Je vous parle d’un temps…

Il y a vingt ans, après des mois allongée pour cause de col mou (quelle partie de mon corps ne l’est pas), la sage-femme qui me suivait a commis l’erreur de m’autoriser à me lever. Une salade césar plus tard, les contractions sont arrivées. Bien trop tôt. Le churros, appelé au secours, a déboulé paniqué et nous voilà partis à la maternité dans une bagnole prêtée par un ami, qui roulait par je ne sais quel miracle. Je ne m’étendrai pas sur la grâce avec laquelle je m’en suis extirpée. Très vite, j’ai compris que pour l’accouchement rêvé, il faudrait repasser. Non seulement les deux bébés étaient en siège mais pour une raison toujours pas vraiment élucidée (mais à priori une erreur de l’anesthésiste de garde) il a été décrété que je ne pouvais pas me voir administrer une péridurale pour la césarienne qui elle était non négociable. Ce serait donc une anesthésie générale, en urgence, à 34 semaines de grossesse, dans une clinique dépourvue de département néonat. La fête. Je me souviens avoir pleuré avant qu’on m’endorme et d’avoir crié que je ne voulais pas mourir sans voir mes enfants. Je ne suis pas morte ce jour là mais je n’ai pas vu mes enfants. J’ai pu toucher le pied de mon fils juste avant que la double couveuse soit emmenée par le Samu à l’autre bout de Paris. Je ne verrais le visage de mes bébés que trois jours plus tard, trois jours à me lyophiliser, à me vider de larmes qui semblaient se régénérer au fur et à mesure que les heures passaient. En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque J34

Je sais que beaucoup ont commencé le compte à rebours jusqu’au 11 mai. Vous serez sans doute étonnés (ah, non ?) d’apprendre que je ne suis pas de ces gens là. Non, moi, quand le président a annoncé le déconfinement dans un mois, mon premier réflexe a été de me demander si genre on serait obligés.

C’est à dire qu’en gros, dans trois semaines, le virus sera toujours là, pour l’immunité collective on peut aller se faire cuire le cul et apparemment concernant les anticorps de ceux qui comme moi l’ont pourtant attrapé dix fois, rien n’est moins sûr. (en vrai je suis prête à parier que le jour où les tests sérologiques seront sur le marché (sans doute jamais vu qu’en gros, donc, cette saloperie peut se choper ad vitam) (oui je suis devenue épidémiologiste, foutez moi la paix) la seule imbécile du quartier qui sera négative, ça sera moi. Je préviens, je mentirai. Pas question d’admettre que j’ai fait chier tout mon entourage avec des symptômes qui n’en étaient pas. En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque – J30

Parmi les obsessions étranges générées par ce confinement, j’ai donc attrapé celle de la farine. Entendons nous bien, je suis consciente de ne pas être la seule, cette névrose est d’ailleurs la résultante d’une pénurie dans ma ville – et qui semble être assez généralisée – ce qui signifie sans doute que beaucoup ont eu ce réflexe d’en emmagasiner un maximum, au nom du sacro-saint « au cas où ». Dans mon Monoprix, seul supermarché à proximité de chez moi (je sais j’ai pas de bol), les approvisionnements se font le lundi matin. Et une caissière nous a expliqué que la file d’attente ce jour là commençait à se former à 7h pour une ouverture à 9h. Et en une heure, tout le rayon farine, levure, préparations toutes faites pour flans et gâteaux est dévalisé. Une information qui a fait naitre en moi une espèce de fureur. Bande de bâtards, allez tous crever bouffés par vos mites alimentaires, avec votre quintal de farine qui pourrit dans vos placards. Et de rabâcher à qui veut bien m’entendre (j’ai déjà tendance à ne pas lâcher le morceau mais alors en confinement, call me the fox terrier) que c’est un scandaaaaaale de se comporter aussi égoïstement, on devrait rationner la farine, c’est dégueulasse d’en prendre dix paquets, comment je fais moi pour mon Banana bread hein ? Parce que j’en ai VRAIMENT besoin, MOI. Pas comme tous ces connards qui n’en font rien à tous les coups. En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque- J25

Autant vous dire que j’ai écrit J25 mais ça pourrait être J32 ou J18, je ne compte définitivement plus. Je suis désolée pour l’interruption de ce journal, la semaine dernière je n’étais pas assez en forme pour être en verve. Outre le fait que j’ai très probablement contracté le Covid19 pour la 6ème fois – un peu de fièvre (oui, 37,8 c’est de la fièvre), des frissons, des courbatures et une sensation de souffle court – (il est probable que si le corona se manifestait par un panari ou une crise d’hémorroïdes, j’en aurais également à mon actif, call me the Queen of the somatisation), j’avoue avoir eu l’impression que tout cela ne menait à rien, qu’il n’y avait plus d’avenir et qu’on n’en sortirait pas indemnes. A quoi bon dans ces conditions venir vous faire part de ces pensées un brin pessimistes alors que vous êtes sans doute exactement comme moi, en train de lutter contre les baisses de moral ? Je vous le demande.

