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Ô vous donc qui, brûlant d'une ardeur périlleuse,
Courez du bel esprit, la carrière épineuse,
N'allez pas sur des vers sans fruit vous consumer,
Ni prendre pour génie un amour de rimer;
Craignez d'un vain plaisir les trompeuses amorces,
Et consultez longtemps votre esprit et vos forces.
La nature, fertile en Esprits excellents,
Sait entre les Auteurs partager les talents
L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme;
L'autre d'un trait plaisant aiguiser l'épigramme.
MALHERBE d'un héros peut vanter les exploits;
RACAN, chanter Philis, les bergers et les bois
Mais souvent un esprit q'ui se flatte et qui s'aime
Méconnaît son génie et s'ignore soi-même :
Ainsi Tel autrefois qu'on vit avec FARET
Charbonner de ses vers les murs d'un cabaret
S'en va, mal à propos, d'une voix insolente,
Chanter du peuple hébreu la fuite triomphante,
Et, poursuivant Mo?se au travers des déserts,
Court avec Pharaon se noyer dans les mers.
Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant, ou sublime,
Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime;
L'un l'autre vainement ils semblent se ha?r;
La rime est une esclave et ne doit qu'obéir.
Lorsqu'à la bien chercher d'abord on s'évertue,
L'esprit à la trouver aisément s'habitue;
Au joug de la raison sans peine elle fléchit
Et, loin de la gêner, la sert et l'enrichit.
Mais, lorsqu'on la néglige, elle devient rebelle,
Et, pour la rattraper, le sens court après elle.
Aimez donc la raison . que toujours vos écrits
Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix.
La plupart, emportés d'une fougue insensée,
Toujours loin du droit sens vont chercher leur pensée
Ils croiraient s'abaisser, dans leurs vers monstrueux,
S'ils pensaient ce qu'un autre a pu penser comme eux.
?vitons ces excès : laissons à l'Italie,
De tous ces faux brillants l'éclatante folie.
Tout doit tendre au bon sens : mais, pour y parvenir,
Le chemin est glissant et pénible à tenir;
Pour peu qu'on s'en écarte, aussitôt on se noie.
La raison pour marcher n'a souvent qu'une voie.
Un auteur quelquefois, trop plein de son objet,
Jamais sans l'épuiser n'abandonne un sujet.
S'il rencontre un palais, il m'en dépeint la face;
Il me promène après de terrasse en terrasse;
Ici s'offre un perron; là règne un corridor;
Là ce balcon s'enferme en un balustre d'or.
Il compte des plafonds les ronds et les ovales;
" Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales. "
Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin,
Et je me sauve à peine au travers du jardin.
Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile,
Et ne vous chargez point d'un détail inutile.
Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant;
L'esprit rassasié le rejette à l'instant.
Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.
Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire
Un vers était trop faible, et vous le rendez dur;
J'évite d'être long, et je deviens obscur;
L'un n'est point trop fardé, mais sa Muse est trop nue;
L'autre a peur de ramper, il se perd dans la nue.
Voulez-vous du public mériter les amours?
Sans cesse en écrivant variez vos discours.
Un style trop égal et toujours uniforme
En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme.
On lit peu ces auteurs, nés pour nous ennuyer,
Qui toujours sur un ton semblent psalmodier.
Heureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère
Passer du grave au doux, du plaisant, au sévère!
Son livre, aimé du Ciel et chéri des lecteurs,
Est souvent chez Barbin entouré d'acheteurs.
Quoi que vous écriviez évitez la bassesse :
Le style le moins noble a pourtant sa noblesse.
Au mépris du bon sens, le Burlesque effronté,
Trompa les yeux d'abord, plut par sa nouveauté.
On ne vit plus en vers que pointes triviales;
Le Parnasse parla le langage des halles;
La licence à rimer alors n'eut plus de frein,
Apollon travesti devint un TABARIN.
Cette contagion infecta les provinces,
Du clerc et du bourgeois passa jusques aux princes.
Le plus mauvais plaisant eut ses approbateurs;
Et, jusqu'à d'ASSOUCI, tout trouva des lecteurs.
Mais de ce style enfin la cour désabusée
Dédaigna de ces vers l'extravagance aisée,
Distingua le na?f du plat et du bouffon,
Et laissa la province admirer le Typhon.
Que ce style jamais ne souille votre ouvrage.
Imitons de MAROT l'élégant badinage,
Et laissons le Burlesque aux Plaisants du Pont-Neuf.
Mais n'allez point aussi, sur les pas de BR?BEUF,
Même en une Pharsale, entasser sur les rives
" De morts et de mourants cent montagnes plaintives ".
Prenez mieux votre ton, soyez Simple avec art,
Sublime sans orgueil, agréable sans fard.
N'offrez rien au lecteur que ce qui peut lui plaire.
Ayez pour la cadence une oreille sévère :
Que toujours dans vos vers, le sens, coupant les mots,
Suspende l'hémistiche, en marque le repos.
Gardez qu'une voyelle, à courir trop hâtée,
Ne soit d'une voyelle en son chemin heurtée,
Il est un heureux choix de mots harmonieux.
Fuyez des mauvais sons le concours odieux :
Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit, quand l'oreille est blessée.
Durant les premiers ans du Parnasse françois,
Le caprice tout seul faisait toutes les lois.
La rime, au bout des mots assemblés sans mesure,
Tenait lieu d'ornements, de nombre et de césure.
VILLON sut le premier, dans ces siècles grossiers,
Débrouiller l'art confus de nos vieux romanciers.
MAROT, bientôt après, fit fleurir les ballades,
Tourna des triolets, rima des mascarades,
à des refrains réglés asservit les rondeaux
Et montra pour rimer des chemins tout nouveaux.
RONSARD, qui le suivit, par une autre méthode,
Réglant tout, brouilla tout, fit un art à sa mode,
Et toutefois longtemps eut un heureux destin.
Mais sa Muse, en français parlant grec et latin,
Vit, dans l'âge suivant, par un retour grotesque,
Tomber de ses grands mots le faste pédantesque.
Ce poète orgueilleux, trébuché de si haut,
Rendit plus retenus DESPORTES et BERTAUT.
Enfin MALHERBE vint, et, le premier en France,
Fit sentir dans les vers une juste cadence,
D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la Muse aux règles du devoir.
Par ce sage écrivain la langue réparée
N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée.
Les stances avec grâce apprirent à tomber,
Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber.
Tout reconnut ses lois; et ce guide fidèle
Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle.
Marchez donc sur ses pas; aimez sa pureté;
Et de son tour heureux imitez la clarté.
Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,
Mon esprit aussitôt commence à se détendre;
Et, de vos vains discours prompt à se détacher,
Ne suit point un auteur qu'il faut toujours chercher.
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain, vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre ou le tour vicieux :
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.
Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
Et ne vous piquez point d'une folle vitesse
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d'esprit que peu de jugement.
J'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène,
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.
Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
Polissez-le sans cesse et le repolissez;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent,
Des traits d'esprit, semés de temps en temps, pétillent.
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu;
Que le début, la fin, répondent au milieu;
Que d'un art délicat les pièces assorties
N'y forment qu'un seul tout de diverses parties,
Que jamais du sujet le discours s'écartant
N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant.
Craignez-vous pour vos vers la censure publique?
Soyez-vous à vous-même un sévère critique.
L'ignorance toujours est prête à s'admirer.
Faites-vous des amis prompts à vous censurer;
Qu'ils soient de vos écrits les confidents sincères,
Et de tous vos défauts les zélés adversaires.
Dépouillez devant eux l'arrogance d'auteur,
Mais sachez de l'ami discerner le flatteur :
Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue.
Aimez qu'on vous conseille, et non pas qu'on vous loue.
Un flatteur aussitôt cherche à se récrier
Chaque vers qu'il entend le fait extasier.
Tout est charmant, divin, aucun mot ne le blesse;
Il trépigne de joie, il pleure de tendresse;
Il vous comble partout d'éloges fastueux...
La vérité n'a point cet air impétueux.
Un sage ami, toujours rigoureux, inflexible,
Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible :
Il ne pardonne point les endroits négligés,
Il renvoie en leur lieu les vers mal arrangés,
Il réprime des mots l'ambitieuse emphase;
Ici le sens le choque, et plus loin c'est la phrase.
Votre construction semble un peu s'obscurcir,
Ce terme est équivoque : il le faut éclaircir...
C'est ainsi que vous parle un ami véritable.
Mais souvent sur ses vers un auteur intraitable,
à les protéger tous se croit intéressé,
Et d'abord prend en main le droit de l'offensé.
" De ce vers, direz-vous, l'expression est basse.
" -Ah! Monsieur, pour ce vers je vous demande grâce,
" Répondra-t-il d'abord. -Ce mot me semble froid,
" Je le retrancherais. -C'est le plus bel endroit!
" -Ce tour ne me plaît pas. -Tout le monde l'admire. "
Ainsi toujours constant à ne se point dédire,
Qu'un mot dans son ouvrage ait paru vous blesser,
C'est un titre chez lui pour ne point l'effacer.
Cependant, à l'entendre, il chérit la critique;
Vous avez sur ses vers un pouvoir despotique...
Mais tout ce beau discours dont il vient vous flatter
N'est rien qu'un piège adroit pour vous les réciter.
Aussitôt, il vous quitte; et, content de sa Muse,
S'en va chercher ailleurs quelque fat qu'il abuse;
Car souvent il en trouve : ainsi qu'en sots auteurs,
Notre siècle est fertile en sots admirateurs ;
Et, sans ceux que fournit la ville et la province,
Il en est chez le duc, il en est chez le prince.
L'ouvrage le plus plat a, chez les courtisans,
De tout temps rencontré de zélés partisans;
Et, pour finir enfin par un trait de satire,
Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire.
Son tour, simple et na?f, n'a rien de fastueux
Et n'aime point l'orgueil d'un vers présomptueux.
Il faut que sa douceur flatte, chatouille, éveille,
Et jamais de grands mots n'épouvante l'oreille.
Mais souvent dans ce style un rimeur aux abois
Jette là, de dépit, la flûte et le hautbois ;
Et, follement pompeux, dans sa verve indiscrète,
Au milieu d'une églogue entonne la trompette.
De peur de l'écouter, Pan fuit dans les roseaux;
Et les Nymphes, d'effroi, se cachent sous les eaux.
Au contraire cet autre, abject en son langage,
Fait parler ses bergers comme on parle au village.
Ses vers plats et grossiers, dépouillés d'agrément,
Toujours baisent la terre et rampent tristement :
On dirait que RONSARD, sur ses pipeaux rustiques,
Vient encor fredonner ses idylles gothiques,
Et changer, sans respect de l'oreille et du son,
Lycidas en Pierrot, et Philis en Toinon.
Entre ces deux excès la route est difficile.
Suivez, pour la trouver, TH?OCRITE et VIRGILE
Que leurs tendres écrits, par les Grâces dictés,
Ne quittent point vos mains, jour et nuit feuilletés.
Seuls, dans leurs doctes vers, ils pourront vous apprendre
Par quel art, sans bassesse un auteur peut descendre;
Chanter Flore, les champs, Pomone, les vergers;
Au combat de la flûte animer deux bergers;
Des plaisirs de l'amour vanter la douce amorce;
Changer Narcisse en fleur, couvrir Daphné d'écorce;
Et par quel art encor l'églogue, quelquefois,
Rend dignes d'un consul la campagne et les bois.
Telle est de ce poème et la force et la grâce.
D'un ton un peu plus haut, mais pourtant sans audace,
La plaintive ?légie en longs habits de deuil,
Sait, les cheveux épars, gémir sur un cercueil.
Elle peint des amants la joie et la tristesse,
Flatte, menace, irrite, apaise une maîtresse.
Mais, pour bien exprimer ces caprices heureux,
C'est peu d'être poète, il faut être amoureux.
Je hais ces vains auteurs, dont la muse forcée
M'entretient de ses feux, toujours froide et glacée;
Qui s'affligent par art, et, fous de sens rassis,
S'érigent pour rimer en amoureux transis.
Leurs transports les plus doux ne sont que phrases vaines.
Ils ne savent jamais que se charger de chaînes,
Que bénir leur martyre, adorer leur prison,
Et faire quereller les sens et la raison.
Ce n'était pas jadis sur ce ton ridicule
Qu'Amour dictait les vers que soupirait Tibule,
Ou que, du tendre OVIDE animant les doux sons,
Il donnait de son art les charmantes leçons.
Il faut que le coeur seul parle dans l'élégie.
L'Ode, avec plus d'éclat et non moins d'énergie,
?levant jusqu'au ciel son vol ambitieux,
Entretient dans ses vers commerce avec les dieux.
Aux athlètes dans Pise elle ouvre la barrière,
Chante un vainqueur poudreux au bout de la carrière,
Mène Achille sanglant aux bords du Simo?s,
Ou fait fléchir l'Escaut sous le joug de Louis.
