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15.11.17

15 novembre 2017

Le temps et sa géographie

Pfff : les jours, les mois, les années ; tout ça tournoie, tout ça va si vite qu'on n'arrive même plus à se pencher pour voir le sol qui change au gré des saisons. Où trouver le temps ? Il est volé, on l'a dessiné plus rapide, plus efficace que jamais : moins vivant, moins humain ; peut-être près du rêve humain, de certains humains… La vitesse, la vitesse : et pour aller où, je vous le demande ? Enfin, quand on est lent, on constate, de temps en temps, qu'on n'a pas donné de nouvelles, qu'on n'a pas écrit sur un blog, un journal, un papier, depuis des temps reculés. Et on s'étonne ensuite de sentir qu'on pourrait perdre le nord, au moment même où il descend sur nous — avec ses glaces, ses nuits sans fin et sa blanche solitude grise. C'est donc l'automne qui se termine, l'hiver qui fond sur nous, qui tombe comme cette nuit de quatre heures de l'après-midi, qui ne nous laisse pas de chance, qu'on ne va pas combattre : on va s'y mouler, s'y couler, y trouver son confort, ses aises. Allumons des feux, c'est l'habitude, le solstice sera traversé, c'est l'habitude. On appelle ça le rituel. On appelle ça la confiance. Que peut-on faire d'autre? Ailleurs, c'est la terreur. On regarde le sol geler, on prend enfin le temps.

En tête

L'année qu'on vient de traverser était celle des vingt-cinq ans de L'Oie de Cravan. Étonning, not ? Ça aussi c'est le tournoiement. En avril on a bien fêté, on a bien fêté toute l'année. Maintenant on se prépare un repos relatif au milieu de toutes les balises dressées. On se prépare à accueillir le passage à une autre saison, à une autre année ; surtout à un autre petit personnage, un lutin attendu qui viendra nous tenir compagnie. On attend un enfant. Il n'y a pas de meilleure attente : voilà qui occupe la tête, le cœur et le corps. Pour passer le temps, on participe à des foires. Il s'agit d'exhiber ses accomplissements, de faire le fier dans des salons. Ce qui, secrètement, n'exclut ni le doute, ni l'introspection. L'Oie de Cravan est donc au Salon du livre de Montréal, au stand 533 tenu par notre distributeur, Dimedia. Cette année on tente de rendre plus humain ce lieu sec et mort, ce hall de la place Bonaventure où se tient le Salon. On veut lui faire un sort. On a des lampions, du vin, du pastis, un siège bean-bag, le beau sac que nous a dessiné Obom, des lampions, des lampions… Et puis, bien sûr, nos livres. Tous ceux qui ont tracé notre histoire et les nouveautés, les beaux textes que nous ont confiés Daphné B., Jonathan Doré, Julie Roy et Natalie Thibault. Venez nous voir. Je pense aussi à prendre quelques clémentines, à laisser l'humide monter en poésie. Faudrait bien que, magie magie, le stand de L'Oie devienne oasis. On croit rêver, on doit bouger.

À venir

Après ce salon, si le bébé qui vient le permet, nous serons encore à une dernière foire, la plus belle : le salon des artisans en petites publications Expozine, les 25 et 26 novembre, au 454 Laurier Est, en notre ville de Montréal. Nous pensons y faire une vente de feu, nous y serons souriant. Ensuite ? Une page énorme va se tourner, ce sera 2018 et cette vie nouvelle sera là, et tant de livres… Jean-Christophe Réhel, Geneviève Elverum, Joël Cournuault et bien bien d'autres choses. Surtout, surtout, surtout, l'histoire folle d'un petit monde immense et secret va se poursuivre. C'est à nous, à vous, tout ça. Ne les laissez pas vous convaincre du contraire.


4.12.15

4 décembre 2015



Le temps et sa géographie

Voilà que l'automne est terminé. Le jour se pointe pour quelques heures et puis disparait derrière les buildings. C'est l'approche du solstice. Une période de bilans, une période pour souffler un peu, pour se frotter les yeux.  On songe aux jours de lumière traversés, on se creuse une tanière pour l'hiver.  On songe aux ours de lumière qui traversent la nuit en gardiens endormis de la flamme.  Comment garder la flamme? Il y a une pluie froide au-dehors, le monde s'affole, le monde est sombre.  On dit que le secret des ours est dans le ralentissement. C'est une idée plaisante. 

En tête

L'Oie de Cravan est justement un oiseau d'une effroyable lenteur. Un battement d'aile peine à effeuiller le calendrier, le vol migratoire dure des années. Si on ne sait pas bien comment se dirigent les oiseaux, la route que suit une maison d'édition de poésie relève d'un mystère plus grand encore. Ou plus bête. Elle va à l'instinct bien sûr, mais ce n'est pas celui des animaux. C'est un instinct peu sûr de lui, qui se base sur le manque de certitudes même pour dessiner sa route. 24 années de traversées en posant des livres pour tracer le chemin. Un chemin un peu confus, bien sûr. Si chaque pierre délestée ne fait pas toujours le poids, il faut bien avouer qu'il y a des moments de grande fierté. Ainsi, depuis octobre,  L'Oie de Cravan a fait paraître des livres dont l'existence seule est déjà un réconfort. Des objets qui nous semblent beaux et bons. Je pense à Golden Square Mile, le roman d'amour déchiré de Maxime Catellier ; à Vallée des cicatrices, la présence toujours juste de Patrice Desbiens. Mais aussi à deux livres sortis en novembre, un peu en secret :  L'Hiver, hier, le magnifique récit de notre hiver comme seule la langue de Michel Garneau peut l'évoquer.  Et puis, Maman Sauvage, les premiers poèmes de la bédéiste Geneviève Castrée (sous son vrai nom, Geneviève Elverum). Il fallait des poèmes sans dessins et justes pour dire le corps et la tête dans l'attente d'un enfant. Neuf mois pour devenir complètement la maman sauvage.  La rage et la joie. Contrairement à notre habitude, ces livres n'ont pas eu droit à un lancement. C'est que ces auteurs vivent bien loin de tout. Ils ont raison d'être présents dans la distance. Chaque jour on s'y essaie. Pas facile, pour un bête oiseau.


À venir

Envie de dire : «À bas le temps des fêtes !».  Mais une petite fille à nos côtés aime trop les lumières qui brillent dans la nuit. On va donc dresser l'arbre, l'illuminer, et traverser l'hiver; comme l'ours, comme la petite fille, comme une fière oie qui se laisser porter.  Neiges, froids, souffles : on est prêt à se laisser glisser, à tout traverser. Jouer et regarder jouer. Myriam Gendron sera à la Casa del Popolo le 16 décembre pour son dernier spectacle de l'année, en compagnie des chics Damon & Naomi.  Puis, bien blottis, on préparera la saison prochaine : nouvelles de Thierry Horguelin,  poèmes de Sébastien B. Gagnon et de Hélène Frédérick, dessins de Edgar Hudon et bien d'autres choses. Mille et un monts et merveilles nous attendent de l'autre côté.

4.2.15

4 février 2015



Le temps et sa géographie

On ne sait que dire : la mâchoire est coincée, la langue surgelée, le clavier glacial. L'hiver s'amuse à jouer au yoyo sub-polaire, à nous glacer le sang et les idées. -20 degrés, un jour; -5 le suivant; -15 le surlendemain. On veut notre peau : détachée et séchée à froid. On ne l'aura pas. On s'active, on se réchauffe le coeur : on fait réduire des bouillons, on distille des poèmes, on hume des alcools, on s'invente des fourrures pour traverser toutes les glaces. On se répète le nombre astronomique d'heures de grande patience avant le printemps et on s'efforce d'en rire. Il le faut. Rire face à ce froid qui n'est pas que climatique, malheureusement.

