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"Il s’est transformé": comment Zaccharie Risacher a su s'affirmer pour s'installer tout en haut des prévisions de la draft NBA

Un temps décrit comme trop gentil pour prendre la lumière, Zaccharie Risacher a su sortir de l’ombre pour faire grimper sa cote auprès des recruteurs NBA, au point d’être désormais annoncé sur le podium de la prochaine draft (dans la nuit du 26 au 27 juin). Auprès de RMC Sport, Frédéric Fauthoux, son coach à Bourg-en-Bresse cette saison, revient en détail sur le travail accompli par le jeune ailier pour s’affirmer, que ce soit sur et en dehors des parquets.

L’axe de progression était clairement identifié. L’été dernier, au moment de l’arrivée de Zaccharie Risacher à Bourg-en-Bresse, son tout nouveau coach, Frédéric Fauthoux, n’y allait pas par quatre chemins. "Il faut qu'on essaye de le rendre plus tueur, plus agressif, plus entreprenant… Ne pas toujours être un bon garçon", clamait le technicien burgien auprès de RMC Sport. À l’époque, ses anciens coachs le décrivaient également comme un garçon "introverti, timide, que ce soit dans ses prises de parole ou ses prises de responsabilités sur un terrain".

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Le talent et le potentiel ne suffisent pas. Sur la route de la NBA, l’ailier, aujourd’hui annoncé à la bataille pour la première place de la draft (dans la nuit du 26 au 27 juin), devait apprendre à sortir de l’ombre.

Puisque prendre la lumière n’est pas inné, Zaccharie Risacher a dû se faire violence. 15 points de moyenne en playoffs de Betclic Elie et record de points en carrière (28) établi en quart contre Nanterre, sélection au All Star Game, quatre matchs à plus de 20 points en Coupe d'Europe.. Parti de l'ASVEL pour Bourg-en-Bresse afin d'avoir plus de temps de jeu, il a su s'affirmer. Interrogé par RMC Sport quelques jours avant la draft, Frédéric Fauthoux revient en détail sur le travail accompli par le futur joueur NBA pour prendre de l'envergure.

Frédéric Fauthoux, l’été dernier, au moment d'évoquer les axes de progression de Zaccharie Risacher, vous aviez pointé la nécessité de prendre ses responsabilités, d’être plus agressif et de ne pas toujours être un trop "bon garçon". Selon vous, a-t-il progressé sur cet aspect?

Oui, clairement. Je pense que les gens ont pu s’en apercevoir en regardant certains de ses matchs. C’est toujours un très bon garçon, et ça c’est quand même bien (sourire). Mais il a énormément évolué dans son basket. Il était l’une des pièces maîtresses de notre effectif. On lui a donné des responsabilités dans le jeu et il a su saisir ces opportunités. Toute l’année, il a évolué humainement. Il a grandi en tant que jeune homme, car il ne faut pas oublier qu’il n’a que 19 ans. Il est devenu beaucoup plus mature. Il était de plus en plus à l’aise dans la vie de groupe, ce qui n’est pas facile pour un gamin de cet âge-là. Il s’est énormément affirmé dans son jeu. Pendant la saison, on l’a vu prendre des tirs pour la gagne, des tirs très chauds qu’il s’est créés et qu’il a mis dedans. Personnellement, je suis très satisfait de cette évolution-là car c’était l’un des axes majeurs en début de saison.

Frédéric Fauthoux et Zaccharie Risacher lors du match d'Eurocoupe entre Bourg-en-Bresse et Besiktas, le 03/04/2024
Frédéric Fauthoux et Zaccharie Risacher lors du match d'Eurocoupe entre Bourg-en-Bresse et Besiktas, le 03/04/2024 © Icon

Il avait des consignes particulières? Ou ça s’est fait plutôt naturellement?

Zaccharie est un garçon très intelligent. Il est très à l’écoute et il fait ce qu’on lui dit. Au début de la saison, je lui avais demandé de ne pas refuser les occasions qui s’offraient à lui. S’il y avait un tir ouvert, une ouverture pour une pénétration vers le panier ou la possibilité de traverser le terrain après un rebond, il ne fallait pas qu’il hésite. Quitte à se tromper. Je lui ai dit "l’erreur fait partie du jeu, le but est d’en faire le moins possible au fur et à mesure". Ça, il l’a très bien compris. Parfois, je lui donnais un petit challenge quand il y avait des blessés. J’allais le voir et je lui disais "ce week-end il faut que tu marques 20 points, t’as pas le choix, on en a besoin pour gagner". À chaque fois, je lui disais "ah bah non, t’es à 17 points, t’es à 18 points…" Et à la fin, il marquait régulièrement ses 20 points car il se challengeait aussi. C’était un petit peu sous forme de jeu, mais c’était nécessaire pour le groupe.