Tantôt, comme une abeille ardente à son ouvrage,
Elle s'en va de fleurs dépouiller le rivage :
Elle peint les festins, les danses et les ris;
Vante un baiser cueilli sur les lèvres d'Iris,
Qui mollement résiste, et, par un doux caprice,
Quelquefois le refuse afin qu'on le ravisse.
Son style impétueux souvent marche au hasard
Chez elle un beau désordre est un effet de l'art.
Loin ces rimeurs craintifs dont l'esprit flegmatique
Garde dans ses fureurs un ordre didactique,
Qui, chantant d'un héros les progrès éclatants,
Maigres historiens, suivront l'ordre des temps!
Ils n'osent un moment perdre un sujet de vue :
Pour prendre Dôle, il faut que Lille soit rendue;
Et que leur vers exact, ainsi que Mézerai,
Ait déjà fait tomber les remparts de Courtrai.
Apollon de son feu leur fut toujours avare.
On dit, à ce propos, qu'un jour ce dieu bizarre,
Voulant pousser à bout tous les rimeurs françois,
Inventa du Sonnet les rigoureuses lois;
Voulut qu'en deux quatrains, de mesure pareille,
La rime, avec deux sons, frappât huit fois l'oreille;
Et qu'ensuite six vers, artistement rangés,
Fussent en deux tercets par le sens partagés.
Surtout, de ce Poème il bannit la licence;
Lui-même en mesura le nombre et la cadence;
Défendit qu'un vers faible y pût jamais entrer,
Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer.
Du reste, il l'enrichit d'une beauté suprême
Un sonnet sans défaut vaut seul un long Poème.
Mais en vain mille auteurs y pensent arriver,
Et cet heureux phénix est encore à trouver.
à peine dans GOMBAUT, MAYNARD et MALLEVILLE,
En peut-on admirer deux ou trois entre mille;
Le reste, aussi peu lu que ceux de Pelletier.
N'a fait de chez Sercy, qu'un saut chez l'épicier.
Pour enfermer son sens dans la borne prescrite,
La mesure est toujours trop longue ou trop petite.
L'?pigramme, plus libre en son tour plus borné,
N'est souvent qu'un bon mot de deux rimes orné.
Jadis, de nos auteurs les pointes ignorées
Furent de l'Italie en nos vers attirées aaaпривлекательный.
Le vulgaire, ébloui de leur faux agrément,
à ce nouvel appât courut avidement.
La faveur du public excitant leur audace,
Leur nombre impétueux inonda le Parnasse.
Le madrigal d'abord en fut enveloppé;
Le sonnet orgueilleux lui-même en fut frappé;
La tragédie en fit ses plus chères délices;
L'élégie en orna ses douloureux caprices;
Un héros sur la scène eut soin de s'en parer,
Et, sans pointe, un amant n'osa plus soupirer
On vit tous les bergers, dans leurs plaintes nouvelles,
Fidèles à la pointe encor plus qu'à leurs belles;
Chaque mot eut toujours deux visages divers;
La prose la reçut aussi bien que les vers;
L'avocat au Palais en hérissa son style,
Et le docteur en chaire en sema l'?vangile.
La raison outragée enfin ouvrit les yeux,
La chassa pour jamais des discours sérieux;
Et, dans tous ces écrits la déclarant infâme,
Par grâce lui laissa l'entrée en l'épigramme,
Pourvu que sa finesse, éclatant à propos,
Roulât sur la pensée et non pas sur les mots.
Ainsi de toutes parts les désordres cessèrent.
Toutefois, à la cour, les Turlupins, restèrent,
Insipides plaisants, bouffons infortunés,
D'un jeu de mots grossiers partisans surannés.
Ce n'est pas quelquefois qu'une Muse un peu fine,
Sur un mot, en passant, ne joue et ne badine,
Et d'un sens détourné n'abuse avec succès
Mais fuyez sur ce point un ridicule excès,
Et n'allez pas toujours d'une pointe une épigramme folle.
Tout poème est brillant de sa propre beauté.
Le Rondeau, né gaulois, a la na?veté.
La Ballade, asservie à ses vieilles maximes,
Souvent doit tout son lustre au caprice des rimes.
Le Madrigal, plus simple et plus noble en son tour,
Respire la douceur, la tendresse et l'amour.
L'ardeur de se montrer, et non pas de médire,
Arma la Vérité du vers de la Satire.
LUCILE le premier osa la faire voir,
Aux vices des Romains présenta le miroir,
Vengea l'humble vertu de la richesse altière,
Et l'honnête homme à pied du faquin en litière.
HORACE à cette aigreur mêla son enjouement
On ne fut plus ni fat ni sot impunément;
Et malheur à tout nom qui, propre à la censure
Put entrer dans un vers sans rompre la mesure!
PERSE, en ses vers obscurs, mais serrés et pressants,
Affecta d'enfermer moins de mots que de sens.
JUV?NAL, élevé dans les cris de l'école,
Poussa jusqu'à l'excès sa mordante hyperbole.
Ses ouvrages, tout pleins d'affreuses vérités,
?tincellent pourtant de sublimes beautés
Soit que, sur un écrit arrivé de Caprée,
Il brise de Séjan la statue adorée;
Soit qu'il fasse au conseil courir les sénateurs,
D'un tyran soupçonneux pâles adulateurs;
Ou que, poussant à bout la luxure latine,
Aux portefaix de Rome il vende Messaline,
Ses écrits pleins de feu partout brillent aux yeux.
De ces maîtres savants disciple ingénieux,
R?GNIER seul parmi nous formé sur leurs modèles,
Dans son vieux style encore a des grâces nouvelles.
Heureux, si ses discours, craints du chaste lecteur,
Ne se sentaient des lieux où fréquentait l'auteur,
Et si, du son hardi de ses rimes cyniques,
Il n'alarmait souvent les oreilles pudiques!
Le latin dans les mots brave l'honnêteté,
Mais le lecteur français veut être respecté;
Du moindre sens impur la liberté l'outrage,
Si la pudeur des mots n'en adoucit l'image.
Je veux dans la satire un esprit de candeur,
Et fuis un effronté qui prêche la pudeur.
D'un trait de ce poème en bons mots si fertile,
Le Français, né malin, forma le Vaudeville,
Agréable indiscret qui, conduit par le chant,
Passe de bouche en bouche et s'accroît en marchant.
La liberté française en ses vers se déploie :
Cet enfant du plaisir veut naître dans la joie.
Toutefois n'allez pas, goguenard dangereux,
Faire Dieu le sujet d'un badinage affreux.
à la fin tous ces jeux, que l'athéisme élève,
Conduisent tristement le plaisant à la Grève.
Il faut, même en chansons, du bon sens et de l'art
Mais pourtant on a vu le vin et le hasard
Inspirer quelquefois une Muse grossière
Et fournir, sans génie, un couplet à Linière.
Mais, pour un vain bonheur qui vous a fait rimer,
Gardez qu'un sot orgueil ne vous vienne enfumer.
Souvent, l'auteur altier de quelque chansonnette
Au même instant prend droit de se croire poète
Il ne dormira plus qu'il n'ait fait un sonnet,
Il met tous les matins six impromptus au net.
Encore est-ce un miracle, en ses vagues furies,
Si bientôt, imprimant ses sottes rêveries,
Il ne se fait graver au-devant du recueil,
Couronné de lauriers, par la main de Nanteuil.
Ainsi, pour nous charmer, la Tragédie en pleurs
D'OEdipe tout sanglant fit parler les douleurs,
D'Oreste parricide exprima les alarmes,
Et, pour nous divertir, nous arracha des larmes.
Vous donc qui, d'un beau feu pour le théâtre épris,
Venez en vers pompeux y disputer le prix ,
Voulez-vous sur la scène étaler des ouvrages
Où tout Paris en foule apporte ses suffrages,
Et qui, toujours plus beaux, plus ils sont regardés,
Soient au bout de vingt ans encor redemandés?
Que dans tous vos discours la passion émue
Aille chercher le coeur, l'échauffe et le remue.
Si, d'un beau mouvement l'agréable fureur
Souvent ne nous remplit d'une douce terreur,
Ou n'excite en notre âme une pitié charmante,
En vain vous étalez une scène savante;
Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir
Un spectateur toujours paresseux d'applaudir,
Et qui, des vains efforts de votre rhétorique
Justement fatigué, s'endort ou vous critique.
Le secret est d'abord de plaire et de toucher
Inventez des ressorts qui puissent m'attacher.
Que dès les premiers vers, l'action préparée
Sans peine du sujet aplanisse l'entrée.
Je me ris d'un acteur qui, lent à s'exprimer,
De ce qu'il veut, d'abord, ne sait pas m'informer,
Et qui, débrouillant mal une pénible intrigue,
D'un divertissement me fait une fatigue.
J'aimerais mieux encor qu'il déclinât son nom,
Et dît : " Je suis Oreste, ou bien Agamemnon ",
Que d'aller, par un tas de confuses merveilles,
Sans rien dire à l'esprit, étourdir les oreilles.
Le sujet n'est jamais assez tôt expliqué.
Que le lieu de la Scène y soit fixe et marqué.
Un rimeur, sans péril, delà les Pyrénées,
Sur la scène en un jour renferme des années.
Là, souvent, le héros d'un spectacle grossier,
Enfant au premier acte, est barbon au dernier.
Mais nous, que la raison à ses règles engage,
Nous voulons qu'avec art l'action se ménage;
Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.
Jamais au spectateur n'offrez rien d'incroyable
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.
Une merveille absurde est pour moi sans appas :
L'esprit n'est point ému de ce qu'il ne croit pas.
Ce qu'on ne doit point voir, qu'un récit nous l'expose
Les yeux, en le voyant, saisiraient mieux la chose;
Mais il est des objets que l'art judicieux
Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux.
Que le trouble toujours croissant de scène en scène
à son comble arrivé se débrouille sans peine.
L'esprit ne se sent point plus vivement frappé
Que lorsqu'en un sujet d'intrigue enveloppé,
D'un secret tout à coup la vérité connue
Change tout, donne à tout une face imprévue.
La tragédie, informe et grossière en naissant,
N'était qu'un simple choeur, où chacun, en dansant,
Et du dieu des raisins entonnant les louanges,
S'efforçait d'attirer de fertiles vendanges.
Là, le vin et la joie éveillant les esprits,
Du plus habile chantre un bouc était le prix.
THESPIS fut le premier qui, barbouillé de lie,
Promena dans les bourgs cette heureuse folie;
Et d'acteurs mal ornés chargeant un tombereau,
Amusa les passants d'un spectacle nouveau.
ESCHYLE dans le choeur jeta les personnages,
D'un masque plus honnête habilla les visages,
Sur les ais d'un théâtre en public exhaussé,
Fit paraître l'acteur d'un brodequin chaussé.
SOPHOCLE enfin, donnant l'essor à son génie,
Accrut encor la pompe, augmenta l'harmonie,
Intéressa le choeur dans toute l'action,
Des vers trop raboteux polit l'expression,
Lui donna chez les Grecs cette hauteur divine
Où jamais n'atteignit la faiblesse latine.
Chez nos dévots a?eux le théâtre abhorré
Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré.
De pèlerins, dit-on, une troupe grossière,
En public, à Paris, y monta la première;
Et, sottement zélée en sa simplicité,
Joua les Saints, la Vierge et Dieu, par piété.
Le savoir, à la fin dissipant l'ignorance,
Fit voir de ce projet la dévote imprudence.
On chassa ces docteurs prêchant sans mission;
On vit renaître Hector, Andromaque, Ilion.
Seulement, les acteurs laissant le masque antique,
Le violon tint lieu de choeur et de musique.
Bientôt l'amour, fertile en tendres sentiments,
S'empara du théâtre ainsi que des romans.
De cette passion la sensible peinture
Est pour aller au coeur la route la plus sûre.
Peignez donc, j'y consens, les héros amoureux
Mais ne m'en formez pas des bergers doucereux
Qu'Achille aime autrement que Tircis et Philène;
N'allez pas d'un Cyrus nous faire un Artamène;
Et que l'amour, souvent de remords combattu,
Paraisse une faiblesse et non une vertu.
Des héros de roman fuyez les petitesses
Toutefois, aux grands coeurs donnez quelques faiblesses.
Achille déplairait moins bouillant et moins prompt
J'aime à lui voir verser des pleurs pour un affront.
à ces petits défauts marqués dans sa peinture,
L'esprit avec plaisir reconnaît la nature.
Qu'il soit sur ce modèle en vos écrits tracé
Qu'Agamemnon soit fier, superbe, intéressé;
Que pour ses dieux ?née ait un respect austère.
Conservez à chacun son propre caractère.
Des siècles, des pays étudiez les moeurs
Les climats font souvent les diverses humeurs.
