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dimanche 26 juillet 2015

To unravel a torment you must begin somewhere (donburi d'aubergine fondante)




Bon, je voulais revenir écrire quelque chose ici au mois de mai, j'essayais de m'y mettre tant bien que mal, quand je ne dessinais pas mes repas et que je ne tombais pas de sommeil, mais le temps a passé, je n'ai pas mis à jour mon calendrier gourmand, j'ai tout laissé traîner et pof, nous voilà déjà fin juillet. Comment se fait-ce ?

Ça m'a pourtant tellement manqué.

Le travail m'a bien occupée — et épuisée — dernièrement. J'ai continué mon carnet, qui a donné lieu à ce papier dans le nouveau numéro de Fricote, et puis je suis partie prendre l'air en Islande, dans les Fjords de l'Ouest — j'en parlerai plus tard, promis.

À mon retour, j'ai retrouvé l'été tel que je le redoute chaque année. Chaud, lourd, pesant. Je devrais peut-être songer à prendre la poudre d'escampette en juillet-août comme tout le monde au lieu de me morfondre à Paris en regardant défiler les clichés d'apéros en bord de mer, de barbecues hautement salivants ou de randonnées dans des paysages idylliques sur Instagram — pour ma part, j'instagramme aussi à tout-va depuis quelques semaines, pffff, n'importe quoi... Le reste du temps, je pleure devant des films d'animation qui évoquent la nostalgie de l'enfance, je lis des livres qui me donnent envie de tout plaquer et d'aller faire des gâteaux dans un café au fin fond de l'Islande ou de la Suède comme Fanny, ou de parcourir le monde avec un sac à dos ; je chasse la morosité et les angoisses du moment en alignant les longueurs en brasse coulée à ma piscine préférée.
Pourquoi l'été me plombe-t-il tant ? Pourquoi ai-je tant envie de froid, de neige et de brume quand les autres sont tout heureux de pouvoir se dévêtir ENFIN ? De quelle anomalie génétique suis-je faite ? De quelle matière étrange ma chair est-elle faite ?

Au milieu de cette morosité estivale, je peux quand même compter sur Joël Thiébault pour continuer à nous régaler de ses merveilleux légumes. L'autre jour, je suis rentrée du marché avec deux cabas remplis de cœur de bœuf, ananas, green zebra, andine cornue, noire de Crimée, poivrons tequila, aubergines, courgettes jaunes, concombres, haricots verts, basilic... avec en tête mes recettes fétiches : ratatouille, salade de haricots verts à la coriandre, spaghetti à la tomate et au basilic, la super sauce tomate de Pim, les  aubergines à la Parmigiana de Gracianne, et puis ce donburi d'aubergine fondante que je fais inlassablement depuis 2009... Comme ça fait longtemps, je vous la remets.


Donburi d'aubergine fondante
(recette originale trouvée ici, et déjà faite )


pour 2 personnes

2 petites aubergines (ou une grosse aubergine)
2 œufs ultra frais (fermiers et/ou bio)
2 bols de riz (rond) cuit
2 lamelles de gingembre frais
2 c.s. de sauce soja (Kikkoman, par exemple)
4 c.s. de mirin
2 c.s. de fécule
huile neutre
graines de sésame blond

Préparer les œufs pochés :
[Méthode rapide pour les nuls] Casser chaque œuf dans un petit bol, couvrir d'eau et cuire au micro-ondes pendant 1 minute environ : d'abord 30 secondes, puis de nouveau 30 secondes. Il faut que le blanc soit juste pris. Si le blanc n'est pas pris, prolonger la cuisson de 10 secondes (normalement, on ne doit pas dépasser 1 min 10 au total). Réserver.

Peler les aubergines un trait sur deux pour faire des rayures.
Les couper en rondelles de 1 cm de largeur.
Mettre les rondelles dans un sac plastique, ajouter la fécule, fermer le sac et bien secouer afin que les rondelles soient entièrement enrobées de fécule.
Dans une poêle, faire chauffer de l'huile et bien cuire les rondelles d'aubergine des deux côtés.
Quand les rondelles sont dorées, les mettre sur du papier absorbant, et jeter l'huile en trop.

Dans la même poêle, faire chauffer le gingembre, ajouter la sauce soja et le mirin et faire réduire à feu moyen (attention à ne pas laisser brûler la sauce) (dans la recette originale, il faut remettre les rondelles d'aubergine dans la poêle pour les enrober de sauce, mais je trouve le résultat moins joli et moins bon).




Il reste aussi le plaisir des habitudes, des lieux devenus familiers (Mûre, La Pointe du Grouin, Abri, Coutume Instituutti, Septime, Nina, Hexagone Café, La Gambette à Pain...) où l'accueil, les sourires et les mots échangés rendent les visites encore plus réjouissantes et donnent sans cesse envie de revenir.

dimanche 27 juillet 2014

Haut les cœurs (chou-fleur et chakchouka)



Accablée par la chaleur ambiante, je n'ai envie de rien. Je suis ronchon. Je me coupe les cheveux (beaucoup) trop courts, et je ne sais plus comment m'habiller. Je passe des heures allongée sur le canapé à rêver de fraîcheur, de ce vent islandais qui une fois levé ne s'arrête plus.
Au bureau, des petites souris sont venues grignoter mon granola et mes Manner Schnitten, m'obligeant à vider mes tiroirs et à planquer dorénavant mes réserves dans des boîtes en métal. Les moustiques, eux, continuent à se régaler de ma personne, multipliant ainsi les stigmates sur mes cuisses et mollets déjà bien marqués lors de nos récentes vacances en Irlande — j'en parlerai plus tard.
C'est donc le même refrain estival, la même torpeur, la même impatience de voir des jours plus frais arriver.

