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lundi 21 mars 2011

Une leçon de courage


Il y a un lien très particulier entre les japonais et les vignerons natures. Un lien passionné, fait de fidélité, de confiance et de respect. On a raconté ici l'histoire d'amour d'une Michèle Aubery ou d'un Bertrand Gautherot avec le pays du Soleil Levant... Aux cotés de Pfifferling, de Richaud ou des Lapierre, ils sont là-bas des stars auxquels les nippons vouent un véritable culte. On pourrait penser qu'en ces temps d'angoisse et de douleurs, les japonais se sont éloignés de la vigne et du vin. C'est mal les connaître. Si il suffisait d'une lettre pour s'en persuader, il faut lire celle de Mademoiselle Cho. Cette caviste réputée de Tokyo vient d'adresser à ses amis français un message impressionnant de volonté. Le voici:


"Bonjour les vignerons,

Mille mercis pour votre très gentil message et votre grand soutien. Pour moi aussi, ce qui se passe au Japon est incroyable. C'est comme si nous vivions un cauchemar, au coeur de la réalité. Mais je ne succombe pas à cette difficulté. Et c'est pareil pour mes amis cavistes ou la distribution du vin.

Il y a eu des dégâts dans les entrepôts. Et on ne peut même pas sortir un carton pour le moment. Le commerce sur Internet ne marche pas bien. Et à cause du manque d'essence, la livraison est freinée. Mais aucun caviste n'est blessé (...). Nous sommes très solides.

Il est vrai que les misères nous empêchent d'avoir envie de boire du vin. Mais je vais, malgré tout, ce soir encore, organiser une soirée de dégustation. Comme d'habitude. C'est mieux que de rester toute seule à la maison. Ça permet de garder bon moral.

J'ai l'intention de parler de votre message à mes clients. Dans chaque bouteille de votre vin, il y a votre énergie, votre courage et votre passion. Je vais les faire partager. Mon rôle est de les transmettre à autant de Japonais que possible. Et c'est un rôle plus important que jamais.

Le Japon ne va pas céder à ce sinistre. Jamais ! Alors merci de penser fort à nous, et d'attendre notre résurrection."

Yukiko Cho



A propos du Japon, on peut aussi relire, entre autres Asian Connection.

On peut aussi manifester sa solidarité en participant au dîner franco-japonais organisé le 4 avril à Paris par les Amis du Paul Bert.

lundi 13 juillet 2009

Voilà l'été, voilà l'été, voilà l'été-é-eh!


L'été, le temps des vacances, des balades dans les vignes et de la maraude dans la fraîcheur des chais. Loin de la technologie et d'internet. Comme chaque année, le blog suspend donc son vol pour un petit mois. Le temps de relire quelques portraits et de méditer quelques coups de gueule, peut-être... Et de repondre au nouveau quizz du Vdma (ici!).

Que cela ne vous empêche pas de déposer ici vos bonnes adresses et le chemin des caves de vos amis...

Et maintenant fouette, cocher!



mardi 2 juin 2009

Le quizz nouveau est arrivé...


Le précédent vous avait bien plu, alors le VdmA remet une tournée... Voici donc le nouveau Quizz-maison (barre de gauche). Sachez qu'il a été testé et approuvé par de grandes marques de vins d'auteur comme les maisons Richaud, Senat et associés. N'hésitez pas à déposer vos résultats et vos commentaires ci dessous. Le bar est ouvert...

Nota Bene: le meilleur score est pour l'instant de 80%, il a été établi par René Mosse, qui n'en est pas peu fier...

mardi 19 mai 2009

Vous avez vu le compteur?


... Ce soir, le blog vient de passer les 40.000 visiteurs. Ca se fête, non?

C'est un Suisse, originaire de La-Chaud-de-Fonds qui a fait sauter la barre ce mardi soir à 18h50mn et 32 secondes. Le 1000ème, vous vous en souvenez peut-être était américain. Originaire de Mountain View (Ca). Ce mois-ci, comme par hasard, il est encore passé par là. Un fidèle. Ce qui nous fait plaisir plus que tout, c'est qu'on y revienne. Et des cinq continents.

Depuis le 1er mai, 37 nationalités ont défilé sur le blog. Des Belges, des Canadiens, des Suisses, des Espagnols. En masse. Mais aussi des Irlandais, des chinois de Hong Kong ou des français de Chine, des Roumains, des Tchèques, des Marocains, des Algériens et des Italiens, des Coréens et des Allemands, des Danois et des Brésiliens, des Japonais et des Suédois. 

