Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

delcourt

  • Revue de presse BD (262)

    webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,février,2018,dale mc featters,sam henderson,guerre,sexes,arts dessinés,frédéric bosser,degas,mattotti,yves saint-laurent,micaël,blexbolex,pajak,jamie hewlett,delcourt,brassart,étienne puaux,chloe,jeune talent

    Dale McFeatters (1952)

    + Le caricaturiste américain Sam Henderson fait observer que la guerre des sexes, qui bat son plein en ce moment dans les médias, sur fond de choc des cultures Nord-Sud, n'est pas un thème nouveau pour les humoristes américains, habitués à brocarder les deux sexes. Ici le stéréotype de la faible femme qui ne sait pas se défendre est démenti par le dessinateur McFeatters.

    Qu'est-ce qu'une faible femme, d'ailleurs, si ce n'est un fantasme d'homme galant ou féministe ?

    webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,février,2018,dale mc featters,sam henderson,guerre,sexes,arts dessinés,frédéric bosser,degas,mattotti,yves saint-laurent,micaël,blexbolex,pajak,jamie hewlett,delcourt,brassart,étienne puaux,chloe,jeune talent

    Dessin de l'acteur Romain Duris, interviewé par "Les Arts dessinés".

    + Disponible depuis peu en kiosque, le premier numéro de "Les Arts dessinés", revue lancée grâce au financement participatif par Frédéric Bosser, déjà rédacteur en chef de "dBD", magazine spécialisé dans la BD.

    Cette publication est très éclectique, abordant une grande variété de "dessinateurs": Degas, Will, Mattotti, Micaël, Yves St-Laurent, Jamie Hewlett, Blexbolex... pour n'en citer qu'une poignée (cet épais magazine fait 160 p.). Cet éclectisme est plaisant, en même temps qu'il représente la limite de cette revue.

    L'étiquette du dessin est bien large, qui englobe ici des artistes dont l'art ne repose que très peu sur le dessin (Y. Saint-Laurent, Blexbolex, Caro & Jeunet, F. Pajak). "Les Arts dessinés" contribuent d'ailleurs à entretenir l'illusion ou le poncif selon lequel l'image occupe une place prépondérante dans la culture contemporaine, ce qui est largement inexact.

    Les profs qui enseignent la bande-dessinée soulignent utilement que cet art ne repose que secondairement sur le dessin. Hergé ou Reiser sont deux génies du récit, non du dessin. On aurait tort de voir dans la BD un art "figuratif", opposé à la musique.

    + L'éditeur Delcourt publie les travaux des élèves de 2e année de l'académie Brassart-Delcourt (privée), sur le thème de la fête foraine; c'est une initiative intéressante car elle permet de mesurer le niveau technique d'une telle formation. A dire vrai, on constate que la différence de niveau entre les travaux ces 16 élèves est très marquée, puisque quelques-uns ont un niveau technique comparable à celui de professionnels expérimentés... ce qu'ils doivent peut-être à un exercice précoce, dès l'adolescence ?

    A noter aussi, l'influence sur les élèves des dessins-animés japonais, matraqués par certaines chaînes de télé pendant des années.

    Il ne faut pas perdre de vue que la technique n'est qu'un des aspects du métier. Le plus dur à acquérir pour un jeune apprenti dans ce domaine est -ce qui est primordial-, le don de raconter des histoires originales (ou qui le paraissent).

    Enfin, n'oublions pas que dans le domaine de la BD, soumis à une rude concurrence (si rude que des collectifs d'auteurs en dénoncent les abus), le sens du commerce est un don utile; on a vu ainsi ces dernières années émerger quelques jeunes auteurs dont le principal talent est le marketing, c'est-à-dire la capacité à promouvoir leurs bandes-dessinées, damant le pion à des auteurs plus expérimentés.

    webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,février,2018,arts dessinés,frédéric bosser,degas,mattotti,yves saint-laurent,micaël,blexbolex,pajak,jamie hewlett,delcourt,brassart,étienne puaux,chloe,jeune talent

    Extrait de "Tunnel of Love", brève BD d'Etienne Puaux, élève de 2e année à l'académie Brassart.

    + Le festival d'Angoulême décerne chaque année plusieurs prix à de jeunes auteurs de BD. Ces concours sont très courus, car ils valent mention de fin d'études (dans une discipline de plus en plus académique et de moins en moins artisanale).