Gardez donc de donner, ainsi que dans Clélie,
L'air ni l'esprit français à l'antique Italie;
Et, sous des noms romains faisant notre portrait,
Peindre Caton galant, et Brutus dameret.
Dans un roman frivole aisément tout s'excuse;
C'est assez qu'en courant la fiction amuse;
Trop de rigueur alors serait hors de saison
Mais la scène demande une exacte raison.
L'étroite bienséance y veut être gardée.
D'un nouveau personnage inventez-vous l'idée?
Qu'en tout avec soi-même il se montre d'accord,
Et qu'il soit jusqu'au bout tel qu'on l'a vu d'abord.
Souvent, sans y penser, un écrivain qui s'aime
Forme tous ses héros semblables à soi-même;
Tout a l'humeur gasconne en un auteur gascon
CALPREN?DE et JUBA parlent du même ton.
La nature est en nous plus diverse et plus sage
Chaque passion parle un différent langage
La colère est superbe et veut des mots altiers,
L'abattement s'explique en des termes moins fiers.
Que, devant Troie en flamme, Hécube désolée
Ne vienne pas pousser une plainte ampoulée,
Ni sans raison décrire en quel affreux pays
" Par sept bouches l'Euxin reçoit le Tana?s ".
Tous ces pompeux amas d'expressions frivoles
Sont d'un déclamateur amoureux des paroles.
Il faut dans la douleur que vous vous abaissiez.
Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez.
Ces grands mots dont alors l'acteur emplit sa bouche
Ne partent point d'un coeur que sa misère touche.
Le théâtre, fertile en censeurs pointilleux,
Chez nous pour se produire est un champ périlleux.
Un auteur n'y fait pas de faciles conquêtes;
Il trouve à le siffler des bouches toujours prêtes.
Chacun le peut traiter de fat et d'ignorant;
C'est un droit qu'à la porte on achète en entrant.
Il faut qu'en cent façons, pour plaire, il se replie;
Que tantôt il s'élève et tantôt s'humilie ;
Qu'en nobles sentiments il soit partout fécond ;
Qu'il soit aisé, solide, agréable, profond;
Que de traits surprenants sans cesse il nous réveille,
Qu'il coure dans ses vers de merveille en merveille;
Et que tout ce qu'il dit, facile à retenir,
De son ouvrage en nous laisse un long souvenir.
Ainsi la Tragédie agit, marche et s'explique.
D'un air plus grand encor la Poésie épique,
Dans le vaste récit d'une longue action,
Se soutient par la fable et vit de fiction.
Là, pour nous enchanter, tout est mis en usage;
Tout prend un corps, une âme, un esprit, un visage.
Chaque vertu devient une divinité :
Minerve est la prudence, et Vénus la beauté;
Ce n'est plus la vapeur, qui produit le tonnerre,
C'est Jupiter armé pour effrayer la terre;
Un orage terrible aux yeux des matelots,
C'est Neptune en courroux qui gourmande les flots;
?cho n'est plus un son qui dans l'air retentisse,
C'est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse.
Ainsi, dans cet amas de nobles fictions,
Le poète s'égaye en mille inventions,
Orne, élève, embellit, agrandit toutes choses,
Et trouve sous sa main des fleurs toujours écloses.
Qu'?née et ses vaisseaux, par le vent écartés,
Soient aux bords africains d'un orage emportés,
Ce n'est qu'une aventure ordinaire et commune,
Qu'un coup peu surprenant des traits de la fortune.
Mais que Junon, constante en son aversion,
Poursuive sur les flots les restes d'Ilion;
Qu'?ole, en sa faveur, les chassant d'Italie,
Ouvre aux vents mutinés les prisons d'?olie;
Que Neptune en courroux, s'élevant sur la mer,
D'un mot calme les flots, mette la paix dans l'air,
Délivre les vaisseaux, des Syrtes les arrache,
C'est là ce qui surprend, frappe, saisit, attache.
Sans tous ces ornements le vers tombe en langueur,
La poésie est morte ou rampe sans vigueur,
Le poète n'est plus qu'un orateur timide,
Qu'un froid historien d'une fable insipide.
C'est donc bien vainement que nos auteurs déçus,
Bannissant de leurs vers ces ornements reçus,
Pensent faire agir Dieu, ses saints et ses prophètes,
Comme ces dieux éclos du cerveau des poètes;
Mettent à chaque pas le lecteur en enfer,
N'offrent rien qu'Astaroth, Belzébuth, Lucifer...
De la foi d'un chrétien les mystères terribles
D'ornements égayés ne sont point susceptibles.
L'?vangile à l'esprit n'offre de tous côtés
Que pénitence à faire et tourments mérités;
Et de vos fictions le mélange coupable
Même à ses vérités donne l'air de la fable.
Et quel objet, enfin, à présenter aux yeux
Que le diable toujours hurlant contre les Cieux,
Qui de votre héros veut rabaisser la gloire,
Et souvent avec Dieu balance la victoire!
LE TASSE, dira-t-on, l'a fait avec succès.
Je ne veux point ici lui faire son procès :
Mais, quoi que notre siècle à sa gloire publie,
Il n'eût point de son livre illustré l'Italie,
Si son sage héros, toujours en oraison,
N'eût fait que mettre enfin Satan à la raison ;
Et si Renaud, Argant, Tancrède et sa maîtresse
N'eussent de son sujet égayé la tristesse.
Ce n'est que pas j'approuve, en un sujet chrétien,
Un auteur follement idolâtre et pa?en.
Mais, dans une profane et riante peinture,
De n'oser de la fable employer la figure;
De chasser les Tritons de l'empire des eaux;
D'ôter à Pan sa flûte, aux Parques leurs ciseaux;
D'empêcher que Caron, dans la fatale barque,
Ainsi que le berger ne passe le monarque :
C'est d'un scrupule vain s'alarmer sottement,
Et vouloir aux lecteurs plaire sans agrément.
Bientôt ils défendront de peindre la Prudence,
De donner à Thémis ni bandeau ni balance,
De figurer aux yeux la Guerre au front d'airain,
Ou le Temps qui s'enfuit une horloge à la main;
Et partout, des discours, comme une idolâtrie,
Dans leur faux zèle iront chasser l'allégorie.
Laissons-les s'applaudir de leur pieuse erreur;
Mais pour nous bannissons une vaine terreur,
Et, fabuleux chrétiens, n'allons point, dans nos songes,
Du Dieu de vérité faire un dieu de mensonges.
La fable offre à l'esprit mille agréments divers;
Là tous les noms heureux semblent nés pour les vers,
Ulysse, Agamemnon, Oreste, Idoménée,
Hélène, Ménélas, Pâris, Hector, ?née...
Ô le plaisant projet d'un poète ignorant,
Qui de tant de héros va choisir Childebrand!
D'un seul nom quelquefois le son dur ou bizarre
Rend un poème entier ou burlesque ou barbare.
Voulez-vous longtemps plaire et jamais ne lasser?
Faites choix d'un héros propre à m'intéresser,
En valeur éclatant, en vertus magnifique
Qu'en lui, jusqu'aux défauts, tout se montre héro?que;
Que ses faits surprenants soient dignes d'être ou?s
Qu'il soit tel que César, Alexandre ou Louis,
Non tel que Polynice et son perfide frère :
On s'ennuie aux exploits d'un conquérant vulgaire.
N'offrez point un sujet d'incidents trop chargé.
Le seul courroux d'Achille, avec art ménagé,
Remplit abondamment une Iliade entière :
Souvent trop d'abondance appauvrit la matière.
Soyez vif et pressé dans vos narrations;
Soyez riche et pompeux dans vos descriptions.
C'est là qu'il faut des vers étaler l'élégance;
N'y présentez jamais de basse circonstance.
N'imitez pas ce fou qui, décrivant les mers,
Et peignant, au milieu de leurs flots entr'ouverts,
L'Hébreu sauvé du joug de ses injustes maîtres,
Met, pour le voir passer, les poissons aux fenêtres;
Peint-le petit enfant qui " va, saute, revient, "
Et joyeux, à sa mère offre un caillou qu'il tient ".
Sur de trop vains objets c'est arrêter la vue.
Donnez à votre ouvrage une juste étendue.
Que le début soit simple et n'ait rien d'affecté.
N'allez pas dès l'abord, sur Pégase monté,
Crier à vos lecteurs, d'une voix de tonnerre
" Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre. "
Que produira l'auteur, après tous ces grands cris?
La montagne en travail enfante une souris.
Oh! que j'aime bien mieux cet auteur plein d'adresse
Qui, sans faire d'abord de si haute promesse,
Me dit d'un ton aisé, doux, simple, harmonieux :
" Je chante les combats, et cet homme pieux "
Qui, des bords phrygiens conduit dans l'Ausonie, "
Le premier aborda les champs de Lavinie "
Sa Muse en arrivant ne met pas tout en feu,
Et, pour donner beaucoup, ne nous promet que peu;
Bientôt vous la verrez, prodiguant les miracles,
Du destin des Latins prononcer les oracles,
De Styx et d'Achéron peindre les noirs torrents
Et déjà les Césars dans l'?lysée errants.
De figures sans nombre égarez votre ouvrage;
Que tout y fasse aux yeux une riante image :
On peut être à la fois et pompeux et plaisant;
Et je hais un sublime ennuyeux et pesant.
J'aime mieux Arioste et ses fables comiques
Que ces auteurs, toujours froids et mélancoliques,
Qui, dans leur sombre humeur, se croiraient faire affront
Si les Grâces jamais leur déridaient le front.
On dirait que pour plaire, instruit par la nature,
Homère ait à Vénus dérobé sa ceinture.
Sort livre est d'agréments un fertile trésor
Tout ce qu'il a touché se convertit en or;
Tout reçoit dans ses mains une nouvelle grâce;
Partout il divertit et jamais il ne lasse.
Une heureuse chaleur anime ses discours;
Il ne s'égare point en de trop longs détours.
Sans garder dans ses vers un ordre méthodique,
Son sujet, de soi-même, et s'arrange et s'explique;
Tout, sans faire d'apprêts, s'y prépare aisément;
Chaque vers, chaque mot court à l'événement.
Aimez donc ses écrits, mais d'un amour sincère;
C'est avoir profité que de savoir s'y plaire.
Un poème excellent, où tout marche et se suit,
N'est pas de ces travaux qu'un caprice produit :
Il veut du temps, des soins; et ce pénible ouvrage
Jamais d'un écolier ne fut l'apprentissage.
Mais souvent parmi nous un poète sans art,
Qu'un beau feu quelquefois échauffa par hasard,
Enflant d'un vain orgueil son esprit chimérique,
Fièrement prend en main la trompette héro?que.
Sa muse déréglée, en ses vers vagabonds,
Ne s'élève jamais que par sauts et par bonds;
Et son feu, dépourvu de sens et de lecture,
S'éteint à chaque pas, faute de nourriture.
Mais en vain le public, prompt à le mépriser,
De son mérite faux le veut désabuser;
Lui-même, applaudissant à son maigre génie,
Se donne par ses mains l'encens qu'on lui dénie;
VIRGILE, au prix de lui , n'a point d'invention;
HOM?RE n'entend point la noble fiction...
Si contre cet arrêt le siècle se rebelle,
à la postérité d'abord il en appelle,
Mais, attendant qu'ici le bon sens de retour
Ramène triomphants ses ouvrages au jour,
Leurs tas, au magasin, cachés à la lumière,
Combattent tristement les vers et la poussière.
Laissons-les donc entre eux s'escrimer en repos,
Et, sans nous égarer, suivons notre propos.
Des succès fortunés du spectacle tragique,
Dans Athènes naquit la Comédie antique.
Là le Grec, né moqueur, par mille jeux plaisants,
Distilla le venin de ses traits médisants.
Aux accès insolents d'une bouffonne joie
La sagesse, l'esprit, l'honneur furent en proie.
On vit par le public un poète avoué
S'enrichir aux dépens du mérite joué;
Et Socrate par lui, dans un choeur de nuées,
D'un vil amas de peuple attirer les huées.
Enfin, de la licence on arrêta le cours :
Le magistrat des lois emprunta le secours,
Et, rendant par édit les poètes plus sages,
Défendit de marquer les noms et les visages.
Le théâtre perdit son antique fureur;
la comédie apprit à rire sans aigreur,
Sans fiel et sans venin sut instruire et reprendre,
Et plut innocemment dans les vers de M?NANDRE.
Chacun, peint avec art dans ce nouveau miroir,
S'y vit avec plaisir, ou crut ne s'y point voir :
L'avare, des premiers, rit du tableau fidèle
D'un avare souvent tracé sur son modèle;
Et, mille fois, un fat finement exprimé
Méconnut le portrait sur lui-même formé.
Que la nature donc soit votre étude unique,
Auteurs qui prétendez aux honneurs du comique.
