
Il y a un petit moment que je me dis qu'il faut que je réponde au passant. Celui-ci m'écrit, en commentaire de
ce post:
l'âge du consentement ne veut pas dire qu'il n'y a pas un certain nombre de troubles qu'on peut identifier comme une attirance exclusive pour des partenaires non nubiles (...) Et rien ne dit que ces troubles ne soient pas génétiques ou du moins innés (rien ne dit le contraire non plus car de toute façon, la première chose à faire serait d'avoir une nosographie non plus basée sur les symptômes mais sur les processus en jeu).Alors qu'il fait si beau, et que je serais si bien, assise par terre, à me coller du terreau sous les ongles et à foutre en l'air mes chaussures neuves en jardinant avec. Passant, je ne te remercie pas, mais bon.
Merci quand même d'avoir fait une distinction entre inné et génétique. Au moment où nous naissons, ce qui est "inné" chez nous, nous a été transmis de façon bien plus subtile encore que par l'ADN. Ainsi, on viendrait de mettre en évidence que le système sérotoninergique qui influençe précocément le développement du cerveau du foetus serait celui de la mère. Voilà donc de l'inné, mais qui n'est pas transmis par le code génétique présent dans l'embryon.
En naissant, on possède aussi nombres d'expériences, certaines relativement invariantes (c'est quoi ce poum-ta que j'entends régulièrement?), d'autres culturellement codées (miam, maman a encore mangé du pili-pili, du gigot bouilli à la sauce à la menthe, un big beurk, usw...) d'autres encore franchement personnelles (p'tain c'est quoi cette invasion d'adrénaline? ah! c'est maman qui a encore regardé les prévisions du second tour. )
Mais bref, génétique, ou sous forme d'engrammes précoces, il faudrait imaginer un système subtil qui coderait tout à la fois la pulsion (jusque là, OK), l'objet du désir, et la propension à la transgression.
Là, franchement, le bât me blesse.
Sans entrer dans des détails oiseux (les détails en ont marre, eux aussi, non mais!), il faudrait imaginer une série allèlique, comme pour les groupes sanguins.
Soit un gène P pour perversion codant sous sa forme Ppf (petites filles), Ppg (petits garçons), Pa( animaux) Pn (nécrophilie) Pe (électeurs)
Ad libido, pardon ad libitum, puisque, je le rappelle, l'une des caractéristiques de la perversion, c'est souvent la triste répétition des scénarios excitatoires, dont les relations avec les enfants non nubiles ne sont que le versant le plus horrifique pour notre société.
Et comme, pour compliquer le tout, on ne voit pas pourquoi seuls les objets du désir interdits par la loi seraient génétiquement codés, il faudrait admettre d'autres séries de gènes pour le genou de Claire et les coups de menton du petit N.S (à moins qu'on ne range cela dans la catégorie Psm pour sarko-masochisme?)
Franchement, je ne vois pas pourquoi la nature se serait embarrassée d'un système aussi coûteux. Sans compter que toute mutation ayant été plus ou soumise à une sélection naturelle, jusqu'à ce que les scientologues me prouvent contraire, je pense que la mutation "violeurs de t'its n'enfants non en âge de procréer" aurait fortement couru le risque de s'éteindre, que ce soit naturellement ou sous la pression du groupe, qui en plus leur aurait bouffé le foie.
Non, la nature, qu'est une brave chose souvent assez économe, a trouvé un moyen beaucoup moins couteux de stocker l'information " bas les pattes ".
Un truc qui s'appellerait l'éducation, la culture, la transmission des interdits, le soin, l'attention portée aux personnalités troublées, la prévention précoce des carences affectives, la protection de la jeunesse, le soutien de la parentalité.
Ce n'est pas un système parfait, loin de là. Il bugge, souvent. Mais finalement, pas forcément plus que l' ADN...
Donc, scientifiquement, les propos du candidat sont de la bouillie pour chat. Politiquement, ils ont une ombre portée, qui va bien au delà d'une interrogation métaphysique, pour l'instant aussi utile que l'existence d'une tasse pour gaucher. Balayons rapidement les soupçons d'eugénisme, encore qu'on ait vu, dans dans de respectables démocraties,
des femmes stérilisées pour moins que ça.Par contre, pour qui sait combien sont mises à mal toutes les politiques de prévention, de travail social, de soins de proximités, y compris en psychiatrie, et surtout quand on sait combien le lobbying pharmaceutique est prêt à payer pour que tous les troubles mentaux ou presque soient déclarés organiques, et donc accessible à la pharmacopée, les propos du candidat sont tout, sauf candides.
* Eugène François Vidocq, pour ceux qui ne sont pas tombés raides dingues de Claude Brasseur dans le rôle titre de la série télévisée, commença bagnard et finit chef de la Sûreté.