Et on dit que la France va mal? Que son image décline? Que le vin français est en crise ? Pas celui là. Pas ici. 

Pourvu que ça dure...

dimanche 8 mars 2009

"LeVindemesAmis, le club" est ouvert...


C'est sans doute l'influence de Facebook... Ou bien l'euphorie du passage des 30.000 (visites), mais ce matin votre serviteur s'est mis dans la tête de compter les amis du VindemesAmis. C'est évidemment une façon de se sentir plus fort. De savoir avec qui on partage toutes ces bonnes choses. Et de se donner rendez-vous plus facilement...

Alors, voilà : vignerons, amateurs, cavistes, néophytes, exilés du bout du monde ou abonnés du coin de la rue vous trouverez dans la colonne de gauche une rubrique "Club". Si vous aimez ce blog (même avec modération...), n'hésitez pas. Il vous le rendra...

PS: vous pouvez aussi vous inscrire sur le Groupe du VdmA, ouvert sur Facebook.

jeudi 1 janvier 2009

Vive 2009! Et meilleurs crus!


Il y a un an tout juste, "tout commençait par une balade", dans un petit village isolé des Corbières. Depuis, le cercle de mes amis s'est élargi, ses courbes se sont croisées, ses vins mélangés. Aux vignerons se sont ajoutés des cavistes passionnés, des cuisiniers sensibles et des amateurs enthousiastes.

Au crépuscule de l'année dernière, l'un de ces précieux amis m'a adressé cette estampe signée Michel Tolmer en me "remerciant" de prêter ma plume à leur combat. C'est prendre les choses à l'envers: à toi Marcel, à vous, anciens et nouveaux vignerons, guides et apprentis, quinquas et jeunots, de recevoir mes remerciements... Ce blog doit tout à votre générosité. Au courage que vous avez de tenter l'aventure chaque année, contre vents et marées, pour faire vivre une certaine idée de la vigne, des vins et du plaisir de les partager. Merci de m'avoir initié à l'idée qu'un nectar n'est pas seulement bon mais peut aussi être juste et sincère. Et donc inimitable.   

Alors, oui: Vive vous! Vive le Vin de mes Amis... Et vive 2009!  

lundi 1 décembre 2008

Que la fête était belle...


C'est sympa de voir se croiser le petit peuple des amateurs de vin. Cavistes, restaurateurs, vignerons, bien sûr... Mais aussi anonymes, passants par le tintement de verre alléchés ou bloggers bien renseignés. Dans un joyeux brouhaha, tout le monde se presse ce lundi entre les tables du Paul Bert (Paris, 11ème). 

A dix heures le bistrot et l'Ecailler voisin affichent déjà complet. Au coin d'une table, intarissable, Elian Da Ros (à gauche) n'en finit pas de raconter son petit dernier, rescapé d'une grêle impitoyable. L'Abouriou 2007 est un joli vin de soif, léger comme une plume, fruité comme un beaujolais. Et pourtant vinifié en foudre, comme ses autres cuvées. 
"Malheureusement, à peine 20% des raisins viennent de mes vignes, explique-t-il, franc-jeu. Ce sont des parcelles qui payé cher le passage des grêlons. Le reste ce sont des raisins bio, achetés aux voisins et que nous avons vinifié en macération carbonique. A la Beaujolaise...".
Il raconte, "c'est drôle", que c'est le nom que l'on donne à ce cépage oublié dans le Marmandais: le "beaujolais"

