RMC Sport

F1: les salariés d'Alpine manifestent contre l'arrêt de la production de moteurs

À Boulogne-Billancourt, au siège du groupe Renault, des salariés de l'écurie Alpine en F1 ont manifesté contre la décision d'arrêter la production de moteurs. Pour 2026, les monoplaces de l'écurie tricolore pourraient bien être propulsées par un moteur Mercedes.

Une centaine de salariés de l'écurie Alpine en Formule 1 ont manifesté devant le siège du groupe Renault, jeudi 12 septembre à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Ils protestent contre l'arrêt annoncé de la fabrication de son moteur en France. "On veut défendre ce savoir-faire unique", a souligné Clément Gamberoni, élu du comité social et économique (CSE) et porte-parole des salariés qui s'était déjà mobilisés lors du Grand Prix d'Italie fin août.

Renault, qui conçoit et fabrique ses propres moteurs de F1 sur son site de Viry-Châtillon (Essonne) depuis 47 ans, a informé fin juillet les représentants du personnel de son souhait de transformer cette usine. L'idée serait d'acheter à partir de 2026 un moteur pour les monoplaces Alpine de F1, probablement auprès de Mercedes, plutôt que de continuer à le fabriquer au sein de l'entreprise. Cette décision toucherait 360 salariés, mais aussi de nombreux sous-traitants d'Alpine.

L'économie serait de 120 millions d'euros par an, le coût d'achat d'un autre moteur étant limité à 17 millions d'euros, selon la direction de Renault. Un nouveau moteur Alpine est pourtant prêt, prometteur et en cours de test, a relevé le porte-parole des salariés.

"C'est un coup de poignard dans le dos"

La direction d'Alpine a indiqué à l'AFP que la décision finale n'avait pas été prise et qu'un rapport d'expertise devait encore être rendu au CSE, le 30 septembre. Mais même un avis défavorable du CSE ne bloquerait pas le projet. Tous les salariés concernés se verraient proposer un poste dans les autres activités d'Alpine, dans la préparation de voitures pour des clients, les disciplines de la Formule E ou du Dakar, par exemple, a précisé la direction de la marque.

"On n'est pas dans un bras de fer, on a envie que M. (Luca) de Meo (directeur général du groupe Renault, ndlr) ait tous les arguments avant de prendre sa décision", a déclaré M. Gamberoni sous les fenêtres du bureau de M. de Meo. "Même si on sait que quand ça arrive à ce niveau-là, la décision a pu être déjà prise."

Des militants CGT d'autres sites du groupe Renault étaient venus soutenir les manifestants jeudi à Boulogne-Billancourt. "La F1 est une vitrine technologique et marketing exceptionnelle à laquelle il est difficile de renoncer", avait noté Karine Dubreucq, déléguée syndicale CGT chez Alpine, lors d'une conférence de presse début septembre. "C'est un coup de poignard dans le dos. On avait réussi à développer un moteur en 18 mois, on demande à M. de Meo de reconsidérer son projet, et donner une chance à ce moteur", avait alors ajouté Mme Dubreucq.

JA avec AFP