Quiconque voit bien l'homme et, d'un esprit profond,
De tant de coeurs cachés a pénétré le fond;
Qui sait bien ce que c'est qu'un prodigue, un avare,
Un honnête homme, un fat, un jaloux, un bizarre,
Sur une scène heureuse il peut les étaler,
Et les faire à nos yeux vivre, agir et parler.
Présentez-en partout les images na?ves;
Que chacun y soit peint des couleurs les plus vives.
La nature, féconde en bizarres portraits,
Dans chaque âme est marquée à de différents traits;
Un geste la découvre, un rien la fait paraître.
Mais tout esprit n'a pas des yeux pour la connaître.
Le temps, qui change tout, change aussi nos humeurs;
Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses moeurs.
Un jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices,
Est prompt à recevoir l'impression des vices;
Est vain dans ses discours, volage en ses désirs,
Rétif à la censure et fou dans les plaisirs.
L'âge viril, plus mûr, inspire un air plus sage,
Se pousse auprès des grands, s'intrigue, se ménage,
Contre les coups du sort songe à se maintenir,
Et loin dans le présent regarde l'avenir.
La vieillesse chagrine incessamment amasse;
Garde, non pas pour soi, les trésors qu'elle entasse;
Marche en tous ses desseins d'un pas lent et glacé;
Toujours plaint le présent et vante le passé;
Inhabile aux plaisirs, dont la jeunesse abuse,
Blâme en eux les douceurs que l'âge lui refuse.
Ne faites point parler vos acteurs au hasard,
Un vieillard en jeune homme, un jeune homme en vieillard.
?tudiez la cour et connaissez la ville :
L'une et l'autre est toujours en modèles fertile.
C'est par là que MOLI?RE, illustrant ses écrits,
Peut-être de son art eût remporté le prix,
Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures,
Il n'eût point fait souvent grimacer ses figures,
Quitté, pour le bouffon, l'agréable et le fin,
Et sans honte à Térence allié Tabarin.
Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe,
Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope.
Le comique, ennemi des soupirs et des pleurs,
N'admet point en ses vers de tragiques douleurs;
Mais son emploi n'est pas d'aller, dans une place,
De mots sales et bas charmer la populace.
Il faut que ses acteurs badinent noblement;
Que son noeud bien formé se dénoue aisément;
Que l'action, marchant où la raison la guide,
Ne se perde jamais dans une scène vide;
Que son style humble et doux se relève à propos;
Que ses discours, partout fertiles en bons mots,
Soient pleins de passions finement maniées,
Et les scènes toujours l'une à l'autre liées.
Aux dépens du bon sens gardez de plaisanter
Jamais de la nature il ne faut s'écarter.
Contemplez de quel air un père, dans Térence,
Vient d'un fils amoureux gourmander l'imprudence;
De quel air cet amant écoute ses leçons
Et court chez sa maîtresse oublier ces chansons.
Ce n'est pas un portrait, une image semblable,
C'est un amant, un fils, un père véritable.
J'aime sur le théâtre un agréable auteur
Qui, sans se diffamer aux yeux du spectateur,
Plaît par la raison seule, et jamais ne la choque.
Mais, pour un faux plaisant, à grossière équivoque,
Qui pour me divertir n'a que la saleté,
Qu'il s'en aille, s'il veut, sur deux tréteaux monté,
Amusant le Pont-Neuf de ses sornettes fades,
Aux laquais assemblés jouer ses mascarades.
Lui seul y fit longtemps la publique misère :
Là, le fils orphelin lui redemande un père;
Ici, le frère pleure un frère empoisonné.
L'un meurt vide de sang, l'autre plein de séné;
Le rhume à son aspect se change en pleurésie,
Et, par lui, la migraine est bientôt frénésie.
Il quitte enfin la ville, en tous lieux détesté.
De tous ses amis morts un seul ami resté
Le mène en sa maison de superbe structure
C'était un riche abbé, fou de l'architecture.
Le médecin, d'abord, semble né dans cet art,
Déjà de bâtiments parle comme Mansart :
D'un salon qu'on élève il condamne la face;
Au vestibule obscur il marque une autre place,
Approuve l'escalier tourné d'autre façon...
Son ami le conçoit, et mande son maçon.
Le maçon vient, écoute, approuve et se corrige.
Enfin, pour abréger un si plaisant prodige,
Notre assassin renonce à son art inhumain;
Et désormais, la règle et l'équerre à la main,
Laissant de Galien, la science suspecte,
De méchant médecin devient bon architecte.
Son exemple est pour nous un précepte excellent.
Soyez plutôt maçon, si c'est votre talent,
Ouvrier estimé dans un art nécessaire,
Qu'écrivain du commun et poète vulgaire.
Il est dans tout autre art des degrés différents,
On peut avec honneur remplir les seconds rangs;
Mais, dans l'art dangereux de rimer et d'écrire,
Il n'est point de degrés du médiocre au pire;
Qui dit froid écrivain dit détestable auteur...
Boyer est à Pinchêne, égal pour le lecteur;
On ne lit guère plus Rampale et Mesnardière,
Que Magnon, du Souhait, Corbin et La Morlière.
Un fou du moins fait rire et peut nous égayer;
Mais un froid écrivain ne sait rien qu'ennuyer.
J'aime mieux Bergerac, et sa burlesque audace
Que ces vers où Motin se morfond et nous glace.
Ne vous enivrez point des éloges flatteurs,
Qu'un amas quelquefois de vains admirateurs
Vous donne en ces réduits, prompts à crier merveille.
Tel écrit récité se soutint à l'oreille,
Qui, dans l'impression au grand jour se montrant,
Ne soutient pas des yeux le regard pénétrant.
On sait de cent auteurs l'aventure tragique :
Et Gombaud tant loué garde encor la boutique.
?coutez tout le monde, assidu consultant.
Un fat, quelquefois, ouvre un avis important.
Quelques vers toutefois qu'Apollon vous inspire,
En tous lieux aussitôt ne courez pas les lire.
Gardez-vous d'imiter ce rimeur furieux
Qui, de ses vains écrits lecteur harmonieux,
Aborde en récitant quiconque le salue
Et poursuit de ses vers les passants dans la rue.
Il n'est temple si saint, des anges respecté,
Qui soit contre sa Muse un lieu de sûreté.
Je vous l'ai déjà dit, aimez qu'on vous censure,
Et, souple à la raison, corrigez sans murmure.
Mais ne vous rendez pas dès qu'un sot vous reprend.
Souvent, dans son orgueil, un subtil ignorant
Par d'injustes dégoûts combat toute une pièce,
Blâme des plus beaux vers la noble hardiesse.
On a beau réfuter ses vains raisonnements,
Son esprit se complaît dans ses faux jugements;
Et sa faible raison, de clarté dépourvue,
Pense que rien n'échappe à sa débile vue.
Ses conseils sont à craindre; et, si vous les croyez,
Pensant fuir un écueil, souvent vous vous noyez.
Faites choix d'un censeur solide et salutaire,
Que la raison conduise et le savoir éclaire,
Et dont le crayon sûr d'abord aille chercher
L'endroit que l'on sent faible, et qu'on se veut cacher.
Lui seul éclaircira vos doutes ridicules,
De votre esprit tremblant lèvera les scrupules.
C'est lui qui vous dira par quel transport heureux
Quelquefois, dans sa course, un esprit vigoureux,
Trop resserré par l'art, sort des règles prescrites,
Et de l'art même apprend à franchir leurs limites.
Mais ce parfait censeur se trouve rarement
Tel excelle à rimer qui juge sottement;
Tel s'est fait par ses vers distinguer dans la ville,
Qui jamais de Lucain n'a distingué Virgile.
Auteurs, prêtez l'oreille à mes instructions.
Voulez-vous faire aimer vos riches fictions?
Qu'en savantes leçons votre Muse fertile
Partout joigne au plaisant le solide et l'utile.
Un lecteur sage fuit un vain amusement
Et veut mettre profit à son divertissement.
Que votre âme et vos moeurs, peintes dans vos ouvrages,
N'offrent jamais de vous que de nobles images.
Je ne puis estimer ces dangereux auteurs
Qui de l'honneur, en vers, infâmes déserteurs,
Trahissant la vertu sur un papier coupable,
Aux yeux de leurs lecteurs rendent le vice aimable.
Je ne suis pas pourtant de ces tristes esprits
Qui, bannissant l'amour de tous chastes écrits,
D'un si riche ornement veulent priver la scène,
Traitent d'empoisonneurs et Rodrigue et Chimène...
L'amour le moins honnête, exprimé chastement,
N'excite point en nous de honteux mouvement.
Didon a beau gémir et m'étaler ses charmes,
Je condamne sa faute en partageant ses larmes.
Un auteur vertueux, dans ses vers innocents,
Ne corrompt point le coeur en chatouillant les sens
Son feu n'allume point de criminelle flamme.
Aimez donc la vertu, nourrissez-en votre âme.
En vain l'esprit est plein d'une noble vigueur,
Le vers se sent toujours des bassesses du coeur.
Fuyez surtout, fuyez ces basses jalousies,
Des vulgaires esprits malignes frénésies.
Un sublime écrivain n'en peut être infecté;
C'est un vice qui suit la médiocrité.
Du mérite éclatant cette sombre rivale
Contre lui chez les grands incessamment cabale,
Et, sur les pieds en vain tâchant de se hausser,
Pour s'égaler à lui cherche à le rabaisser.
Ne descendons jamais dans ces lâches intrigues;
N'allons point à l'honneur par de honteuses brigues.
Que les vers ne soient pas votre éternel emploi;
Cultivez vos amis, soyez homme de foi :
C'est peu d'être agréable et charmant dans un livre,
Il faut savoir encor et converser et vivre.
Travaillez pour la gloire, et qu'un sordide gain
Ne soit jamais l'objet d'un illustre écrivain.
Je sais qu'un noble esprit peut, sans honte et sans crime,
Tirer de son travail un tribut légitime;
Mais je ne puis souffrir ces auteurs renommés,
Qui, dégoûtés de gloire et d'argent affamés,
Mettent leur Apollon aux gages d'un libraire
Et font d'un art divin un métier mercenaire.
Avant que la raison, s'expliquant par la voix,
Eût instruit les humains, eût enseigné les lois,
Tous les hommes suivaient la grossière nature,
Dispersés dans les bois couraient à la pâture :
La force tenait lieu de droit et d'équité;
Le meurtre s'exerçait avec impunité.
Mais du discours enfin l'harmonieuse adresse
De ces sauvages moeurs adoucit la rudesse,
Rassembla les humains dans les forêts épars,
Enferma les cités de murs et de remparts,
De l'aspect du supplice effraya l'insolence,
Et sous l'appui des lois mit la faible innocence.
Cet ordre fut, dit-on, le fruit des premiers vers.
De là sont nés ces bruits reçus dans l'univers,
Qu'aux accents dont Orphée emplit les monts de Thrace,
Les tigres amollis dépouillaient leur audace;
Qu'aux accords d'Amphion les pierres se mouvaient,
Et sur les monts thébains en ordre s'élevaient.
L'harmonie en naissant produisit ces miracles.
Depuis, le Ciel en vers fit parler les oracles;
Du sein d'un prêtre, ému d'une divine horreur,
Apollon par des vers exhala sa fureur.
Bientôt, ressuscitant les héros des vieux âges,
Homère aux grands exploits anima les courages.
Hésiode à son tour, par d'utiles leçons,
Des champs trop paresseux vint hâter les moissons.
En mille écrits fameux la sagesse tracée
Fut, à l'aide des vers, aux mortels annoncée;
Et partout, des esprits ses préceptes vainqueurs,
Introduits par l'oreille, entrèrent dans les coeurs.
Pour tant d'heureux bienfaits, les Muses révérées
Furent d'un juste encens dans la Grèce honorées;
Et leur art, attirant le culte des mortels,
&Аgrave; sa gloire en cent lieux vit dresser des autels.
Mais enfin l'indigence amenant la bassesse,
Le Parnasse oublia sa première noblesse;
Un vil amour du gain, infestant les esprits,
De mensonges grossiers souilla tous les écrits,
Et partout, enfantant mille ouvrages frivoles,
Trafiqua du discours et vendit les paroles.
Ne vous flétrissez point par un vice si bas.
Si l'or seul a pour vous d'invincibles appas,
Fuyez ces lieux charmants qu'arrose le Permesse
Ce n'est point sur ses bords qu'habite la richesse.
Aux plus savants auteurs, comme aux plus grands guerriers,
Apollon ne promet qu'un nom et des lauriers.
" Mais quoi! dans la disette une muse affamée
" Ne peut pas, dira-t-on, subsister de fumée!
" Un auteur qui, pressé d'un besoin importun,
" Le soir entend crier ses entrailles à jeun,
" Goûte peu d'Hélicon les douces promenades!