En tête

Il y a aussi les bonnes pensées. Les bonnes pensées, comme les mauvaises d'ailleurs, sont excellentes. Elles empêchent d'accorder trop d'importance à l'état du monde, aux massacres permanents de la sensibilité auxquels nous sommes soumis. Une bonne pensée est celle de la poésie qui continue à trouver des chemins de traverse malgré tous les obstacles. Alors qu'on clame (et c'est sans doute vrai) que le livre va mal, il y a une bonne douzaine de recueils de poésie parmi les 50 meilleurs vendeurs de 2014 de la librairie Le Port de tête de Montréal. C'est exceptionnel, bien sûr, mais néanmoins rassurant. Une autre bonne nouvelle est la mise sur pied d'un volet poésie au Prix des libraires du Québec. Je ne raffole pas particulièrement des divers prix du monde littéraire, souvent porteurs d'une compétition et d'une vision du monde qui ne me touchent guère. Ce prix, celui des gens qui travaillent en librairie, a un autre sens — il dit la possible présence de la poésie dans notre champ visuel, comme un feu dans l'étendue glacée. C'est déjà ça. Ainsi, la joie pour nous d'y avoir deux titres en nomination. À L'Oie, on va d'ailleurs se faire un beau petit feu de camp avec les amis de la librairie/imprimerie La Passe. Ce sera notre braderie de printemps en plein février! Au fil des années, les livres légèrement endommagés sont retournés aux éditeurs par le distributeur. Nous en avons accumulé un bon paquet et nous les mettons en vente à 5 pour 5 piastres seulement, le samedi 14 février de midi à cinq heures, aux locaux de La Passe, 1214 de la Montagne, à Montréal. Il y a des détails ici.


À venir

On sait l'importance de Myriam Gendron pour L'Oie. Il n'est pas inutile de rappeler ici qu'elle a sorti en mars 2014 un disque vinyle exceptionnel consacré à la poésie de Dorothy Parker. Ce disque en sera bientôt à sa troisième réimpression par l'étiquette Feeding Tube Records. L'Oie de Cravan s'est associée avec ce label pour sortir en co-édition un 45 tours 7" de deux chansons qui ne sont pas sur le vinyle, soit Bric-à-brac et The Small Hours. On peut voir ici la belle pochette réalisée pour ce disque par Kiva Stimac de Popolo Press.  Ce 7" sera lancé le 4 mars à la Casa del popolo de Montréal en même temps que la version CD de l'album, qui sort enfin chez Mama Bird Recording Co. et qui va inclure ces deux chansons. Autre bonne nouvelle, c'est Myriam qui assurera la première partie du spectacle de Michael Hurley le 24 avril à La Vitrola! Tout cela ne nous fait pas oublier que L'Oie de Cravan est d'abord un éditeur de poésie et que de très belles choses s'en viennent au mois de mai pour nous. Il y a d'abord la poésie belle et folle de notre complice Éric Simon, dont nous avions publié le récit La visite du cerveau. Puis, les œuvres complètes d'une dame d'exception, la surréaliste Nicole Espagnol, décédé en juin 2006, à qui Alain Joubert avait rendu hommage dans le très beau Une goutte d'éternité.  Plus tard, lorsque l'été sera passé, nous retrouverons Patrice Desbiens, Maxime Catellier, Thierry Horguelin et Sébastien B. Gagnon.

2.2.14

2 février 2014



Le temps et sa géographie

Un redoux tout en grisailles sur la ville. Après les brutalités climatiques sub-polaires que l'on vient de subir, on veut nous faire croire à un printemps prochain. Prenons donc des airs optimistes mais en se gardant le malin sourire de la méfiance. On connaît le pays, on connaît ses traîtrises, ses glaçons, ses tempêtes de neige du joli mai. Gardons le cap : il reste bien des févriers à traverser. Pour confirmer l'emprise du froid, la nouvelle vient de nous arriver de la mort de Philip Seymour Hoffman. Un acteur ! Et lointain. Ça ne devrait guère émouvoir. D'où vient alors ce serrement à la gorge ? D'où vient le sentiment de perdre un proche ? C'est sans réponse mais il y a des présences qui ne tiennent pas compte des distances, des proximités et des éloignements. Et puis, il y a que François Cavanna est mort aussi, il y a 4 jours. Il semble qu'ils étaient du même parti, du même bord des choses, malgré toutes les distances justement. En tout cas, ils étaient de ces êtres qu'on garde dans la famille, en pensée : un peu de l'été dans l'âtre des hivers qui s'allongent. 

En tête

Heureusement, une belle chose vient d'arriver à L'Oie, à la poésie : Geneviève Desrosiers encore et toujours ! C'est à la une du Cahier des livres du journal Le Devoir de ce samedi : Geneviève Desrosiers, la lumière indélibile. L'Oie de Cravan en première page du Cahier des livres de ce journal, c'est une première — ça fait plaisir — mais ce qui réchauffe le cœur surtout c'est un tel article consacré à la poésie véritable, au véritable feu permanent que gardent les mots de Geneviève Desrosiers, plus de 15 ans après sa mort.  Il faut féliciter Catherine Lalonde pour avoir osé, pour avoir donné tant de place à un livre qui ne vient pas de sortir mais qui est d'une brûlante actualité. Pour ce qui est de notre tranquille mais constante actualité éditoriale, le recueil des aphorismes complets de Pierre Peuchmaurd, Fatigues, devait sortir à la fin de l'année dernière mais il se serait trouvé perdu au milieu des bêtes festivités de fin d'année. C'eût été triste. Nous avons préféré mettre le temps de notre côté et y aller avec toute la lenteur requise : la mise en page est terminée et il verra le jour dans un mois. C'est un ouvrage qui donne le vertige : 228 pages, quatre recueils rassemblés qui donnent à lire la parfaite maîtrise qu'avait Pierre Peuchmaurd de cet art de l'éclair en quelques phrases qu'est l'aphorisme. Il paraîtra en même temps que deux petits livres de la collection Le fer & sa rouille, notre collection de plaquettes cousues main, à tirage limité. Ce sont des manières de contes, si l'on veut, des enchantements : Serviteurs, les princesses de Anne-Marie Beeckman et Wendy Ratherfight de Bérengère Cournut.


À venir

Ce qui vient ensuite n'a pas à voir directement avec L'Oie de Cravan mais c'est un plaisir qu'on ne peut cacher : pour toutes sortes d'excellentes raisons, Myriam Gendron est centrale à notre activité. Elle va faire paraître à la fin février un album de chansons qu'elle a créées à partir d'une vieille anthologie de poèmes de Dorothy Parker, Not So Deep as a Well (1936). L'album va sortir bien sûr sous forme digitale — comme c'est l'usage aujourd'hui — mais également sous forme de disque vinyle. On a très hâte de tenir l'objet ! On peut trouver d'autres renseignements sur cette page et y écouter « Solace », le premier extrait de l'album. Pour ceux qui se sont perdus dans cette direction, il existe même une page facedebouc en pleine construction : ici. Admirateur, l'éditeur n'en arrête pas pour autant ses activités et c'est à la fin mars qu'on devrait voir apparaître J'aime les filles, la toute nouvelle bande dessinée de OBOM ; quelque chose qui devrait décidément nous faire tenir jusqu'au printemps. On en reparle ici-même très bientôt.





11.9.13

10 septembre 2013



Le temps et sa géographie

La géographie a changé, la lumière de septembre est particulièrement belle au détour d'une rue : c'est que nous sommes dans la bonne ville de Québec, pour peu de temps. Québec n'est plus ce qu'elle était, on le dit : gentrifiée, grugée par les touristes et les manœuvres des promoteurs, elle aurait perdu ses repaires et ses repères. Pourtant, pour l'éditeur de passage, il y reste bien des charmes. Des endroits pour lire, des endroits pour boire et surtout — ça ne s'enlève pas facilement — des rues pentues qui ménagent des surprises, qui imposent l'effort. Quelque chose de Lisbonne, si on veut. Le Tage n'est pas loin. C'était sa lumière dans le ciel aujourd'hui. Il n'empêche que c'est bien triste, cette disparition de tant de librairies, ce magasinage, qui partout veut remplacer le flânage. Ça frappe peut-être davantage dans une ville comme Québec, qui a beaucoup perdu, mais toutes les grandes villes d'Amérique et d'Europe vivent cette disparition. Peut-être que derrière les apparences, derrière les façades, une fois franchies les portes closes, des conversations se croisent, des livres s'écrivent, des rires ébranlent et qu'une ville secrète est en préparation. La forme d'une ville change plus vite que le cœur d'un mortel : c'est sans doute tant mieux. Les terriens restent à inventer, leurs villes aussi.



