uns de ces petits esprits étriqués et chagrins pour répandre le venin et le fiel de leurs critiques, mais je n’en ai jamais eu cure : si pour eux il est inconcevable qu’un texte puisse prétendre au moindre sérieux du seul fait qu’il est l’œuvre d’un chat – fut-il chat monastique -, il est  par ailleurs irréfragable que le phénomène, en définitive peu courant, d’un Maître-Chat s’exprimant sur le « ouèbe » sans égard pour la langue de bois ou de buis, mais avec tout la divine liberté donnée par le Créateur aux félins, a valu à ce blogue de fidèles et solides amitiés, qui pèsent bien davantage que toute les aigreurs d’estomac de tous les « coincés », de tous les « cinglés », de tous les « modernichons », et de tous les « tordus » politiques et religieux réunis !

   Vous le savez, mon divin Créateur a rappelé à Lui mon âme le 23 mai de cette année 2019 qui s’achève aujourd’hui (cf. > ici).
Je sais que mon départ de cette terre a laissé un grand vide dans le cœur de nombre de mes lecteurs, tout comme dans celui de mon « papa-moine ». Cependant, ainsi qu’il vous l’a écrit (cf. > ici), mon blogue continue et continuera : invisible, mais toujours présent, j’inspire et j’inspirerai encore mon moine de compagnie, car je lui ai laissé quelque chose de mon esprit comme le fit jadis le saint prophète Elie pour son disciple Elisée, lorsqu’il fut enlevé sous ses yeux par un char de feu.

   Le prologue d’origine de ce blogue (cf. > ici) n’était toutefois plus exactement adapté désormais, et c’est la raison pour laquelle je suis aujourd’hui « revenu » vers vous pour inspirer ces lignes à mon fidèle secrétaire et vous assurer, mes bien chers et fidèles amis, que je suis toujours là, veillant à ce que ce blogue continue l’œuvre amorcée dès sa première chronique (cf. > Genèse) – semper fidelis – toujours fidèle à l’esprit que Dieu a voulu pour le Refuge Notre-Dame de Compassion : fidélité intégrale au dépôt de la foi reçue des Apôtres, et fidélité intégrale au dessein de Dieu scellé dans les fonts baptismaux de Reims où s’unirent la foi catholique et la royauté franque pour faire naître la France, avec en corollaire la défense sans concession de tout ce que cela représente et contient !

Vive Dieu ! Vive le Roi !

pattes de chatLully.

Mardi 31 décembre 2019,
Fête de Saint Sylvestre 1er, pape et confesseur, baptiste de l’empereur Saint Constantin 1er le Grand ;
Septième jour dans l’octave de la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Lully le chroniqueur

2025-64. Fête de la Pureté de Notre-Dame, et prière à Notre-Dame de la Pureté.

11 mars,
Chez les Ermites de Saint Augustin, fête de la Pureté de la Bienheureuse Vierge Marie ;
Mémoire de la férie de Carême.

Monogramme de Marie vitrail avec anges - blogue

       Le martyrologe propre des Ermites de Saint Augustin mentionne à la date du 11 mars la fête de la Pureté de la Bienheureuse Vierge Marie : c’est une fête de contemplation, de stimulation et de préparation.

- Contemplation de la Vierge Très Sainte dans son absolue pureté, qui lui vaut d’être saluée du qualificatif de « pleine de grâce » (mais l’adjectif grec évoque l’idée d’une parfaite plénitude) par l’archange qui s’adresse à elle au nom du Dieu trois fois saint.

- Stimulation, parce qu’étant entrés en Carême, temps de purifications plus intenses, la considération d’une telle pureté, qui est le fruit de la Rédemption (car Notre-Dame est la première et la plus parfaite des rachetés), met en évidence que « rien n’est impossible à Dieu », et donc que quel que soit notre degré de souillure – du fait de nos péchés personnels et des cicatrices et effets qu’ils ont laissés en nous -, il n’est pas vain d’espérer que Dieu nous purifie en totalité.

- Préparation à la fête de l’Annonciation : en nous aidant à considérer plus attentivement celle que le Très Haut a élue, préparée, merveilleusement comblée, afin de devenir le vivant Tabernacle du Verbe éternel S’incarnant.

Vierge très pure - blogue

O Notre-Dame de la Pureté,

Vierge sans tache, tabernacle du Dieu de toute pureté,
réceptacle de toutes les grâces,
j’ai recours à vous dans mes besoins,
mes peines, mes tentations et mes faiblesses.

O Marie, merveille de pureté,
je vous consacre mes yeux, mes oreilles, ma bouche, mon cœur,
mes pensées, mes paroles et mes actions,
afin que l’esprit du mal n’ait jamais la moindre part en moi
et que, tout mon être étant conservé dans une pureté parfaite,
je serve Dieu de tout mon cœur
et arrive, sous votre maternelle protection,
à la béatitude éternelle
pour jouir à jamais avec vous
de la possession de l’auguste Trinité dans le ciel.

Ainsi soit-il.

Nihil obstat : Paulus Lacouline, Censor
Imprimatur : + Lionellus Audet, V.G.
Quebeci, die 25 a martii 1954

Trois lys blancs

2025-63. Le Silence du Roi.

Mardi de la 1ère semaine de Carême.

       Le texte qui suit était à l’origine l’une des lettres mensuelles à l’adresse des membres de la Confrérie Royale, envoyée le 25 février 2018. Mais ce n’est pas là un texte de circonstance : vous trouverez ci-dessous un texte de spiritualité qu’il est bon de lire et de relire, de méditer… et surtout de s’en pénétrer pour en vivre.

Andrea Mantegna - Ecce Homo

Andrea Mantegna : « Ecce Homo »

       « Entrés dans le désert du Carême, nous accompagnons le Roi des rois dans sa montée vers le sacrifice et vers la gloire. Il est notre modèle pour nous préparer, dans la purification et l’ascèse, à suivre le chemin du Jardin des Olives au Tombeau de la mort et de la Résurrection. Une des grandes leçons spirituelles léguées par Notre Seigneur à ses apôtres et ensuite à tous ses disciples est le silence. Pas n’importe lequel mais celui qui est plénitude, écrin de la Parole divine et de toute parole conforme à la vérité.

