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Interdiction des pailles en plastique: Capri-Sun demande une dérogation, l'UFC Que Choisir s'indigne

L'entreprise a lancé une pétition pour être à nouveau autorisée à commercialiser ses pailles en plastique avec ses gourdes de jus. (Illustration)

L'entreprise a lancé une pétition pour être à nouveau autorisée à commercialiser ses pailles en plastique avec ses gourdes de jus. (Illustration) - Capri-Sun

L'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir dénonce ce lundi la pétition lancée par le fabricant de boissons Capri-Sun pour demander la fin d'une directive européenne relative aux pailles en plastique. Une initiative pointée du doigt qui, si elle est assez suivie, pourrait faire changer les choses.

L'initiative surprend. Fin août, le fabricant de boissons Capri-Sun a lancé une pétition intitulée "Ramenez les pailles en plastique recyclables pour Capri-Sun : facilitez le recyclage pour tout le monde !". Capri-Sun demande purement et simplement un retour en arrière de la réglementation européenne relative à l'interdiction des pailles en plastique, en vigueur depuis 2021. Une démarche qui surprend l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, qui qualifie l'initiative de l'industriel de "caprice" aux conséquences environnementales non négligeables. Explications.

Inciter Bruxelles à faire machine arrière

Il faut dire que le procédé de Capri-Sun semble avoir été mûrement réfléchi. En juillet 2021, la directive européenne relative à l'interdiction du plastique à usage unique, et donc des pailles en plastique, a causé un changement de matériau de ses pailles pour l'industriel. Exit le plastique, bonjour le papier recyclable.

"Nous savons que le passage aux pailles en papier en 2021 n'a pas été idéal pour beaucoup d'entre vous, car elles sont moins fonctionnelles et la pochette et la paille en papier doivent être séparées pour le recyclage, ce qui n'est pas toujours pratique", écrit Capri-Sun dans sa pétition. 

Trois ans plus tard, l'industriel allemand veut jouer avec les règles de l'Union européenne et atteindre un million de signatures. Une fois ce palier atteint, Capri-Sun peut être autorisée à lancer une initiative citoyenne européenne (ICE) et demander à la Commission européenne de légiférer sur un sujet donné.

"Une fois ce cap du million de signatures atteint, Bruxelles ne peut plus esquiver", avertit l'UFC. À l'heure où nous écrivons ces lignes, l'appel de l'industriel est déjà signé par plus de 118.000 personnes.

Une demande de dérogation "peu convaincante"

Que Choisir semble avoir du mal à avaler cette pétition de l'industriel. D'autant que l'association pointe du doigt l'argument de la marque selon lequel les pailles en carton sont difficilement recyclables. Sur ses réseaux sociaux, l'industriel milite d'ailleurs pour la promotion de sa pétition en utilisant cet argument. Une justification "guère convaincante" pour l'UFC qui rappelle que les centres de tri des déchets n’ont pas de difficulté à séparer "[papier et plastique]".

"Avec cette pétition, Capri-Sun étale au grand jour le peu de cas qu’elle fait des enjeux environnementaux de notre époque et s’expose au mauvais coup de pub", dénonce l'association.

D'autant que selon des specialistes de la défense environnementale spécialisés dans la défense des océans, ces pailles sont des objets, souvent petits et volatils, jetés après une très brève utilisation. "Ils représentent la grande majorité des déchets plastiques retrouvés sur le littoral et en mer en Europe", a explique à l'UFC-Que Choisir l'ONG Surfride.

Quant aux nouvelles poches de jus Capri-Sun, composées de polypropylène, le bouchon qui permet de les fermer et de les ouvrir est solidaire, rattaché au récipient. Le tout est d'ailleurs plus recyclable. Selon change.org qui héberge la pétition de l'industriel, près de 24.000 personnes l'ont déjà signé, rien que pour la journée de ce lundi.

Lilian Pouyaud