" Horace a bu son soûl quand il voit les Ménades;
" Et, libre du souci qui trouble Colletet,
" N'attend pas pour dîner le succès d'un sonnet! "
Il est vrai : mais enfin cette affreuse disgrâce
Rarement parmi nous afflige le Parnasse.
Et que craindre en ce siècle, où toujours les beaux-arts
D'un astre favorable éprouvent les regards,
Où d'un prince éclairé la sage prévoyance
Fait partout au mérite ignorer l'indigence?
Musez, dictez sa gloire à tous vos nourrissons;
Son nom vaut mieux pour eux que toutes vos leçons.
Que Corneille, pour lui rallumant son audace,
Soit encor le Corneille et du Cid et d'Horace;
Que Racine, enfantant des miracles nouveaux,
De ses héros sur lui forme tous les tableaux
Que de son nom, chanté par la bouche des belles,
Benserade, en tous lieux amuse les ruelles
Que Segrais, dans l'églogue, en charme les forêts;
Que pour lui l'épigramme aiguise tous ses traits.
Mais quel heureux auteur, dans une autre ?néide,
Aux bords du Rhin tremblant conduira cet Alcide?
Quelle savante lyre, au bruit de ses exploits,
Fera marcher encor les rochers et les bois;
Chantera le Batave, éperdu dans l'orage,
Soi-même se noyant pour sortir du naufrage;
Dira les bataillons sous Mastrich enterrés,
Dans ces affreux assauts du soleil éclairés?
Mais, tandis que je parle, une gloire nouvelle
Vers ce vainqueur rapide aux Alpes vous appelle.
Déjà Dôle et Salins sous le joug ont ployé;
Besançon fume encor sur son roc foudroyé.
Où sont ces grands guerriers dont les fatales ligues
Devaient à ce trajet opposer tant de digues?
Est-ce encore en fuyant qu'ils pensent l'arrêter,
Fiers du honteux honneur d'avoir su l'éviter?
Que de remparts détruits! Que de villes forcées!
Que de moissons de gloire en courant amassées!
Auteurs, pour les chanter, redoublez vos transports
Le sujet ne veut pas de vulgaires efforts.
Pour moi, qui, jusqu'ici nourri dans la satire,
N'ose encor manier la trompette et la lyre,
Vous me verrez pourtant, dans ce champ glorieux,
Vous animer du moins de la voix et des yeux;
Vous offrir ces leçons que ma Muse au Parnasse
Rapporta, jeune encor, du commerce d'Horace;
Seconder votre ardeur, échauffer vos esprits,
Et vous montrer de loin la couronne et le prix.
Mais aussi pardonnez, si, plein de ce beau zèle,
De tous vos pas fameux observateur fidèle,
Quelquefois du bon or je sépare le faux,
Et des auteurs grossiers j'attaque les défauts,
Censeur un peu fâcheux, mais souvent nécessaire,
Plus enclin à blâmer que savant à bien faire.
English | Русский |
N'allez pas sur des vers sans fruit vous consumer, Ni prendre pour génie un amour de rimer |
не изнуряйте себя без пользы над стихами и не принимайте за талант склонность к рифмованию se consumer en efforts stériles - напрасно тратить силы |
Craignez d'un vain plaisir les trompeuses amorces (наживка, приманка), Et consultez longtemps votre esprit et vos forces. |
опасайтесь пустых приманок, пусть они и доставляют вам удовольствие и консультируйтесь со своими силами и возможностями |
Mais souvent un esprit qui se flatte et qui s'aime Méconnaît son génie et s'ignore soi-même : |
дух в состоянии самолюбовния льстит себе не доверяет голосу своей природы, ибо не знает сам себя |
pour bien exprimer ces caprices heureux, C'est peu d'être poète, il faut être amoureux. |
чтобы хорошо выразить счастливые моменты бытия, Мало быть поэтом, нужно быть влюбленым |
[социалка] Mais, pour (для, ради) un vain bonheur qui vous a fait rimer, Gardez qu'un sot orgueil ne vous vienne enfumer. |
Но, из-за пустых успехов, которые побуждают вас к рифмам, Не допускайте, чтобы вас окуряли глупые амбиции |
Aimez donc ses écrits, mais d'un amour sincère; C'est avoir profité que de savoir s'y plaire. |
Любите, но искренне, Гомера труд высокий, Это принесет вам пользу, если вы научитесь им наслаждаться искренне. |
Un poème excellent, où tout marche et se suit, N'est pas de ces travaux qu'un caprice produit : Il veut du temps, des soins; et ce pénible ouvrage Jamais d'un écolier ne fut l'apprentissage. |
Конкретная поэма, где все согласуется и течет стройным порядком, Не продуктируется только капризом. А прилежание и целой жизни опыт: а мучительный труд Ни за что из ученика не сделает мастера. |
Mais souvent parmi nous un poète sans art, Qu'un beau feu quelquefois échauffa par hasard, Enflant d'un vain orgueil son esprit chimérique, Fièrement prend en main la trompette héro?que. |
Но иногда поэт, незрелый ученик, В ком вдохновение зажглось на краткий миг, Трубит ретиво в рог могучей эпопеи, В заносчивых мечтах под небесами рея; |
Sa muse déréglée, en ses vers vagabonds, Ne s'élève jamais que par sauts et par bonds; Et son feu, dépourvu de sens et de lecture, S'éteint à chaque pas, faute de nourriture. |
Неотрегулированная муза бесталанного поэта Если и возвысится когда, то скачками и неравномерно. А его вдохновение лишенное и То еле тащится, то скачет наобум. Его пыл, лишенный внутренней энергии и тренинга, Тушится на каждом шагу из-за недостатка горючего. Pour distinguer le sens interne des facultés corporelles connues sous ce nom, j'appelle sens interne du beau, la faculté qui discerne le beau dans la régularité, l'ordre et l'harmonie. [Diderot, Rech. philos. sur le beau, Oeuvr. t. II, p. 415, dans POUGENS.] |
Mais en vain le public, prompt à le mépriser, De son mérite faux le veut désabuser; Lui-même, applaudissant à son maigre génie, Se donne par ses mains l'encens (ладан, фимиам) qu'on lui dénie; VIRGILE, au prix de lui , n'a point d'invention; HOM?RE n'entend point la noble fiction... |
Читатели бранят его наперебой, Но стихотворец наш любуется собой, И, в ослеплении спесивом и упрямом, Он сам себе кадит восторга фимиамом. Он говорит: "Гомер, по моему мнению, нам оскорбляет слух. Вергилий плох на выдумку". |
Si contre cet arrêt le siècle se rebelle, &Аgrave; la postérité d'abord il en appelle, Mais, attendant qu'ici le bon sens de retour (пока вернется здравый смысл) Ramène triomphants ses ouvrages au jour, Leurs tas, au magasin, cachés à la lumière, Combattent tristement les vers et la poussière. |
Чуть кто-нибудь в ответ подъемлет голос громкий, Он тотчас же кричит: "Рассудят нас потомки!", Хотя при этом ждет, что - дайте только срок - Все современники сплетут ему венок. А труд его меж тем, покрытый пыли слоем, У продавца лежит, никем не беспокоим. |
Quiconque voit bien l'homme et, d'un esprit profond, De tant de coeurs cachés a pénétré le fond; Qui sait bien ce que c'est qu'un prodigue, un avare, Un honnête homme, un fat, un jaloux, un bizarre, Sur une scène heureuse il peut les étaler, Et les faire à nos yeux vivre, agir et parler. |
Поэт, что глубоко познал людей сердца И в тайны их проник до самого конца, Что понял чудака, и мота, и ленивца, И фата глупого, и старого ревнивца, Сумеет их для нас на сцене сотворить, Заставив действовать, лукавить, говорить. |
Présentez-en partout les images na?ves; Que chacun y soit peint des couleurs les plus vives. La nature, féconde en bizarres portraits, Dans chaque âme est marquée à de différents traits; Un geste la découvre, un rien la fait paraître. Mais tout esprit n'a pas des yeux pour la connaître. |
Пусть эти образы воскреснут перед нами, Пленяя простотой и яркими тонами. Природа, от своих бесчисленных щедрот, Особые черты всем людям раздает, Но подмечает их по взгляду, по движеньям Лишь тот, кто наделен поэта острым зреньем. |
?tudiez la cour et connaissez la ville : L'une et l'autre est toujours en modèles fertile. |
Узнайте город, изучите коридоры власти И там, и там плодородная модель образов. |
Soyez plutôt maçon, si c'est votre talent, Ouvrier estimé dans un art nécessaire, Qu'écrivain du commun et poète vulgaire. |
Коль в этом ваш талант, вам лучше булки печь; Куда почтеннее подобная работа, Чем бесполезный труд плохого стихоплета! [Fig., Cette personne, cette chose est du commun, Elle n'est pas de grand mérite, de grand prix. C'est un homme du commun. Il est hors du commun. Il passe le commun. Il est au-dessus du commun. Sa charge le tire du commun. Une personne du commun signifie aussi quelquefois Une personne du peuple. ] |
Il est dans tout autre art des degrés différents, On peut avec honneur remplir les seconds rangs; Mais, dans l'art dangereux de rimer et d'écrire, Il n'est point de degrés du médiocre au pire; Qui dit froid écrivain dit détestable auteur... Boyer est à Pinchêne, égal pour le lecteur; |
В любом другом виде ремесла есть разные уровни, И можно с честью быть человеком посредственным. Но в опасном искусстве рифмоплетства и писательства Без разницы различие между посредственностью и полным ничтожеством. Кто говорит: он холодный писатель, говорит: он плохой писатель.. Тихонов и Вторушин для читателя без разницы. [dire + 2 acc] |
Un fou du moins fait rire et peut nous égayer; Mais un froid écrivain ne sait rien qu'ennuyer |
Шут болтовней своей хоть рассмешит подчас, Холодный же рифмач замучит скукой нас |
Ne vous enivrez (опьяняться) point des éloges flatteurs, Qu'un amas quelquefois de vains admirateurs Vous donne en ces réduits (укромный уголок), prompts à crier merveille. Tel écrit récité se soutint (держаться, сохраняться, быть в силе) à l'oreille, Qui, dans l'impression au grand jour se montrant, Ne soutient pas des yeux le regard pénétrant. |
Не опьяняйтесь подлизными элогами, Которыми порой куча пустых поклонников, Радостная кричать "ура!", вам дает в подворотнях. Такие посалки, продекламированные, Появляясь в печати, Не выдерживают проницательного взгляда. |
Quelques vers toutefois qu'Apollon vous inspire, En tous lieux aussitôt ne courez pas les lire. |
Но если невзначай к вам снидет вдохновенье, Не торопитесь всем читать свое творенье. |
Gardez-vous d'imiter ce rimeur furieux Qui, de ses vains écrits lecteur harmonieux [кто читат свои стихи нараспев], Aborde en récitant quiconque le salue Et poursuit de ses vers les passants dans la rue. Il n'est temple si saint, des anges respecté, Qui soit contre sa Muse un lieu de sûreté. |
Не нужно подражать нелепому глупцу, Своих плохих стихов ретивому чтецу, Который с рвением, на бешенство похожим, Их декламирует испуганным прохожим; Чтоб от него спастись, они вбегают в храм, Но муза дерзкая их не щадит и там. |
"Mais quoi! dans la disette (нехватка продовольствия, голод) une muse affamée " Ne peut pas, dira-t-on, subsister de fumée! Il est vrai : mais enfin cette affreuse disgrâce [неловкость] Rarement parmi nous afflige (огорчать, удручать) le Parnasse. |
Но е мое! При отсутствии еды оголодавшая муза "Не может, говорят, существовать дымом!" Согласен; но это ужасное положение, Редко удраучает Парнас. [То есть не хрен лезть в писатели, если не можешь себя прокормить] |
Que les vers ne soient pas votre éternel emploi; Cultivez vos amis, soyez homme de foi : C'est peu d'être agréable et charmant dans un livre, Il faut savoir encor et converser et vivre. |
Вы не должны в стихи зарыться с головой: Поэт не книжный червь, он - человек живой. Умея нас пленять в стихах своим талантом, Умейте в обществе не быть смешным педантом. |
La nature, fertile en Esprits excellents, Sait entre les Auteurs partager les talents L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme; L'autre d'un trait plaisant aiguiser l'épigramme. |
Природа щедрая, заботливая мать, Умеет каждому талант особый дать; Тот может всех затмить в колючей эпиграмме, А этот - описать любви взаимной пламя; |
English | Русский |
N'offrez rien au lecteur que ce qui peut lui plaire | Своим читателям понравиться старайтесь |
ces rimeurs craintifs dont l'esprit flegmatique Garde dans ses fureurs un ordre didactique, Qui, chantant d'un héros les progrès éclatants, Maigres historiens, suivront l'ordre des temps! |
уж эти боязливые рифмачи с холодным духом, которые в неистовствах соблюдают дидактический порядок, Которые, воспевая подвиги, Хилые историки, следуют хронологии учебныков! |
[выбор темы] Il n'est point de serpent, ni de monstre odieux, Qui, par l'art imité, ne puisse plaire aux yeux; D'un pinceau délicat l'artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable. |
нет ни змеюки, ни ужастика, который бы искусство имитации не сделало бы приятным для глаза, Деликатной кистью талантливого хужожника из самой дряни можно сделать конфекту |