   Charles Péguy parle admirablement du silence que nous affrontons à chaque fois que nous nous retournons vers notre race. Même les hommes de lignée royale finissent par se heurter à ce silence des aïeux anonymes dont la généalogie remonte jusqu’au commencement du premier jour de la création de l’homme.
Il écrit, dans sa Note conjointe :

   « (…) Cette silencieuse race est le seul écho que nous puissions percevoir du silence premier de la création. Silence de la prière et silence du vœu, silence du repos et silence du travail même, silence du septième jour mais silence des six jours mêmes ; la voix seule de Dieu ; silence de la peine et silence de la mort ; silence de l’oraison ; silence de la contemplation et de l’offrande ; silence de la méditation et du deuil ; silence de la solitude ; silence de la pauvreté ; silence de l ’élévation et de la retombée, dans cet immense parlement du monde moderne l’homme écoute le silence immense de sa race. Pourquoi tout le monde cause-t-il et qu’est-ce qu’on dit ? Pourquoi tout le monde écrit-il, et qu’est-ce qu’on publie ? L’homme se tait. L’homme se replonge dans le silence de sa race et de remontée en remontée il y trouve le dernier prolongement que nous puissions saisir du silence éternel de la création première. » 

   Puissions-nous suivre ce chemin et obéir à ce conseil afin que ce Carême ne soit pas plein de vides. Il ne suffit pas de prier selon les règles, de jeûner selon les préceptes, de donner l’aumône selon l’envie du moment. Tout cela, et les autres sacrifices, demeurera creux, vain et stérile s’il se réalise dans le brouhaha, la cacophonie, la logorrhée du monde moderne qui hait le silence intérieur. Trop de paroles recouvrent désormais la Parole divine, ceci au sein même de l’Eglise, pourtant gardienne et dispensatrice de la Parole divine. Nos silences sont morts. Lorsqu’ils existent, ils sont souvent la marque de notre lâcheté ou de notre incompétence. Or, nous devrions nous laisser imbiber par le silence divin comme des babas en manque de rhum.

   Les Saintes Ecritures ne cessent de nous ramener vers le silence intérieur. Les auteurs inspirés, les prophètes attirent l’attention sur ceux qui font un mauvais usage de la parole, qui ne peuvent se taire, qui se perdent en bavardages, radotages, et donc, tôt ou tard, en médisance et en mensonge. Mettre un frein à sa langue est une condition essentielle de la vie de pénitence. Nous avons toujours le désir d’en dire trop, de révéler ce qui ne doit pas l’être, de blesser avec les mots, de laisser traîner des sous-entendus qui détruisent les autres, leur réputation, leur existence. Le monde est rempli de ces bavards qui trouvent fortune en politique, comme journalistes, comme « artistes », comme écrivains, comme ecclésiastiques. La véritable autorité, elle, découle d’un silence fondateur, celui du Christ dans le désert ou dans un lieu retiré pour prier son Père, celui de Notre Seigneur en présence de ceux qui, les mains chargées de pierres, sont prêts à lapider, en face de ses accusateurs et de Pilate qui attendent des paroles alors qu’ils voient en aveugles le Verbe fait chair. Nous nous chargeons de mots comme des ânes, ils sont notre déguisement, notre fuite du silence qui nous terrifie car il nous révélerait notre vrai visage, déformé et grimaçant.

   En cultivant le silence, nous pouvons avancer à grands pas dans le combat contre la tricherie et la méchanceté, et découvrir aussi que ce sont les silences qui demeurent lorsque tout le reste a disparu. Ce n’est pas par hasard si le Christ a commencé son pèlerinage terrestre dans le silence de la nuit noire de Bethléem et qu’Il l’a achevé dans le silence du Golgotha. Nul doute que les apôtres, se souvenant de son enseignement, gardèrent aussi au cœur, à l’image de la Sainte Vierge, les silences du Maître lorsqu’Il les regardait avec pitié, avec amour et avec lassitude à cause de leur surdité et de leur vanité. L’être du Seigneur dépasse ce qu’Il a dit et chacune de ses paroles s’est inscrite dans l’écrin du silence originel. Ce pouvoir du silence crée la valeur inestimable des rencontres qui bouleversent notre vie : celle de Notre Seigneur d’abord, dans le silence de notre cœur, mais aussi, par ricochet, celles des rencontres humaines qui sont le sel de l’existence.
Maurice Maeterlinck souligne justement, dans Le trésor des humbles :

   « S’il vous est donné un instant de descendre en votre âme jusqu’aux profondeurs habitées par les anges, ce qu’avant tout vous vous rappellerez d’un être aimé profondément, ce n’est pas les paroles qu’il a dites ou les gestes qu’il a faits, mais les silences que vous avez vécus ensemble ; car c’est la qualité de ces silences qui seule a révélé la qualité de votre amour et de vos âmes ».

   Silence de Gethsémani, de l’Ecce Homo, du Golgotha, du Tombeau, et même de la Résurrection : ce qui est le nœud de toute l’histoire des hommes s’est réalisé dans le silence, uniquement habité par les pleurs et les battements d’ailes des anges et des puissances invisibles. Pendant ce temps, tout autour du Christ, ce ne fut que vociférations, insultes, ricanements, hurlements, questions, jugements, lamentations, à l’exception de sa Sainte Mère, enfermée dans la contemplation de ce qui ferraillait ses entrailles et son cœur depuis qu’Elle avait accueilli la Volonté de Dieu. Quelles paroles d’ailleurs nous a-t-Elle laissées ? Elles sont en petit nombre. Elle est la Mère du Silence, Elle qui a porté le Verbe.

   Contemplons donc, durant ces semaines liturgiques bouleversantes, le grand silence du Roi des rois. Il est un silence de plénitude et non pas un vide abyssal comme celui des paroles humaines. Là où il se révèle le mieux visiblement est dans le trésor de la sainte liturgie traditionnelle de l’Eglise lorsque le silence sacré enveloppe les fidèles alors que le prêtre offre le sacrifice. Grandeur indépassable de ce silence qui nous élève aussitôt jusqu’aux portes du Paradis. Plus la liturgie est bavarde, plus elle nous éloigne de la Parole faite chair, plus elle tourne le dos au Roi silencieux devant ses juges pour se jeter dans les bras du monde qui tue avec les mots. Plus notre prière est bavarde, plus elle risque de se contempler elle-même dans un miroir et d’être satisfaite de ce qu’elle est. Peu de mots dans le Pater Noster enseigné par Notre Seigneur. Dans sa sagesse millénaire, l’Eglise a toujours su nous éduquer dans cet attachement à la sobriété, à la belle simplicité, au silence habité. Creusons dans cette mine qui recèle tant de trésors. Il est utopique de penser que nous pourrions faire l’économie du silence pour mettre en pratique les commandements divins et pour vivre des Béatitudes. Les saints sont de vivantes figures pour nous prouver que nous serions dans l’erreur. Ils ont tous su mettre un frein à leur langue, écouter le silence et y découvrir les signes venant d’en haut. Imaginerait-on un saint Curé d’Ars passant son temps à bavarder, à réunir autour de lui les journalistes pour commenter les événements du moment et pour donner ses opinions à propos de tout et de n’importe quoi ? Cela aurait passablement abîmé la confiance des pénitents à son égard. Le saint Curé était tout en Dieu dans le silence et les murmures de son confessionnal où il procédait à de grandes lessives de printemps spirituel à longueur de journée.

   Avançons à la suite de notre Roi des rois dans le désert silencieux où Il se donne au Père. Nous aurons ainsi part à son Royaume malgré notre indignité. Demeurons au fond du sanctuaire, derrière un pilier, sans oser lever les yeux vers la Miséricorde, tout enfouis dans le silence divin qui nous console et nous relève.

P. Jean-François Thomas s.j.
Mercredi des Cendres 14 février 2018

entête confrérie royale carême

2025-62. Ce 10 mars nous avons célébré comme il convient le troisième anniversaire du Prince Tolbiac.

10 mars 2025,
Troisième anniversaire
de la naissance de Son Altesse Félinissime le Prince Tolbiac.

Que ta vie soit longue et heureuse, cher Petit Prince !