En tête

L'Oie se prépare une saison sous le signe du livre d'ymages (pour conserver l'orthographe d'Alfred Jarry). Fantastic Plotte de Julie Doucet est déjà sous presse. En faisant la mise en page, il était impossible de ne pas sourire, de ne pas s'enthousiasmer. C'est que ce livre, qui contient les toutes premières bd de Julie Doucet, est une mine d'or explosive. Il y a là toute la subversion de la pensée punk des années 80 mais à son meilleur, rendue avec un talent ébouriffant. Ensuite, un bijou, une œuvre angoissée et parfaite : Mélasse de Guillaume Pelletier, dont on parle déjà ici. Et puis, le livre d'ymages qui s'éloigne le plus de la bande dessinée : le magnifique Petit guide du Plan Nord de Michel Hellman, entièrement réalisé en sacs de poubelle découpés ! Un exemple vaut mille mots, ici. Tout cela, très bientôt, avant que ne se dissipent les brumes de l'automne.


À venir

Et puis, juste après, dès que les froids auront repris leurs droits, nous aurons avec nous les grandes Fatigues de Pierre Peuchmaurd. Il s'agit de l'intégrale des aphorismes publiés de son vivant, soit les recueils À l'usage de Delphine, L'Immaculée Déception et Le moineau par les cornes, auxquels s'ajoute un recueil inédit, La position du pissenlit. C'est la réponse qu'avait donnée Pierre Peuchmaurd aux grandes fatigues que lui causait le monde, une réponse pleine d'humour, d'éclairs poétiques, de découragement et d'espoir. Les aphorismes de Pierre Peuchmaurd, c'est aussi, si on veut, un appel aux terriens. Tout reste à faire — alors que vient l'hiver.




10.11.12

10 novembre 2012



Le temps et sa géographie

Depuis quelques jours, on se sent glisser vers la nuit. Le couvercle de la noirceur se referme douloureusement de plus en plus tôt. On a beau avoir des jours sans nuages, admirer la couleur de caramel brûlé de la lumière, on s'ennuie déjà du soleil. On voudrait qu'il nous regarde bien en face au lieu de fuir. Les plantes sont rentrées, on a empilé les chaises sur le balcon et on profite des dernières balades en bicycle.  Redoutée plus que tout, la sourde menace du « temps des fêtes » se fait de plus en plus nette. Reste l'alcool, le thé, les longs romans, la musique islandaise. Retrouver son nid, croire en la poésie, en sa propre vie.  


En tête

Comme on le sait, L'Oie de Cravan et le journal submersible inactuel LE BATHYSCAPHE sont de proches complices. Le huitième numéro de ce journal vient de paraître et nous avons tous été occupés à faire connaître la bonne nouvelle. Comme on peut le voir ici, il est maintenant disponible un peu partout, à Montréal, Québec, Rimouski et dans certains points de ventes «de qualité» en France, en Belgique et aux États-Unis.  Nous avons également enfin numérisé le deuxième numéro de cette publication (juin 2008), épuisé depuis longtemps, et l'on peut désormais le consulter ici
L'Oie devait d'ailleurs faire paraître deux livres d'images en novembre : Flâneurs de Simon Bossé ainsi que Petit guide du Plan Nord de Michel Hellman.  La sortie du livre de Michel est quelque peu retardée : il faut dire qu'il s'agit d'un travail de moine absolument extraordinaire où l'artiste utilise pour évoquer le Grand Nord des sacs de poubelles trouvés sur place qu'il découpe avec une précision maniaque, y faisant naître des images inoubliables. Nous annoncerons la nouvelle date de parution dès que nous aurons l'objet en main. 
La bonne nouvelle est que le livre de Simon Bossé sort bien comme prévu ! Flâneurs sera en librairie au Québec dès la dernière semaine de novembre et sera lancé à Montréal et à Québec. Nous sommes très excités à l'idée du lancement de ce livre, le 4 décembre à Notre-Dame-Des-Quilles à Montréal et le 7 décembre à la librairie Phylactère à Québec.  C'est du Simon Bossé tout en douceur, un des fétiches à avoir autour de soi pour aider à traverser l'hiver. Plus de détails très bientôt.


À venir

Avant de s'encabaner, L'Oie lisse ses plumes, prend des airs et se transforme en Oie de Salon.  Elle n'y croit pas vraiment, faut pas s'inquiéter, mais elle sera présente pour retrouver les vieux oiseaux, se donner de bonnes tapes d'ailes dans le dos et faire des couacs couacs à tout propos.  Elle sera donc au Salon du Livre de Montréal de mercredi à lundi prochain (soit du 14 au 18 novembre) au stand Dimedia  (qui porte le numéro 532).  Nous tiendrons compagnie à nos amis de La peuplade, du Quartanier, du Noroît et des Herbes Rouges mais, pour être honnête, nous n'aimons pas vraiment la cage d'exposition de la Place Bonaventure : c'est un lieu étouffant qui baigne dans une lumière et une atmosphère mortes. Le salon Expozine qui se tiendra en même temps, samedi et dimanche (16 et 17 novembre), nous plaît bien davantage. Il y flotte un vent de folie, de liberté qui nous donne envie de déployer nos ailes et de dévoyer nos amis. Nous y serons également (ubiquité est le mot, je crois) aux côtés de Simon Bossé (encore lui!), de Julie Doucet, d'Antoine Peuchmaurd (avec ses photos) et du Bathyscaphe. C'est au 5035 de la rue Saint-Dominique et c'est à ne pas manquer. Après salons et lancements, L'Oie rentrera au nid, c'est promis. 

19.4.12

19 avril 2012


Le temps et sa géographie

La lumière est différente depuis quelques jours : elle s'est faite joueuse, elle semble se payer notre tête. C'est sans doute ce bon vent qui bouscule les nuages et provoque des courses, des éclats et fait naître des ombres mouvantes. Il y a des bourgeons, des cris, de la poussière qui vole. La fenêtre du bureau de L'Oie est entrouverte ; elle est surtout sale mais c'est tant mieux : elle se fait l'écran sur lequel se projettent tous ces jeux. Il y a l'odeur aussi : un peu pourriture, un peu fraîcheur — l'odeur du monde qui change. Bien sûr, tout cela a un nom : brindille de temps, le renouveau, le changement. Certains n'aiment pas l'expression « Printemps étudiant ». On peut les comprendre : il y a réduction, bien sûr, et emprunt à d'autres printemps. Mais les étudiants sont bien vivants en ce moment. Et le mot printemps est bien joli, rien n'y fait. On souhaite qu'il ne soit pas qu'étudiant, qu'il ne dure pas qu'une saison. On souhaite que le sang, la sève, monte monte et monte : elle finira par atteindre la tête. Alors qui sait ce qui peut arriver ?

En tête

Pour l'instant, simplement, ce sont des livres qui sont arrivés chez l'éditeur. C'est un bonheur : la fraîcheur de l'encre, le poids de l'objet, la découverte des projets rêvés qui se matérialisent. On a reçu il y a quelques jours les Résolutions de Laurent Albarracin. Un recueil d'aphorismes tout en finesse, tout en mises en abyme. La couverture est un rappel de celle de À l'usage de Delphine de Pierre Peuchmaurd, autre recueil d'aphorismes, aujourd'hui épuisé, d'un poète qui compte énormément pour Laurent Albarracin comme pour l'éditeur. Reçu également, le Passage public de Joël Gayraud : le livre d'un promeneur attentif. Que ce soit à Prague, à Naples ou sur la pointe de Dungeness, près de la maison de Derek Jarman, Joël Gayraud sait voir et faire sentir l'essence des lieux traversés. C'est plus rare qu'on ne le croit ! On aurait aimé célébrer avec ces auteurs la sortie en librairie au Québec de leurs ouvages mais il semble qu'un océan nous sépare. Nous attendrons le Marché de la poésie de Paris pour boire à leur santé en compagnie de nos amis qui vivent sur cette rive.