Que dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le coeur, l'échauffe et le remue. |
Пускай огнем страстей исполненные строки Тревожат, радуют, рождают слез потоки! |
Si, d'un beau mouvement l'agréable fureur Souvent ne nous remplit d'une douce terreur, Ou n'excite en notre âme une pitié charmante, En vain vous étalez une scène savante; Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir (расхолаживать; ослаблять) Un spectateur toujours paresseux d'applaudir, Et qui, des vains efforts de votre rhétorique Justement fatigué, s'endort ou vous critique. |
Но если доблестный и благородный пыл Приятным ужасом сердца не захватил И не посеял в них живого состраданья, Напрасен был ваш труд по разворачиванию нашпигованных ученостью сцен! Ваше холодное резонирование разве лишь расхолодит Зрителя, всегда ленивого на аплодисметны. Пустой риторики наш зритель не приемлет: Он критикует вас иль равнодушно дремлет. [не можно ученостью подменить талант] |
Jamais au spectateur n'offrez rien d'incroyable Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable. Une merveille absurde est pour moi sans appas (прелести; чары): L'esprit n'est point ému de ce qu'il ne croit pas. |
Невероятное растрогать неспособно. Пусть правда выглядит всегда правдоподобно: Мы холодны душой к нелепым чудесам, И лишь возможное всегда по вкусу нам. |
Ce qu'on ne doit point voir, qu'un récit nous l'expose Les yeux, en le voyant, saisiraient mieux la chose; Mais il est des objets que l'art judicieux Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux. |
То что невозможно показать, пусть нам выставит репорт. Глаза, видя, схватывают вещь лучше: Но есть объекты, которые искусство рассуждений, Лучше предоставить ушам, чем развернет перед глазами. |
[социалка] Bientôt l'amour, fertile en tendres sentiments, S'empara du théâtre ainsi que des romans. De cette passion la sensible peinture Est pour aller au coeur la route la plus sûre. |
Источник счастья, мук, сердечных жгучих ран, Любовь забрала в плен и сцену и роман. Изобразив ее продуманно и здраво, Пути ко всем сердцам найдете без труда вы. |
Dans un roman frivole aisément tout s'excuse; C'est assez qu'en courant la fiction amuse; Trop de rigueur alors serait hors de saison Mais la scène demande une exacte raison. |
Несообразности с романом неразлучны, И мы приемлем их - лишь были бы нескучны! Здесь показался бы смешным суровый суд. Но строгой логики от вас в театре ждут: |
Le théâtre, fertile en censeurs pointilleux (мелочных), Chez nous pour se produire est un champ périlleux. Un auteur n'y fait pas de faciles conquêtes; Il trouve à le siffler des bouches toujours prêtes. |
Для сцены сочинять - неблагодарный труд: Там сотни знатоков своей добычи ждут. Им трудно угодить: придирчивы, суровы, Ошикать автора всегда они готовы. |
Ainsi la Tragédie agit, marche et s'explique. D'un air plus grand encor la Poésie épique, Dans le vaste récit d'une longue action, Se soutient par la fable et vit de fiction. |
Так [в благородном обличье] работает Трагедия. Еще возвышенней, прекрасней Эпопея. Она торжественно и медленно течет, На мифе зиждется и вымыслом живет. |
Ainsi, dans cet amas de nobles fictions, Le poète s'égaye (веселиться, забавляться) en mille inventions, Orne, élève, embellit, agrandit toutes choses, Et trouve sous sa main des fleurs toujours écloses (расцветать, распускаться). |
Там в старых мифах среди кучи благородных вымыслов, Эпический поэт резвится на сотню манеров И, стройность им придав, украсит своевольно: Невянущих цветов вокруг него довольно. [смело черпайте свои сюжеты из классики] |
N'offrez point un sujet d'incidents trop chargé. Le seul courroux d'Achille, avec art ménagé, Remplit abondamment une Iliade entière : Souvent trop d'abondance appauvrit la matière. |
Нельзя событьями перегружать сюжет: Когда Ахилла гнев Гомером был воспет, Заполнил этот гнев великую поэму. Порой излишество лишь обедняет тему. |
Que la nature donc soit votre étude unique, Auteurs qui prétendez aux honneurs du comique. |
Коль вы прославиться в Комедии хотите, Себе в наставницы природу изберите. |
Un lecteur sage fuit un vain amusement Et veut mettre profit à son divertissement. Que votre âme et vos moeurs, peintes dans vos ouvrages, N'offrent jamais de vous que de nobles images. |
Умный читатель бегает от попсовых развлечений И пищи для ума от развлеченья ждут. Пускай ваш труд хранит печать души прекрасной, Порочным помыслам и грязи непричастной: |
Je ne puis estimer ces dangereux auteurs Qui de l'honneur, en vers, infâmes déserteurs, Trahissant la vertu sur un papier coupable, Aux yeux de leurs lecteurs rendent le vice aimable. |
Я не могу заценить тех опасных авторов, Бесстыдных дезертиров в стихах от чести, Предающих добродетель на постыдной бумаге Перед глазами читателей делающих порок привлекательным |
Je ne suis pas pourtant de ces tristes esprits Qui, bannissant l'amour de tous chastes écrits, D'un si riche ornement veulent priver la scène, Traitent d'empoisonneurs et Rodrigue et Chimène... |
Но я не протяну руки ханжам постылым, Чей неотвязный рой по глупости готов Любовь совсем изгнать из прозы и стихов, Чтобы отдать во власть несносной скуке сцену (Третируя Родриго и Химену как отравителей). traiter qn de -- считать кого кем |
L'amour le moins honnête, exprimé chastement, N'excite point en nous de honteux mouvement. Didon a beau gémir et m'étaler ses charmes, Je condamne sa faute en partageant ses larmes. |
Любовь, не идеальная, но изображенная целомудренно, Грязных помыслов не может вызвать в нас. Я осуждаю грех пленительной Дидоны, Хотя меня до слез ее волнуют стоны. |
Un auteur vertueux, dans ses vers innocents, Ne corrompt point le coeur en chatouillant (задевать, беспокоить ) les sens Son feu n'allume point de criminelle flamme. Aimez donc la vertu, nourrissez-en votre âme. |
Благородный автор своими неблудливыми стихами, Не коррумирует сердца, пощекотывая по чувствам, Преступных, пагубных желаний в нас не будит. Любите ж добродетель, питайте в вашем сердце! |
Que de moissons (урожай; собранное; большое количество (собранного, полученного)) de gloire en courant amassées! Auteurs, pour les chanter, redoublez vos transports Le sujet ne veut pas de vulgaires efforts. |
Как много в мире совершено подвигов, достойных восхвалений! Поэты, воспойте как подобает их, Нельзя к таким сюжетам подходить с вульгарной меркой! |
English | Русский |
Quoi que vous écriviez évitez la bassesse | когда вы пишете избегайте вульгаризмов |
On ne vit plus en vers que pointes (остриё) triviales | в стихах часто видять только забористые пошлости |
Aux dépens du bon sens gardez de plaisanter Jamais de la nature il ne faut s'écarter. |
Природе вы должны быть верными во всем, Не оскорбляя нас нелепым шутовством. |
J'aime sur le théâtre un agréable auteur Qui, sans se diffamer aux yeux du spectateur, Plaît par la raison seule, et jamais ne la choque. Mais, pour un faux plaisant, à grossière équivoque, Qui pour me divertir n'a que la saleté, Qu'il s'en aille, s'il veut, sur deux tréteaux monté, Amusant le Pont-Neuf de ses sornettes fades, Aux laquais assemblés jouer ses mascarades. |
Комический поэт, что разумом ведом, Хранит изящный вкус и здравый смысл в смешном. Он уважения и похвалы достоин. Но плоский острослов, который непристоен И шутки пошлые твердить не устает, К зевакам на Пон-Неф пускай себе идет: Он будет награжден достойно за старанья, У слуг подвыпивших сорвав рукоплесканья. |
En vain l'esprit est plein d'une noble vigueur, Le vers se sent toujours des bassesses du coeur. |
Напрасно человек полон на словах благородного порыва -- Стих всегда пропахнет низостью сердца |
Et partout, enfantant mille ouvrages frivoles, Trafiqua (спекулировать; торговать) du discours et vendit les paroles. |
Куплетистая поэзия повсюду, подбирая похабщину, И беззастенчиво словами торговала. |
Imitons de MAROT l'élégant badinage, | Имитируйте Маро с его изящной игривостью |
Et réduisit la Muse aux règles du devoir. |
Сведите музу к общепринятым человеческим нормам [не пишите об уродствах жизни] |
La vérité n'a point cet air impétueux. | Правда не выступает в наглом виде |
English | Русский |
Des héros de roman fuyez les petitesses Toutefois, aux grands coeurs donnez quelques faiblesses. Achille déplairait moins bouillant (кипитящийся) et moins prompt (резкий) J'aime à lui voir verser des pleurs pour un affront (обида). |
Избегайте мелковатых персонажей бульварных романов. Однако большие сердца наделяйте некоторыми слабостями, Ахилл менее вспыльчивый и стремительный нам бы не нравился; И мне нравится видеть, как он хнычет от обиды |
Qu'il soit sur ce modèle en vos écrits tracé Qu'Agamemnon soit fier, superbe, intéressé; Que pour ses dieux ?née ait un respect austère. Conservez à chacun son propre caractère. |
Пусть характер героя в ваших писаниях прослеживается по заданной модели. Нрав Агамемнона пусть будет высокомерен, горд; Эней благочестив и в вере предков тверд. Каждому герою -- его собственный характер. |
Gardez donc de donner, ainsi que dans Clélie, L'air ni (и не) l'esprit français à l'antique Italie; Et, sous des noms romains faisant notre portrait, Peindre Caton galant, et Brutus dameret. |
Примеру "Клелии" вам следовать не гоже: Париж и древний Рим между собой не схожи. Герои древности пусть облик свой хранят: Не волокита Брут, Катон не мелкий фат. |
Souvent, sans y penser, un écrivain qui s'aime Forme tous ses héros semblables à soi-même; Tout a l'humeur gasconne en un auteur gascon CALPREN?DE et JUBA parlent du même ton. |
Часто, ни хрена не думая об этом, поэт, который слишком любит себя, Формирует героев похожими на себя. У гасконца всякий характер отдает гаскощиной, И Юба говорит точь-в-точь как Кальпренед. |
Voulez-vous longtemps plaire et jamais ne lasser? Faites choix d'un héros propre à m'intéresser, En valeur éclatant, en vertus magnifique Qu'en lui, jusqu'aux défauts, tout se montre héro?que; |
Чтоб вас венчали мы восторженной хвалой, Нас должен волновать и трогать ваш герой. От недостойных чувств пусть будет он свободен И даже в слабостях могуч и благороден! |
Que ses faits surprenants soient dignes d'être ou?s Qu'il soit tel que César, Alexandre ou Louis, Non tel que Polynice et son perfide frère : On s'ennuie aux exploits d'un conquérant vulgaire. |
Герой трагедии должен совершать великие дела Подобно Цезарю, Людовику или Александру, Но не как Полиник и брат его, предатель: Не любит низости обыденной жизни окультуренный читатель. |
Ne faites point parler vos acteurs au hasard, Un vieillard en jeune homme, un jeune homme en vieillard. |
Героя каждого обдумайте язык, Чтобы отличен был от юноши старик. |
Peignez donc, j'y consens, les héros amoureux Mais ne m'en formez pas des bergers doucereux |
Хорошо, я соглашусь, что и героя можно рисовать влюбленным Но пусть не будет он жеманным пастушком! |
English | Русский |
J'évite d'être long, et je deviens obscur | избегаешь длиннот -- становишься неясным |
Voulez-vous du public mériter les amours? Sans cesse en écrivant variez vos discours. Un style trop égal et toujours uniforme En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme. |
хотите заслужить любовь публики? пиша, варьируйте ваше повествование. Стиль слишком ровный и унифицированный Не бьет по мозгам, а усыпляет |
Heureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère (голос, партия муз) Passer du grave au doux, du plaisant, au sévère! |
молодец, кто в своих стихах, умеет легким пером переходит с патетики на лирику, с развлекаловки на серьез |
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu; Que le début, la fin, répondent au milieu; Que d'un art délicat les pièces assorties N'y forment qu'un seul tout de diverses parties, |
Важно, чтобы каждая вещь встала на свое место, Чтобы начало и конец соответстволи середине. Чтобы тонким искусством разнообразные куски Формировались в единое целое |
Que jamais du sujet le discours s'écartant N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant. |
Пусть никогда рассуждения, не аффилированные с сюжетом Не ищут вдалеке какого-нибудь фасонистого слова |
Son style impétueux (бурный, стремительный) souvent marche au hasard Chez elle un beau désordre est un effet de l'art. |