Continue à te montrer un infatigable guerrier

pour chasser et dévorer sans aucune pitié les nuisibles,

sournoise menace du cellier ou de la sacristie ;

à passer de longues heures de contemplations ronronnantes

dans les recoins secrets de la chapelle ;

et, dans ta féline liberté, à inspirer de sagaces pensées

et de sages conseils à ceux que tu honores de ton amitié !

Tolbiac 3 ans

« Le chat est l’honnêteté absolue :
les êtres humains cachent pour une raison ou une autre
leurs sentiments, les chats non ».

Ernest Hemingway

       Nota bene :
On trouvera ce qui a été publié à l’occasion du premier anniversaire de Tolbiac > ici
Et, à l’occasion de son deuxième anniversaire, une belle histoire avec le Cardinal de Richelieu > ici.

Chat gif en marche

Publié dans : Chronique de Lully, Memento | le 10 mars, 2025 |3 Commentaires »

2025-61. Le Bienheureux Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours, prêtre augustin martyr du Christ-Roi.

10 mars,
- Fête du Bienheureux Elie de N.D. du Perpétuel Secours, prêtre augustin martyr.
- Commémoraison de Sainte Marie-Eugénie de Jésus, vierge (cf. > ici) ;
- Commémoraison des Saints Quarante Martyrs de Sébaste ;
- Anniversaire de la mort de la Révérende Mère Marie-Joseph de la Miséricorde (cf. > ici). 

Bienheureux Elie de ND du Perpétuel Secours

       Matteo Elías Nieves del Castillo est né sur l’île de San Pedro, dans la municipalité de Yuriria – Etat de Guanajuato, au Mexique -, le 21 septembre 1882. Ses parents, Rita et Ramón et Rita, étaient de modestes paysans, riches d’une foi profonde.
Dès son jeune âge il éprouva l’attrait pour le sacerdoce, toutefois sa vocation fut retardée d’une part parce qu’à l’âge de 12 ans il fut gravement malade de la tuberculose qui faillit l’emporter, et d’autre part parce que, après sa guérison, son père ayant été tué par des voleurs, il dut abandonner l’école et travailler pour subvenir aux besoins de sa famille.

   Enfin, en 1904, malgré sa formation rudimentaire et sa pauvreté, il fut admis au séminaire augustinien de Yuriría. Ses études furent difficiles, rendues encore plus pénibles du fait d’une très mauvaise vue.
En recevant le saint habit il reçut avec lui le nom de Fray Elías del Socorro, c’est-à-dire Frère Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours .

 C’est à l’âge de 34 ans, en 1916, qu’il fut ordonné prêtre. Après quelques premières expériences pastorales en paroisse, il est nommé au vicariat de La Cañada de Caracheo, en 1921 : c’est un village de quelque 3 000 âmes, très pauvre. Partageant la pauvreté de ses paroissiens, il va s’efforcer de répondre aux besoins spirituels mais aussi matériels de la population, dont il sera rapidement très aimé.

   Le Mexique vivait alors l’un des moments les plus tragiques de son histoire. Devenu indépendant depuis un siècle, le pays n’était jamais parvenu à une véritable unité nationale. Les nations riches, qui revendiquaient d’énormes droits sur les concessions de pétrole et d’autres ressources souterraines, attisaient toutes les divisions internes ; la maçonnerie anticléricale agissait de façon virulente, déclenchant, en 1926, une persécution contre le catholicisme parmi les plus sanglantes du XXème siècle.
Refusant d’abandonner ses ouailles, le Père Elie, prudent mais impavide, alla se cacher dans une grotte et continua à exercer son ministère, le plus souvent à la faveur de la nuit. Cela dura 14 mois.

grotte dans laquelle s'est caché le Père Elie

Grotte dans laquelle s’est caché le Père Elie de N.D. du Perpétuel Secours :
elle est devenue un lieu de pèlerinage et a été aménagée
tant pour en faciliter l’accès que
 pour y permettre
la célébration de la Sainte Messe

   Le 7 mars 1928, un détachement de soldats arriva à La Cañada de Caracheo, officiellement à la recherche de voleurs de bétail. Comme il était tard, ils décidèrent de passer la nuit dans l’église paroissiale. Mais lorsqu’ils essayèrent d’en forcer les portes, les fidèles se rebellèrent et il y eut une fusillade.
Les soldats appelèrent des renforts. Un autre détachement atteignit le village, et ils organisèrent une véritable battue au prêtre.
Le 9 mars, ils se saisirent du Père Elie, bien qu’il se fût déguisé en paysan. Lors de son interrogatoire, il ne nia pas son identité.
Avec lui furent arrêtés deux jeunes paysans, les frères Sierra, qui avaient tenté de le garder caché.
Au matin du 10 mars, soldats et prisonniers partirent pour Cortazar, dont dépendait La Cañada, mais les prisonniers n’y arrivèrent jamais car, un peu plus loin, près d’une hacienda nommée Las Fuentes où les soldats marquèrent un arrêt, le capitaine donna l’ordre de l’exécution.

   Le Père Elie obtint d’entendre en confession les deux frères Sierra, prénommés José de Jesús et José Dolores, puis les soldats les conduisirent devant le mur où ils avaient décidé de les fusiller. José Dolores, fut pris de panique et s’effondra, probablement victime d’une crise cardiaque ; José de Jesús, lui, restait calme et ferme. Il refusa qu’on lui bandât les yeux. On lui intima l’ordre de s’agenouiller et il répondit au capitaine : « Je m’agenouille devant Dieu et ses ministres, pas devant quelqu’un… comme toi ». Aussitôt la fusillade commença et il eut encore le temps de crier : « Vive le Christ Roi ! »
Bien qu’il fût déjà mort, les soldats vidèrent encore leurs fusils sur le corps inerte de José Dolores.
Pendant toute cette scène, le Père Elie n’avait cessé de leur donner encore la sainte absolution et des bénédictions, disant : « Courage, mes enfants ! Nous nous reverrons bientôt au paradis… »

   Le capitaine s’adressa alors au Père Elie : « Maintenant, prêtre hypocrite, voyons si mourir ressemble à dire la messe ».
Avec une certaine autorité cependant, le Père lui demanda de ne pas le fusiller à cet endroit-là, mais plus loin, à l’endroit qu’il indiquerait lui-même. Avant de quitter l’hacienda, il ordonna à deux voisins de Las Fuentes, qui se trouvaient là, de donner une sépulture chrétienne aux deux jeunes gens, puis, d’un pas sûr, il continua d’avancer au milieu des soldats.

ruines de l'hacienda de las fuentes

Les ruines de l’hacienda de Las Fuentes
où furent fusillés les compagnons du Père Elie

   Environ 3 km avant Cortazar, pas très loin d’un pont, à un endroit où poussait un mesquite, le Père dit simplement au capitaine : « Voilà, mon capitaine. Accordez-moi juste quelques instants pour recommander mon âme à Dieu ».
Tout les détails de la mort du Père Elie nous sont connus par le témoignage d’une femme qui, revenant à pied de Cortazar, s’était cachée derrière un buisson en apercevant les soldats et qui fut témoin de toute la scène.

