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Amandine Buchard sur son pari fou aux JO de Los Angeles 2028 : "Le rugby a sauvé mes Jeux Olympiques"

Julien Pereira

Publié 12/08/2024 à 21:31 GMT+2

Médaillée à deux reprises aux JO de Paris 2024, Amandine Buchard a d'ores et déjà annoncé son ambition pour les Jeux Olympiques de Los Angeles, dans quatre ans. Et elle est double. "Bubuche" souhaite en effet rafler de nouvelles médailles en judo, mais elle souhaite également intégrer l'équipe de France de rugby à 7. Pour Eurosport, elle dévoile les dessous de ce pari un peu fou.

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Amandine Buchard, vous avez annoncé viser une participation aux épreuves de judo mais aussi de rugby à 7 aux Jeux de Los Angeles 2028. Quelle est la genèse de cette ambition ?
Amandine Buchard : L'idée a germé après Tokyo. Quand on rentre des Jeux Olympiques et qu'on obtient sa médaille, on ressent un vide et on commence à sentir quelques symptômes de dépression après avoir atteint notre objectif. Sur le moment, on ne sait plus trop ce qu'on veut, où on va aller, etc. Tu te dis : 'Bon, ça y est, j'ai eu ma médaille olympique, l'effervescence est redescendue et là, je me sens vide. Sur quoi vais-je repartir ?' Par peur de sombrer, je suis retourné à l'entrainement juste après Tokyo. Sauf qu'avec les JO de Paris, on a ressenti encore plus de pression et de stress. Car c'étaient les Jeux à domicile, et que les objectifs de médailles étaient très élevés en judo.
L'idée est donc née d'un surmenage…
A. B. : ça a effectivement été difficile psychologiquement. A tel point que fin 2023, j'en suis arrivée à faire un rejet. Un rejet du judo. Je n'avais plus envie de mettre le kimono. J'allais à l'entraînement à reculons. J'avais l'objectif d'être championne olympique mais je n'arrivais pas à savoir comment j'allais l'atteindre car je faisais un rejet de mon sport. Je me suis rapprochée de ma psychologue et de mon préparateur mental qui m'ont conseillé de trouver une activité ressource. Car le sport que je pratiquais, qui était ma passion, est devenu le contraire. Donc j'ai tout de suite pensé au rugby.
C'est un sport qui vous était familier ?
A. B. : Je l'ai pratiqué au collège, pendant quatre ans. Comme au judo, c'est mon papa qui m'a mis au rugby. Vu que j'étais une crevette, il trouvait que ça pouvait être un très bon complément au niveau physique. J'ai testé et à l'aide de mes deux professeurs de sport que j'avais, qui m'ont beaucoup motivée, je me suis lancée. Et franchement, j'ai adoré. Et au moment où ma carrière de judo a commencé à prendre une autre tournure, j'ai dû faire un choix.
En quoi renouer avec le rugby vous a-t-il aidée à mieux supporter la pression ?
A. B. : Je me suis épanouie tout simplement, avec une activité qui me faisait du bien, qui me donnait envie de me lever le matin. Une activité où on me voyait tout simplement comme Amandine Buchard. Et pas Amandine Buchard, la judoka médaillée olympique. Ça m'a fait du bien de redevenir une personne lambda dans ce monde-là. Ça a sauvé mes Jeux olympiques parce que j'étais presque à deux doigts de les abandonner.
Ne craignez-vous pas un trop-plein, en visant les deux tableaux ?
A. B. : Non. J'y vais dans le but de prouver à moi-même que je suis capable d'y arriver dans cette activité, que j'avais abandonnée il y a quelques années et qui m'a beaucoup manquée. C'est une question d'équilibre : si ça ne marche pas au judo, j'aurai le rugby. Si ça ne marche pas au rugby, j'ai le judo. Ça me laisse le choix. Et c'est ce qui est important.
Vous avez échangé avec le PSG judo à ce sujet mais les discussions n'ont pas abouti. Pourquoi ?
A. B. : Oui, il y a eu un échange. Au PSG, l'institution n'a pas l'habitude de gérer ce type de projet. Et je dois bien avouer que le mien sort vraiment de l'ordinaire. Je peux comprendre que ça ne lui convienne pas. Mais je ne veux pas faire de sacrifice car je ne veux pas avoir de regrets dans ma carrière. J'ai décidé d'accepter son choix de ne pas renouveler mon contrat pour me diriger vers d'autres horizons et des clubs qui croient vraiment à ce double projet et qui me soutiendront coûte que coûte. Je veux que l'on croie en mes capacités de judoka mais aussi de rugbyman. C'est ce qui fera ma force : Une Amandine épanouie et heureuse, ce sera une Amandine performante au judo et au rugby.
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Vous n'avez pas peur que les clubs intéressés par votre niveau au judo ou votre potentiel au rugby se braquent face à la charge imposée par ce programme ?
A. B. : Non car j'ai confiance en mes qualités physiques, en mes qualités de sportive de haut niveau. J'ai toujours répondu présente dans les objectifs que je me suis fixés. Je suis une bosseuse. Quand j'ai des objectifs, je me donne à 1 000 %. Et je pense que c'est une qualité qui est recherchée dans n'importe quel sport. J'ai eu beaucoup d'obstacles dans ma vie et je m'en suis toujours sortie. J'ai décidé de parier sur moi, de croire en moi, croire en mes capacités. Et je pense qu'il y aura des clubs qui suivront. Dans le monde du judo, les gens le savent : quand je suis bien dans ma tête, je peux être imbattable. Aujourd'hui, s'il faut aménager ma carrière de judo pour pouvoir laisser une place à ma carrière de rugby et être épanouie et performante, pourquoi pas ? C'est sûrement du jamais vu. Mais j'y crois.
Avec Gérald Mathieu
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