его стремительный стиль кажется несется как бог на душа положит, но в настоящем произв искусства прекрасный беспорядок -- эффект обдуманности речь идет о Вергилии |
Que dès les premiers vers, l'action préparée Sans peine du sujet aplanisse (aplanir les difficultés, les obstacies - устранять затруднения, препятствия) l'entrée. |
Пусть вводит в действие легко, без напряженья Завязки плавное, искусное движенье. |
Je me ris d'un acteur qui, lent à s'exprimer, De ce qu'il veut, d'abord, ne sait pas m'informer, Et qui, débrouillant mal une pénible intrigue, D'un divertissement me fait une fatigue. |
Как скучен тот актер, что тянет свой рассказ И не умеет с самого начала информировать нас, чего он хочет! И плохо раскручивая мучительную интригу Утомляет разными сюжетными загогулинами! |
J'aimerais mieux encor qu'il déclinât (отказавшись от) son nom, Et dît : " Je suis Oreste, ou bien Agamemnon ", Que d'aller, par un tas de confuses merveilles, Sans rien dire à l'esprit, étourdir les oreilles. |
Актер пусть не морочит нас, как его зовут, а сразу представляется: - Меня зовут Орест иль, например, Атрей, - Чем нескончаемым бессмысленным рассказом Нам уши утомлять и возмущать наш разум |
Le sujet n'est jamais assez tôt expliqué. Que le lieu de la Scène y soit fixe et marqué. |
Сюжет никогда не развернется достаточно, Если стразу не зафиксировать место действия. |
Que le trouble toujours croissant de scène en scène &Аgrave; son comble arrivé se débrouille (выпутываться, выходить из затруднения; устраиваться) sans peine. |
Пусть напряжение доходит до предела И разрешается потом легко и смело. |
L'esprit ne se sent point plus vivement frappé Que lorsqu'en un sujet d'intrigue enveloppé, D'un secret tout à coup la vérité connue Change tout, donne à tout une face imprévue. |
Довольны зрители, когда нежданный свет Развязка быстрая бросает на сюжет, Ошибки странные и тайны разъясняя И непредвиденно события меняя (всему дает неожиданное лицо). |
L'étroite bienséance (приемлемость) y veut être gardée. D'un nouveau personnage inventez-vous l'idée? |
В пьесе требуется соблюдение закона приемлимости. Вводя новое лицо, присочинили ли вы ему идею? |
Qu'en tout avec soi-même il se montre d'accord, Et qu'il soit jusqu'au bout tel qu'on l'a vu d'abord. |
Пусть будет тщательно продуман ваш герой, Пусть остается он всегда самим собой! |
Que, devant Troie en flamme, Hécube désolée Ne vienne pas pousser une plainte ampoulée, Ni sans raison décrire en quel affreux pays "Par sept bouches l'Euxin reçoit le Tana?s ". |
Среди горящих стен и кровель Илиона Мы от Гекубы ждем не пышных слов, а стона. Зачем ей говорить о том, в какой стране Суровый Танаис к эвксинской льнет волне? [то есть слова должны быть не только сами по себе красивыми, но и подходить к ситуации] |
Soyez vif et pressé dans vos narrations; Soyez riche et pompeux dans vos descriptions. |
Пусть будет слог у вас в повествованье сжат, А в описаниях и пышен и богат: |
C'est là qu'il faut des vers étaler l'élégance; N'y présentez jamais de basse circonstance. |
Великолепия достигнуть в них старайтесь, До пошлых мелочей нигде не опускайтесь. |
Sur de trop vains objets c'est arrêter la vue. Donnez à votre ouvrage une juste étendue. |
Это было бы останавливать взгляд на куче мелких объектов. Поэтому давайте вашей произведению должную протяженность. [иногда краткость сестра таланта, а иногда нет] |
Que le début soit simple et n'ait rien d'affecté. N'allez pas dès l'abord, sur Pégase monté, Crier à vos lecteurs, d'une voix de tonnerre " Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre. " Que produira l'auteur, après tous ces grands cris? La montagne en travail enfante une souris. Oh! que j'aime bien mieux cet auteur plein d'adresse Qui, sans faire d'abord de si haute promesse, Me dit d'un ton aisé, doux, simple, harmonieux : " Je chante les combats, et cet homme pieux " Qui, des bords phrygiens conduit dans l'Ausonie, " Le premier aborda les champs de Lavinie " Sa Muse en arrivant ne met pas tout en feu, Et, pour donner beaucoup, ne nous promet que peu; |
Пусть начинается без хвастовства рассказ, Пегаса оседлав, не оглушайте нас, На лад торжественный заранее настроив: "Я нынче буду петь героя из героев!" Что можно подарить, так много обещав? Гора рождает мышь, поэт Гораций прав. Насколько же сильней тот римлянин прельщает, Который ничего сперва не обещает А говорит просто, непринужденно, гармонично: "Воспеты битвы мной И муж, что верен был богам страны родной. Покинув Фригию, он по морям скитался, Приплыл в Авзонию и там навек остался". Его Муза, прибыв туда, не пожгла все по дороге, Но мало обещав, многое дала. |
De figures sans nombre égarez (отблуждайте) votre ouvrage; Que tout y fasse aux yeux une riante image : On peut être à la fois et pompeux et plaisant; Et je hais un sublime ennuyeux et pesant. |
Освободите ваше произведение от персонажей без числа; Пусть все представит перед глазами один веселящийся образ. С величьем вы должны приятность сочетать: Витиеватый слог невмоготу читать. riante = Se dit d'un cadre naturel agréable à la vue |
Une heureuse chaleur anime ses discours; Il ne s'égare point en de trop longs détours. Sans garder dans ses vers un ordre méthodique, Son sujet, de soi-même, et s'arrange et s'explique; Tout, sans faire d'apprêts (подготовок), s'y prépare aisément; Chaque vers, chaque mot court à l'événement. |
Счастливый жар оживляет его дискурс талан, И мы не сыщем в них назойливых длиннот. Хотя в сюжете нет докучного порядка, Он развивается сам по себе, естественно и гладко, Все без разных вводностей подготовляется непринужденно. Все попадает в цель - и слово, и строка. [он -- талантливый поэт] |
Il faut que ses acteurs badinent noblement; Que son noeud bien formé se dénoue aisément; Que l'action, marchant où la raison la guide, Ne se perde jamais dans une scène vide; Que son style humble et doux se relève à propos; Que ses discours, partout fertiles en bons mots, Soient pleins de passions finement maniées, Et les scènes toujours l'une à l'autre liées. |
Нужно чтобы комедийные актеры балдели благородно, Нельзя запутывать живой интриги нить, Чтобы действие, маршируя куда его поведет резон Не терялось в пустых сценах. Порой пусть будет прост, порой - высок язык, Пусть шутками стихи сверкают каждый миг, Пусть будут связаны между собой все части, И пусть сплетаются в клубок искусный страсти! |
Auteurs, prêtez l'oreille à mes instructions. Voulez-vous faire aimer vos riches fictions? Qu'en savantes leçons votre Muse fertile Partout joigne au plaisant le solide et l'utile. |
Хотите ли, чтоб вас вполне одобрил свет? Я преподать могу вам дружеский совет: Учите мудрости в стихе живом и внятном, Умея сочетать полезное с приятным. |
Débrouiller l'art confus de nos vieux romanciers.. |
Отпочковаться от запутанного искусства наших старых романистов.. Débrouiller = вывести из затруднения |
English | Русский |
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser. | прежде чем начать писать, научитесь думать |
Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. Ce que l'on conçoit bien s'énonce (выражаться) clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. |
смотря по тому темна или ясна наша мысль, выражение виляет за ней, то менее, то более чистое. Если что ясно понято, ясно же и выражено, и слова легко являются на зов |
Aimez donc la raison . que toujours vos écrits Empruntent d'elle seule et leur lustre (глянец; блеск) et leur prix. |
полюбите рассудок: чтобы всегда ваши писульки только у него брали взаймы и блеск суждений и сами суждения |
Tout doit tendre au bon sens : mais, pour y parvenir, Le chemin est glissant et pénible à tenir; Pour peu qu(если хоть немного.. стоит только...)'on s'en écarte (уклоняться), aussitôt on se noie. La raison pour marcher n'a souvent qu'une voie. |
Всего важнее смысл; но, чтоб к нему прийти, Придется одолеть преграды на пути, Стоит чуть уклониться в сторону, и все -- поплыл: Порой у разума всего одна дорога. |
Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant, ou sublime, Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime |
как бы сюжет, развлекательный или утонченные вы не третировали пусть смысл у вас всегда согласуется с рифмой |
Mais, lorsqu'on la néglige, elle devient rebelle, Et, pour la rattraper, le sens court après ellе |
когда рифму недооценивают, она поднимает бунт и смысл гоняется за рифмой |
Il faut, même en chansons, du bon sens et de l'art Mais pourtant on a vu le vin et le hasard |
необходимы даже в эстрадных стихах и рассудок и искусство, Хотя чаще всего видны лишь азарт и вино |
Tous ces pompeux amas d'expressions frivoles Sont d'un déclamateur amoureux des paroles. |
Надутых, громких фраз бессмысленным набором Кичится тот, кто сам пленен подобным вздором. |
English | Русский |
Ces grands mots dont alors l'acteur emplit sa bouche Ne partent point d'un coeur que sa misère touche. |
А красноречие, в котором чувство тонет, Напрасно прозвучит и зрителей не тронет. |
Le secret est d'abord de plaire et de toucher Inventez des ressorts qui puissent m'attacher. |
Найдите путь к сердцам: секрет успеха в том, Чтоб нажать на пружинку зрительского интереса. писатель пишет не для себя, а для читателя |
Là, pour nous enchanter, tout est mis en usage; Tout prend un corps, une âme, un esprit, un visage. |
Чтоб нас очаровать, все годится в дело. Все должно обретасти в художественном рассудок, душу, тело: художественная сторона можно обнаружить в самом обычном |
Chacun, peint avec art dans ce nouveau miroir, S'y vit avec plaisir, ou crut ne s'y point voir |
Каждый, изображенный искусно в комедии, С удовольствием видит себя в этом зеркале или притворяется, что не видит |
English | Русский |
Prenez mieux votre ton, soyez Simple avec art, Sublime sans orgueil, agréable sans fard |
Найдите свой тон, будьте попроще в искусстве Пафосничайте без заносчивости, будьте приятными без косметики |
Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant (отталкивающий, противный); L'esprit rassasié (сытый, насытившийся) le rejette à l'instant |
Чрезмерное говорение, и бледно, и тошнотворно Читатель быстро им пресыщается и отпихивает книгу |
English | Русский |
Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile, Et ne vous chargez point d'un détail inutile. |
избегайте излешней подробности некоторых авторов и не обременяйте свои описания бесполезными деталями |
&Аgrave; ces petits défauts marqués dans sa peinture, L'esprit avec plaisir reconnaît la nature. |
Мне нравится наблюдать, как он хныкает, получив афронт. Чтоб мы поверили в его правдоподобность; |
English | Русский |
Il faut dans la douleur que vous vous abaissiez. Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez. |
Необходимо, чтобы вы сами были побиты горем: Чтоб я растрогался, вам нужно зарыдать; |
English | Русский |
Chaque vertu devient une divinité : Minerve est la prudence, et Vénus la beauté; Ce n'est plus la vapeur, qui produit le tonnerre, C'est Jupiter armé pour effrayer la terre; |
В Венере красота навек воплощена; В Минерве - ясный ум и мыслей глубина; Предвестник ливня, гром раскатисто-гремучий Рожден Юпитером, а не грозовой тучей; роль классического наследия |
C'est donc bien vainement que nos auteurs déçus, Bannissant de leurs vers ces ornements reçus |
Неправы те из нас, кто гонит из стихов Мифологических героев и богов |
C'est lui qui vous dira par quel transport heureux Quelquefois, dans sa course, un esprit vigoureux, Trop resserré par l'art, sort des règles prescrites, Et de l'art même apprend à franchir leurs limites. |
Только редкостный гений вам скажет, каким счастливым транспортом Порой смелый дух, Чересчур скованный нормами, выходит за предписанные пределы, И само искусство научает перескакиват установленные лимиты |
English | Русский |
Sans tous ces ornements le vers tombe en langueur, La poésie est morte ou rampe (ползать, ползти) sans vigueur, Le poète n'est plus qu'un orateur timide, Qu'un froid historien d'une fable insipide. |
Без этих вымыслов поэзия мертва, Бессильно никнет стих, едва ползут слова, Поэт становится оратором холодным, Сухим историком, докучным и бесплодным. aaaроль метафорыzzz |
L'un n'est point trop fardé, mais sa Muse est trop nue; L'autre a peur de ramper (ползать, ползти), il se perd dans la nue. |