   Le Père Elie se retira donc près du mesquite et pria pendant environ un quart d’heure. Puis revenant vers le capitaine, c’est à ce moment-là qu’il répondit à la remarque que ce dernier avait faite avant de quitter Las Fuentes : « Voyons si mourir signifie dire la messe », en disant, tout en étendant les bras en forme de croix : « Mourir pour la religion est un sacrifice agréable à Dieu. Me voici, je suis prêt à mourir pour ma religion ».

   Le capitaine donna l’ordre aux soldats de former le peloton d’exécution, mais il semblait hésiter. Visiblement nerveux, il demanda l’heure au Père. Celui-ci sortit sa montre et lui dit qu’il était trois heures moins cinq ; alors, tendant sa main vers lui il déclara : « En guise de souvenir de ma part, veuillez accepter cette montre, qui pourra peut-être un jour vous sauver », puis il distribua aux soldats tout ce qu’il avait encore dans ses poches et, enfin s’écria : « Maintenant, agenouillez-vous. Je veux vous bénir en signe de pardon ! »
Tous se mirent tous à genoux, sauf l’officier qui cria : « Je ne veux pas de bénédictions. Mon arme me suffit ! », et il tira lui-même sur le Père au moment où celui-ci faisait le signe de la croix sur les soldats agenouillés.
Le Père eut encore le temps de crier distinctement : « Vive le Christ-Roi ! ». Il était 3 heures de l’après-midi, ce samedi 10 mars 1928.

   Aussitôt, le peuple fidèle le vénéra comme un saint martyr. Ses funérailles furent célébrées au milieu d’une foule immense qui se recommandait àlui bien plus qu’elle ne priait pour le repos de son âme. La terre imbibée de son sang fut prélevée et considérée comme une relique.

   Le Père Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours a été béatifié le 12 octobre 1997.

Corps des frères Sierra et du Père Elie

Corps du Père Elie de Notre-Dame du Perpétuel Secours
au milieu de ceux des deux frères José de Jesus et José Dolores Sierra

2025-60. Lecture méditée d’une œuvre : « Le Christ au désert servi par les anges » de Francisco Pacheco.

Premier dimanche de Carême,
Dimanche de la sainte quarantaine.
Lectures de la Messe : épitre 2 Cor. VI 1-10 ; Evangile Matth. IV 1-11.

pinceaux et palette - vignette

       Francisco Pacheco (1564-1644) est un peintre espagnol de la fin de la période maniériste et du début de la période baroque, théoricien de l’art, mais aussi théologien (il n’était toutefois pas clerc, mais laïc et père de famille) et – cela pourra étonner – censeur de l’Inquisition.
Peu connu du grand public, il l’est toutefois des historiens de la peinture parce qu’il a été le maître de Diégo Vélasquez (1599-1660).

   Le tableau sur lequel je désire attirer votre attention en ce premier dimanche de Carême est considéré comme son chef-d’œuvre et s’intitule « Le Christ servi par les anges dans le désert » : c’est une huile sur toile de grand format (hauteur : 2,68 m ; largeur : 4,18 m), datée de 1616 (le musée d’Art de Catalogne, à Barcelone, en possède un dessin préparatoire daté du 7 octobre 1615), qui avait été peinte pour le réfectoire de l’un des plus importants couvents de Séville, San Clemente el Real.

   L’œuvre fut peut-être volée par les troupes napoléoniennes lors de l’occupation de Séville en 1810, ou bien a-t-elle été vendue vers 1835 lorsque le gouvernement espagnol d’alors a fermé un certain nombre de couvents et confisqué les biens ecclésiastiques.
Elle a été aux mains de plusieurs propriétaires avant d’être achetée en 1993 par la ville de Castres qui l’expose au Musée Goya.

   Le jeune Diégo Vélasquez (il avait à peine 17 ans) a travaillé sur ce tableau : il est l’auteur de la nature morte que l’on voit au centre (sa première nature morte connue).

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - blogue

Francisco Pacheco (1564-1644) : le Christ servi par les anges dans le désert (1616)
[Musée Goya, Castres]

   Pour celui qui s’attache à la signification spirituelle de ce tableau, il est d’une exceptionnelle richesse symbolique en représentant un point auquel de nos jours, semble-t-il, ni les prédicateurs qui commentent la péricope évangélique lue au premier dimanche de Carême ni les fidèles qui entendent cet Evangile n’accordent grande attention, alors qu’il se trouve pourtant très explicitement mentionné dans la dernière phrase de ce passage de Saint Matthieu : « Tunc reliquit eum diabolus, et ecce Angeli accesserunt, et ministrabant ei : Alors le diable Le laissa, et voici que des Anges s’approchèrent, et ils Le servaient » (Matth. IV 11).

   Si l’on veut bien se donner la peine de réfléchir au fait que Notre-Seigneur était seul dans le désert, il faut nécessairement penser que c’est Jésus, et Lui seul, qui a porté à la connaissance de Ses apôtres et de Ses disciples les éléments de Son combat contre le tentateur ainsi que ce « détail » final… qui n’est finalement peut-être pas un détail sans importance ni un fait purement anecdotique.

   Saint Marc, qui est pourtant des plus laconiques pour parler de la sainte quarantaine n’omet toutefois pas de mentionner le « repas servi par les anges » :  « Et Il passa dans le désert quarante jours et quarante nuits ; et Il fut tenté par Satan ; et Il était parmi les bêtes, et les anges Le servaient » (Marc I 13). Saint Luc et Saint Jean n’en parlent pas.

   Ce repas servi par les anges après les quarante jours de jeûne au désert, a été illustré par plusieurs peintres espagnols du Siècle d’Or. On le retrouve aussi dans la peinture française des XVIIème et XVIIIème siècle.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 1

   Vêtu de rouge, le Seigneur Jésus-Christ est assis, tourné de trois quarts vers la gauche, devant une table garnie. Trois anges sont directement à Le servir à table : deux sont agenouillés et présentent des plats ; le troisième, debout, règle le service.
La luminosité de la table met en valeur les objets qui y sont disposés. Les spécialistes n’ont pas manqué de remarquer que le repas est servi dans des céramiques de Talavera : le peintre fait ici une sorte « d’inculturation », comme on dirait de nos jours, puisque c’est une vaisselle de la vie quotidienne espagnole.

   Les doctes commentateurs du tableau nous disent que nous nous trouvons en présence d’une sorte de « rébus sacré » tel que les intellectuels sévillans les affectionnaient alors : à travers une scène d’apparence profane – un repas -, nous nous trouvons devant l’évocation du plus sacré de tous les repas, celui où le Christ S’immole et Se donne en nourriture, la Sainte Messe.
On est bien dans la tradition des réfectoires monastiques, où, pendant leur réfection physique et naturelle, les moines sont appelés à élever leurs âmes vers le banquet céleste. Pour ne citer qu’une autre œuvre, rappelons que la célébrissime Cène de Léonard de Vinci a été réalisée dans le réfectoire du couvent des Dominicains de Milan.