Hors-série - Spécial NBA Draft 2024 : Focus sur Zaccharie Risacher
Hors-série - Spécial NBA Draft 2024 : Focus sur Zaccharie Risacher
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Zaccharie Risacher est également décrit comme quelqu’un d’introverti. En dehors du parquet, comment a-t-il évolué dans ses prises de parole ou sa place dans le vestiaire? L’avez-vous aussi senti un petit peu plus affirmé?

Oui, complètement. C’était aussi un de mes objectifs. Dès le premier jour, je lui ai demandé d’aller discuter avec tous les joueurs pour en savoir plus sur eux, leur demander d’où ils viennent, quelle est leur situation familiale etc. Le but était qu’il aille vers les gens. C’est très facile de rester dans son petit coin avec un ou deux copains qu’on a dans le groupe. Alors il n’a pas fini la saison en prenant la parole dans le groupe, il ne faut pas non plus exagérer, ce n’est pas dans son tempérament. Par contre, il était vraiment au contact de ses coéquipiers pendant les avant-entraînements, les échauffements… Je le voyais beaucoup discuter avec le plus vieux, Earl Rowland. Donc oui, il s’est transformé, c’est sûr. Comme je l’ai dit au début, il s’est transformé en tant qu’homme, et ça c’était un des axes de progression pour lui, car dès la saison prochaine il va être dans un monde vraiment différent, une sorte de petite jungle.

"Je rêve qu’il aille aux Spurs"

Justement, on sait que la NBA est un monde vraiment très spécial, très exigeant, où il est compliqué de se faire sa place. Etes-vous pleinement rassuré sur sa capacité à exister dans cette jungle, pour reprendre vos termes?

Pleinement rassuré, je ne sais pas. À chaque fois que je vois un joueur français là-bas, je ne suis jamais pleinement rassuré. J’attends de voir, d’observer comment ça évolue pour les uns et les autres. La NBA, c’est vraiment un monde à part, un monde complètement différent du basket européen, jusque dans la vision de voir le jeu. Par contre, depuis le mois de janvier, je lui ai demandé de travailler avec un préparateur mental. Pas forcément pour être performant sur le terrain, car j’estimais qu’on arrivait bien à maîtriser cet aspect. Mais surtout pour se préparer à franchir l’Atlantique. L’objectif était de l’aider à absorber tout son environnement, tout cet état d’esprit qu’il faut avoir en NBA. On a donc parlé de tout ça. Mais tant qu'on ne l’a pas vécu, on ne peut pas savoir concrètement. Donc depuis janvier, il fait tout ce travail avec le préparateur mental pour avoir le tempérament nécessaire pour pouvoir s’imposer là-bas.

Au niveau de sa personnalité et de son jeu, quelle type d’équipe NBA serait parfaite pour lui?

Pour tout vous dire, je rêve qu’il aille aux Spurs. Je pense que c’est le basket qui lui correspond le mieux. C’est aussi parce qu’à côté de lui, il y aurait quelqu’un qui prend beaucoup la lumière (Victor Wembanyama, NDLR), et je pense que ce serait idéal pour l’intégration de Zaccharie. Après, s’il est à Washington, ce serait très bien car il serait avec Bilal (Coulibaly), ce serait aussi très bien en termes d’intégration, même s’ils évoluent plus ou moins sur les mêmes postes. Atlanta serait aussi une bonne destination. Mais je pense que c’est aux Spurs qu’il a le plus de chances de briller.

Comment abordez-vous cette grande soirée de la draft? On suppose que ce sera un moment très spécial pour vous…

Effectivement. L’année dernière, c’était la première fois de ma vie que je me levais pour voir la draft NBA, car j’avais croisé Victor à l’ASVEL et je connaissais bien Bilal Coulibaly. Mais c’est vrai que cette année, ça va être différent, il y aura encore beaucoup plus d’émotions. Ce qu’on a réussi à faire tous ensemble, que ce soit lui, le staff, son entraîneur individuel… Quand il est arrivé à Bourg-en-Bresse, il avait plus ou moins loupé sa Coupe du monde U19 et n’arrivait pas à briller avec l’ASVEL. Le voir être annoncé dans le top 5… Je vais regarder ça avec beaucoup de joie et d’excitation pour lui. C’est l’aboutissement d’une très belle saison.

Propos recueillis par Felix Gabory