Guerre commerciale : les Etats-Unis vont surtaxer de 15% les Airbus produits en Europe

Depuis octobre, la longue guerre qui oppose Washington et Bruxelles dans le dossier Boeing-Airbus a conduit à des barrières douanières plus fortes, notamment sur le vin.

 Un Airbus A380-800 de la compagnie Singapore Airlines s’envole de l’aéroport de Zurich, en Suisse.
Un Airbus A380-800 de la compagnie Singapore Airlines s’envole de l’aéroport de Zurich, en Suisse. REUTERS/Arnd Wiegmann

    Les Etats-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient relever à 15 % les taxes douanières imposées aux avions Airbus importés d'Europe, tout en laissant inchangés les tarifs qui pénalisent d'autres secteurs de part et d'autre de l'Atlantique.

    Une bataille commerciale enclenchée en octobre : il y a quatre mois, après 15 ans de lutte judiciaire, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) avait autorisé Washington à prendre des sanctions records, jugeant que le constructeur aéronautique européen avait bien bénéficié de subventions indues pour son A380 et son A350, créant de facto une injustice avec son rival Boeing.

    Dans un communiqué, Airbus a souligné les conséquences d'une telle décision pour les compagnies aériennes américaines et les voyageurs américains « qui devront finalement payer » ce renchérissement. À l'automne, la compagnie aérienne américaine Delta Airlines avait déploré le même risque, ainsi que des conséquences sur ses résultats.

    Depuis octobre, avec l'accord de l'OMC, le gouvernement américain inflige des tarifs douaniers punitifs à 7,5 milliards de dollars de produits importés (dont le vin, le fromage, le café, les olives et les anoraks) à hauteur de 25 %. Les avions étaient restés à 10 %. Washington va élever les taxes à 15 % à partir du 18 mars.

    Dans ce bras de fer, l'administration Trump a récemment menacé de surtaxer « jusqu'à 100 % » l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français, notamment les vins. De quoi faire frémir les producteurs, mais aussi les importateurs américains de vin français, qui, dans une lettre à l'USTR, ont chiffré de 11 200 à 78 600 les pertes d'emplois aux Etats-Unis si ces menaces étaient mises à exécution.

    Les viticulteurs français réclament de leur côté à Airbus un fonds de compensation à hauteur de 300 M€ pour les dédommager. « Je comprends leur profonde frustration d'être pris en otage », a réagi Guillaume Faury, le patron d'Airbus, lors d'une conférence de presse à Toulouse jeudi. Mais « s'en prendre à Airbus, c'est méconnaître la situation de relation de bloc contre bloc dans laquelle nous nous trouvons […] je pense que ce n'est pas la bonne solution », a-t-il affirmé.

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