   Ainsi donc, dans ce repas servi par les anges, les mets sont-ils disposés sur la table un peu comme des offrandes sur un autel ; Notre-Seigneur les bénit en même temps qu’Il élève les yeux vers le ciel, ainsi que le fait le prêtre à la Messe avant la consécration ; le pain, symbole de nourriture spirituelle et de vie éternelle, repose sur un linge dont le pliage n’est pas sans évoquer celui d’un corporal.
Cette allusion au Saint-Sacrifice de la Messe est renforcée par la présence du raisin, qui, avec le pain, fournit la matière du sacrement eucharistique, et par celle du poisson, symbole christique qui remonte à la plus haute antiquité.
L’eau, source de vie, purificatrice et régénératrice, et le sel, ne sont-ils pas une référence à la liturgie baptismale ?
L’ange agenouillé qui présente l’huilier et le vinaigrier, n’évoque-t-il pas le servant d’autel présentant les burettes ?
Quant à l’ange « maître de cérémonie », qui tient dans la main droite un couteau, ne nous renvoie-t-il pas à l’immolation de l’Agneau ?
Remarquez par ailleurs qu’il porte sur l’épaule gauche un linge tissé d’or et frangé, qui évoque davantage un tissu liturgique que du linge de table.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 2

   Remarquez enfin les végétaux présents sur cette table : le cédrat, fruit réputé à Séville comme favorisant la longévité et la fécondité ; la rose blanche, emblème de l’amour chaste ; l’œillet, qui renvoie à la divinité (le nom scientifique de l’œillet est dianthus qu’on traduit par « fleur des dieux ») ; les feuilles d’olivier, de chêne et d’acacia, évoquent évidemment des essences  au fort symbolisme biblique.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 3

   Sur la gauche, derrière le Christ, trois anges musiciens jouent de la harpe, du luth et de la viole de gambe. Tandis qu’au-dessus d’une grotte (sans doute le lieu de la retraite de Notre-Seigneur pendant Son séjour au désert), trois angelots répandent des fleurs sur la table.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 4

   En haut à droite, encore éloignés, volent deux anges porteurs de plats couverts.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 5

    Si l’on excepte ces deux anges éloignés, on compte donc que Notre-Seigneur est entouré par trois triades d’anges et d’angelots : le chiffre trois, représenté trois fois, symbolise la perfection de la Trinité divine. 

   Dans le coin inférieur droit du tableau, on voit Saint Jean-Baptiste, près du Jourdain puisque c’est aussitôt après avoir reçu le baptême de pénitence de Son Précurseur que Notre-Seigneur a été conduit au désert.
Derrière le Baptiste s’ouvre une perspective de paysage désertique (c’est-à-dire non peuplé d’hommes), au fond de laquelle apparaît une cité : Jérusalem, la Cité sainte où le Christ accomplira Sa mission par l’oblation de Son sacrifice rédempteur.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 6

   Je ne m’étendrai pas ici sur les aspects techniques de cette œuvre d’exception (éclairage, forme, expressions, harmonie des couleurs, composition – qui est pourtant très étudiée d’un point de vue mathématique et géométrique -, équilibre…), mais je terminerai en insistant sur le fait que toute cette technique, très rigoureuse, est au service du symbolisme spirituel.

   Sur ce point, j’ai encore un élément à signaler : outre le Christ, personnage central, le nombre total des personnages représentés est de douze : le nombre des tribus d’Israël, le nombre des apôtres, le nombre des portes de la Jérusalem céleste à laquelle nous sommes appelés, si nous profitons des grâces du salut que nous a obtenues le divin Rédempteur.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Le christ servi par les anges - Francisco Pacheco - détail 7

2025-59. De Saint Jean de Dieu, céleste patron des hospitaliers et des malades.

8 mars,
Fête de Saint Jean de Dieu, confesseur, fondateur des Frères Hospitaliers ;
Mémoire de la férie de Carême.

Giaquinto Corado Prado Madrid - détail du triomphe de Saint Jean de Dieu

La Très Sainte Vierge Marie posant une couronne d’épines sur la tête de Saint Jean de Dieu :
détail de « La gloire de Saint Jean de Dieu » (1750)
par Corrado Giaquinto (1703-1766)
[Galerie nationale de Cosenza]

frise

Leçons historiques du deuxième nocturne

des matines de la fête de

Saint Jean de Dieu 

Quatrième leçon. 

   Jean de Dieu naquit de parents catholiques et pieux, dans la ville de Monte-Mayor, au royaume de Portugal. Au moment de sa naissance une clarté extraordinaire parut sur sa maison, et une cloche sonna d’elle-même ; ces prodiges firent clairement présager que le Seigneur avait choisi cet enfant pour de glorieuses destinées.
Dans sa jeunesse il fut retiré, par la puissance de la grâce divine, d’une vie trop relâchée et il commença à donner l’exemple d’une grande sainteté. Un jour, entendant la parole de Dieu, il se sentit tellement excité au bien, que dès lors il sembla avoir atteint une perfection consommée, quoiqu’il ne fût encore qu’au début d’une vie très sainte. Après avoir donné tout ce qu’il avait aux pauvres prisonniers, il devint pour tout le peuple un spectacle de pénitence, et de mépris de soi-même, ce qui lui attira les plus mauvais traitements de la part de beaucoup de personnes qui le regardaient comme un fou, et on alla jusqu’à l’enfermer dans une maison de santé.
Mais Jean, enflammé de plus en plus d’une charité céleste, parvint à faire construire dans la ville de Grenade, avec les aumônes des personnes pieuses, deux vastes hôpitaux, et jeta les fondements d’un nouvel Ordre, donnant à l’Eglise l’institut des Frères hospitaliers, qui servent les malades au grand profit des âmes et des corps, et qui se sont répandus dans le monde entier.

Saint Jean de Dieu sauvant les malades de l'incendie de l'hôpital royal (1880) - Manuel Gómez-Moreno González - Musée des Beaux-Arts de Grenade - blogue

Saint Jean de Dieu sauvant les malades de l’incendie de l’hôpital royal (1880) ;
tableau de Manuel Gómez-Moreno Gonzalez (1834-1918)
[Musée des Beaux-Arts de Grenade]

Cinquième leçon. 

   Il ne négligeait rien pour procurer le salut de l’âme et du corps aux pauvres malades, que souvent il portait chez lui sur ses épaules. Sa charité ne se renfermait pas dans les limites d’un hôpital : il procurait secrètement des aliments à de pauvres veuves, à des jeunes filles dont la vertu était en danger, et mettait un soin infatigable à délivrer du vice ceux qui en étaient souillés.
Un grand incendie s’étant déclaré dans l’hôpital de Grenade, Jean se jeta intrépidement au milieu du feu, courant ça et là dans l’enceinte embrasée jusqu’à ce qu’il eût transporté sur ses épaules tous les malades, et jeté les lits par les fenêtres pour les préserver du feu. Il resta ainsi pendant une demi-heure au milieu des flammes qui s’étendaient avec une rapidité extraordinaire ; il en sortit sain et sauf par le secours divin, à l’admiration de tous les habitants de Grenade ; montrant par cet exemple de charité que le feu qui le brûlait au dehors était moins ardent que celui qui l’embrasait intérieurement.

Saint Jean de Dieu - statue église Saint Jean de Dieu de Cadix

Statue de Saint Jean de Dieu
dans l’église Saint-Jean-de-Dieu de Cadix

Sixième leçon. 

