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Thursday, May 5, 2011

Qui connaît Vincenzo Galdi ? Who knows Vincenzo Galdi ?

 Vincenzo Galdi
Von Gloeden & von Plüschow

Photographies / Photographs 1890 – 1920
Portraits et nus / Portraits and Nudes

A Unique Exhibition...
Une exposition unique...
du 20 avril au 11 juin 2011
from april 20 to june 11, 2011

Galerie/Art Gallery Au Bonheur du jour 
11 rue Chabanais - 75002 Paris
du mardi au samedi 14h30 – 19h30
from tuesday to saturday, 2:30 PM to 7:30 PM



Wilhelm von Gloeden, Guglielmo von Plüschow, Vincenzo Galdi... Des trois photographes de beautés masculines qui travaillent en Italie, entre la fin du XIXe siècle et les premières décennies du XXe siècle, Vincenzo Galdi (1871-1961) est le moins connu, le plus secret, le plus moderne.

Ami et amant, il est d'abord un modèle de von Plüschow. Il apprend l'art photographique de son mentor, il devient photographe à son tour. Il reste fidèle, pour une part, aux rêves arcadiens, aux mises en scène à l'antique de son maître. Mais son univers visuel affirme très vite sa différence. D'abord par la modernité de ses choix esthétiques, par l'univers urbain dans lequel il est intégré. Les bergers de Taormina, les éphèbes de Pompéi sont loin, nous sommes à Rome, les modèles sont des garçons de la ville, qui viennent se faire tirer le portrait contre quelque indemnité. Pas seulement des garçons, d'ailleurs, mais aussi des femmes qui viennent offrir leur nudités plantureuses à l'appareil photographique de Galdi. Quant aux garçons, les portraits, les mises en scène à l'antique ne sont qu'un prélude. Vincenzo Galdi aime les hommes, les vrais, les hommes bien membrés, au repos comme en service. Il décline les mille nuances d'une symphonie du désir, celle d'un garçon dans un jeu soliste, celle de deux garçons absorbés dans la gymnastique du plaisir.

C'est bien de sexe dont il s'agit ici: le sexe mâle dans sa physiologie, que l'on peut décliner dans ses multiples variétés, comme une collection de fleurs ou d'insectes rares; le sexe comme un art de vivre et de sentir, comme une quête du plaisir jouant sur toutes les gammes du corps masculin.

Vincenzo Galdi ne se cache pas derrière les voiles de l'Antiquité. Il appelle un chat un chat, et il le montre. Il est le premier pornographe de notre modernité: il donne à voir des corps imbriqués selon les mille figures de l'art d'aimer hétérosexuel et homosexuel.

Il y a une dimension éminemment vintage, ce sont des photographies sepia et albuminées, tous les garçons représentés ne sont plus que poussière aujourd'hui...

Il y a en même temps une dimension moderne, voire contemporaine... Une audace extraordinaire qui donne à voir le désir et le plaisir.

La pornographie de Vincenzo Galdi est aujourd'hui oubliée, enfouie dans les collections privées, nimbée d'une aura vintage et sepia qui l'inscrit dans la préhistoire des imageries érotiques d'aujourd'hui.

C'est le mérite de Nicole Canet que d'avoir réuni une collection unique de ces photographies et d'en avoir fait un livre (voir ici/click on this link).

Si vous en avez la possibilité, visitez cette exposition unique, où Vincenzo Galdi figure parmi ses maîtres, von Gloeden et von Plüschow.

An English translation will perhaps be available later (not sure yet ! but if you ask... !)

Saturday, April 30, 2011

L'envol d'une pensée

(collection privée)

Il y a d'abord les fleurs et les tissus, des parfums et le toucher soyeux d'une draperie et d'un tapis brodé.

Il y a ensuite cette posture, entre deux... Ce jeune homme vient-il de s'asseoir ? Ou s'apprête-t-il à se relever  ? La main gauche prend appui sur le mur. L'index de la main droite caresse le menton... Un simple contact, la caresse d'un doigt. Le doigt soutient la tête, qui doucement s'incline, suivant l'échappée d'un regard. 

Que regarde-t-il ? Cette photographie lumineuse et contrastée nous montre l'invisible: ce que son modèle est le seul à voir. Elle nous montre l'envol d'une pensée, l'ailleurs d'une rêverie, l'intimité d'un état d'âme, un  souvenir ou une idée qui s'attardent sur un beau visage méditatif.

Il est entre deux mondes, ce garçon mélancolique. 

Il est cet ami, cet amant qu'ont chanté Ovide ou Horace, Martial ou Juvénal. Il est assis sur les marches d'une villa, la villa d'un riche patricien, un chevalier ou un sénateur, il est son jardin secret, son ami de coeur. Il rêve à la démesure de Néron, à la culture d'Hadrien, à la folie de Caligula, à la sagesse de Marc-Aurèle. Il se souvient de la Grèce, de sa lumière, de ses rivages. Il se souvient d'Athènes où il est né, et la poésie de Sophocle traverse sa mémoire... 

Il est aussi l'un de ces ragazzi romains qui quittent l'habit de l'ouvrier pour revêtir la tunique de l'éphèbe-roi, le temps d'une photographie, pour quelques lires et pour faire plaisir au Signore Galdi. Nous sommes à Rome, au seuil du XXe siècle, entre deux mondes, entre deux temps, entre l'Antiquité et aujourd'hui.

Il est si facile d'oublier Rome et ses rumeurs, les bruits de la modernité, la réalité et même le photographe, caché derrière son appareil, silencieux, concentré. C'était hier ou avant-hier, c'était autrefois, il y a si longtemps, et il était assis sur ces marches, les marches d'une villa, la villa d'un riche patricien, un chevalier ou un sénateur. 

Il est entre deux mondes, ce garçon mélancolique.

Il est là, sur cette photographie albuminée, tirage vintage de l'un des rares clichés de Vincenzo Galdi, ce poète visuel qui sait chanter le sexe le plus cru comme le désir le plus éthéré. C'est une photographie où il est à jamais fixé, le doigt contre le menton, concentré sur ce qui se refuse au regard, sur un état d'âme fugitif comme l'envol d'une pensée, mais que la photographie a figé à jamais.

Il est là aussi, devant moi, plus d'un siècle après... Il m'invite à le suivre, si loin, si profondément, au coeur de cette photographie, pour retrouver cet état d'âme, pour revivre ce matin romain, sous la chaude lumière de l'été, où le soleil baignait les marches et le garçon, au seuil du jardin de la villa d'un riche patricien...

Que me dit-il, ce garçon qui n'est plus que poussière aujourd'hui... Que me dit-il de ses yeux pensifs, à moi qui regarde cette photographie ?

Il me dit... "Carpe diem, mon ami. N'oublie pas, tout passe, les idées, les états d'âme, les couleurs, la jeunesse. Carpe diem, hic et nunc. Ici et maintenant. Tout à l'heure, il sera trop tard. Ce n'est que sur une photographie que l'on a l'éternité devant soi. Ce n'est que sur une photographie de Vincenzo Galdi, qui m'a dit: "Tu as tout ton temps"... Carpe diem... Il faut cueillir maintenant les fleurs du jardin et savourer l'instant présent... "

Il est entre deux mondes, ce garçon mélancolique.

Qui franchira le seuil le premier ?



Je remercie le collectionneur qui m'a autorisé à poster cette photographie sur ce blog.