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Les Français toujours attachés au ticket de caisse, malgré la fin de l'impression systématique

Depuis le 1er août 2023, l'impression du ticket de caisse n'est plus automatique. Elle peut toutefois être réclamée par les clients. Ces derniers la demandent-ils toujours? Une étude tire un premier bilan.

Un petit bout de papier dont on a du mal à se passer. Un an après la fin de l'impression systématique des tickets de caisse, une mesure instaurée par la loi AGEC, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, les Français ont-ils cessé de le réclamer? Pas vraiment, selon une étude OpinionWay pour Perifem publiée mercredi 11 septembre.

7 Français sur 10 le réclament

Sept Français sur dix demandent encore leur ticket de caisse lorsqu'ils font leurs courses alimentaires, selon l'étude. Paradoxalement, ils sont de plus en plus nombreux à trouver que cette mesure est une bonne chose: 75% y sont favorables.

"C'est deux points de plus que l'année dernière," se réjouit Franck Charton, délégué général de Perifem, la fédération du commerce et de la distribution, contacté par RMC Conso.

Mais si 41% des sondés affirment réclamer leur ticket moins souvent qu'auparavant, les Français restent attachés au besoin de contrôler que le prix réclamé est en adéquation avec leur panier de courses.

Une première raison tient aux différences parfois constatées entre le prix affiché en rayon et le prix réclamé en caisse. En cas d'erreur, le consommateur est en droit d'exiger que soit appliqué le prix le plus bas des deux. Encore faut-il s'en rendre compte. Et le ticket de caisse reste le meilleur moyen de procéder à cette vérification.

Erreurs de prix

Les enseignes sont régulièrement sanctionnées pour ce type de négligence, une pratique jugée comme trompeuse par la DGCCRF, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Il y a un mois, elle a infligé une amende de 31.200 euros à un magasin Carrefour de Charleville-Mézières pour cette raison.

Autre argument qui justifie la volonté des consommateurs de relire leur ticket de caisse après paiement: vérifier que les promotions promises sont bel et bien appliquées. Il peut y avoir un décalage entre l'affichage d'une réduction sur un produit en rayon, et sa prise en compte par le système des caisses enregistreuses. Là aussi, le client est en droit de faire une réclamation, d'où l'intérêt de contrôler son ticket.

"Il est tout à fait normal de vouloir contrôler ses dépenses, acquiesce Franck Charton. C'est la raison pour laquelle les consommateurs sont de plus en plus adeptes du ticket dématérialisé, envoyé par e-mail."

Protéger ses données personnelles

Si 26% des Français demandent effectivement plus qu'avant un ticket dématérialisé, plus pratique à conserver, ce dernier présente toutefois quelques inconvénients. 58% des sondés ne sont pas à l'aise avec l'idée de confier leurs données personnelles et craignent de recevoir des e-mails promotionnels non désirés.

Par ailleurs, l'option du ticket dématérialisé n'est pas toujours systématiquement suggérée en magasin: seuls 14% des Français interrogés ont répondu se le voir proposer en supermarché.

La fin de l'impression systématique du ticket de caisse répondait à deux enjeux: un enjeu de santé, et, le plus important, un enjeu écologique.

Les tickets de caisse ont en effet longtemps contenu des bisphénols, des perturbateurs endocriniens suspectés de favoriser l’apparition de certains troubles et certaines maladies, notamment certains cancers. Aujourd'hui, la plupart sont néanmoins garantis sans phénols.

Le ticket envoyé par e-mail, pas si écolo

Quant à l'aspect écologique, l'objectif était d'économiser 150.000 tonnes de papier, sachant qu'on imprime 12,5 milliards de tickets de caisse par an. Difficile de savoir si ce dernier a été atteint: contactée par RMC Conso, l'ADEME, l'Agence pour la transition écologique, ne nous a, au moment où nous écrivons ces lignes, pas répondu.

Du côté de la DGCCRF, il nous est expliqué que ne s'agissant pas d'une mesure contraignante, aucune enquête n'est menée pour connaître son effectivité.

Quoi qu'il en soit, selon les experts, l'intérêt écologique de la mesure n'est pas établi. Selon Frédéric Bordage, spécialiste en numérique responsable, interrogé par Futura Sciences, "un mail avec un ticket de caisse dématérialisé c'est 5 grammes de gaz à effet de serre et 3 centilitres d'eau. Le même ticket de caisse au format papier: on va être sur 2 grammes de gaz à effet de serre et 5 centilitres d'eau."

Le ticket dématérialisé consomme donc moins d'eau, mais son envoi par e-mail émet plus de gaz à effet de serre que sa version papier.

Une solution plus vertueuse pour l'environnement pourrait être le ticket qui s’affiche sur une page web à laquelle on accède via un QR code. Mais il ne convainc que 6% des sondés.

"On pensait que le QR code allait se développer, mais finalement c'est peu le cas. La méthode plébiscitée reste l'e-mail, sur lequel l'ensemble des craintes baisse et on observe une vraie adhésion," insiste le délégué général de Perifem.

L'idéal étant finalement de se passer complètement de ticket de caisse, à condition de pouvoir offrir aux consommateurs des garanties quant à la fiabilité du prix réclamé.

Charlotte Méritan