   Jean de Dieu pratiqua, dans un degré éminent de perfection, des mortifications de tous genres, la plus humble obéissance, une extrême pauvreté, le zèle de la prière, la contemplation des choses divines ainsi que la dévotion à la sainte Vierge ; il fut aussi favorisé du don des larmes.
Enfin, atteint d’une grave maladie, il reçut, selon l’usage, tous les sacrements de l’Eglise dans tes plus saintes dispositions, puis, malgré sa faiblesse, il se leva de son lit, couvert de ses vêtements, se jeta à genoux, et, pressant sur son cœur l’image de Jésus-Christ crucifié, il mourut ainsi dans le baiser du Seigneur, le huit des ides de mars, l’an mil cinq cent cinquante.
Même après son dernier soupir, ses mains retinrent encore le crucifix, et son corps resta dans la même position pendant environ six heures, répandant une odeur merveilleusement suave jusqu’à ce qu’on l’eût enlevé de ce lieu. La ville entière fut témoin de ces prodiges.
Illustre par de nombreux miracles, pendant sa vie et après sa mort, Jean de Dieu a été mis au nombre des Saints par le souverain Pontife Alexandre VIII.
Léon XIII, agissant selon le désir des saints Evêques de l’Univers catholique et après avoir consulté la Congrégation des Rites, l’a déclaré le céleste Patron de tous les hospitaliers et des malades du monde entier, et il a ordonné qu’on invoquât son nom dans les Litanies des agonisants.

Grenade basilique de Saint Jean de Dieu châsse de Saint Jean de Dieu

Châsse contenant le corps de Saint Jean de Dieu
[basilique Saint-Jean-de-Dieu, Grenade]

2025-58. Nuit du 7 au 8 mars 1625 : découverte de la statue miraculeuse de Sainte Anne par Yvon Nicolazic.

Nuit du 7 au 8 mars 1625 :
découverte de la statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic.

Yvon Nicolazic découvre la statue de Sainte Anne 7-8 mars 1625

Vitrail de la chapelle des Carmes, à Rennes :
découverte de la statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic

       La fête de Sainte Anne, fixée au 26 juillet, n’est entrée au calendrier de l’Eglise universelle qu’en 1584 à l’instigation du pape Grégoire XIII (1502-1585).
En 1622, le pape Grégoire XV (1554-1523), guéri d’une grave maladie par l’intercession de Sainte Anne, fit de la fête de cette dernière une fête de précepte (jour chômé, prohibition des tâches serviles, assistance à la Messe et aux vêpres obligatoire).
L’année suivante, dans le diocèse de Vannes, à moins d’une lieue au nord de la ville d’Auray, au hameau de Ker Anna, sur la paroisse de Pluneret, Sainte Anne commença à se manifester à un cultivateur du nom d’Yvon Nicolazic (1591-1645), homme de grande piété.

   Yvon Nicolazic, est né à Ker Anna le 3 avril 1591. C’est un cultivateur relativement aisé, apprécié de tous en raison de sa foi profonde qui déborde en actes authentiques de justice et de charité envers son prochain. Il ne connaît pas le français et ne sait ni lire ni écrire. Marié à Guillemette Le Roux, ils n’ont pas pu avoir d’enfants.

   A la suite de son père, Yvon tient en fermage un champ que l’on appelle le Bocenno, à la sortie ouest de Ker Anna : on raconte qu’à l’emplacement de ce lopin sur lequel les bœufs refusent d’avancer pour labourer – et qu’il faut donc travailler à la main -, il y aurait eu jadis une chapelle en l’honneur de Sainte Anne : le nom de Ker Anna (la maison d’Anne) que porte le hameau en est un souvenir.
Le père d’Yvon en a extrait de nombreuses pierres taillées avec lesquelles il a bâti une grange de belle taille à côté de sa maison.

Maison de Nicolazic

   Dans la nuit du 12 août 1623, Yvon est réveillé par une éclatante lumière qui inonde sa chambre. Stupéfait, il constate qu’elle émane d’un très gros cierge suspendu en l’air, comme tenu par une main invisible. Un peu effrayé, il se met à genoux et commence la récitation du chapelet : si ce phénomène vient du diable, il cessera…
Six semaines plus tard, l
e 24 septembre, alors que la nuit tombe, Yvon est encore au travail au Bocenno, et il revoit le cierge mystérieux éclairer le champ.
Et il en sera ainsi pendant une année et demi : la mystérieuse lumière revient auprès d’Yvon ; elle l’accompagne, tous les soirs ou presque. Son beau-frère en est le témoin.
Rien d’autre… jusqu’au mois de juillet 1624.

   Un soir de juillet 1624 donc, alors qu’Yvon et son beau-frère sont en train de faire boire leurs bêtes, le cierge leur apparaît encore une fois, mais ce soir-là ils peuvent voir la main qui le tient : c’est une main féminine. Ils sont un peu effrayés.
Yvon se demande si ce n’est pas sa défunte mère qui reviendrait pour demander des prières.
Cependant, le 25 juillet au soir, alors qu’il rentre d’Auray, Yvon Nicolazic s’entend appeler, et c’est une voix féminine. Ce n’est toutefois pas celle de sa mère.

   Arrivé chez lui, il s’isole dans la grange – celle que son père a construite avec les pierres extraites du Bocenno – afin de réfléchir à tout cela.
Il s’agenouille et commence son chapelet, quand soudain, toute de blanc vêtue, une Dame rayonnante de clarté se trouve devant lui, debout sur un petit nuage. Dans son dialecte vannetais, elle lui déclare : « Ne craignez rien, Yvon. Je suis Anne, Mère de Marie. Allez dire à votre recteur que, dans la pièce de terre appelée Bocenno existait avant tout village une chapelle qui m’était dédiée, la première bâtie en mon honneur par les Bretons. Voilà 924 ans et six mois qu’elle est en ruines. Je désire qu’elle soit rebâtie au plus tôt et que vous en preniez soin : Dieu veut que j’y sois honorée ».

25 juillet 1624 appartion de Sainte Anne

Au soir du 25 juillet 1624, Sainte Anne se montre enfin
et demande que la chapelle placée sous son vocable
mais détruite depuis plus de neuf siècles soit reconstruite.

   Les indications sont très précises, tout en confirmant les anciennes traditions locales : 924 ans et 6 mois, cela veut dire au début de l’an 700, période où en effet les relations entre les Bretons d’Armorique et le royaume mérovingien ont été émaillées de nombreux moments de troubles et de raids dévastateurs dans le Broërec, le pays d’Auray.
Yvon appréhende d’aller trouver le recteur de Pluneret : Don Sylvestre Rodué n’est pas un homme qui s’en laisse compter, et il sait faire montre d’un authentique mauvais caractère…
Sainte Anne revient. Elle insiste : « Ne craignez point et ne vous mettez pas tant en peine. Dites en confession ce que vous avez vu et entendu et ne tardez plus à m’obéir. Conférez-en aussi avec quelques hommes de bien pour savoir comment vous y prendre ».
Cela devrait rassurer le prêtre : le diable, en effet, n’incite pas à aller à confesse !
Pourtant, le recteur éconduit vertement Yvon Nicolazic, si bien que celui-ci n’a nulle envie de se hasarder à une nouvelle tentative : « Chat échaudé craint l’eau froide » !

