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"Nager pour quelque chose de plus grand": Léon Marchand dans la folie des finales universitaires américaines avant les JO de Paris

À quatre mois des Jeux olympiques de Paris 2024, Léon Marchand dispute, à partir de mercredi et jusqu’à samedi, la finale du championnat universitaire américain (NCAA) avec son université d’Arizona State, à Indianapolis. Avant cet événement, le phénomène de la natation française s'est confié sur cette compétition "plus fun" et "hyper stimulante", qui lui permet aussi de rester encore un peu loin des JO dans la tête.

Léon Marchand dispute à partir de mercredi et jusqu’à samedi la finale du championnat universitaire américain avec son université d’Arizona State (ASU), à Indianapolis. Le quintuple champion du monde a fait le choix, dans cette année olympique… de ne rien changer et de prendre part pour la troisième fois en trois années aux Etats-Unis à une compétition à part, par équipe et disputée dans un bassin de 25 yards (22,86m). Le Français sera l’attraction de ce que les médias spécialisés ont surnommé la "MarchAnd Madness", référence à la March Madness, folie du mois de mars où se déroulent les finales de tous les sports universitaires.

Léon Marchand, qui détient quatre records NCAA (200 4 nages, 400 4 nages, 200m brasse et 500m nl) a décroché trois titres individuels l’an dernier et avait permis à ASU de se hisser à une historique deuxième place derrière l’université de Californie. Avant de se plonger vers Paris, le Toulousain veut offrir à son université le premier titre universitaire de son histoire.

Léon Marchand, pourquoi ces championnats NCAA ont une telle importance aux Etats-Unis ?

Les NCAA, c'est la compétition la plus importante du circuit universitaire aux US. Il y a beaucoup, beaucoup d'ambiance, beaucoup d'énergie. Ça aide beaucoup l'Université qui gagne, pour la réputation, pour l'image du sport. C'est une compétition incroyable, c'est très fun et on a vraiment envie de gagner cette année. Quand je suis arrivé, mon université ASU (Arizona State University) était, il me semble, 12e au classement national. On n’avait pas une équipe complète qualifiée (18 nageurs). On a fini deuxièmes l'année dernière avec 14 ou 15 nageurs qualifiés et cette année on a 18 nageurs, et notre but c’est de gagner. Depuis notre deuxième place l’an dernier, on a vraiment envie de gagner.

Léon Marchand, la star de la France pour ces JO 2024 ? Avec Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques - 26/07
Léon Marchand, la star de la France pour ces JO 2024 ? Avec Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques - 26/07
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Et vous vous mettez autant de pression que sur un championnat de France par exemple? Ou ça n'a rien à voir ?

Ce n'est pas la même chose parce que là on n'a pas de temps de qualification à remplir. Les NCAA c'est une finalité, un peu comme les championnats du monde. Sauf que c'est vraiment une mentalité différente. Parce que je ne nage pas que pour moi, je nage vraiment pour quelque chose de plus grand: je nage pour l'équipe. Quand on gagne une course en individuel, on remporte 20 points et chaque point va compter. On est tellement investis pendant toute la compétition, à essayer de gagner le plus d'épreuves possible, d'avoir le plus de nageurs possible en finale. Je vais regarder toutes les finales, toutes les séries. J'encourage tous mes potes. C'est trop bien! Mais la pression est moindre que sur des championnats du monde par exemple.

Votre statut a aussi beaucoup changé aux Etats-Unis, où certains ont renommé cette "March Madness" la "MarchAND Madness"…

Je ne suis pas non plus très populaire, je pense, aux Etats-Unis. Après, c'est vrai que dans le milieu de la natation, en ce moment, ça parle beaucoup de moi. Parce que j'ai fait le 500 yards (aux Pac12), je fais un peu d'autres épreuves, j'essaie de changer un peu. Et puis je pense que les Américains adorent ça, le show (rire). Et puis on a tout gagné avec notre équipe cette année, donc on est un peu sous le feu des projecteurs. On est les favoris. Ça va être un spectacle.

Léon Marchand (bonnet blanc) ce mardi matin à l'entraînement à Indianapolis, avant les champions universitaires américains (le 26/03/2024)
Léon Marchand (bonnet blanc) ce mardi matin à l'entraînement à Indianapolis, avant les champions universitaires américains (le 26/03/2024) © RMC Sport

Et vous aimez bien ce côté spectacle, le show sur ces compétitions?