Ce qui égaie tout de même cet été :
- le café post-piscine du vendredi avec un pote nageur, musicien à ses heures perdues ;
- les longs échanges avec un ami américain qui a rêvé successivement d'être dinosaure puis président  — des États-Unis, oui —, aime le nigori saké et partage avec moi un goût prononcé pour les udon, les ramen et les transcriptions API ;
- les tomates de Joël Thiébault [ʒoɛltjebo], qui font toujours d'excellentes sauces et salades et d'exquis spaghetti à la tomate ; j'ai hâte de retrouver les petits tequila, vous savez*, ces petits poivrons violets  — ici, au premier plan — qui sont irrésistibles grillés...
- l'entrée composée de concombres chez Septime [sɛptim] l'autre soir, à la fois simple et surprenante, et aussi ce sorbet au chocolat au miel d'Italie servi en post-dessert ;
- le chou-fleur cramé [ʃuflœʁkʁame] et la chakchouka [ʃakʃuka], mes deux plats préférés du moment, qui sont bien partis pour être nos plats de l'été. Ceux qui ont déjà mangé chez Miznon reconnaîtront sans difficulté le chou-fleur "cramé", une merveille de simplicité et de délice. Une révélation, même, car ni mon poulet ni moi ne raffolions du chou-fleur jusqu'alors, mais ce jour-là, chez Miznon, nous nous en sommes régalés. Vraiment. Depuis, j'ai voulu reproduire ça chez moi, et après quelques essais et ajustements, je crois y être parvenue. Évidemment, ça ne m'empêchera pas de retourner chez Miznon, pour la pita hyper moelleuse et les sauces/condiments pour faire trempette, la pita au chou farci (à l'agneau), et tout ce que je n'ai pas goûté de leur carte.

Chou-fleur cramé à la Miznon


à partager à 2

1 petit chou-fleur
huile d'olive
sel

On peut à peine appeler ça une recette.
Je plonge le chou-fleur dans une grande casserole remplie d'eau, je chauffe et fais cuire 15 minutes à partir de l'ébullition. J'égoutte le chou-fleur, puis je le mets dans un petit plat allant au four. J'arrose de 2 c.s. d'huile d'olive, je sale et j'enfourne environ 45 min à 230 °C (mode grill), le temps que le chou-fleur noircisse un peu.

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Quant à la chakchouka, j'en avais très envie depuis longtemps. La photo de Clotilde était restée imprimée dans un coin de ma tête... Puis on m'a prêté le livre Jerusalem de Yotam Ottolenghi il y a quelque temps.
Pour ma version de chakchouka, je suis partie de la recette d'Ottolenghi, mais en m'inspirant aussi de celles de Clotilde et de David Lebovitz. Ça aussi, c'est irrésistible.

Chakchouka
(basée sur la recette de Yotam Ottolenghi dans Jerusalem)



pour 3 personnes environ

5 belles tomates bien mûres, coupées en gros morceaux (ou 2 boîtes de tomates concassées)
2 poivrons rouges épépinés et coupés en dés
1 oignon émincé
4 gousses d'ail hachées
2 œufs bien frais par personne
2 c.s. d'huile d'olive
1 c.s. de harissa
1 c.s. de concentré de tomate
2 c.c. de cumin
1 c.c. de paprika
2 c.c. de sucre de canne
quelques feuilles de persil et de coriandre ciselées
sel, poivre fraîchement moulu
du pain, pour saucer

Faire chauffer l'huile dans une grande poêle.
Faire revenir l'oignon, les poivrons et l'ail haché pendant 5 minutes à feu vif.
Ajouter les tomates, la harissa, le concentré de tomates, les épices et le sucre.
Mélanger le tout et laisser cuire à feu moyen-vif pendant une vingtaine de minutes, le temps que la sauce épaississe.
Saler, poivrer, mélanger.
Creuser des trous dans la sauce (c'est là qu'on voit si la sauce a la bonne consistance ou non : si elle n'est pas assez épaisse, les trous ne tiennent pas) et déposer délicatement un œuf dans chacun des trous. Dans ma poêle, je peux en mettre 4 sans qu'ils se mélangent tous. Pour 6 œufs, on peut les cuire en deux fois.
Laisser cuire à feu moyen jusqu'à ce que les blancs soient pris.
Parsemer de persil et de coriandre.
Servir délicatement à l'aide d'une spatule pour éviter de casser les jaunes.




* Moi, je ne savais pas... C'est Joël Thiébault qui m'a appris le nom de ces poivrons violets la dernière fois que je suis allée au marché de l'Alma...