Il est à peine 11 heures et son Abouriou sonne la cloche de l'apéro. Ça tombe bien, Bertrand et Hélène Gautherot (à droite) viennent d'ouvrir coup sur coup un Blanc d'Argile (Chardonnay) et une Saignée de Sorbée. Le champenois respire enfin après quelques semaines de stress intense.
"Il faisait trop froid dans la cave, raconte sa femme. Alors les jus patinaient (voir "Champagne blues", ndla); on a déménagé les barriques dans le réfectoire où il fait meilleur. Et c'est reparti... Les deux tiers des fermentations sont terminées. On est sorti d'affaire..."
A la porte, comme pour fêter la nouvelle Charlotte Senat et Cécile Valette s'offrent une pause cigarette au Champagne. On se pousse, on se bouscule désormais et les crachoirs continuent à se remplir. Ici, interdiction d'avaler... Curieux, Antoine Arena a quitté sa table et ses Patromonio pour faire, un verre à la main, la tournée des (po) potes. "Goûte ce petit-là", dit-il à un restaurateur en désignant la table des Palacios, avant d'aller taquiner Catherine Bernard, soudain hilare (à droite).
"Il faut être dans les vignes lorsque c'est nécessaire, rigole le corse, un verre de Claret à la main. Mais la vie, ce sont aussi les voyages, les dégustations entre amis. Des autres, on apprend tout le temps. Même à 53 ans!"
Apprendre, c'est toute l'histoire de Gilles Azam (à gauche), descendu de sa Haute Vallée de Limoux pour se "méler, se mélanger", comme il dit. A force de Chardonnay et de Chenin, son Crémant joue le jeu des grands Champagnes. Mais la solitude lui pesait.
"La haut, au milieu de mes vignes, je suis bien. Mais parfois, vraiment très seul... Seul en bio au milieu de la viticulture traditionnelle. Je n'ai pas de recul par rapport à mon travail. Moi, j'ai besoin de sentir que d'autres cherchent sur le même chemin."
Là bas, au fond, Paul Reder semble n'avoir besoin de personne. Il remplit les verres avec un mélange de flegme et de timidité. Il sert son grigri, un aramon miraculeusement fruité, qui sent bon la garrigue où poussent ses vignes. Paul vient des Hautes Terres de Camberousse, dans cette région de Sète où son père a défriché pratiquement à la main des terres laissées par le grand-père pied-noir. Il raconte son histoire du bout des lèvres et s'excuse de n'offrir que des blancs sur cette terre rouge. 

On le remercie, au contraire, de les faire si beaux. 

Et l'on file dans le Jura voisin où les premiers signes de fatigue semblent se faire sentir... Cela fait déjà quatre heures que Pascal Clairet (à gauche) lève le coude... Pour remplir les verres qui se tendent. Le Domaine des Tournelles déroule ses Fleurs de Savagnin et ses Chardonnay oxydatifs avant d'accompagner l'inévitable vin jaune d'un morceau de Comté. C'est délicieusement dépaysant après cette balade plein sud. 

Ce n'est plus une dégustation, décidément, c'est le Tour de France!

Mais pardon. J'oubliais le digne représentant la Rioja dans cet aréopage de vignerons hexagonaux. Olivier Rivière est installé de l'autre coté des Pyrénées depuis 2006. A la dure. 
"Je suis en fermage sur une partie des terres, j'achète du raisin, je vinifie dans une cave en location. Bref, rien n'est à moi là-bas, sourit l'aventurier. A part le vin, peut-être..."
On goûte et on confirme. L'homme a une patte... Et du bagou.  

Il est dix-sept heures. Le Paul Bert est désormais plein comme un oeuf. C'est le temps des apartés. Au bar, Rivière (ci-dessus à gauche) et Valette devisent gaiement un verre (vide) et un café à portée de main. Les frères Puzelas échangent blagues et recettes avec Jean Foillard. La Loire a rejoint le Rhone, le Languedoc côtoie Bordeaux et l'Alsace la Malepère, en passant par la Rioja... et les huiles de l'Olivie.

J'en oublie. 

Les sourires de Catherine Breton, la bonne humeur des Plageoles et "les Côtes du Rhone du petit là, Dumarcher... Matthieu..." me souffle encore Arena. J'en oublie encore et des meilleurs. Qu'ils me pardonnent...

En sortant, je croise Charlotte Senat. La maîtresse de cérémonie a le sourire. C'est bon signe. Ce soir un repas rassemblera tout ce beau monde et une cinquantaine d'invités. "En toute amitié", précise le bristol. Une belle fête, vraiment. 

mardi 19 août 2008

Mise en bouche...


Qu'il était doux le temps des vacances. Les balades à travers vignes, le repos du guerrier dans la fraîcheur des chais. Que d'histoires aux oreilles, qu'il faudra quelques semaines à la plume pour raconter. 

"Ici, prochainement", comme on dit, vous lirez donc: 

La tendresse éperdue de Marcel Richaud pour ses Ebrescades, ces 14 hectares adossés à Rasteau, accrochés aux collines de Cairanne, face aux dentelles de Montmirail. L'amour de ses voisins, les frères Alary pour le mourvèdre, ce cépage tardif, noir et puissant comme un grand cigare.  