Pas forcément. Là je le prends à la rigolade, je trouve que c'est fun. Mais dès que je dis quelque chose, il y a tout le monde qui en parle dans les médias spécialisés natation aux Etats-Unis. Dès que je fais un truc à l'entraînement, on en parle. Il y a toujours des trucs comme ça, donc je le prends vraiment à la rigolade. Ce n'est vraiment pas important pour moi et c'est bien parce que ça fait vivre un peu le sport tous les jours en dehors des compétitions. Mais non, de base je ne suis pas trop comme ça, je n'aime pas trop être sous les projecteurs. Mais là c'est avec l'équipe aussi donc c'est différent. Et là je le vis plutôt bien.

On vous a vu réaliser le "one stroke chalenge" (réaliser un 50 yards avec un seul mouvement de nage et aller le plus vite, NDLR) récemment. C'est ce genre de choses qui font partie du show?

Voilà c'est ça. C'est tout bête, j'étais à la fin de l'entraînement et j'ai proposé un petit challenge et on l'a fait, quelqu'un l'a filmé et l'a envoyé aux médias. C'est ce genre de truc qui fait que j'ai l'impression que mon statut a changé. Parce que tout le monde réagit. Beaucoup trop je trouve d'ailleurs (rires).

On a même lu des articles aux Etats-Unis où l'on cherchait à savoir si vous étiez préparé pour les PAC 12 (finale de conférence)...

Les gens essayaient de trouver si je m'étais rasé ou pas (rire). Il y a des nageurs qui restaient fixés sur mes jambes pour voir s’il y avait des poils ou pas! C'était drôle. Moi, j'ai gardé le secret, mais bon je pense que tout le monde savait. Non, je n'étais pas rasé. J'étais préparé, on avait fait une semaine et demie de récupération. Donc j'étais préparé mais pas rasé. Je préférais le garder pour les NCAA.

Et côté études, vous arrivez à suivre le rythme en parallèle de cette préparation particulière pour cette année?

Oui, franchement ça va. Le dernier semestre n'était pas facile sur tous les points, j'avais beaucoup d'heures de cours. Mais là, sur ce semestre, je l'ai réduit pour essayer d'avoir un peu plus de temps pour me coucher un peu plus tôt le soir, pour essayer de récupérer un peu mieux. Mais toujours avoir des cours à côté. Je pense que c'était le bon choix et là j'ai un bon équilibre, j'arrive à bien suivre tout ce qui est examens, tout ce qui est devoirs. Je n'ai pas beaucoup d'heures de cours, une à deux par jours, mais j'ai deux heures de devoirs par jour.

Vous n'avez pas souhaité mettre les cours de côté sur cette année olympique?

Je l'ai déjà fait l'année de Tokyo parce que j'avais fini mon bac. Je voulais me préparer vraiment pour les Jeux et en fait, mentalement ce n'était pas facile de faire tout le temps de la natation sans jamais aller en classe, sans jamais penser à autre chose. Donc j'ai décidé de faire un truc un peu plus équilibré cette année. Et comme ça je ne perds pas non plus un semestre pour mon diplôme!

Avec tout ça, les compétitions universitaires, les études... Où se situent les Jeux pour vous en ce moment? On a l'impression que ça permet de rester loin de tout ça...

Oui, c'est un peu le but aussi. J'aurais pu, par exemple, également passer professionnel cette année, pour justement être plus focus sur les Jeux. Pour nager un peu plus en grand bassin, changer un peu mon année, pour être plus préparé pour les Jeux. Mais j'ai décidé de refaire les NCAA parce que justement ça m'occupe l'esprit. Toutes les deux semaines, j'ai eu des "dual meet" (compétitions entre deux universités) avec beaucoup d'intensité. J'étais toujours dans une vraie équipe et c'est hyper stimulant pour moi. Les professionnels en ce moment sont en stage en altitude, ils vont y rester cinq semaines. Moi je préfère largement être chez moi à préparer les NCAA (rire). Je trouve que c'est plus fun. Et puis j'aurai le temps une fois que les NCAA seront terminés, on va se concentrer vraiment sur le grand bain. Donc Paris je l'ai toujours dans la tête forcément, mais ça s'éloigne un peu grâce à toutes ces compétitions.

Propos recueillis par Julien Richard