(BFM Bourse) - L'action du groupe à la pomme a reculé de 2,8% lundi alors que plusieurs analystes ont prévenu, sur la base de différentes données, que les ventes de l'iPhone 16 risquaient de décevoir.

A chaque sortie d'un nouvel iPhone, les premières ventes et précommandes sont âprement suivies par les investisseurs et analystes couvrant Apple. Et les indicateurs avancés peuvent provoquer certains remous sur le cours du groupe de Cupertino.

L'iPhone 16 n'échappe pas à la règle. Lundi, l'action Apple a terminé la séance en retrait de 2,78% à Wall Street, reculant ensuite de 0,03% dans les échanges de préouverture.

Cette baisse s'explique par plusieurs notes d'analystes s'interrogeant sur les précommandes de l'iPhone 16. Pour rappel, les précommandes du nouveau téléphone d'Apple ont été ouvertes le 13 septembre, tandis que les ventes à proprement parler débuteront le 20 septembre.

Ming-Chi Kuo, un analyste d'Apple très réputé, qui travaille pour TF International Securities, a estimé les précommandes du premier week-end à environ 37 millions d'unités, ce qui représente une baisse de 12,7% par rapport au lancement de l'iPhone 15, l'an passé. La faute à un intérêt moins fort qu'anticipé pour la version Pro.

"L'un des facteurs clés de la demande plus faible que prévu pour la série iPhone 16 Pro est que l'argument de vente principal, Apple Intelligence (le nom du modèle d'intelligence artificielle générative d'Apple sur laquelle les fonctionnalités d'IA s'appuient, NDLR), n'est pas disponible au moment du lancement de l'iPhone 16", a expliqué l'analyste sur medium.

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Des délais de livraisons qui interrogent

D'autres bureaux d'études ont pointé des signaux qui suscitent des interrogations. Barclays s'est par exemple penché sur certaines données en Chine.

"D'après nos conversations avec les distributeurs et l'analyse des chiffres des précommandes sur les principaux sites de commerce électronique chinois, le nombre total d'unités précommandées a baissé en glissement annuel au cours des deux premiers jours, avec un mix de modèles pro plus faible", ont écrit les analystes de la banque Barclays dans une note citée par CNBC.

"Nous avons entendu dire que les unités du modèle pro étaient en baisse à deux chiffres en glissement annuel, alors que les modèles de base et plus ont augmenté en glissement annuel", ont-ils ajouté.

Là encore ce manque d'appétence est à imputer au fait qu'Apple Intelligence n'est pas disponible en Chine et ne le sera pas avant 2025, estime Barclays. Les conditions macroéconomiques difficiles en Chine et la concurrence intense entre fabricants de smartphones peuvent constituer une autre source d'explication.

Bank of America a, de son côté, remarqué que les délais de livraisons de l'iPhone, un indicateur avancé de la demande, ont tendance à s'allonger, mais à un rythme moins élevé que l'an passé avec l'iPhone 15. "Bien que l'allongement des dates de livraisons puisse refléter la demande d'iPhone, d'autres facteurs tels que l'offre, les stocks, la répartition et la tarification peuvent avoir un impact sur les dates d'expédition", nuance toutefois l'établissement américain.

"Upgrade cycle"

Rappelons que l'iPhone 16 est censé incarner un virage important pour Apple car il doit permettre à l'usager d'exploiter nombre de fonctionnalités d'intelligence artificielle (IA). Et démontrer ainsi que l'entreprise de Cupertino n'est pas distancée par les autres grands groupes américains de tech dans la course à l'IA. Les analystes les plus optimistes espèrent que ce nouvel iPhone déclenchera un "upgrade cycle" c'est-à-dire que les utilisateurs possédant un vieil iPhone décideront d'acheter un l'iPhone 16 pour avoir un téléphone plus moderne.

Certains observateurs jugent qu'il est prématuré de crier défaite après ces premiers commentaires.

"À chaque nouvel l'iPhone d'Apple, les 'bears' (les investisseurs qui jouent une baisse de l'action, NDLR) sortent des sentiers battus en cherchant à faire de la gymnastique mathématique dans les précommandes. Comme nous l'avons vu, 'l'upgrade cycle' de l'iPhone 16 AI donnera le coup d'envoi d'un super cycle massif et devrait dépasser la plus forte année d'Apple en termes d'unités d'iPhone", a souligné Dan Ives, analyste chez Wedbush, connu pour son optimisme prononcé dans la tech, sur X (ex-Twitter).

"Alors que la demande d'iPhone au cours des six prochains mois dépend d'un jeu d'attente et d'observation (au fur et à mesure que les nouvelles fonctions d'IA sont déployées), je pense qu'il existe des justifications pour qu'Apple Intelligence déclenche un 'supercycle'", a abondé Gene Munster, gérant chez Deepwater Asset Management, également sur X. Le gérant estime que les ventes d'iPhone pourraient croître de 10% à 15% sur l'exercice clos en 2025, ce qui dépasserait les attentes des analystes, logées à 7%.