    A noter que le fanzine "Bien, monsieur" remporte le grand prix du concours de fanzines, organisé de longue date, mais doté pour la première fois d'un prix.

    Quant aux divers "grands prix" décernés, ils sont avant tout un reflet de l'époque et de la mode, indices peu fiables de la valeur d'une oeuvre ou de sa portée.

    webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue,presse,hebdomadaire,février,2018,dale mc featters,sam henderson,guerre,sexes,arts dessinés,frédéric bosser,degas,mattotti,yves saint-laurent,micaël,blexbolex,pajak,jamie hewlett,delcourt,brassart,étienne puaux,chloe bertschy,graphisme,jeune talent

    Planche de Chloé Bertschy, lauréate du prix du graphisme (catégorie scolaire). 

  • Dans la Colonie pénitentiaire***

    "(...) La violence des hommes faite à d'autres hommes bat tous les records d'audimat (exécutions sommaires,webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,critique,franz kafka,colonie pénitentiaire,delcourt,ex-libris,sylvain ricard,maël,simone weil guerres, attentats...) et il n'y a pas l'ombre d'un doute qu'une exécution publique place de la Concorde aurait plus de succès et plus de (télé)spectateurs que n'importe quelle autre festivité...", écrit Sylvain Ricard en préambule de "Dans la Colonie pénitentiaire", nouvelle de Frantz Kafka qu'il a adaptée en BD avec l'aide de Maël (Delcourt - Ex-libris). Ce scénariste démontre ainsi l'actualité de Kafka, qui s'est employé dans plusieurs romans ou nouvelles à dénoncer l'iniquité de la justice moderne.

    "Croire au progrès ne suffit pas pour qu'un progrès ait déjà eu lieu" : de fait, Kafka est très sévère avec la religion du progrès et ce nouveau dieu qu'est l'Etat, à qui des millions d'Occidentaux s'en remettent désormais, ayant abandonné leur esprit critique en échange de la promesse de sécurité. A l'instar de l'essayiste Simone Weil, Frantz Kafka était sans doute trop sensible pour ignorer l'oppression moderne, aussi subtile soit-elle, dont la mécanisation/sexualisation des rapports humains est une manifestation évidente. Il n'y a pas de totalitarisme sans éloge de la mécanique et des mécaniciens ; à côté de la mécanique et des armées d'ingénieurs polytechniques à son service - Kafka, ses romans, c'est le grain de sable.

    Kafka est si sévère avec la justice et le droit modernes que l'on pourrait presque le qualifier de réactionnaire. Néanmoins, au contraire de Nietzsche, Kafka ne propose pas de doctrine pour remédier à la soumission de plus en plus grande de l'individu à l'Etat et au système judiciaire (voyez comme les avocats du capitalisme et les nostalgiques du stalinisme s'entendent pour fustiger l'individualisme, là où règnent les réseaux sociaux...). Kafka est plutôt une sorte d'aporie : il se contente de faire voir l'impasse où nous sommes rendus ; c'est ce qui rend sa prose aussi oppressante.

    Les adaptateurs de "Dans la Colonie pénitentiaire" ont réussi à transposer ce pessimisme lucide, à la limite du cri d'effroi - surtout ne pas transformer Kafka en divertissement (cela donnerait à peu près Charlie Chaplin) !

    Dans la colonie pénitentiaire, de Franz Kafka, adapté par Sylvain Ricard et Maël, Delcourt - Ex-Libris, 2007.

  • Revue de presse BD (151)

     Extraits de la revue de presse illustrée publiée chaque semaine en intégralité dans l'hebdo Zébra.webzine,bd,zébra,gratuit,fanzine,bande-dessinée,actualité,revue de presse,hebdomadaire,mai,2015,delcourt,jacques martin,hergé,tintin,van melkebeke,nietzsche,louvain-la-neuve,raymond leblanc,musée,actuabd,vice.com,gonzo,tristram,auch,gailliot,martigny,guillaume musso,valérie trierweiler,katherine pancol,daech,iran,shoah,atena farghadani,bernard bouton,féco,caricatures et caricature,guillaume doisy,le rire,clément vautel,steinlein,forain

    (Portrait de J. Van Melkebeke, par Hergé in : "Le Secret de la Licorne")

    + En Belgique ou en France, comme aux Etats-Unis, des académies de BD ouvrent afin de former de nouveaux auteurs ; par exemple l’année dernière en plein Paris, à l’initiative de l’éditeur G. Delcourt. La bande-dessinée y est enseignée comme un art à part entière, et par conséquent des cours d’histoire de la BD sont dispensés, en plus de la technique.

