RMC Sport Sports de combat

UFC: renvoi de l'armée, exil en Alaska, changement de catégorie… Qui est Jared Cannonier, l'adversaire de Nassourdine Imavov?

Numéro 7 du classement des challengers chez les -84kg, Nassourdine Imavov peut rentrer dans le top 5 et se rapprocher du titre s’il bat Jared Cannonier ce week-end à Louisville dans le combat principal d’une UFC Fight Night (en direct à partir de 23h samedi soir sur RMC Sport 2). Un adversaire de douze ans son aîné au parcours singulier, viré de l’armée pour consommation de marijuana avant de commencer le MMA sur le tard en Alaska pour se hisser jusqu’au sommet avec une chance de titre à l’UFC. Portait.

Son nom ne dira rien à ceux qui suivent le MMA de loin. Mais on se trouve face à un vrai test. "En France, ce n’est pas une superstar. Mais Jared Cannonier, c'est très dur. Il frappe fort, il met des KO, il ne perd jamais avant la décision. Il n’a été battu que par les deux stars de la catégorie des dernières années." Coach de Nassourdine Imavov, Nicolas Ott a raison de rappeler l’ampleur de la tâche relevée par son combattant dans le main event de l’UFC Fight Night ce week-end à Louisville (Kentucky).

>> Vivez le choc Cannonier-Imavov et toutes les soirées UFC avec les offres RMC Sport

Numéro 7 des challengers chez les -84kg, le "Sniper" tricolore défie le numéro 4 dans un choc qui peut le propulser dans le top et dans le wagon des discussions pour le titre. Mais il faudra d’abord passer l’obstacle Cannonier. Un Américain de 40 ans, douze de plus que son adversaire français, qui a débuté le MMA sur le tard mais qui a su atteindre ses sommets en… perdant des kilos. Jusqu’à partager un record avec un certain Conor McGregor : le quarantenaire est le seul combattant de l’histoire de l’UFC avec l’Irlandais à avoir signé des KO dans trois catégories différentes. Mais au contraire de McGregor, qui l’avait fait en prenant du poids, Cannonier a fait fondre son corps.

>>> Suivez l'UFC Louisville avec Imavov et Lapilus en direct commenté

L’histoire avec le combat débute dans le garage de son père, séparé de sa mère, où il taquine le sac de frappe. Ses deux grands frères, plus grands, plus gros, le malmènent et lui enseignent l’adversité. Engagé à l’armée à 21 ans, il découvre le jiu-jitsu mais ne souhaite pas se lancer à fond. Son destin bascule quand il perd son emploi militaire après un contrôle positif à la marijuana, une vieille habitude comme il le raconte, suite à une permission en famille. Au chômage avec une compagne tout juste enceinte, il trouve un job dans l’aviation civile en Alaska grâce à son passé militaire.

L’adaptation est compliquée, l’argent manque pour se défendre contre le froid, mais il va y trouver sa voie. Cannonier reprend le chemin du combat à 25 ans via le jiu-jitsu brésilien dans une antenne de l’académie Gracie Barra. Deux ans plus tard, il fait ses premiers pas chez les pros dans une organisation locale. Invaincu sur la scène de l’Alaska Fighting Championship, où il cogne sur tout ce qui présente devant lui, il tape dans l’œil de l’UFC qui le fait signer fin 2014 alors qu’il affiche un bilan de 6-0 pour des débuts dans l’organisation en janvier 2015 sur la prestigieuse carte de l’UFC 182, cadre du premier choc entre les archi rivaux Jon Jones et Daniel Cormier.

Deux combats plus tard, dont une victoire par KO sur le Français Cyril Asker, ce "petit" lourd se rend à l’évidence: il faut descendre de catégorie pour espérer de grandes conquêtes. Direction les lourds-légers (-93kg) pour celui qui a quitté l’Alaska pour l’Arizona et la MMA Lab. Une catégorie où il éteint aussi la lumière, avec un TKO infligé à Nick Roehrick, mais où il subit trois défaites contres des grands noms, les futurs champions Glover Teixeira et Jan Blachowicz mais aussi Dominick Reyes, futur challenger de Jon Jones. Pour rêver plus grand, il se décide à descendre encore d’un étage pour rejoindre les poids moyens. Où son potentiel va enfin s’épanouir à plein.

Cinq victoires sur ses six premiers combats, dont l’ancien roi de la catégorie Anderson Silva, le propulsent jusqu’à une chance pour le titre face au champion Israel Adesanya à l’UFC 276 en juillet 2022. Où il s’incline sur une décision unanime après un combat tout sauf emballant. Cannonier va rebondir en battant Sean Strickland, qui battra un certain Imavov un mois après et deviendra champion à peines quelques mois plus tard, puis Marvin Vettori. Mais il va encore devoir prouver face à un espoir qui monte s’il veut espérer retrouver un combat pour la ceinture après avoir déçu l’UFC par le spectacle proposé lors de sa première tentative. "Il gagne ses combats mais il ne vend pas beaucoup de billets", complète Ott.

Épisode 264 : UFC : Nassourdine Imavov, le combat qui peut tout changer
Épisode 264 : UFC : Nassourdine Imavov, le combat qui peut tout changer
27:47

Pas grave. Imavov se trouve face à une opportunité en or. Battre Cannonier, tombé chez les moyens aux mains des seuls Robert Whittaker et Adesanya, les deux hommes qui ont survolé la catégorie pendant des années, serait un message fort envoyé à la concurrence. Mais il faudra faire très attention. "Il est facile de sous-estimer ce type d'adversaire, analyse Ott. Quand tu le regardes combattre, il est un peu ennuyant. C’est un faux rythme, pas impressionnant. Mais il est très fort, fort dans la distance, dans le timing, dans les fondamentaux. A nous d'imposer un rythme, une distance et une vitesse qui vont le gêner. Tu sens son physique. C’est comme de la pierre. Il met un low kick, il fait mal. Il met un middle kick, il fait mal. Il met une droite, il fait mal."

Avec un héritage de son époque poids lourd. "Il a conservé la puissance, la masse musculaire et un style assez peu énergivore, poursuit le coach français. Il avance, il cadre et place ses coups et il conserve son cardio. Il a une bonne défense, il prend peu de coups." Honoré d’affronter un homme dont il regardait les combats quand il n’était pas encore à l’UFC, Imavov a conscience du défi. Mais il est prêt à le relever. "Il a un style de guerrier, rappelle le Français d’origine daghestanaise. Il avance, il n'a pas peur. C’est un gros accomplissement pour moi de combattre face à lui. Mais le respect, on va le mettre de côté le jour J-. On va faire une grosse guerre et ensuite on se prendra dans les bras."

Combattant qui met la pression (il possède notamment le record de frappes significatives sur un combat chez les -84kg), puissant, durable (ce qui compte toujours pour un combat sur cinq rounds), doté d’une énorme envergure plus grande que sa taille de 20 centimètres qui lui permet d’aller chercher très loin avec son bras arrière sur ses efficaces combinaisons 1-2, gros dans la cage avec 97,5kg sur le balance au soir de son dernier combat contre Vettori (caractéristique qui a poussé le Français à mettre l’accent sur la vitesse et les déplacements), l’Américain possède de nombreux atouts dans son jeu et promet des un combat intense. "Une guerre, c’est inévitable contre un adversaire comme lui, estime Imavov. S’il essaie de me rentrer dedans, il faudra faire pareil, mais en restant intelligent. Saisir les opportunitrés en étant posé et précis." Ouvrir les portes du top 5 et des rêves de ceinture UFC passe par là.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport