Un thé vert coréen tout frais, tout juste arrivé dans les boîtes de la M3T. Je n'ai pas résisté à l'appel de ce thé vert coréen lors de mon rapide passage à Paris et d'un encore plus rapide crochet par la place Monge.
Le petit nom de ce thé est
Jiri Daejak.
- Jiri, c'est pour pour sa provenance, la montagne Jirisan, en Sud de la Corée du Sud. Là, c'est relativement simple (voir aussi cet article de Matt).
- Daejak, c'est pour le type/la date de récolte. Et là, ça se complique pas mal. La majorité des informations que l'on trouve sur internet sont contradictoires, et quand elles semblent correspondre, ce sont les dates qui ne collent plus !
Sur le
blog de Matt, qui d'après moi fait quand même référence en matière de thé coréen, voici ce qui est dit sur les différentes récoltes et leurs appellations :
Première récolte (avant le 20-21 avril) :
Ujeon,
Woojeun, ou
Woojeong
Deuxième récolte (du 20-21 avril au 5-6 mai) :
Sejak ou
Saejak
Troisième récolte (après le 5-6 mai) :
Jungjak ou
Joongjak
Cette troisième récolte serait suivie de la récolte
Daejak ("grosses feuilles"), une récolte d'été d'où l'on tire un thé de qualité basique, utilisé pour fabriquer du thé en sachet, ou encore dans l'industrie cosmétique et autres.
D'après Matt, il serait très rare de trouver du Daejak commercialisé sous forme de vrac. De plus, il est indéniable que les feuilles que j'ai sous les yeux sont vraiment petites (rien à voir par exemple avec le
"vrai" Daejak dont Matt avait fait une review
ici). Encore plus irréfutable, ce thé ne
peut pas être issu d'une cueillette d'été, puisque nous sommes début avril. Et puis bon, 18€/50g est un tarif beaucoup trop élevé pour un thé bas de gamme destiné au CTC, qui n'a de toute façon pas sa place dans une boutique aussi prestigieuse.
Tout ça pour dire que ce Jiri Daejak n'est pas un Daejak. Mystère... Si quelqu'un a davantage d'informations, je suis preneur ! (à moins que tout simplement je me sois trompé en déchiffrant l'écriture sur la boîte...).
Un autre mystère, les paramètres d'infusion recommandés : 5g pour 60cl, eau à 70°C et 5 à 6 minutes d'infusion. Ça me semble être très généreusement dosé et très long ! Ce thé vert coréen est sensé être un thé vert très léger, mais avec 5 ou 6 minutes d'infusion à 5g/60cl, on risque la sur-infusion, non ? *
* Edit : j'ai bien évidemment confondu cl et ml, voir dans les commentaires :)
Bon, revenons à ces feuilles coréennes. De petite taille, fines et torsadées, d'un vert foncé légèrement bleuté, elles offrent un parfum très frais et doux. En approchant le nez encore un peu plus près, c'est un parfum de torréfaction qui prend le dessus, mais qui lui aussi reste très doux, enrobant et presque sucré cependant que de vifs accents de verdure s'agitent auprès de cette dominante grillée.
Théière préchauffée, j'y plonge quelques grammes de feuilles (je dose à ma sauce, à peu près 4g pour 90cl*). Je reste un bon moment le nez au-dessus de la théière chaude pleine de feuilles, pour essayer d'appréhender un peu mieux ce thé vert.
* Edit : même remarque, il faut lire 90ml :)
Première infusion, environ 1'30 à 2'. Liqueur jaune/vert, très pure, très claire. Une empreinte sucrée maintient la bouche dans un état de douceur veloutée tandis que des notes de verdure rappellent une atmosphère de sous-bois et de pins. Cette liqueur crémeuse fait saliver toute la bouche, aucune astringence, un bouquet fruité se dégage quelques instants après la déglutition.
La seconde (plus courte) est toujours aussi moelleuse et sucrée, les notes sylvestres s'intensifient et se précisent, c'est frais en bouche, dynamisant, je suis conquis.
L'infusion suivante est tout aussi enthousiasmante : c'est la troisième et pourtant la liqueur est toujours aussi pleine de vigueur fraîche, j'ai l'impression de boire du printemps liquide, un printemps vécu en lisière de forêt, au milieu des fleurs et des baies de fruits rouges. Des notes aquatiques suggèrent également la présence d'une mare ou d'un petit étang, riches en faune et à la flore exubérante.
Les deux suivantes révèlent toute la profondeur de cette note aquatique (aquatique, mais pas marécageuse, hein) tout en conservant cette fraîcheur incroyable au bout de 5 infusions. La bouche est toujours moelleuse et perd un peu de sucre (sans doute parce que j'augment un peu la température de l'eau).
A la sixième infusion, ce Jiri Daejak donne des signes de faiblesse, les parfums s'amenuisent, la vivacité en bouche décroît, la fraîcheur initiale se fond dans le sucre ressuscité par cette longue infusion. L'atmosphère de forêt plane toujours.
Septième et huitième infusion, il ne reste plus en bouche qu'un moelleux sucré vaguement teinté de verdure, mais ça reste agréable car le palais est encore tout imprégné du souvenir des premières infusions de ce Jiri Daejak.
Belle rencontre avec ce thé vert coréen dont je peux à présent découvrir les feuilles infusées. De jeunes pousses vert tendre accompagnées de petits bourgeons côtoient des feuilles plus foncées et plus grandes ainsi que quelques brisures.