À venir

Mais nous saurons célébrer de ce côté-ci des mers. On prépare un nouvel opuscule de Thierry Horguelin, Choses vues : un ensemble d'observations compilées par ce malicieux chercheur qui sait découvrir les déchirures dans l'apparente banalité du tissu quotidien. On en profite pour ressortir dans notre collection de poche « Petites pattes à ponts » son livre précédent, La nuit sans fin, qui était épuisé par la demande populaire. Juste coïncidence, Thierry sera de passage à Montréal fin mai lors de la sortie de ses livres : il y aura donc fête en sa bonne compagnie. Pour bien faire les choses, nous sortirons en même temps l'étourdissant ensemble de contes de Bérengère Cournut, Schasslamitt, que nous publions de conserve avec les éditions Attila de la bonne ville de Paris. Le vin sera français, l'humour sera belge : ce sont nos seuls plans arrêtés pour cette soirée. Pour le moment, faut songer à rentrer nos blancs moutons, se mettre à l'abri pour peaufiner les ouvrages : v'là la pluie, mironton mirontaine. 

22.12.11

21 décembre 2011



Le temps et sa géographie

Temps et géographie au plus resserrés, temps qui passe, temps bon à se tenir au chaud. Le jour le plus court de l'année, à la maison. On a fait mijoter des bouillons de réconfort, on a compté les alcools et écrit des lettres à la main. Hier soir, il faut le croire, un sapin fut même décoré à la maison avec l'aide et le regard de Rio qui, de la sagesse de ses dix ans, sait que l'odeur et la silhouette de l'arbre aident beaucoup la traversée de ces jours. Paradoxalement, ça permet de se tenir éloigné du Noël sordide qui emplit nos rues de gens absents qui courent et courent. Ce soir, la pluie verglaçante n'a pas empêché d'aller lentement écouter les amis Glenn Jones et Cian Nugent à la Casa del popolo. On se réchauffe comme on peut, sur des cordes de guitares bien sèches et douces, ou en écoutant oncle Glenn raconter les aventures de John Fahey comme lui seul sait le faire. Hostie de comique.


En tête

En tête, pas grand-chose, ou trop de choses. C'est ça, hiberner son jour le plus court. Mais tout de même, encore un poème trouvé qui semble coller juste — à ce jour de peu de lumière, oui, mais surtout à cette musique. En tout cas, j'ai lu par hasard ce court texte (qui est de George Oppen) en écoutant ce Canto do amanhecer.

LE POÈME

Poésie du sens des mots
Nouée à l'univers

Je crois qu'il n'y a pas de lumière en ce monde
sinon ce monde

Et je crois que la lumière est







À venir

En février qui vient, L'Oie de Cravan aura 20 ans. Voilà qui est à peine croyable. Et pour l'instant, on va rester incrédule. Que faire de cette information, sinon rêver aux livres qui viennent, aux livres ralentisseurs de l'année à venir ? Rêvons à tout hasard de textes de Joël Gayraud, Laurent Albarracin, Shawn Cotton, Bérengère Cournut, Thierry Horguelin et Katerina Iliopoulou ; de livres d'images de Simon Bossé et Michel Hellman ; et d' une traduction de Edgar Allan Poe par Alice Becker-Ho. Tout cela, ce serait déjà célébrer. On trouvera bien, en plus, le moyen de lever notre verre à la santé des ans !



3.9.11

3 septembre 2011



Le temps et sa géographie

C'est la lourdeur des adieux de l'été, en attendant la fraîcheur de l'automne. Ce couvercle de suie et d'humidité sur la ville, on attend qu'il craque et se répande en pluie. Le ciel sait attendre ; nous, on s'impatiente. On tourne en rond comme la bête, on rêve d'une douche, d'un lac, d'un océan tout confort ou alors, d'un orage dévastateur. On n'aime pas ça. Le chat Charbonneur, notre seule bête, n'est pas idiot : il dort, il dort, il dort. Ce sommeil est le seul choix valable mais, par ce temps, le temps lui-même s'agite et nous bouscule. Il ne veut décidément pas de notre repos. La « rentrée » est une chose à laquelle il n'est pas besoin de croire pour en sentir les effets. La ville redevient une ville et les gens semblent se multiplier et ne pouvoir calmer leur agitation. Il s'agirait d'être partout à la fois. Bien. Tout cela décidément nous dépasse. Nous sommes ici, à peine, et aujourd'hui c'est déjà trop. Ici, donc, il y a des livres à faire. Des livres que l'on aime. Mais l'amour sous les tropiques ne va de soi que dans les films.

En tête

D'abord évoquer quelques petites douceurs, des petites bises fraîches qui sont les bienvenues. À commencer par cette entrevue avec Thierry Horguelin au sujet de ses deux livres publiés à L'Oie de Cravan. C'est bien l'homme, c'est bien l'auteur que nous aimons. Aux États-Unis, les gens de la curieuse petite revue Birkensnake s'intéressent à son travail. Leur numéro 4 vient de paraître et on peut y lire en traduction certains extraits du Voyageur de la nuit. Notre anglais est bien peu maternel mais il nous semble que cette traduction toute en finesse rend justice à la précision des notes du Voyageur.
Ce qui fait plaisir aussi, c'est la façon dont les livres bilingues du critique Byron Coley et du chanteur Michael Hurley, nos deux dernières publications, sont reçus par le monde anglophone.
Ainsi Richard Meltzer, un des fondateurs de la critique rock américaine, nous a écrit pour nous dire tout le bien qu'il pense du livre de Byron. On trouvera aussi ici le bel article consacré à ce livre par le journal anglais The Wire.
Puisque on est dans les prétentions internationales, il faut signaler un événement local sur lequel souffleront des vents d'ailleurs : c'est tout bientôt, à la librairie Le Port de Tête, que nous allons lancer un petit livre dont nous sommes fiers. Il s'agit de Typographie Inusuelle de Marc Pantanella. Le livre est drôle et typographiquement étourdissant. Il est aussi très beau, puisqu'il s'agit d'une coédition avec les éditions Finitude de Bordeaux qui se sont chargés de la couverture avec le métier et le goût qu'on leur connaît. Seront lancés au même moment le numéro 8 du fanzine Der Stein de Julie Doucet, en allemand, warum nicht ?, et Le Bathyscaphe numéro 7 — avec de fameux articles, dont le reportage de Thurston Moore sur le centre de poésie Naropa de Allen Ginsberg, ainsi qu'une entrevue de Maxime Catellier avec Jean Benoit. Tout cela nous fait comme un petit frisson de fraîcheur dans le dos! On donne plus de détails très bientôt.


À venir

Voilà qui rafraîchit mais n'est pas la pluie ; n'est pas l'automne. Le vrai tournant de saison reste à venir et ce sont nos imprimeurs qui l'ont entre les mains : deux livres cousins qui marqueront le tournant des jours. Patrice Desbiens et Robin Aubert. On en parlera, il fera bon alors.




6.2.11

6 février 2011

Le temps et sa géographie

Nous voici au deuxième mois de l'année. Déjà et encore, serait-on tenté de dire, tant on dirait qu'à Montréal février est un mois qui dure éternellement. Cette neige qui tombe, ces couloirs enfoncés que sont devenus les trottoirs, il semble qu'on ne les quitte jamais, qu'ils continuent leurs chemins de souterrains en passant sous l'été, sous les beaux jours, pour nous garder captifs de leurs parcours. Blanc et gris. Et puis, avec un peu de chance, une brisure de lumière. On les guette ces fissures, ces grands éclats qui sauvent le mois. On veut, pour l'encore et le toujours, le soleil des froids cassants, la seule, la grande joie des févriers.
L'impression de tunnel est renforcée parce qu'on travaille tête baissée. Il faut finir de mettre en page un livre qui n'est pas pour L'Oie de Cravan mais pour un éditeur de la France, les éditions des Vanneaux. Un engagement, important : c'est un ouvrage qui présente l'œuvre de Pierre Peuchmaurd. Y est reprise la présentation qu'en avait faite Laurent Albarracin dans Pierre Peuchmaurd, témoin élégant (L'Oie de Cravan, 2007) et une « anthologie portative » de textes essentiels du poète. Avec, en plus, un cahier photo, et des entrevues ; sur près de 300 pages, il y aura bien là de quoi prendre la pleine mesure de ce poète essentiel. Le livre devrait paraître pour juin. On invite à aller y voir de plus près.