La passion avec laquelle Jean Foillard tente - et réussit - années après années l'ascension de sa Côte du Py, ce mamelon d'où l'on aperçoit presque tous les terroirs du Beaujolais. Jean le malin et Marcel (Lapierre) le rusé. Les deux saints auxquels les amoureux de Morgon ne peuvent manquer de se vouer.

Un petit saut à Chaintré pour comprendre l'exigence de Philippe Valette. Entendre ses certitudes du moment et son humilité inattendue devant "les conneries qu'il n'a pas manqué de faire", comme les autres...

Nous irons à Tavel où, avec le soutien des japonais (si...), Eric Pfifferling continue à faire le plus original des Rosés du sud. Eric et ses pierres chaudes, comme un tapis minéral, blanchi par le soleil du Rhône. 

Les japonais nous les retrouverons à Montbrison, émerveillés par les mythiques grenaches de la "Mémé". Michèle Aubery, la discrète patronne du Domaine Gramenon les a attendu longtemps sur les marches de la jolie maison qui ouvre sur les caves. Lorsqu'une "sauvage" raconte son parcours, ça vaut le détour. 

A sauvage, sauvage et demi... Il faudra aussi prendre le temps d'écouter Didier Barral, dans le silence de sa cave de Faugère, entre de vieilles barriques et un impressionnant morceau de Salers (le fromage, bien sûr...). Déguster avec ce feu-follet relève de l'exploit. Mais pour qui sait attendre et faire le chemin, ce vigneron réputé froid et difficile, sait se faire accueillant. Surprise...   

De ceux là et de bien d'autres encore nous parlerons. De Frédéric Palacios, le perfectionniste de la Malepère, rivé à son fauteuil par une méchante hernie. De la solidarité qui s'organise. De la générosité de Dominique Andiran, le gersois et de son "vain de rû", un blanc d'apéro à nul autre pareil. De Jean-Baptiste Senat, de Bertrand Cortellini et de petits nouveaux... 

C'est donc reparti pour un tour. En attendant les vendanges...    

samedi 5 juillet 2008

Allez, en route!


Le blog prend des vacances... Je sais, c'est mal. Mais il est temps de recharger les accus, de retourner sur le terrain humer l'air des vignes et goûter quelques vins d'amis à la cuve ou au fût. D'ici la Mi-août, comptez sur moi pour faire le plein d'histoires que je ne manquerai pas de vous raconter. Si ce n'est sur la route (sait-on jamais...) en tout cas au retour.

Lecteur, mon ami, mon frère, tu n'es cependant pas laissé à toi-même.

Tu trouveras ici des histoires, des portraits, des coups de gueule à lire ou relire pendant l'été. Une liste de vignerons à fréquenter, aussi, au gré de tes pérégrinations: de la Loire à l'Alsace, du Beaujolais et des Côtes du Rhône à la Corse et des Coteaux Varois au confins du Gers, en passant par le Languedoc. Le cercle des amis s'est singulièrement étoffé depuis ce déjeuner en Corbières, où tout a commencé il y a seulement six mois. Et c'est une surprise renouvelée que de découvrir jour après jour que l'on vient les lire et les découvrir de tous les coins de France et des cinq Continents.

A tous, donc: un bel été, riche de ces rencontres et de ces instants de partage qu'offrent une belle table et une bonne bouteille. Dégustez le vin de mes amis avec bonheur et modération. Continuez à voter pour notre petit sondage. Et n'hésitez pas à utiliser ce site comme un blog...note. Vos commentaires (sur le vin, la vigne, la politique...) sont les bienvenus. N'hésitez pas non plus à nous recommander vos amis. C'est le principe du jeu.

Voilà. Le vindemesamis est à vous. Le forum de l'été est ouvert...

mercredi 21 mai 2008

To bio or not to be?


En ces périodes de montées de sève, indéniablement, les cerveaux vignerons sont en ébullition. Être ou ne pas être (bio), dénoncer "l'ennemi phyto" ou défendre sa manière de faire et ses propres vins? "That is the question"...