    On peut recommander à ces étudiants la lecture de cette interview en ligne de Jacques Martin (2001), auteur de la série à succès « Alix » (une vingtaine de millions d’albums vendus au total). Nul n’incarne mieux que cette saga située dans l’Antiquité romaine l’ambition du « Journal de Tintin » de proposer aux enfants et adolescents des lectures divertissantes « de qualité » - quoi que certains intellectuels de gauche ont, par le passé, reproché à J. Martin de véhiculer, à l’instar de Nietzsche, un discours réactionnaire en exaltant l’Antiquité romaine à travers la saga d’Alix le gallo-romain. Fondée ou non, cette polémique illustre au moins l’enjeu culturel de la BD et les efforts de divers partis pour se l’approprier.

    Mais surtout J. Martin a longtemps collaboré étroitement avec Hergé, représentant avec lui de la « ligne claire ». Le témoignage de J. Martin est éclairant sur le procédé de fabrication de « Tintin ». Quelques anecdotes racontées par J. Martin montrent que « Tintin » est une œuvre moins personnelle qu’on ne le croit. J. Martin raconte ainsi comment le public à imposé à Hergé le personnage provisoire du capitaine Haddock, dont il a fallu atténuer certains traits de caractère afin de le rendre plus sympathique.

    Mais aussi J. Martin rappelle le rôle discret mais important de Jacques Van Melkebeke dans l’écriture des scénarios de Hergé ou E.P. Jacobs. Paradoxalement, la discrétion de Van Melkebeke, par ailleurs peintre, est due au fait qu’il ne prenait pas très au sérieux la bande-dessinée belge.

    Enfin, même si le fait est plus connu, J. Martin raconte que Hergé a désiré se débarrasser de Tintin, dont le succès entravait la curiosité de Hergé pour d’autres formes d’expression artistiques.

    On retrouve peut-être plus la touche personnelle de Hergé dans son ingéniosité à adapter les ressorts du dessin-animé au support papier, facilitant ainsi la lecture des albums de Tintin par ses jeunes lecteurs.

    Cette conception collective de « Tintin », mi-artisanale, mi-industrielle, est sans doute la clef de l’explication du succès de l’œuvre attribuée pour des raisons de commodité à Hergé, succès bien plus large que celui d’autres formes d’art contemporain plus élitistes, mais tombés plus vite en désuétude.

    Lire la suite

  • Revue de presse BD (108)

    webzine,zébra,bd,gratuit,fanzine,bande-dessinée,revue de presse,hebdomadaire,108,fanzinothèque,belge,festival,bunker,bruxelles,thalys,origine du monde,vagin,tübingen,allemagne,loustal

    + Dès demain et tout le week-end, l'équipe de la petite fanzinothèque belge vous invite au "bunker" (Bruxelles) à participer à son festival du fanzine annuel, où l'on peut admirer une production originale de fanzines, artzines et autres sérigraphies, en buvant de la "Jupiler" au goulot. Contrairement à l'année dernière, Zébra ne sera pas présent lors de ce festival pour cause de budget Thalys converti en budget Zébra n°8, c'est-à-dire le numéro d'été qui ne devrait plus tarder à paraître.

    + A la protestation d'une partie de la profession des auteurs de BD, visée par une augmentation des cotisations de retraite, le président de la caisse de la Sécu qui gère les retraites des artistes, Frédéric Buxin, a répliqué par une longue lettre ; elle dit en substance que la perte subie n'est pas d'un mois de salaire, mais d'un demi-mois (pour 12.000 euros de revenus annuels), et que la Sécu est comme une mère pour les auteurs de BD - elle ne cherche qu'a les protéger. Pour les artistes qui rêvent de gloire, la perspective de la retraite est forcément déprimante.

    + Extraites du site "Bayday-Leaks", quelques dépêches un peu plus réjouissantes :

    - 20 juin : "Aurélie Filippetti attend que les auteurs de BD apprennent à lire pour pouvoir leur répondre."

    - 18 juin : "Fermeture de l'école Delcourt, faute d'inscriptions (3 étudiants n'étant pas assez). En revanche, 1698 cnadidatures pour 3 postes de professeur à pourvoir, c'est beaucoup trop."

    - 16 juin : "Boycott des festivals. Certains auteurs seraient réfractaires, craignant des pertes financières pour les bénévoles."