   Sainte Anne insiste encore : « Ne vous souciez pas de ce que diront les hommes. Faites ce que je vous ai dit et, pour le reste, reposez-vous-en sur moi ».

   Pendant sept semaines, Yvon fait le sourd, autant qu’un Breton peut le faire quand il n’est pas disposé à céder.
Mais sainte Anne lui dit : « Consolez-vous car l’heure viendra où tout ce que je vous ai dit s’accomplira ».
Il ose répliquer : « Vous savez bien, ma bonne Maîtresse, les difficultés que fait notre recteur et ses reproches quand je lui ai parlé de votre part. Je n’ai pas de quoi vous bâtir une chapelle, même si je serais content de vous donner pour cela tout mon bien ».
- « Ne vous inquiétez pas, je vous donnerai de quoi débuter les travaux et rien n’y manquera jamais pour l’achever.
[…] Ne tardez pas à commencer. Vos impuissances n’empêcheront pas mes desseins.
[…] Les prodiges en mon pouvoir feront confesser aux plus mécréants que vous êtes mon instrument.
[…] Ne vous mettez pas en peine de m’alléguer votre pauvreté, je la connais assez, mais tous les trésors du Ciel sont dans mes mains ».

   Pour le prouver, sainte Anne multiplie les prodiges au Bocenno : des prodiges qui sont vus de tout le voisinage : cierges incroyablement brillants, colonne de feu, pluie d’étoiles filantes…

Sainte Anne multiplie les signes pour attester de la vérité des apparitions

   Mais l’irascible et entêté recteur ne veut rien entendre.
Le 3 mars 1625, Sainte Anne transporte miraculeusement Yvon au Bocenno, où il entend le chœur des anges. L’aïeule de Jésus lui répète de prévenir « les gens de bien » et le recteur, qui seront témoins de la découverte de son « ancienne image ».

   Excédé par cette histoire, Don Sylvestre hurle qu’il y a déjà trop de chapelles dans le pays et qu’il n’est pas question d’en rajouter.
Les capucins d’Auray, pris pour arbitres, conseillent à Yvon Nicolazic de réclamer un signe : signe aussitôt obtenu car le 7 mars, dans la chambre d’Yvon, sa femme découvre, bien soigneusement empilés sur la table, douze quarts d’écus qui n’ont été apportés par personne, tandis que par ailleurs Monsieur de Kerleguer, propriétaire du Bocenno, promet d’en faire don à Sainte Anne.

   Enfin, vers 23 heures, dans cette nuit du 7 au 8 mars 1625, Sainte Anne prie son messager d’aller réveiller ses voisins et de se rendre avec eux au Bocenno, munis de bêches.
Il obéit, on le suit, ou plutôt, l’on suit le cierge qui les guide dans les ténèbres, jusqu’à un certain endroit où son invisible porteur le lève et l’abaisse par trois fois pour indiquer un emplacement précis où le cierge s’enfonce dans la terre : on creuse et on découvre une statue de femme, haute de trois pieds (soit environ un mètre), en bois olivier.
L’image est « fort mutilée et gâtée » mais elle garde des traces de polychromie blanche et bleue.

Dans la basilique lieu de la découverte de la statue de Sainte Anne

Dans l’actuelle basilique de Sainte-Anne d’Auray,
le lieu de la découverte de l’antique statue de Sainte Anne par Yvon Nicolazic,
dans la nuit du 7 au 8 mars 1625,
est signalé par ce bas-relief au pied d’un des piliers du côté droit du chœur.

   Le clergé, qui connaît le pays et son histoire, s’interroge : cette statue est-elle véritablement celle de Sainte Anne, ou bien serait-ce une idole païenne ? Il reste donc d’abord dans une prudente réserve.
La statue découverte dans cette nuit du 7 au 8 mars 1625 est déposée debout sur une motte et abritée par des branchages : très modeste oratoire devant lequel le bon peuple fidèle, lui, vient très vite – et en foule ! – pour se recueillir et demander des grâces.
Le recteur de Pluneret est hors de lui : il vient sur les lieux et s’emporte en voyant la bassine de cuivre qui a été placée là par Monsieur de Kerleguer, le propriétaire du terrain, pour recueillir les offrandes des fidèles : il a d’ailleurs été le premier à donner l’exemple et à y déposer une somme généreuse.

   Un prodige va survenir le dimanche après la découverte : un incendie se déclare chez les Nicolazic. La lueur de l’incendie et la fumée font accourir les habitants de Ker Anna, avec leurs seaux et leurs baquets. C’est la grange qui brûle, qui brûle si bien que les murs, construits on s’en souvient avec les pierres de l’antique chapelle, sont totalement détruits, signe que ces pierres ne devaient plus servir à un usage profane. En revanche, toute la récolte de foin qui y était renfermée a été épargnée par les flammes : fait inexplicable par la raison humaine.
Sainte Anne ne voulait simplement pas spolier son confident.

Vitrail représentant Yvon Nicolazic

   L’évêque de Vannes, Monseigneur Sébastien de Rosmadec, se saisit du dossier et instruit l’affaire.
Après les interrogatoires d’usage du voyant et des témoins, constatant aussi les grâces qui se multiplient, et déjà certaines guérisons inexplicables, il conclut à la véracité des apparitions. A la fin de l’année 1625, il publie un mandement reconnaissant leur caractère surnaturel.
Les travaux commencent.

   Tel un sceau céleste sur les événements, après quinze ans d’une union stérile, Yvon et Guillemette Nicolazic vont avoir la joie d’être parents de deux enfants, qui vont naître entre le début et la fin du chantier : délicatesse bien digne de Sainte Anne, qui pour avoir connu la douleur de la stérilité, est secourable aux couples privés de progéniture.

   La première messe dans la chapelle primitive (qui sera agrandie plusieurs fois jusqu’à la construction de l’actuelle basilique) fut célébrée par ordre de Monseigneur de Rosmadec dès le 26 juillet 1625 : le pèlerinage était officiellement lancé…

   Quant au recteur de Pluneret, il ne faut pas omettre de signaler qu’il vint humblement faire amende honorable auprès de Sainte Anne et devint un fervent et zélé dévot de son jeune sanctuaire.

fragment de la statue découverte par Yvon Nicolazic sauvé des flammes

Fragment de la statue découverte par Yvon Nicolazic
dérobé aux flammes dans lesquelles les terroristes révolutionnaires l’ont détruite,
et inséré dans le socle de la statue réalisée en 1825 pour la remplacer.

   On sait que, malheureusement, la statue que Sainte Anne elle-même a voulu voir ressortir de terre par le moyen d’Yvon Nicolazic a été brûlée par les révolutionnaires. Seul un fragment du visage a pu être dérobé à leur fureur iconoclaste : il se trouve aujourd’hui placé dans le socle de la nouvelle statue sculptée en 1825, deux siècles exactement après la découverte de la statue originelle.