En tête

Si une certaine tristesse accompagne ces jours, il faut savoir qu'elle vient d'un climat qui n'a rien à voir avec la saison : c'est d'un tout autre hiver qu'il s'agit, un hiver d'inertie. On a cru le voir se secouer les flocons, on n'a eu que déception. C'est que l'année avait commencé avec une superbe ruade : une lettre ouverte du poète Maxime Catellier adressée au critique Hugues Corriveau et au journal Le Devoir. Cette lettre nous avait semblé importante surtout pour ce qu'elle brassait du consensus paresseux du milieu de la poésie au Québec et aussi parce qu'elle pointait douloureusement l'absence de tout écho réel à l'existence d'une poésie dans le paysage médiatique du Québec. Nous l'avons publiée ci-dessous pour ces raisons. C'est une grande déception que de constater que nous avons été les seuls à le faire : aucune réaction de Hugues Corriveau, et, surtout, les gens de la rédaction et du Cahier Culturel du Devoir ont choisi de ne pas la faire paraître et de ne pas y donner le moindre écho. On me répondra qu'il n'existe pas de droit de réponse à la critique de poésie. Là n'est pas la question : Maxime Catellier adresse au journal et au critique des questions importantes pour les lecteurs de ce journal qui reste, bon gré mal gré, une des dernières voix relativement indépendantes du journalisme classique. Ceci est d'autant plus choquant que la moindre remarque négative d'un journaliste concernant l'Empire Québécor s'attire immédiatement une réplique d'un représentant dudit Empire publiée par Le Devoir sur plus d'une demi-page. Ainsi, pour avoir été égratigné par Gil Courtemanche dans une chronique récente, Pierre-Karl Péladeau s'est-il vu offrir tout l'espace voulu pour tenter d'écraser la punaise qui le démange.
Personne, et surtout pas le principal intéressé, ne nie que la réplique de Maxime Catellier lui est venue de s'être fait traiter cavalièrement par un critique. Mais il suffit de savoir lire pour constater que cette réplique touche de près à la question de la place de la poésie dans nos vies et, bien entendu, au Devoir. Et là, il y a quand même de bonnes questions qui se posent : pourquoi n'y a-t-il qu'un minuscule espace par trois semaines consacré à la poésie dans ce journal? Pourquoi n'y a-t-il qu'un seul critique, une seule voix, qui y est consacrée? Hugues Corriveau, peu importe ses goûts et opinions, n'a pas à porter seul l'odieux de cette situation. La lettre de Maxime Catellier, avec ses violences et sa belle sauvagerie, affirme haut et fort que la poésie est une nécessité vitale. On aimerait lire une critique où on sent cette nécessité, on aimerait lire un journal qui sache la reconnaître.


À venir

Heureusement, il y a le jeu. Le grand jeu et les petits. On s'aime, on sème des cailloux, on perd sa propre trace et on se retrouve. Voilà ce que j'appelle l'édition de poésie. Il y a donc de nombreux projets, histoire de jouer, histoire de ne pas renoncer. On peut annoncer, d'ores et déjà, certains recueils, de notre ami Patrice Desbiens par exemple et aussi d'un Robin Aubert qui va en surprendre plus d'un. Mais auparavant, un grand lancement à la Sala Rossa de Montréal pour nos trois livres les plus récents : Holy Moly, superbe recueil de dessins de Jeff Ladouceur; C'est la guerre, une anthologie bilingue des critiques de jeunesse du journaliste rock américain Byron Coley (où on retrouve les Minutemen, David Bowie, Jim Morrison, Robert Fripp et bien d'autres, attaqués ou encensés par un critique aux grandes dents qui a toujours écrit avec passion, en prenant des risques) et les Paroles de chansons de Michael Hurley, autre anthologie bilingue, cette fois d'une légende de la musique folk américaine, Michael Hurley, actif depuis la fin des années 60, encore méconnu ici. Il a écrit des centaines de chansons dont Hog of the foresaken et Werewolf. Un grand poète de l'Amérique. Pour le lancement, qui aura lieu le 6 mai, on pourra entendre Gabe Levine, Thomas Hellman, Loren Connors, Byron Coley, Jessica et Nadia Moss et plusieurs autres qui vont chanter, réciter : jouer, pour notre grand plaisir. On en reparle.

17.4.10

17 avril 2010

Le temps et sa géographie

On ne saurait le cacher : avril en son début avait bien une tête de mort. Trop de disparitions en cette période, trop de manques. Un masque d'été trop brusque, trop chaleureux pour être honnête, a brûlé sur Montréal, comme pour tenter de dissimuler l'anniversaire du vide, l'anniversaire du froid. Mais voilà que tout cela est passé : Montréal a repris un honnête visage gris, Montréal bourgeonne réellement. C'est tout de même un printemps. C'est tout de même la bonne odeur de pourriture de la vie qui bat. La cendre des volcans recouvre le monde, c'est rassurant ce brouillard qui vient du feu. Ça nous change des fumées de la chimie. On se sent presque ragaillardis. On a une envie de filer loin loin, sur un vélo de broche à foin. Voir où en sont les volcans.

En tête

Pierre Peuchmaurd a écrit très peu de prose. En 2004 il avait fait paraître L'année dernière à Cazillac, un magnifique ensemble de fragments autobiographiques qui se concentrent sur un espace de temps relativement bref, un passage de la vie de l'auteur, pour avancer en profondeur vers ce qui est au centre de sa démarche de poète. Ceci avec l'amertume souriante d'un grand styliste qui peut se permettre une douce auto-dérision. Ce texte m'avait enthousiasmé au moment de sa publication et, avec une infinie lenteur, je travaillais depuis quelques années à le traduire en anglais. Maintenant, un an après la disparition de son auteur, le moment me semble propice pour le ressortir (il était devenu introuvable dans son édition originale), accompagné de sa traduction anglaise. Ce sera donc sous la forme d'un petit livre de la collection Le fer & sa rouille qu'il verra le jour dans très peu de temps. C'est donc dire une délicate plaquette cousue à la main, au tirage limité à 200 exemplaires. Une façon comme une autre de s'assurer que le printemps ne sera pas que menteur.

À venir

Mais ce n'est pas tout. On peut aussi rêver. Diane Obomsawin, connue sous le pseudonyme de Obom est une bédéiste qui sait rêver et nous faire rêver. Nous avions déjà publié un premier recueil de ses étonnants rêves en bd en 1997 sous le titre Plus tard... Elle nous revient avec un autre recueil de rêves, Pink Mimi Drink, que nous lancerons en grande pompe vers la mi-mai avec la réédition de son fameux Kaspar, histoire de faire provision de braises pour la route vers les volcans.

7.11.09

7 novembre 2009

Le temps et sa géographie

Le temps est désertique, la géographie glaciale. Moins d'heures au jour, moins de jours à l'année, moins d'années à la… De la peur dans les rues, une peur bien enrobée, bien esthétique, approuvée par tout ce qui décide. On craint des virus, on craint des gens, on crie à la conspiration; on crie au loup mais il n'y a plus de loups, il n'y a que des rues vides balayées par le vent alors qu'on reste à la maison, la tête bien cachée au fond de l'écran. Restent pourtant aussi des occasions, de véritables tanières, des potions, des flammes qu'il faut savoir deviner. Restent, encore et encore, des dernières chances. Il va falloir savoir jouer, savoir garder sa lenteur, savoir sourire de tout ce qui fait peur et connaître la portée des gestes. Derrière le vide qui s'affiche, le monde est toujours là : c'est le pari qu'il faudra tenir.