    + A verser au -déjà lourd- dossier de "L'Origine du monde" et ses tenants et aboutissants philosophiques, le cas de cet étudiant américain dont le pied est resté coincé dans une sculpture représentant un vagin géant à Tübingen en Allemagne.

    + Le dessin du jour est une toile de Loustal, par ailleurs auteur de BD et illustrateur dans le style "vintage". Loustal dédicacera ses ouvrages demain à partir de 20h à la librairie L'Attrape-Coeurs" (Paris XVIIIe). Ce même illustrateur a été retenu cet année pour dessiner l'affiche de Paris-plage.

    webzine,zébra,bd,gratuit,fanzine,bande-dessinée,revue de presse,hebdomadaire,108,fanzinothèque,belge,festival,bunker,bruxelles,thalys,sécu,frédéric buxin,retraite,origine du monde,vagin,tübingen,allemagne,loustal,librairie,attrape-coeurs,paris,vintage

  • Le Père Goriot****

    La collection « Ex-libris » des éditions Delcourt a entrepris depuis plusieurs années la transposition enwebzine,bd,gratuit,zébra,bande-dessinée,fanzine,critique,kritik,père goriot,balzac,ex-libris,shelley,dickens,bronte,voltaire,marivaux,kafka,stevenson,littérature,classique,delcourt,lamy,thibault,bruno duhamel,comédie humaine,vautrin,rastignac,psychologie,freud,jean-luc godard,théophile gautier bande-dessinée de « classiques » de la littérature française ou étrangère. Pêle-mêle, des œuvres signées Voltaire, Molière, Shelley, Dickens, Brontë, Stevenson, Marivaux, Kafka, etc., la collection compte une quarantaine de titres, auxquels vient s’ajouter ce «Père Goriot» de Balzac en deux volumes (2012). Ainsi des œuvres populaires sont peut-être rendues moins intimidantes que sous des jaquettes plus prestigieuses.

    Les dessinateurs semblent en outre prendre plaisir à se mettre au service de «scénaristes» aussi qualifiés. Après tout, les éditions scolaires abrégées, c’est-à-dire amputées parfois d’un ou deux tiers de leur poids de mots, afin de s’adapter aux exigences de la vie moderne, très "programmée", ont largement contribué à faire connaître des auteurs que l’on n’aurait pas osé aborder de plein fouet parfois.

    En ce qui concerne les poètes qui font entendre une petite musique personnelle, le procédé de la transposition est sans doute discutable. En revanche, appliquée aux littérateurs qui n’ont pas la prétention d’avoir du style, ni même d’être originaux, mais qui ont seulement une expérience solide de la vie, qu’ils font partager dans leurs livres, on conçoit l’intérêt de cette méthode de diffusion. Or Balzac est de ces auteurs réalistes. La critique lui a parfois reproché son manque de style ; d'après Théophile Gautier, Balzac était si peu poète qu'il devait recourir à l'aide d'un ami pour composer les poèmes qu'il attribue à tel ou tel personnage de son Capharnaüm. (...)

    Lire la suite

  • Mâle occidental contemporain***

    J’entame la lecture de cette BD avec un préjugé défavorable, sachant les prêchi-prêcha démagogiqueswebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,mâle occidental contemporain,critique,françois bégaudeau,clément oubrerie,agacinski,féminisme,prostitution,dsk,bertrand cantat,philippe val,delcourt,bcbg de François Bégaudeau. L’humour ne fait pas bon ménage avec le «politiquement correct»: comment F. Bégaudeau, associé à C. Oubrerie pour le dessin, se sort-il de ce qui se présente comme une satire ? Qui plus est sur le sujet du couple et des amours modernes, à propos desquels, finalement, rien de bien neuf n’a été écrit depuis Charles Fourier, dont la critique des mœurs amoureuses bourgeoises est à la fois pleine de sagacité et d’ironie. Pour mémoire, tandis que Marx tire la preuve de l’esclavagisme des régimes bourgeois libéraux de l’étude approfondie du monde du travail et son organisation, Fourier, lui, aborde la question de l’esclavage moderne à travers le régime matrimonial instauré par le code civil.

    Cette correspondance entre le travail et la sexualité est d’ailleurs décisive : c’est pourquoi les idéologues libéraux, de droite ou de gauche (S. Agacinski), tentent de la faire oublier à l'aide d'une casuistique spécieuse (afin de préserver du travail une image idéalisée). C’est toute la différence entre le féminisme des magazines féminins branchés, prompts à donner des leçons de morale, en même temps qu’ils engrangent les dividendes de la publication de photos de gonzesses à peine pubères dans des postures suggestives - et le féminisme de Fourier.