En Malepère, ces jours-ci, Frédéric Palacios ne peut plus passer devant des vignes traitées sans avoir des haut-le-coeur. Ou sortir son appareil photo, comme il l'a déjà fait ici. Lui qui tombe ses bourgeons à la main, cep après cep, pour choisir le sarment qui portera les plus belles grappes, ne comprend plus ses voisins. A ses yeux, l'ébourgeonnage chimique , même s'il coûte 5 à 10 fois moins cher, est une aberration. Et ces pousses grillées par les produits (à droite) un spectacle inutile.
"Bien sûr que c'est dur, à la main, plaide-t-il. Mais il suffit de se baisser. De donner du temps à ses vignes pour les inciter, en douceur à donner le meilleur d'elles-même... Publie-là cette photo, Laurent, les gens doivent savoir".
Dont acte, Frédéric: désormais ils savent. Mais est-ce à cela qu'ils jugeront tes vins? On en reparlera.

Au même moment à quelques centaines kilomètres de là, en Champagne, Bertrand Gautherot raconte cette confidence d'un vendeur de produits phytosanitaires.
"Demain matin, lui raconte le commercial, je vais traiter onze hectares du coté des Riceys... Mais je sais bien que c'est de la pure forme. Ces vignes sont saines. Aujourd'hui, si j'épands des insecticides, des herbicides, ce n'est pas pour traiter mais pour rassurer le client. Par habitude. Qu'est-ce que je fais: je refuse ? Je perds un client? Un autre le fera. Quoi alors? Le faire, alors que je sais que ça ne sert à rien? Tout ça n'a plus de sens."
Et l'ami Bertrand de se poser à son tour des questions :
"Et moi, que dois-je faire?", m'écrit-il. "Parler et être maudit des vignerons ou me taire et être blâmé, demain, par mes enfants?"
En Alsace, toute la communauté viticole murmure que c'est parce qu'il a rompu ce pacte tacite ("se taire ou être maudit"), qu'un Alsacien très "nature" a retrouvé ses vignes sciées par trois fois en moins d'un an, sous le pied de greffe. Dix ans perdus. Le "sérial coupeur" n'a jamais été retrouvé et la mésaventure de Christian Binner n'a guère fait avancer la cause. Mais elle a fait le bonheur des équipes de télé venues au milieu de ses vignes dévastées faire un reportage saisissant.

Alors, oui, que faire? Dénoncer les abus et les dangers, marteler des slogans, pourfendre la chimie? Ou faire parler ceux qui ont choisi un autre chemin? Ces hommes et ces femmes qui, de plus en plus nombreux, choisissent la modération... L'exigence. La main de l'homme de préférence aux molécules. Même si le chemin est plus escarpé et plus coûteux.

Lorsque un vigneron comme Thierry Allemand (ci-dessous), retourne ses terroirs de Cornas à la pioche et au treuil, parce que ses pentes de 35 à 40 degrés ne permettent à aucun engin de travailler et qu'ils a renoncé aux désherbants, je dis respect. Même si, pour cela, il doit vendre ses Chaillots et ses Reynards 39 et 48 euros la bouteille, ce que je ne peux pas m'offrir.

Lorsque Marcel Richaud, se convertit au bio, par exigence personnelle, alors que "nature" ou pas, il est déjà le "Pape" de Cairanne, je dis chapeau.

Lorsque Maxime Magnon fait revenir un cheval ou un chenillard dans ses vignes, pour évité d'écraser des sols asphyxiés depuis deux générations, lorsque Jean-Baptiste Sénat "décavaillonne" dans une région qui a enterré depuis belle lurette ces pratiques, je les applaudis. Pas par esprit sectaire, ni par nostalgie. Pas non plus au détriment des autres... Mais pour leurs qualités. Parce que ce sont des vignerons honnêtes et exigeants. Parce qu'ils sont précis et que leurs vins sont bons.

A mon sens, cette petite musique là vaut bien le fracas des indignations.

samedi 12 avril 2008

Attention, ce blog est illégal !


Et ce n'est pas une blague.

Pourquoi? Parce que la loi Evin, qui autorise la publicité pour l'alcool à la radio, dans la presse et par voie d'affichage, n'a pas autorisé explicitement sa promotion sur internet. Or en France, en matière d'alcool comme de jeux, ce qui n'est pas autorisé est interdit. Donc, comme leVindemesAmis parle de vin - et pas pour en dire du mal... - leVindemesAmis est hors la loi. CQFD.
"Sur le plan juridique, tout est en fait interdit sur le web en matière d'alcool, rappelle le patron de l'ANPAA (Association de Prévention en Alcoologie, ndla) dans le dossier très complet que le journal du net consacre au sujet. A priori, parler d'alcool sur Internet en des termes positifs peut être considéré comme de la publicité et donc exposer les éditeurs de sites à des poursuites judiciaires et des condamnations".
Bigre! Patrick Elineau (prononcez "Elliot Ness"?) a beau insister sur le fait que son association se contente de traquer le gros gibier et qu'elle est prette à une révision partielle de la dite-loi Evin, on tremble... C'est que l'ANPAA a déjà accroché à son tableau de chasse quelques fameux trophées. En février dernier, l'association a ainsi obligé Heineken à fermer son site commercial. Mais elle a aussi fait condamner le Parisien, pour s'être fendu à Noël d'une série d'articles sur le Champagne. "Publicité déguisée", a estimé le Tribunal.