Certes c’est exactement finalement ce que je suis en train de faire, mais vous noterez que j’ai l’élégance de parler à l’imparfait (après tout, ce qui a eu lieu il y a un quart d’heure appartient déjà au passé). Plus sérieusement, pour être très honnête, je ne gère pas très bien tout ça. Et je me sens d’autant plus indécente que je fais partie des plus privilégiés, vivant un confinement trois étoiles (je réserve les 4 étoiles à tous ceux dotés d’une résidence proche de la mer même si les plages sont fermées (le bruit de mon lave vaisselle m’a arraché quelques larmes hier parce qu’il m’évoquait celui des vagues donc laissez moi tranquille) et/ou dotée d’une piscine. Mais l’existence de notre mini jardin et le fait de pouvoir confiner chacun des membres de ma famille dans une pièce dédiée est en soi une donnée qui devrait m’interdire de geindre. Ayant encore du travail – ce qui est également précieux – je devrais donc me contenter de la boucler. En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque J-15

Honnêtement je ne fais plus vraiment le compte des jours. Je veux dire, ça avait un sens quand on pensait naïvement que cela prendrait fin d’un coup à J15 ou, soyons fous, J20. Mais il semble de plus en plus évident que ce moment que l’on fantasme, où soudainement le tocsin sonnera – même si le tocsin a une connotation négative on est d’accord – pour nous autoriser à ressortir tous ensemble boire des coups en terrasse, ce moment là n’existera pas. Je ne suis pas en train de prédire un confinement à vie – mon optimisme légendaire – mais il serait illusoire de croire à une date butoir aussi nette. Tel que je me l’imagine désormais, la sortie de crise risque d’être bien plus floue et progressive, sans doute par paliers, avec des choix en fonction du statut sérologique des gens – suis-je la seule à attendre l’arrivée de ces prises de sang comme le messie ? Ma santé mentale serait tellement meilleure si je savais de source sûre que je l’ai eu, que mon corps cet ami a fabriqué des anticorps et que je peux reprendre une hypocondrie normale, à savoir redouter seulement un AVC ou une crise cardiaque (étrangement d’ailleurs je n’ai eu aucun symptôme en la matière depuis 15 jours, c’est super bizarre…). Bref, c’est sans doute le plus difficile je crois, accepter qu’il ne va pas y avoir un avant et un après aussi distincts, que les mois à venir ne seront pas exempts d’angoisse et de crainte, que tout ne va pas repartir d’un seul et même élan, que les personnes les plus fragiles ou âgées risquent de passer encore pas mal de semaines à sortir avec parcimonie, que les dégâts économiques se feront sentir sur la durée. Aurai-je encore du travail dans six mois ? Aujourd’hui, je fais partie des privilégiés et chanceux. Le Covid 19 menace sans doute mon intégrité psychique mais en revanche mon rythme de travail n’a pas été impacté, bien au contraire. Je travaille sur des projets dont le tournage est prévu dans quelques mois et par conséquent pas encore mis en danger. Mais qu’en sera-t-il si les rassemblements persistent à être proscrits jusqu’à l’automne ? Qu’adviendra-t-il du secteur de l’audiovisuel ? Bien malin qui peut le savoir. Etrangement pourtant, moi qui tiens tant à mon activité professionnelle, je ne me sens pas si fébrile. Comme si ces années de free lance avaient au moins servi à ça, à me préparer à ces temps si instables. Je sais maintenant que les hauts succèdent aux bas. Qu’il ne faut pas essayer de faire des plans à six mois ou un an. Qu’un projet en chasse parfois un autre. Et puis comme déjà dit dans un précédent billet, le confinement est mon quotidien. Ce qui change, là, c’est la présence d’autant de gens autour de moi, dans ce qui est d’ordinaire ma bulle. Je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas au taquet du jour où je reprendrait ma liberté, parce que ma plus grande liberté, c’est justement de pouvoir rester chez moi. En lire plus »

Les questions de William.