En tête

Du monde et des sourires, on en a vu l'autre soir. On a lancé quelques beaux livres, Bérengère Cournut et Patrice Desbiens ont lu. Il y a plein de lancements de livres, et c'est heureux. Sans doute d'un intérêt inégal mais on peut se faire plaisir en songeant qu'ils sont parfois les moments privilégiés d'une certaine complicité, d'une certaine poésie, qui laissent loin derrière les prétextes commerciaux de l'activité éditoriale. Ce 28 octobre, les mots de Bérengère Cournut et de Patrice Desbiens parlaient du monde réel à de réels complices : c'est ça, la poésie certaine. Et le plaisir du métier d'éditeur.

À venir

On ne va donc pas s'en tenir là. Ginette Nault et Daniel Beaucaire, nos lointains imprimeurs, sont actuellement à l'œuvre. Sous leurs presses il y a une bande d'animaux humains dessinés par Simon Bossé, Bébête. C'est un tableau dur, juste et beau. Il y a aussi un livre qui donne le vertige, La Nuit sans fin, sept histoires pour occuper le jour, de Thierry Horguelin. Quelque chose comme un piège littéraire qui, en se refermant, nous mènerait enfin à l'air libre! Un piège qui sera présenté avec une magnifique photo d'Antoine Peuchmaurd en couverture. Nous allons de nouveau festoyer pour célébrer cela. On ne festoie jamais assez chez l'Oie. Ce sera très exactement en la taverne du Cheval Blanc, le dimanche 29 novembre. Débutant tranquillement vers les 18 h aux sons de la clarinette et de quelque jazz, on prévoit ensuite, vers 21 h 30, un certain rock avec le retour du groupe de musiciens dessinateurs Les Michels. On sait, en tous cas, que nos deux auteurs seront là. On se doute bien aussi que l'atmosphère sera des plus chaleureuses et permettra d'arracher une autre soirée aux froids! D'ici là, L'Oie se fera une tête de commis voyageur. D'abord les 14 et 15 novembre à Expozine, cette foire chaotique que nous aimons; puis du 18 au 23 novembre, au Salon du livre de Montréal, cette foire médiatique que nous aimons beaucoup moins mais où nous tenterons une première immersion, histoire d'aller voir si nos craintes étaient fondées. Fondées ou pas, il nous fera plaisir de vous y voir : si vous vous y risquez, venez nous porter des oranges!

6.9.09

7 septembre 2009

Le temps et sa géographie

Voilà, à force de chemins de traverse, de sentiers s'estompant qu'il fallut deviner au flair et à l'œil, nous avons fini par traverser l'été. Pour une fois il fut luxuriant, riche de ces minuscules aventures qui laissent en bouche, après une nuit de bons rêves, un indéfinissable goût de boisés. Sans savoir précisément comment, il est à parier que les rêveries de l'été aideront à traverser l'hiver. On se guide comme on peut, parfois sur des étoiles fuyantes, d'autres fois sur le sol rêvé, désiré, que nous avons découvert sous nos pieds. Il est plaisant de poursuivre alors, de son plein gré, l'avancée.
Cet été est-il d'ailleurs terminé? Il semble que l'août veuille marcher lui aussi d'un bon pas jusqu'au cœur de septembre. On serait bien sot de s'en plaindre. Comme l'été, comme tout ce qui aime faire traîner le chemin, à L'Oie nous accusons un certain retard.

En tête

Il faut dire aussi qu'une de nos aventures nous a laissé  dans un état physique où il n'était plus possible de se plier aux exigences manuelles du métier d'éditeur : le mois dernier L'Oie a eu l'aile droite cassée, ce qui brise le vol et empêche l'utilisation des stylos, claviers et autres nécessaires outils de précision qui réclament la main. De bons soins, la dextérité d'un physiothérapeute, et voilà que nous pouvons à nouveau songer à faire des livres. Comme promis, ce sera d'abord en poursuivant la collection de petites proses poétiques Le fer & sa rouille amorcée ce printemps avec le Cahier de neiges de votre serviteur. Les semaines qui viennent verront donc la parution de Hourrah pour Shane de l'Irlandais Shane Brangan en édition bilingue et de Nanoushkaïa de Bérengère Cournut, dont les éditions Attila de Paris ont fait paraître le remarquable Écorcobaliseur l'année dernière. Encore une fois il s'agit de petites plaquettes cousues main au tirage fort limité. Une manière de nous faire particulièrement plaisir, de retrouver de douce façon le coup d'aile et l'envol. Presque simultanément nous nous remettrons à façonner des livres un peu plus épais bien que toujours aussi fins. Au bon endroit comme au bon moment, nous publierons l'ouvrage final de la trilogie poétique de Patrice Desbiens, le si bien nommé En temps et lieux 3.

Ce qui vient

Sans doute, rendu si avancé dans les temps et les lieux, qu'il faudra songer à fermer les yeux sur l'été, retenir le souffle pour affronter l'hiver. Nous aurons alors à vous proposer La nuit sans fin, sept histoires de Thierry Horguelin en forme de labyrinthes pour occuper le jour. Nous aurons aussi des bêtes de compagnie. Ce sera le grand retour du bédéiste Simon Bossé avec ses histoires animalières de Bébètes. Tout cela fera chaleur dans l'âtre. Et puis, il y a tout de même un soleil dans les glaces. S'il franchit le cap, si les jours se mettent à allonger après le solstice, nous pourrons vous parler plus avant de Byron Coley, de Obom et du musicien Michael Hurley. Pour l'instant, L'Oie se chauffe les pieds dans ce qui s'acharne de l'été.

19.4.09

19 avril 2009

Le temps et sa géographie

Avril, et qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Pierre Peuchmaurd n'est plus présent. Sale temps, sale géographie. Le nord est perdu. Et pourtant on continue. Il ne l'aurait pas voulu autrement. Pour la poésie et par curiosité. La suite des choses, voyons-voir où ça va nous mener. On se plante un clou tout en haut de la boussole. Ça fait mal, mais on ne perd rien pour attendre : il y aura bien un moment où on pourra rire. On l'entend ce moment. C'est déjà toute une musique.

En tête

On aurait presque envie de s'y mettre tout de suite, à la rigolade. En effet, le Marché de la poésie de Montréal a annoncé son thème pour cette année : «Héritages du surréalisme». Allons donc! C'est à ne pas manquer. Une trentaine d'activités seront proposées sur le sujet, dont un colloque dirigé par Claude Beausoleil, une sommité. Tout cela est fort amusant. Une seule chose est certaine : rien de ce qui pourra se dire ou se faire dans un tel contexte n'aura le moindre rapport avec l'esprit de révolte qui fut et demeure au coeur du projet surréaliste. Mais ce qui fait moins rire, avouons-le, c'est de lire que L'Oie de Cravan va participer à un «Cabaret surréaliste». Là, je vous arrête tout de suite, messieurs dames : L'Oie de Cravan, sans se prétendre particulièrement «révoltée» ou «surréaliste», est une honnête maison. Nous ne ferons pas de «Cabaret surréaliste». Il y a des choses dont il vaut mieux ne pas trop se moquer. Après tout, il arrivera peut-être ce jour où le surréalisme le touchera, ce fameux héritage.  Pour rire, on va préférer cette compagnie.

Ce qui vient

On parle beaucoup de rire et de plaisir mais il n'y a pas que ça dans la vie, il y a le dur labeur de l'éditeur. À L'Oie de Cravan, on le sait, on se méfie du travail. Mais on aime bien faire des livres. Alors voilà en vrac ce qui vient. D'abord, fin mai, une petite plaquette d'un auteur pas trop connu. Il s'agit d'une nouvelle collection dont le nom est encore à trouver. Le livre, lui, s'appellera «Cahier de neiges». Ensuite, ce sera une seconde parution dans la même collection : l'excellent «Hourra pour Shane» de Shane Brangan. On prend déjà le risque de vous annoncer le troisième titre de cette collection pour l'automne prochain : «Nanoushkaïa» de Bérengère Cournut.  La même époque verra naître d'autres jolies choses : on parle de bandes dessinées de Simon Bossé, de Obom, de nouvelles de Thierry Horguelin, et même de poèmes du  fin Patrice Desbiens! On murmure qu'il y aura des livres du critique Byron Coley et du chanteur Michael Hurley. Mais ça, on n'ose le croire. C'est si loin demain et le chemin reste tout à faire. On se guide à la musique, à la toute petite musique rigolarde qui semble venir de là-bas. 