Et les sites vignerons, alors?
"On est clairement dans le collimateur, mais on fait le gros dos, explique le flegmatique Matthieu Lapierre. Depuis 2005 et la création d'un site digne de ce nom, on a beaucoup misé sur le web pour donner des infos sur notre travail, nos vins, notre état d'esprit. On ne vend pas par internet... Mais ça évite de passer des heures au téléphone ou à coté du fax. On gagne un temps fou, que l'on peut du coup consacrer aux vignes et au vin."
Mais les Lapierre le savent bien: leur bel édifice est menacé. Comme de nombreux autres, bien moins commerciaux dans l'esprit.
"Dans l'absolu, complète l'incorruptible Monsieur Elineau, un blog sur l'œnologie, un site de dégustation ou même le site du conseil général de la Gironde ou du ministère de l'Agriculture pourraient également être poursuivis pour violation de la loi Evin (sic)".
Leur faute collective, on l'a compris: faire "la promotion de boissons alcoolisées", ce qui est passible de prison avec sursis et de douloureuses amendes au titre de l'article L.3323-2 du code de santé publique. Et tout cela alors que, tranquillement installé dans votre canapé samedi dernier, vous étiez en revanche parfaitement libre de regarder sur France 2 la Heineken Cup, alias : la Coupe d'Europe de Rugby. Deux poteaux, un H comme Heineken, même si l'on effaçait la marque, le logo et les codes couleurs sont bien là. Les alcooliers sont malins. Et forcément, l'injustice agace...

Résultat: la résistance s'organise. Véronique Raisin se fend dans Picrocol d'un édito rageur contre les "Ayatollah de l'ANPAA" et une pétition, accompagnée d'une vidéo déposée sur Daily Motion, a déjà recueilli 3000 signatures.


Du coup, ça s'agite au Parlement, où certains députés ont déjà eu l'occasion par le passé de dire tout le mal qu'ils pensent de Claude Evin et de sa loi. Mais cette fois ce sont les sénateurs qui dégainent:
"Demain, si ces sanctions sont confirmées, s'inquiète le sénateur Courteau, il sera illégal d'évoquer un cépage, une appellation ou un terroir en rapport avec le vin. Même les sites touristiques n'auraient plus le droit de vanter nos vignobles! On parle d'un secteur économique qui exporte chaque année l'équivalent de 500 TVG. Et bien sûr cela ne sanctionne que les producteurs français! Les étrangers, eux, font ce qu'il veulent...".
Avec deux autres sénateurs du Languedoc-Roussillon, le vénérable Roland Courteau vient de déposer deux propositions de loi. L'une pour faire la distinction entre publicité et journalisme (sic), l'autre pour réviser tout simplement la loi Evin... Une révision dont la ministre de l'Economie ne veut tout simplement pas entendre parler:
"Le web, a dit Christine Lagarde début mars, est un vecteur trop puissant, notamment pour les jeunes".
Certes, la bagarre est d'importance.

Mais est-ce à l'Ostertag, au Senat ou au Lapierre que l'on se "murge", les samedis soirs? Est-ce à l'Arena ou au Valette (à droite, lors d'une dégustation) que l'on s'offre de "l'alcool au mètre" dans les fêtes de village? Pour le prix d'une de ces bouteilles (10, 15, 30 euros...), ne peut-on s'offrir une vingtaine de canettes? Et croit-on vraiment que les "d'jeuns", comme on dit, hésitent une seconde entre les deux?

Sanctionner la culture du vin et du terroir pour éviter des beuveries à la bière, sous le prétexte de protéger nos enfants, relève à l'évidence d'une hypocrisie bien française. Consciente de la fragilité d'une approche trop "monolytique", l'ANPAA, elle même, se dit d'ailleurs prête à une révision sous condition de la loi pour y inclure internet.

La modération, ça vaut dans les deux sens.

samedi 9 février 2008

Blog around the world...