Avant de reprendre le cours normal de mon journal de con-finée un petit interlude, qui fleure bon les années 2000 et le début des blogs. William qui est lui aussi un revenant en ces temps covidés, m’a proposé de répondre à des questions un poil décalées et je lui en ai posé moi aussi, si ça vous amuse c’est par ici pour ses réponses. Voilà donc ce petit questionnaire pas très proustien qui devrait vous en apprendre un peu plus – ou pas – sur moi.

 

Question SoFoot : avec quel joueur aimerais-tu coucher et si tu devais surprendre ton mari sur un moment foot, tu lui dirais quoi, juste pour voir sa tête ?

Alors je vais sans doute faire hurler tous ses détracteurs mais Olivier Giroud for ever. Je sais, il est un peu cagole, je sais, il n’a pas marqué au mondial, mais c’est un gars qui me touche (ainsi que sa plastique parfaite). Quant à mon mari, je ne risque pas de le surprendre sur un moment foot étant donné qu’il y est totalement indifférent. C’est plus souvent lui qui me choppe en train de boire une bière devant tout en me grattant les couilles de l’autre main. En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque – J10

Oui bon, J10, J11, on s’en fout, le ressenti réel étant autour de J789, on ne va pas chipoter. Contrairement à ce que vous pourriez supposer, il s’est passé énormément de choses dans ma vie depuis deux jours. La première bien sûr, qui n’aura pas échappé à ceux et celles qui me suivent sur Instagram, c’est que j’ai fait mon pain. ça n’a l’air de rien mais franchement quand je l’ai sorti du four, j’étais à peu près aussi émue que lorsque Mufasa présente Simba à son peuple.

C’est simple, il était magnifique et bon. Alors oui, la mie était assez serrée, oui il eut mérité quelques minutes en plus de cuisson ET une levure non périmée et OUI il se peut qu’on ait tous pas mal pété la nuit qui a suivi. Mais permettez-moi de vous dire que désormais, le métier de boulanger figure au panthéon de mes ambitions déçues. J’ose même pas imaginer le level de satisfaction personnelle du mec ou de la meuf qui tous les jours sort des dizaines de baguettes de son four. En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque – J9

Que vous raconter en ce J-9 ? Le groupe vit bien. On a pris nos marques et on ne déplore quasiment aucun départ de feu. Nous ne sommes pas tellement sujets aux énormes engueulades, mais on ne va pas se raconter d’histoires, ça n’est pas la petite maison dans la prairie tous les jours en temps normal. Est-ce que le confinement nous a rendus plus matures ou est-ce dû tout simplement à la neurasthénie qui peu à peu s’empare de nous, je ne le sais mais toujours est-il qu’on a même la flemme se se chercher. En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque J-8

Tout allait super bien. Ma grande retrouvait peu à peu le goût, ma petite semblait être passée à travers les mailles du filet, le churros consentait à enlever son peignoir avant 16h, quant à mon fils… non, rien, mon fils continuait à ne pas donner de nouvelles ce qui tendait à prouver sans doute qu’il allait bien. Bref, forte de ce semblant de normalité et des mots rassurants de mon ami cardiologue, j’étais à deux doigts d’être la plus sereine des plus sereines de tes copines. Voire… voire je commençais à trouver que cette histoire de confinement, c’était un mal pour un bien, que ça m’avait fait renouer avec le blog, retisser des liens avec mes proches et exaucé le fantasme de toute mère, à savoir garder ses enfants à moins de dix mètres de soi sans aucune possibilité pour eux de se barrer (oui bon, deux enfants sur trois, ce qui n’est déjà pas si mal). Bref, ce soir là, je me suis couchée avec délice dans mes draps blancs en lin… Je m’apprêtais à passer une nuit des plus calmes mais c’était sans compter mon connard de surmoi… En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque J-5

Encore deux ou trois semaines à ce rythme et il faudra mettre des croix sur un mur pour ne pas perdre la notion du temps. #dramaqueen. Heureusement on est vendredi. Dans quelques heures c’est le week-end, on va pouvoir sort… non, laissez tomber, ça sera exactement comme hier et sans doute moins pire que demain. Quand je pense au nombre de fois où l’on s’est pris à rêver d’avoir des semaines de dimanches, voilà ce qu’il advient quand on est exaucés. Je n’en suis pas encore à avoir envie de faire des footings, mais que les choses soient claires: une fois que ça sera terminé, je jure d’être moins casanière (tu parles). Sinon, quelques news. En lire plus »