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Affaire Jegou-Auradou: les avocats de la plaignante demandent la récusation des procureurs pour "manque d'objectivité"

Les avocats de la plaignante dans l'affaire Oscar Jegou/Hugo Auradou ont déposé ce lundi une demande de récusation des deux procureurs pour "manque d'objectivité". Les deux internationaux français, mis en examen pour viol aggravé, attendent toujours l'autorisation (ou non) de quitter le territoire argentin.

Une tentative vaine, ou un nouveau rebondissement à venir dans un dossier toujours aussi sensible? Les avocats de la plaignante dans l'affaire Oscar Jegou/Hugo Auradou, les deux rugbymen français mis en examen pour viol aggravé en Argentine, ont déposé ce lundi une demande de récusation des deux procureurs en charge de l'enquête pour, selon eux, "manque d'objectivité", a annoncé l'un des avocats.

La demande de "récusation formelle" a été déposée au pôle judiciaire de Mendoza, a indiqué à des journalistes Me Mauricio Cardello, alors qu'une décision sur l'autorisation ou non pour les deux joueurs de quitter l'Argentine est attendue dans les tout prochains jours.

Des procureurs qui "jugent au lieu d'enquêter", d'après le camp de la plaignante

Hugo Auradou et Oscar Jegou, deux internationaux de 21 ans, sont mis en examen pour viol aggravé car en réunion. Les faits présumés seraient survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d'hôtel de Mendoza, où le XV de France venait de remporter un test-match contre l'Argentine.

Les deux joueurs affirment que les relations sexuelles avec la plaignante, une Argentine de 39 ans, étaient consenties. Et ils nient toute violence, alors que l'avocate de la plaignante a évoqué "une violence terrible" exercée sur leur cliente.

Dans leur argumentaire de récusation, auquel l'AFP a eu accès, les avocats de la plaignante énumèrent une liste de griefs contre les deux procureurs, Dario Nora et Daniela Chaler, qui selon eux "jugent au lieu d'enquêter". Paraissant anticiper une autorisation imminente de quitter le pays pour les deux joueurs, les avocats déplorent qu"ils vont être récompensés par une autorisation à retourner dans leur pays (...) retrouvant le cours de leur vie normale, tandis que la plaignante souffre de préjudices irréparables à la suite des faits dénoncés".

Leur argumentaire évoque notamment la tentative de suicide de la plaignante, il y a dix jours, et le fait qu'elle reste à ce jour hospitalisée. Autoriser les joueurs à quitter l'Argentine à ce stade représenterait "un scandale institutionnel jamais vu", dénoncent les avocats, d'autant que de derniers actes de procédure, notamment des expertises psychologiques, restent encore à valider. Une audience était prévue jeudi à cette fin.

Vendredi dernier, les avocats des deux rugbymen - qui ont récupéré leurs passeports - avaient demandé à la justice de lever l'interdiction de quitter le pays. Toujours inculpés de viol aggravé, ils sont libres en Argentine, et dans l'attente de l'examen d'une demande de non-lieu.

Il n'était pas immédiatement clair lundi quel effet aurait la demande de récusation - qui devra être examinée par la justice -, sur le délai d'une décision sur un retour éventuel d'Auradou et de Jegou en France. Aucune date n'a encore été fixée pour une audience d'examen de la demande de non-lieu, déposée mardi dernier par les avocats des joueurs, convaincus que la position de l'accusation s'était fragilisée ces dernières semaines.

Lundi, l'avocat français des joueurs, Me Antoine Vey, a dénoncé dans la demande de récusation "une énième manœuvre dilatoire, (qui) ne change en rien la phase du dossier". "Nous attendons toujours le retour des joueurs en France dans les prochaines heures", a-t-il ajouté.

AFP