    Verbaliser les clientts des prostituées ? Pourquoi ne pas condamner d’abord les maisons de « haute couture » sadique, qui traitent des jeunes femmes mineures comme du bétail ? - Elles sont d’accord ? - Leurs parents ont signé une décharge ? Ah bon, effectivement si le masochisme fait partie des aspirations légitimes d'un individu, dans ce cas il n’y a plus rien à dire ni à faire contre l’esclavage.

    La BD de Bégaudeau a bien un rapport indirect avec la prostitution, puisque il aborde le sujet de la frustration sexuelle de l’homme moderne, particulièrement quand il vote ou milite à gauche et que ses principes le privent de rapports sexuels tarifés, ou de s'adonner au tourisme sexuel, à l'instar de Michel Houellebecq.

    Le titre de l’album, en effet, est ambigu ; par «mâle occidental contemporain», Bégaudeau entend, en fait, le type du «trentenaire de gauche», parisien ou vivant dans une grande métropole, loin d’être majoritaire en France, y compris dans le milieu de la BD. (...)

    Lire la suite

  • Papier n°1**

    En cette rentrée, plusieurs nouveaux magazines de BD ont fait leur apparition en librairie : « La Revue webzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,papier,publication,revue,magazine,yannick lejeune,delcourt,lewis trondheim,bastien vivès,florence dupré-latour,jérôme anfré,numérique,révolution,association,mon lapin,manga,la revue dessinée,fétichisme,livre de la jungle,zoophiledessinée », « Mon Lapin », « Aaargh », et « Papier ». Cette dernière publication est la plus paradoxale – comme un symptôme du malaise actuel dans la BD, écartelée en tous sens.

    Paradoxale, parce que « Papier » ne serait qu’une compilation de planches produites par différents auteurs plus ou moins talentueux (au nombre desquels Bastien Vivès, Jérôme Anfré ou Florence Dupré-Latour), sans un petit édito des directeurs de la publication, seul élément de nature à nous éclairer sur le but de cet assemblage d’auteurs. Et que dit cet édito ? C’est une sorte de manifeste nostalgique de Lewis Trondheim, qui déclare sa flamme au papier, quand le « tout numérique », tel un golem, s’apprête à engloutir tous les petits métiers d’antan. La sincérité de ce fétichisme un peu mou est douteuse - d’abord parce que « Papier » est maquetté au format « cheap » manga, noir et blanc, assez peu adapté à la plupart des contributions.

     Paradoxale surtout parce que, sans la Toile, la plupart des auteurs publiés dans « Papier » ne se seraient pas fait connaître aussi vite, s’imposant pour ainsi dire aux éditeurs. Depuis une dizaine d’années, internet joue le rôle des fanzines-BD naguère, de promotion de nouveaux talents, qui désormais peuvent s’auto-promouvoir plus facilement. Le luxueux fanzine « Lapin » de « L’Association » a lui aussi, de ce fait, perdu sa raison sociale (« Lapin », qui, pour le coup, était vraiment fabriqué par un -ou une ?- fétichiste amoureux du détail). Au moins en ce qui concerne la BD, la « révolution numérique » n’est pas surtout d’ordre technologique. Internet va au moins autant à l’encontre de l’esprit de système qu’il ne le conforte.

    On a donc l’impression que L. Trondheim et son associé Yannick Lejeune se sont saisi du premier prétexte venu. Vivès donne une parodie du «Livre de la Jungle» (je m’attendais à un truc un peu plus « zoophile ») ; Florence Dupré-Latour continue de se venger de sa famille bourgeoise lyonnaise, s’exposant ainsi à un droit de réponse, comme le romancier Jean-Louis Fournier récemment après avoir bafoué sa fille.

    Si le contenu n’est donc pas trop mal, le contenant laisse à désirer ; c’est bien sûr presque toujours le cas des jeunes revues ou gazettes, mais L. Trondheim, en principe, n’est pas né de la dernière pluie.

     

    On peut donc regretter que B. Vivès ou/et F. Dupré-Latour, à l’humour plus caustique et moins potache que celui de Trondheim, n’aient pas pris la direction de « Papier ».

    Papier, sept. 2013, Delcourt, 9 euros.