Et de 1000! 

En moins d'un mois, le blog du vindemesamis a donc franchi sa première barre. Modeste, certes. Mais encourageante pour ces hommes et ces femmes qui se vivent - trop - souvent comme des vignerons mal-aimés et à contre-"vents dominants". Merci donc à ce millier d'amis qui sont passés nous voir. 

Première indication pour des vignerons largement implantés dans le Languedoc : leurs vins rencontrent tous les publics français. Parisiens, sans doute (10% des visites), mais aussi bretons, bordelais, nordistes, bourguignons, lyonnais, provençaux... On en passe. De l'Aisne au Var, de l'Ariège au Val de Marne, de Ronchin à Livré, Béziers, Istres, Cestas, Pont-Saint-Martin ou Rennes... On connaît quelques politiques qui adoreraient, toutes proportions gardées, avoir notre implantation nationale.   

Plus signicatif encore : ceux qui sont passés ici pendant les trois premières semaines viennent des cinq continents. 

De Dubaï (ci-dessus) à la Malaisie, de Perth (Australie) à Tanger ou Rabat (Maroc). Vous êtes aussi venus nous voir de Norvège, d'Espagne, de Hollande, d'Autriche, de Dragotesti et Targoviste (ci-dessous), dans cette Roumanie où parait-il les premières expériences de vin de qualité sont prometteuses. D'Inde, de Turquie... Comme du Brésil : De Sao Paulo à Belo Horizonte en passant par Teresina. Même les cariocas sont au rendez-vous.  

Une mention particulière aux Québecois (de Montreal à Sherbroke), aux Allemands (de l'est comme de l'ouest) et aux Belges, sans doute les plus fidèles de tous. 

A l'heure où l'on parle tant de la crise politique et linguistique, ils trouveront peut-être réconfortant de voir que flamands et wallons partagent la même passion pour le vin. Oostrozebeke sur la même ligne que Nivelles, Namur et Bruxelles, voilà qui offrira peut-être un petit espoir aux défenseurs de la Belgique unie.

Mais dans cette grande loterie géopolitique, il fallait bien un vainqueur. Un millième visiteur.
Roulement de tambours, s'il vous plait... And now, ladies and gentleman... The winner is... Le millième visiteur vient de...

Mountain View, California !

Mountain view, son Arts and wine festival (voir l'affiche), sa vue imprenable sur les monts Santa Cruz et la baie de San Francisco. Moutain view, coeur battant de la Silicon Valley. Moutain view, à quelques encablures de la Napa Valley... Et des Zinfandel réputés inimitables de la Ridge Vinery. Là, il y a quelques jours encore, les vignes étaient sous la neige (voir photo). 

Mais Mountain View c'est aussi une zone industrielle sans âme, à l'image de ces banlieues américaines qui s'étirent à l'infini de bloc en bloc. Un océan de béton où l'on peut découvrir quelques pépites inattendues, comme la micro-distillerie d'un certain Dave Classick. Si l'on en croit un français exilé au pays de Google et Microsoft, c'est là que cet ancien technicien high tech et son père  fabriquent, dans la lignée des "vins de garage", un schnaps et un pearbrandy (liqueur de poire) à tomber par terre.
"J'aime ce métier, dit le créateur d'Essential Spirit, parce que c'est un mélange d'art et de science".
L'homme n'hésite pas à se réclamer d'Arnaud de Villeneuve et de son "eau ardente" (premier nom de l'eau de vie), ce qui pour un américain (et le commun des français) n'est jamais complètement mauvais signe.

Précisons encore que les Etats Unis d'est en ouest, de New York à Eugène (Etat de Washington, près de Seattle) sont largement représentés parmi les étrangers qui fréquentent le blog.

Si après ça on vous dit que nos vignerons gaulois sont seuls au monde, vous ne serez plus obligés de le croire. Mais rien ne vous empêche de laisser un message pour en témoigner... 


 

mercredi 16 janvier 2008

Tout commence par une balade...


Journaliste depuis près de vingt ans, reporter, correspondant à l'étranger puis animateur de débats et présentateur, je n'ai guère eu de temps à consacrer à ce qui fût il y a quinze ans une passion ephémère : le vin. 