   Cette statue de 1825, désormais célèbre dans le monde entier, pour être davantage protégée et mieux conservée, a fait l’objet d’une copie rigoureusement exacte au moyen des techniques modernes les plus précises qui a été présentée à l’occasion des cérémonies du quatrième centenaire de la découverte de 1625, et c’est cette copie qui sera dorénavant portée en procession à l’extérieur.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

Procession de la statue de Sainte Anne le 26 juillet

Procession traditionnelle avec la statue de 1825 lors du pardon du 26 juillet.

2025-57. Toutes nos publications au sujet de la Sainte Couronne d’Epines et des Saintes Epines de la Passion.

Vendredi après les Cendres,
Fête de la Sainte Couronne d’Epines de Notre-Seigneur.

Angelot à la Couronne d'épines - Fr.Mx.M. - Blogue

       Vous pouvez retrouver ci-dessous, chers Amis, la liste de toutes nos publications de ce blogue relatives à la Sainte Couronne d’Epines ainsi qu’aux Saintes Epines provenant de cette Sainte Couronne :

A – Messe propre de la Sainte Couronne d’Epines (dont la fête se célèbre le vendredi après les Cendres) > ici

B – Quelques sanctuaires en lesquels on trouve des Epines provenant de la Sainte Couronne d’Epines :

- La Sainte Epine du Puy-en-Velay > ici
- Les Saintes Epines de Namur > ici
- La Sainte Epine d’Andria, et le miracle du Vendredi Saint 25 mars 2016 > ici
- Les Saintes Epines de la cathédrale d’Elne > ici

C – Autres publications :

- La Sainte Couronne d’Epines figurée dans une fleur  : la passiflore > ici
- Monseigneur le Prince Louis de Bourbon lors du retour de la Sainte Couronne d’Epines et des reliques de la Passion en la basilique-cathédrale Notre-Dame de Paris après la restauration de la cathédrale > ici
-

Exposition de la Sainte Couronne  d'épines - blogue

2025-56. De la statue de Sainte Hélène de la cathédrale d’Elne qui est le reliquaire de trois Saintes Epines de la Passion.

Vendredi après les Cendres,
Fête de la Sainte Couronne d’Epines de Notre-Seigneur.

Couronne d'épines gravure - vignette

       L’antique cité d’Elne (en catalan Elna), en Roussillon, est riche d’un très lointain passé : autrefois nommée Illiberis (dénomination attestée au deuxième siècle avant notre ère), elle fut renommée Castrum Helenae (castrum peut-être rendu en français par « camp militaire », « camp fortifié », « château fort ») : le « château d’Hélène ».
Cette Hélène, en l’honneur de laquelle l’antique oppidum changea de nom, est la mère de l’empereur Constantin 1er le Grand : Sainte Hélène pour nous catholiques.
Ce changement de nom intervint dans le deuxième quart du IVème siècle, vraisemblablement après sa mort (+ 18 aout 330).

   Nous savons que vers le milieu du VIème siècle, Elne fut érigée en évêché : mais l’actuelle cathédrale, placée sous le vocable des Saintes Julie et Eulalie, résulte d’une été reconstruction aux XIème et XIIème siècles, qui a reçu ensuite quelques ajouts à la période gothique, puis un maître-autel surmonté d’un baldaquin à la période baroque.

   A partir de la fin du Moyen-Age, les évêques d’Elne prirent peu à peu l’habitude de résider à Perpignan, qui se développait aux dépens de la capitale historique de cette partie du Roussillon.
Ainsi, au début du XVIIème siècle, ils obtinrent du Saint-Siège l’autorisation de fixer de manière officielle et stable leur résidence à Perpignan, tout en continuant de porter le nom d’évêques d’Elne (dioecesis Elnensis) car la cathédrale restait à Elne. En même temps que le lieu de la résidence de l’évêque, le chapitre cathédral d’Elne reçut lui aussi l’autorisation de s’établir à Perpignan : la collégiale Saint Jean-Baptiste de Perpignan devenant en quelque manière une co-cathédrale.

   L’évêché d’Elne fut supprimé par le concordat de 1801.
Le territoire du département des Pyrénées Orientales fut à nouveau rétabli comme territoire d’un évêché en 1822, en fixant le siège de l’évêque et la cathédrale à Perpignan et en prenant désormais le nom de diocèse de Perpignan-Elne.

Elne et sa cathédrale se découpant devant le Mont Canigou

L’antique cité d’Elne, avec son imposante cathédrale romane,
se découpant devant le Mont Canigou.

   Le trésor historique de la cathédrale d’Elne possède une statue de Sainte Hélène qui constitue en même temps un reliquaire, dans lequel sont renfermées trois Epines de la Sainte Couronne d’Epines de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Toutefois, la plupart du temps, cette statue reliquaire est conservée dans le trésor de la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Perpignan et n’est rapportée à Elne qu’occasionnellement, comme par exemple pour la procession du Jeudi Saint.

   A ma connaissance, on est peu renseigné sur l’histoire des Saints Epines de la cathédrale d’Elne.
La statue de Sainte Hélène qui leur sert de monstrance est de toute évidence une statue de l’âge moderne (XVIIème ou XVIIIème siècle), probablement adaptée au XIXème siècle pour que la sainte impératrice mère tienne la monstrance en laquelle sont les Saintes Epines (je parle sous toute réserve, à partir de mes modestes observations personnelles).

   Ces Epines sacrées ne semblent pas provenir d’un don de nos Rois (comme c’est le cas pour quatre Saintes Epines que l’on vénère aussi à Perpignan, mais dans l’église Saint-Matthieu, qui furent offertes par Philippe III de France, fils de Saint Louis).

   Si quelque historien lisant ces lignes avait quelques informations certaines au sujet des Epines elles-mêmes comme de la statue de Sainte Hélène, je lui saurais gré de me les communiquer.

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines

La statue de Sainte Hélène de la cathédrale d’Elne
avec la monstrance des trois Saintes Epines.
 

   J’ai eu l’incommensurable privilège de prier – avec beaucoup d’ « émotion » spirituelle, je ne m’en cache pas  – devant les trois Saintes Epines de la cathédrale d’Elne et de m’approcher au plus près de ces reliques sacrées : c’est à cette occasion que j’ai réalisé les photographies qui en sont ici, et que j’ai le plaisir de partager avec vous.

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines - détail 1

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines - détail 2

Statue de Sainte Hélène avec les Saintes Epines - détail 3

   O Sainte Hélène, qui avez tant fait pour retrouver les insignes reliques de la Passion de Notre-Seigneur et qui les avez mises à l’honneur, à Jérusalem, à Rome et à Constantinople, obtenez-nous une dévotion comparable à la vôtre envers ces souvenirs sacrés que, grâce à vous, nous possédons encore en de nombreux sanctuaires de la Chrétienté. 

   Intercédez pour nous, afin que le divin Rédempteur nous remplisse de zèle et de piété, de telle sorte que nous glorifions comme vous Sa Bienheureuse Passion, que nous lui fassions porter tous ses fruits en nos vies, et que nous sachions par elle, à votre exemple, conquérir des cœurs aimants et reconnaissants au Roi divin, notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ !

Ainsi soit-il.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Couronne d'épines gravure - vignette

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