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Affaire Jégou-Auradou: ce qui attend les joueurs mis en examen pour viol à leur retour en France

Les deux internationaux du XV de France, mis en examen du chef de viol aggravé en Argentine, sont rentrés en France ce mercredi mais ne sont pas encore innocentés, et donc pas complètement libres de leurs mouvements pour autant.

Une semaine qu’ils se tenaient prêts à monter dans un avion pour regagner la France. Leur transfert vers Buenos Aires mardi dernier démontrait déjà un certain empressement à regagner leur pays marqués, l’espèraient-ils, du sceau de l'innocence. C’est donc soulagés mais pas encore tout à fait libérés que les deux rugbymen Oscar Jégou et Hugo Auradou réapparaitront sur le sol français ce mercredi, après avoir atterri en fin d’après-midi à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.

Suivant les recommandations du parquet argentin, la justice a fini par donner son feu vert aux deux joueurs, les autorisant à quitter l’Argentine. Mais les deux joueurs demeurent inculpés de viol aggravé en Argentine, même si pour leur avocat en France, Me Antoine Vey, "la décision qui vient d’être rendue les innocente".

Toujours sous le coup de l'accusation

En attendant que leur demande de non-lieu soit examinée par la justice argentine, vraisemblement courant de la semaine prochaine, et que les charges soient éventuellement abandonnées une fois l’instruction clôturée, ce qui ne saurait tarder, les joueurs sont toujours sous le coup de l'accusation de la plaignante, une femme de 39 ans.

Ce que l’avocate de la victime présumée n’a pas manqué de rappeler à RMC: "Il ne faut pas oublier qu'ils rentrent quand même en France en tant qu'accusés. C'est très grave. Ils ne rentrent pas chez eux après avoir obtenu un non-lieu. Et l'enquête se poursuit ici en Argentine." Dans ce contexte, Oscar Jégou et Hugo Auradou pourront-ils dès aujourd’hui reprendre le cours d’une vie normale, comme l’ont déploré les avocats de la plaignante?

Une chose est sûre, le retour en France des deux joueurs ne peut se faire sans contrepartie. Il est même assorti de "règles" que les deux joueurs sont tenus de respecter scrupuleusement. Comme le fait de se présenter s'ils sont convoqués au consulat d'Argentine en France, d’être entendus en mode virtuel "aussi souvent qu'il en soit requis", voire de revenir en Argentine pour "se présenter à Mendoza si ceci leur est demandé".

Quelle sera l’attitude de leurs clubs respectifs et de la FFR à leur égard? Pourront-ils rejouer au rugby rapidement? Contrainte de gérer l’urgence lors du déclenchement de l’affaire et d’avancer prudemment le temps que l’enquête progresse et que les premiers éléments disculpants n’apparaissent, la Fédération française de rugby a estimé que le retour en France de ses joueurs était "une nouvelle avancée vers la vérité judiciaire des faits". Du côté de la Section Paloise comme du Stade Rochelais, c’est avec joie et soulagement que l’on salue “une nouvelle étape importante sur le chemin de la vérité".

Un nouveau rebondissement ce jeudi?

Bien qu'elle ait été ébranlée par les dernières décisions judiciaires, l’accusatrice maintient avoir subi viols et violences de la part des deux joueurs dans une chambre que ces derniers occupaient dans la nuit du 6 au 7 juillet, après la victoire du XV de France qui entamait ce jour-là sa tournée estivale par un succès contre l’Argentine, à Mendoza. Dans un extrait d'interview pour l'émission Envoyé spécial qui doit être diffusée le 12 septembre, la plaignante réaffirme avoir été violée et frappée.

"Ils m'ont brutalisée et considérée comme un morceau de viande", assure-t-elle.

Les deux joueurs, placés en détention pendant un peu plus d’une semaine puis placés en résidence sous bracelet électronique avant d’être libérés récemment, ont très tôt reconnu les relations sexuelles mais leur version des faits diverge du récit de la plaignante, notamment sur la question du consentement des relations sexuelles. Dans son argumentaire préconisant de leur autoriser un départ de l’Argentine, le parquet de Mendoza avait estimé ce lundi qu'"il ressort clairement de l'abondance des preuves que l'accusation initiale", ayant conduit à leur arrestation et à leur mise en examen, a "perdu de sa force".

Il y a tout juste une semaine, déjà sur BFMTV, Me Antoine Vey, l’avocat des deux joueurs en France, s’était arrêté sur "les éléments objectifs disculpant les deux joueurs", fustigeant, à l’inverse, les nombreuses incohérences et zones grises relevées par les magistrats argentins dans le discours de la plaignante, mis à mal par les derniers éléments versés au dossier. L’enquête devrait connaître un nouveau rebondissement ce jeudi avec la citation à la barre d’experts psychiatres qui ont pu rencontrer la plaignante, toujours hospitalisée après une tentative de suicide.

QM avec AG et VV