21.10.08

21 octobre 2008

Le temps et sa géographie

Il pleut, Montréal n'est plus qu'un bruit de voitures qui passent. On se dit que ce temps est celui qu'il fera tout l'hiver à Paris ou Vancouver. Là-bas, il leur faut seulement un peu de patience, c'est une humidité relative, un pont presque bref vers le printemps. Un pont gris pourtant. Nous, notre pont sera très long, très blanc : il nous mènera loin dans la prochaine année. On l'attend. On fait chauffer les humeurs, on barricade les demeures, on s'aiguise le caractère et les patins, on raccommode les bottes, on se rentre la tête dans la mitaine. On se dit « Courage, courage, pom pom pom, c'est beau l'hiver ». On se dit, agitons-nous! Il fera moins froid. On fait des choses, on fait des livres. C'est ça, des livres.

En tête

Agitons-nous donc bien la boule, que la neige retombe sous le verre et nous laisse éblouis. Nous aurons des livres qui brûlent de la lumière tremblante des flocons : annonçons d'abord le retour de Monsieur Patrice Desbiens avec le recueil si finement nommé En temps et lieux 2 qui fait suite au premier du nom que nous avions publié il y a presque exactement une année. C'est une suite mais c'est encore mieux : Patrice voit que ça va mal et en prend bonne note, en sa poétique façon. On va lancer ce bel ouvrage de résistance dans une librairie voisine, il y a toujours une librairie voisine où il fait bon se chauffer la résistance. Dans le même mouvement, il y aura aussi un petit recueil d'une nouvelle venue, Natalie Thibault. Un recueil de circonstance puisqu'il s'appelle Mon sofa brise-glace. C'est Richard Desjardins qui m'avait envoyé ça. Il a eu raison, ça a attiré l'attention, et une fois attirée en ce sofa-là, elle n'en repart pas.

Ce qui vient

Mais ce ne sera pas tout! Que non : première semaine de décembre, faisant le pied de nez, le nez de pied même, aux festivités insupportables qui se préparent, nous nous saoulerons de joie pour fêter la venue de « Bébé », le nouveau livre d'images de Nadia Moss. Ce bébé viendra au monde en même temps que le numéro 3 du Bathyscaphe, le journal qui plonge sous la glace. Au sommaire, Romy Ashby, Daniel Canty, Maïcke Castegnier, Geneviève Castrée, Benoît Chaput, Byron Coley, Bérengère Cournut, Marci Denesiuk, Julie Doucet, Clare Doyle, Hélène Frédérick, Joël Gayraud, Thierry Horguelin, AJ Kinik , Gabe Levine, Monsieur Molino, Thurston Moore, Hermine Ortega, Hannah Rainier, Pierre Rothlisberger, Barthélémy Schwartz, Valerie Webber et j'en passe et des meilleures. Nous préciserons quand le temps sera à la précision. Aujourd'hui, décidément, le futur se perd dans les vapeurs et dans le nombre des noms. Venez, venez, grands froids précis et cassants!

28.4.08

28 avril 2008

Le temps et sa géographie

Ouftre! Nous sommes là, oui, encore en vie. C'est du miracle, non? Du miracle soudain, du miracle brutal que ce printemps coup de massue qui nous est tombé sur la tête ces dernières semaines. Un peu plus et on aurait envie de se faire croire que cet hiver-là n'a pas existé. Qu'une illusion, les semaines d'enterrés vivants sous la floconnade blanche qui nous suçait le sang. Heureusement, il y a les monuments commémoratifs de la saison ; ces tas de neige énormes, derniers vestiges du déneigement, qui n'arrivent pas à fondre et qui sont noirs de pollution, plus suie que neige, révélant toute la vérité de la trompeuse blancheur de notre fin d'hiver. Mais trêve de grognements rituels : aujourd'hui c'est lundi, fenêtre ouverte et porte close; un peu de douce pluie et, sans trop se faire violence, on sent qu'on peut se laisser aller au plaisir du travail cravanesque.

En tête

Justement, il y a du neuf du côté de chez Cravan. Deux ouvrages que nous avons fort hâte de tenir en main sont présentement entre celles de nos maîtres imprimeurs, Ginette Nault et Daniel Beaucaire. Deux ouvrages qui ont en commun, outre leur grande finesse et l'amitié de leurs auteurs, l'ombre évoquée du légendaire groupe de rock montréalais Jérémi Mourand, en quelque sorte l'esprit tutélaire de ces livres. On peut en effet dire que Maxime Catellier et Myriam Cliche cheminent tous deux aux côtés de ce groupe. Il faudra les lire pour savoir en quoi. Maxime sort un recueil de poèmes qui a pour titre «Bancs de neige» (comme c'est approprié!) et qui est accompagné d'une série d'extraordinaires petites oeuvres en couleurs de Marc Leduc. C'est son premier livre à L'Oie de Cravan et, à notre avis, cet ensemble va en étonner plus d'un. Le livre de Myriam Cliche est aussi une première puisque, après trois recueils de poésie à notre enseigne, Myriam publie sa première bande dessinée : «Fleuve russe». Une BD qui s'inscrit dans la continuité de son travail : après le loup dans «Myriam et le loup», c'est cette fois le Yéti qui fera connaître l'aventure à notre héroïne.
On le sait, les bureaux de L'Oie de Cravan jouxtent avec bonheur ceux du submersible journal «LE BATHYSCAPHE». Il est donc de bon voisinage d'annoncer que le numéro deux de cette aventure est actuellement en préparation et qu'on va y retrouver de belles choses. Y seront présents les Romy Ashby, Anne-Marie Beeckman, Simon-Pierre Baudet, Daniel Canty, Maïcke Castegnier, Geneviève Castrée, Benoît Chaput, Byron Coley, Bérengère Cournut, Hélène Frédérick, Joël Gayraud, Thierry Horguelin, Claude Guillon, A.J. Kinik, Gabriel Levine, Thurston Moore, Hermine Ortega, Antoine Peuchmaurd, Pierre Peuchmaurd, Hannah Reinier, Alexandre Sanchez, Jan Saudek, Barthélémy Schwartz, Mike Watt ---- Une équipe à vous donner le goût de boire l'eau des profondeurs!

Ce qui vient

Évidemment, tout cette marmaille de parutions va être lancée comme il se doit! Pour les deux parutions de L'Oie, on songe sérieusement au Cheval Blanc, fief des auteurs et de tant d'autres beaux esprits : cela devrait se faire à la mi-mai. Le Bathyscaphe attendra sagement son tour mais il sait qu'il devra se lancer pour le tout début juin s'il ne veut pas rater le bateau. Pour le reste, c'est la saison des dames au salon : nous serons présents à Québec pour le Rendez-vous des Publications Parallèles, à Montréal au Marché de la poésie ainsi qu'au Marché de la poésie de Paris. Mais surtout, surtout, nous aurons la joie d'être spectateur présent au spectacle de Michael Hurley le 16 juin à la Sala Rossa. Si vous ne le connaissez pas, il faut absolument découvrir cet artiste qui est un pilier secret de la musique folk américaine. L'Oie de Cravan est très honorée d'annoncer que nous allons publier un recueil bilingue des paroles de Michael au cours de l'année qui vient.

11.10.07

11 octobre 2007

Le temps et sa géographie
Pourquoi est-ce en ces temps où le jour semble soudainement plus court, où la nuit gagne du terrain, que revient en force l'impression de cycle, la mémoire de tout le passage des saisons ? On sent comme ce qui passe est précieux et qu'il faut déjà, afin de traverser confortablement l'intime saison des tanières, faire provision de tout ce que la saison moins subtile des chaleurs nous a laissé. Il y avait longtemps que l'Oie n'avait donné de nouvelles. Que faisait-elle aux temps chauds ? Elle poursuivait son vol bien sûr mais, bien légère en cela, sans souci de traces. Le temps des traces est revenu. Nous inscrivons donc ici à nouveau ce que ces jours portent. Ils portent, entre autres, le cri des oies qui fuient vers le sud et qu'on peut entendre, depuis deux semaines au moins, la nuit au-dessus de Montréal. L'Oie de Cravan, contrairement à ses consoeurs, reste. Elle crie, elle aussi, mais elle reste. Pour l'instant du moins.

En tête
Elle reste car il y a à faire, car ce qu'il y a à faire est passionnant, parce que tout tourne et change ici même, sans bouger. Ainsi, L'Oie de Cravan change de distributeur et de diffuseur : c'est désormais la compagnie Dimédia qui se chargera de mener nos livres à bon port, en bonne librairie. Aussi, pour les amateurs de sports internautiques, notre site va tout bientôt permettre l'achat à la ligne pour les gens dont l'habitation serait trop perdue dans de sauvages contrées pour leur permettre, l'hiver, de rejoindre en raquettes le bon port de la bonne librairie la plus proche. Pour ce faire, nous utiliserons la méthode Paypal dont on nous assure franchement qu'elle n'est pas pire qu'une autre. On veut bien le croire. À L'Oie de Cravan, c'est votre sécurité avant tout qui compte. Sans blagues.

Ce qui vient
Ouh ! Ce qui vient ! Beaucoup de belles choses, vraiment. D'abord, là, tout proche, il y a la réédition du livre Roulathèque roulathèque nicolore de Geneviève Castrée, ab-so-lu-ment introuvable depuis des années et que nous allons lancer dans la foule des fans émus lors de son spectacle à la Sala Rossa à Montréal le 22 octobre (dans 11 jours de plus en plus courts !). Puis, tout de suite après, ce sera un triple saut de poésie avec En temps et lieux, premier livre du doux poète Patrice Desbiens à L'Oie de Cravan ; Parfait Dommages et autres achèvements de Pierre Peuchmaurd, réédition largement augmentée de son livre de 1996 ; et Pierre Peuchmaurd, témoin élégant, essai du poète Laurent Albarracin sur l'œuvre de Pierre Peuchmaurd. On fera une fête pour ça, bien sûr. Reste à trouver le lieu : on est sur la piste. Ce ne sera pas tout : il y aura de la neige, des tempêtes, et même, avant la fin de l'année, des livres de Julie Doucet et de Gigi Perron. Mais ça, ce sera pour un autre bulletin de nouvelles. L'oiseleur a du mou dans l'aile, il lui faut rentrer ronfler un coup au pigeonnier.

29.12.04

29 décembre 2004

Le temps et sa géographie
Fin d'année, temps de bilan. Il y a neige, traces et effacement. Le solstice est franchi. On dit que les jours allongent : cela reste à prouver. Si la nuit recule elle s'arrange pour qu'on n'en remarque rien.

En tête
L'Oie n'est guère présente lors des grands salons et foires du livre. C'est que ces événements, outre leurs frais de participation exorbitants, ne nous touchent guère et, disons-le franchement, on s'y amuse en général peu. Nous préférons certaines manifestations à l'esprit plus proche de notre démarche, où les possibilités sont simplemement plus riches. Ainsi dernièrement, nous avons eu la chance de participer à l'Expozine (organisé par Louis Rastelli, Andy Brown et Billy Mavreas), au Supermagazilivre (organisé par les éditions Rodrigol et Dialogis) et nous avons tenu une table de vente lors du spectacle de Devendra Banhart à la Sala Rossa. Autant d'événements différents qui permettent de rencontrer lecteurs et créateurs hors des sentiers battus. Il y en aura d'autres.

Ce qui vient
Le livre de Jeff Ladouceur, Schmo, est chez l'imprimeur, qui nous le promet d'un jour à l'autre. Nous achevons la préparation de Mr Non Pigeon, qui regroupera les dessins de Nadia Moss. Les deux ouvrages devraient être lancés à la toute fin du mois de janvier. Puis viendront d'autres choses dont la réédition de la Petite d'Anne Marbrun. Puisqu'on parle de réédition, il semble bien que Victor-Lévy Beaulieu (Éditions Trois-Pistoles) va rééditerLoin de nos bêtes, premier livre de L'Oie de Cravan et de votre serviteur, qui était épuisé depuis plus de dix ans. À suivre.

13.8.04

13 août 2004

Le temps et sa géographie
Patatra, le temps. Le temps d'été est accéléré sous nos latitudes. Le temps d'été passe, tombe, chute : affolement pour celui qui est lent. On n'a pas vu le juillet passer, on n'a pas vu l'août s'avancer, dèjà l'automne est envisagé : tant mieux, hein, l'automne est une saison plus lente, plus propice au travail douillet.

En tête
Ce qui veut ausi dire qu'on a pris du retard chez L'Oie. Mais des choses sont apparues cet été. D'abord, oui, le Pamplemoussi, né de la belle tête folle de Geneviève Castrée, s'est matérialisé. Vraiment, ça fait plaisir. Arrivé seulement la veille du lancement, l'objet remplit ses promesses de merveilleux : les images et la musique de Geneviève forment un ensemble impressionnant, une véritable avancée dans cet art particulier osons-nous croire. Autre nouvelle : L'Oie de Cravan a déménagé! Adieu appartement Chaput, bonjour vaste ensemble immobilier de deux pièces dominant le trottoir de la rue Saint-Dominique !

Ce qui vient
Le retard pris affecte particulièrement deux recueils délicieux qui devaient sortir cet été et qui vont maintenant faire leur apparition au début septembre : Une autre fois de Franz-Emmanuel Schürch et l'Achillée distante de Maïcke Castegnier, l'animatrice de la Revue des animaux. Ils n'en seront que mieux mitonnés, nous le garantissons. Ensuite ce sera le tour de ce livre d'art de Geneviève Desrosiers, Une histoire, que nous allons rééditer en tirage très limité. Puis, en fin d'automne, un livre d'ymages encore sans titre de Nadia Moss que nous sortirons de concert avec le nouveau livre de Jeff Ladouceur, Schmo. Et puis, oui, ce sera l'hiver.

20.5.04

20 mai 2004

Le temps et sa géographie
Phoque, l'affolement, la sève rougie s'est précipitée et voilà : c'est vert, c'est vert, c'est vert. On se déshibernise, on déjoue les enclumes, on s'invente des ruelles où errer. Grandes pluies, grands nuages passagers, grands soleils qui n'osent pas encore nous écraser. La saison donc du tout possible. Tout possible avec grande naïveté.

En tête
Vroooum ! Le juin qui vient sera bien rempli. Ceci et cela et ça. On le prépare. Ce qui occupe c'est beaucoup Pamplemoussi le nouveau livre disque de Geneviève Castrée qui sera lancé en juin. Un merveilleux projet fou : un livre d'ymages 12 x 12 pouces de 68 pages sous une couverture couleur sérigraphiée accompagné d'un disque 33 tours des chansons de Geneviève. Une opération qui occupe en fait beaucoup de monde : gravure du disque en Californie, impression du livre à Winnipeg, sérigraphie à Montréal aux ateliers Alphonse Raymond et reliure à Saint-Félix de Valois par Ginette Nault ! Les doigts de pieds croisés pour que le tout soit prèt à temps !

Ce qui vient
Juin ! D'abord, le 6, une visite des amis américains Chris Corsano et Paul Flaherty qui reviennent jouer à la Casa del popolo dans le cadre du festival de musiques libres Suoni per il popolo. Ça va barder ! Surtout qu'ils seront accompagnés cette fois de Christina Carter (Charalambides) à la guitare et du légendaire critique rock et poète Byron Coley. Puis, le 10 juin, c'est enfin le lancement de Pamplemoussi de Geneviève Castrée, qui viendra jouer pour l'occasion à la Sala Rossa (sous le nom de Woelv, la dernière fois c'était Pipi Migou !), en compagnie de Mount Eerie (mieux connu sous le nom de The Microphones). Enfin, à la fin du mois, L'Oie de Cravan lancera simultanément deux recueils de poésie : Une autre fois de Franz-Emmanuel Schürch et l'Achillée distante de Maïcke Castegnier, l'animatrice de la Revue des Animaux. Tout un mois ! On prépare la plongée.