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Primoz Roglic, l'autre champion, lauréat d'une quatrième Vuelta

Simon Farvacque

Mis à jour 08/09/2024 à 21:20 GMT+2

Dimanche à Madrid, Primoz Roglic est devenu quadruple lauréat de la Vuelta, fait d'armes remarquable au sein d'un palmarès qui le serait même sans cela. Le Slovène de 34 ans est un drôle de personnage, en plus d'un sacré coureur. Face à la concurrence, entre autres, de son compatriote Tadej Pogacar, "Rogla" pâtit d'une dévaluation relative de ses exploits, parfois entravés par ses propres démons.

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En 2014, alors qu'il décrochait son premier succès professionnel pour la modeste équipe Adria Mobil, qui pouvait prédire un tel destin à Primoz Roglic ? Qui imaginait qu'il glanerait 88 victoires en une décennie ? Pas grand monde. Mais qui envisageait qu'il réaliserait une telle carrière… sans devenir le plus grand cycliste slovène de l'histoire ? Personne, probablement. C'est la particularité de "Rogla", sacré roi d'Espagne une quatrième fois ce dimanche à Madrid. Il est l'autre champion.
Roglic doit cet astérisque à la proéminence d'un Tadej Pogacar qui n'a de cesse de marquer l'histoire de la petite reine, depuis qu'il a déshabillé son aîné de sa tunique doré, au pinacle de la Planche des Belles Filles en 2020. Roglic le doit aussi à Jonas Vingegaard et ses deux sacres juilletistes, au génial Mathieu Van der Poel, au prodigieux Remco Evenepoel. Il le doit également à lui, à ses mésaventures récurrentes et à son incapacité à s'adjuger le Tour de France (on y revient).
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Pas si rébarbatif

Mais avec la kyrielle de courses d'une semaine qui garnissent son armoire de trophées, sa victoire à Liège en 2020, son titre olympique du chrono en 2021, son Giro 2023 et ses quatre couronnes sur la Vuelta (record égalé), Primoz Roglic est un champion, avant d'en être un "autre". Un champion que l'on ne peut enfermer dans la case "sprinter des montagnes" qui le caractérise certes bien. Ce Tour d'Espagne l'a illustré, à défaut d'avoir à le prouver – celui de 2021 s'en étant chargé.
Roglic n'a pas toujours attendu la flamme rouge pour distancer ses rivaux, lors d'une Vuelta 2024 dont il était le favori. Cela a failli lui jouer un mauvais tour, sur les pentes abruptes du Cuitu Negru, quand Enric Mas l'a rattrapé puis doublé. Ce jour-là, dans le brouillard, le Slovène de 34 ans avait feint d'ignorer s'il avait été distancé par le maillot rouge, Ben O'Connor, alors qu'il avait devancé ce dernier. C'est aussi ça, "Rogla", l'art du bon mot surprise, entre deux banalités.
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Le Tour, toujours

C'est tout un paradoxe. Primoz Roglic a été chantre du cyclisme millimétré, façon Jumbo… tout en prônant le "no risk, no glory" et en étant capable de remporter Tirreno-Adriatico 2023 avec des poils aux pattes, façon touriste rentré de vacances en avance. On retiendra également sa propension à arrêter son compteur plutôt que de célébrer, franchissant la ligne en flegmatique vainqueur, ou encore son télémark sur les podiums, en référence à son passé de sauteur à ski.
C'est ce drôle de bonhomme qui n'a plus terminé un Grand Tour au-delà de la 4e place depuis 2017, qui est en mesure de conquérir une Vuelta sans course préparatoire après un Tour de France quitté blessé, qui continuera de sévir au moins jusqu'en 2025, pour embellir son palmarès éloquent… en gagnant enfin le Tour de France, par exemple. Plus grand monde n'y croit, n'est-ce pas ? Mais, dix ans après son premier bouquet, on se trompe peut-être encore sur le destin de Roglic.
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