Je venais de tourner un magazine à Saint Emilion. J'en étais revenu transformé. La rencontre sans doute sous les boiseries de la salle à manger du chateau Cheval Blanc avec un 71 qui, à défaut d'être un grand millésime, s'était avéré époustouflant pour le novice que j'étais alors. Dans la foulée, j'avais découvert le Cairanne d'un certain Marcel Richaud (l'étiquette n'a pratiquement pas changé...), dont on a depuis beaucoup reparlé. 

Et puis les reportages se sont succédés. De faits divers en tournage de guerre, du terrain aux plateaux et aux studios... Le temps a passé et si j'ai continué à apprécier le vin, je n'ai plus guère pratiqué la découverte du vignoble et de ses vignerons. 

A 40 ans, partagé entre Paris et le Languedoc, je ne pouvais que revenir à ces premières amours : le beau, le bon vin, élevé par des passionnés dans le silence de leur cave après des mois de patients - et pénibles - va-et-viens dans les vignes. Dans cette région de Carignan et de Syrah, de coopératives et d'indépendants, le hasard et mon ami Robert, m'ont mis sur le chemin d'un jeune vigneron d'Arzens (Aude), créateur courageux du Mas de mon père : Frédéric Palacios. C'est lui qui m'a emmené...

L'ami Frédéric m'a présenté Jean-Marc, puis Jean-Baptiste, qui m'a parlé d'Antoine puis m'a proposé une escapade à la rencontre de Maxime, chez qui nous avons bu un très surprenant Léon... Avant d'attaquer les vins d'Olivier par la D18.

Et voilà comment tout a commencé : par une balade.  

Loin des Grands Chateaux, à des encablures des grandes maisons de Bourgogne, à des lieues du fracas marketing des foires au vins (que je fréquente, bien sûr, ne trichons pas...), ou des bars à la mode de la capitale, j'ai pris avec eux des chemins de traverse à la rencontre de drôles de vins de pays et de petites appellations qu'autrefois je n'aurais même pas regardées.

J'ai lu qu'on appelle cela désormais des "vins d'auteur"

A Gap, chaque année, un restaurateur parisien, François Briclot (ci-contre) leur consacre un festival. Il a tout mon respect. L'expression est déjà prise ? Tant pis ou tant mieux... J'achète l'idée : dans un univers viticole en crise, entre "parkérisation" du goût ("tous bordelais"), concentration des caves coopératives et surproduction, dans un marché soumis aux vents changeants de la mode, l'idée qu'une poignée d'hommes tentent de vivre de leur passion sans céder aux sirènes du marketing me ravit. 

Mes amis sont de ceux là. 

J'aime leur vin, parce que ce sont des vins généreux, originaux, uniques: j'aime le "comme par magie" sec et équilibré de Frédéric Palacios (ci-dessous dans ses vignes de la Malepère), le Viognier rond et accueuillant de Jean-Marc de Crozals, j'aime la Bégou de Maxime Magnon, ses faux airs de Macon élevé en barrique après avoir essuyé le soleil et les nuits glacées des Hautes-Corbières, j'aime la Nine de Jean-Baptiste Sénat. J'aime ces vins et d'autres parce qu'ils respirent la passion de leurs auteurs, parce qu'ils me les ont raconté. Parce que leur premier geste a été de me dire : 

"Viens, on va dans les vignes, c'est là bas que ça se passe..."

Longuement, comme à un enfant, ils m'expliquèrent ensuite les rudiments de leurs métiers.

Oh, chacun bien sûr à son mot à dire sur le travail du voisin! Chacun a ses méthodes, sa chapelle, ses credo. Ses amitiés... "Deux vignerons, trois idées...", pour détourner une phrase bien connue. Mais, au delà des débats passionnés, sur les vendanges mécaniques ou 100% manuelles, le désherbage à la binette ou à la chèvre (mais jamais chimique!), le vrai prix d'un vin... Ils se reconnaissent entre eux comme des artisans dans un monde de plus en plus formaté. Et ils se respectent pour tels. 

Ici vous l'aurez compris, je ne m'aviserai ni de noter ni de décerner des médailles ou des couronnes. Je n'en ai ni les diplômes, ni l'expérience. Encore moins le goût. En revanche vous pouvez vous attendre à avoir de leurs nouvelles. Vous saurez où et quand les croiser. Vous assisterez à des rencontres, des adoptions, des initiations... Vous partagerez leurs débats, leurs interrogations, leurs coups de gueule et vous pourrez évidemment vous méler au club.

Toute mon ambition, la seule, est de vous faire partager leur passion. De faire lien. Et de continuer à élargir le cercle.