Одни не хочет украшать свой труд, и его муза весьма невзрачна; Другой, чтоб не ползти, в туманных высях скрылся. nue = "голая" (прилаг); la nue = "облако, туча" |
English | Русский |
Ayez pour la cadence une oreille sévère : | Имейте для ритма четкое ухо |
Que toujours dans vos vers, le sens, coupant (резать; перерезать) les mots, Suspende (приостанавливать, прерывать) l'hémistiche, en marque le repos |
пусть смысл так разбивает слова, чтобы иметь хоть какую-то законченность на половине |
Gardez qu'une voyelle, à courir trop hâtée, Ne soit d'une voyelle en son chemin heurtée, Il est un heureux choix de mots harmonieux. Fuyez des mauvais sons le concours odieux : |
нужно, чтобы гласные на своем пути не сталкивались со своими собратьями по ремеслу также гармоничен ритм, когда согласные не сбиваются в шайки |
aimez sa pureté; Et de son tour heureux imitez la clarté. |
любите чистоту его слога и имитируйте ясность его стиля tour = зд: "стиль", речь идет о Горации |
Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre, Mon esprit aussitôt commence à se détendre (размякнуть) |
если смысл ваших стихов, трудно понять, мое внимание начинает блуждать |
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée (почитать; благоговеть перед кем-либо) Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. |
пусть в ваших самих резких выражениях, наш замечательный язык всегда остается священным |
En vain, vous me frappez d'un son mélodieux, Si le terme est impropre ou le tour vicieux : Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme, Ni d'un vers ampoulé (вздутый, раздувшийся) l'orgueilleux solécisme. |
Напрасно вы пытаетесь удивить меня звучным словом, Если термин несоответственный и выражение порочно. Мой вкус не примет ни помпезного англицизма, Ни витиеватого солецизма (нарушение против синтаксиса) |
Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain. |
Без языка, даже самый вдохновенный писатель Чего бы ни делал, все равно плохой писатель |
Pour enfermer son sens dans la borne prescrite, La mesure est toujours trop longue ou trop petite. |
Для тех кто пытается запереть смысл в предуказанных границах, Стихотворный размер всегда или длинен или короток |
abject (гнусный, низкий, мерзкий, пакостный, грязный, отвратительный) en son langage, Fait parler ses bergers comme on parle au village |
автор, омерзительный в своем языке заставляет говорить пастухов, как они говорят в деревне |
Chaque mot eut toujours deux visages divers; La prose la reçut aussi bien que les vers; L'avocat au Palais en hérissa son style, Et le docteur en chaire en sema l'?vangile. |
Каждое слово имеет два разных лика; Проза получает это слово так же, как и стихи Адвокат в палате будирует им свой стиль И доктор с кафедры с его помощью высевает Евангелие |
La nature est en nous plus diverse et plus sage Chaque passion parle un différent langage La colère est superbe et veut des mots altiers, L'abattement s'explique en des termes moins fiers. |
Но мудрой щедростью природы всемогущей Был каждой страсти дан язык, лишь ей присущий: Высокомерен гнев, в словах несдержан он, А речь уныния прерывиста, как стон. |
Ô le plaisant projet d'un poète ignorant, Qui de tant de héros va choisir Childebrand! D'un seul nom quelquefois le son dur ou bizarre Rend un poème entier ou burlesque ou barbare. |
Ничего себе, прекрасненький проект неграмотного поэта, Который из стольки героев выбирает Хильдебранда! Звук одного его имени жесткий и странный Делает поэму пародией или варварской. [нужно своим героям давать правильные имена] |
Le style le moins noble a pourtant sa noblesse. | И низкий слой порой имеет в себе своеобразное благородство |
C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d'esprit, semés de temps en temps, pétillent (сверкать, искриться пениться). |
Мало толку, если в произведении мало ошибок, Порой блестки ума сверкают время от времени |
Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l'esprit, quand l'oreille est blessée. |
Стих, наиболее плотно наполненный, благородно задуманный, Не может нравиться умного человеку, когда он давит на ухо |
English | Русский |
Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire | Кто не умеет себя ограничивать, не умеет писать |
Un auteur quelquefois, trop plein de son objet, Jamais sans l'épuiser n'abandonne un sujet. |
порою автор слишком полный своим предметом никак не может отколоться от своего сюжета и исчерпать его |
Polissez-le sans cesse et le repolissez; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. |
Шлифуйте и першлифовыйте без конца, Иногда добавляйте, но чаще вымарывайте |
Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage |
Спешите медленно и, мужество утроя, Отделывайте стих, не ведая покоя, [le métier = "станок" remettre = "поправлять"] |
Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse, Et ne vous piquez (жалить, кусать) point d'une folle vitesse Un style si rapide, et qui court en rimant, Marque moins trop d'esprit que peu de jugement. |
Пишите на досуге, какая бы неотложка вас не прессинговала, И не бавардируйте глупой скоростью: Быстрое перо, поспешающее в рифмовке Маркирует не столько палату ума, сколько недостаток суждения |
Des siècles, des pays étudiez les moeurs Les climats font souvent les diverses humeurs. |
Его страну и век должны вы изучать: Они на каждого кладут свою печать. |
Que leurs tendres écrits, par les Grâces dictés, Ne quittent point vos mains, jour et nuit feuilletés. |
пусть прекрасные стихи, надиктованные грекам ихними грациями, никогда не покидают ваших рук, листаемые днем и ночью |
English | Русский |
Il est vrai : mais enfin cette affreuse disgrâce [неловкость] Rarement parmi nous afflige (огорчать, удручать) le Parnasse. |
Согласен; но это ужасное положение, Редко удраучает Парнас. [То есть не хрен писать, если не можешь себя прокормить] |
Craignez-vous pour vos vers la censure publique? Soyez-vous à vous-même un sévère critique. |
Боитесь пубичного обсуждения? Будьте сами себе строгим критиком |
L'ignorance toujours est prête à s'admirer. Faites-vous des amis prompts à vous censurer; Qu'ils soient de vos écrits les confidents sincères, Et de tous vos défauts les zélés adversaires. |
Невежество всегда готово к восхищению. Пусть вас лучше судят ваши благожелатели; Пусть они будут вашими искренними конфидантами и яростными противниками ваших недостатков. |
sachez de l'ami discerner le flatteur : Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue. Aimez qu'on vous conseille, et non pas qu'on vous loue. |
умейте друга отличить от льстителя: те вам аплодируют, кто заглаза над вами издевается и вас осмеивает. Предпочитайте им тех, кто дает вам советы, а не делает одолжений |
Un sage ami, toujours rigoureux, inflexible, Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible : |
ваш умный друг, всегда непотопляемый ригорист Никогда не примириться с вашими дефектами |
ainsi qu'en sots auteurs, Notre siècle est fertile en sots admirateurs ; |
подобно тому, как глупыми писателями наш век изобилует глупыми восхитителями |
Mais souvent sur ses vers un auteur intraitable (несговорчивый, неуступчивый), &Аgrave; les protéger tous se croit intéressé, Et d'abord prend en main le droit de l'offensé. |
часто педантичный автор, кажется, заинтересованный защитить ваши стихи, с самого начала считает своим правом их поносить |
?coutez tout le monde, assidu consultant. Un fat, quelquefois, ouvre un avis important. |
Чужие мнения старайтесь собирать: Ведь может даже фат совет разумный дать. |
Je vous l'ai déjà dit, aimez qu'on vous censure, Et, souple (гибкий, уступчивый к чему) à la raison, corrigez sans murmure. |
Я повторяю вновь: прислушивайтесь чутко Пусть ваш ум, всегда податливый к разуму, исправляет содеянное без роптаний |
Mais ne vous rendez pas dès qu'un sot vous reprend. Souvent, dans son orgueil, un subtil ignorant Par d'injustes dégoûts combat toute une pièce, Blâme des plus beaux vers la noble hardiesse. |
А суд невежества пускай вас не страшит. Бывает, что глупец, приняв ученый вид, Разносит невпопад прекрасные творенья За смелость образа и яркость выраженья. |
On a beau réfuter ses vains raisonnements, Son esprit se complaît dans ses faux jugements; Et sa faible raison, de clarté dépourvue, Pense que rien n'échappe à sa débile vue. |
Напрасно стали бы вы отвечать ему: Его дух сам себе нравиться в ложных суждениях; Все доводы презрев, не внемля ничему, Он, в самомнении незрячем и кичливом, Себя ценителем считает прозорливым. [avoir beau (+ infin) - напрасно стараться] |
Ses conseils sont à craindre; et, si vous les croyez, Pensant fuir un écueil (риф, подводный камень), souvent vous vous noyez. |
Его советами вам лучше пренебречь, Иначе ваш корабль даст неизбежно течь. |
Faites choix d'un censeur solide et salutaire, Que la raison conduise et le savoir éclaire, Et dont le crayon sûr d'abord aille chercher L'endroit que l'on sent faible, et qu'on se veut cacher. |
Ваш критик должен быть разумным, благородным, Глубоко сведущим, от зависти свободным: И чей уверенный карандаш стремится Найти место, которое он чует слабым, и которое хочет спрятаться [т. е. внешне вроде бы ничего, а по сути плохо] |
Lui seul éclaircira vos doutes ridicules, De votre esprit tremblant lèvera les scrupules. |
Хороший критик сразу разрешит смешные заблужденья, Вернет уверенность, рассеет все сомненья |
Mais ce parfait censeur se trouve rarement Tel excelle à rimer qui juge sottement; Tel s'est fait par ses vers distinguer dans la ville, Qui jamais de Lucain n'a distingué Virgile. |
Но критиков таких у нас почти что нет; Этот отличившись в стихах, судит глупо; Этот прославишись у себя на деревне, Не умеет Лукиана отличить от Вергилия [полный невежда, хотя в провинции идет за местный талант]. [Se faire, vpron Se constituer en un certain état. Se faire avocat. Elle s'est faite religieuse] |
Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. | дурак всегда найдет еще большего дурака, который бы им восхищался |
English | Русский |
Travaillez pour la gloire, et qu'un sordide gain Ne soit jamais l'objet d'un illustre (actions illustres - великие деяния) écrivain. |
Работайте для славы, и пусть низкая прибыль Не сопутствует великим писательским деяниям |
Aux plus savants auteurs, comme aux plus grands guerriers, Apollon ne promet qu'un nom et des lauriers. |
Певцам пророческого типа и великим воинам Апполон не обещает ничего, кроме лаврушки и имени |
Ne vous flétrissez point par un vice si bas. Si l'or seul a pour vous d'invincibles appas, Fuyez ces lieux charmants qu'arrose le Permesse Ce n'est point sur ses bords qu'habite la richesse. |
Вы презирать должны столь низменную страсть, Но если золото взяло над вами власть, Пермесскою волной прельщаться вам не стоит: На берегах иных свой дом богатство строит. |
Mais enfin l'indigence (скуд(н)ость; убогость) amenant la bassesse, Le Parnasse oublia sa première noblesse; Un vil amour du gain, infestant les esprits, De mensonges grossiers souilla tous les écrits, |
Но век иной настал, печальный и голодный, И утерял Парнас свой облик благородный. Свирепая корысть - пороков грязных мать - На души и стихи поставила печать, |
Je sais qu'un noble esprit peut, sans honte et sans crime, Tirer de son travail un tribut légitime; Mais je ne puis souffrir ces auteurs renommés, Qui, dégoûtés de (потерявший вкус к) gloire et d'argent affamés, Mettent leur Apollon aux gages d'un libraire Et font d'un art divin un métier mercenaire. |
Когда вы пишете и долго и упорно, Доходы получать потом вам не зазорно, Но как противен мне и ненавистен тот, Кто, к славе охладев и голодный до денег! Своего Апполона служить издателю заставил И превратил божественное искусство в коммерческое предприятие . |
"Mais quoi! dans la disette (нехватка продовольствия, голод) une muse affamée " Ne peut pas, dira-t-on, subsister de fumée! |
Но е мое! При отсутствии еды оголодавшая муза "Не может, говорят, существовать дымом!" |
" Un auteur qui, pressé d'un besoin importun, " [троп] Le soir entend crier ses entrailles à jeun, " Goûte peu d'Hélicon les douces promenades! " Horace a bu son soûl quand il voit les Ménades; " Et, libre du souci qui trouble Colletet, " N'attend pas pour dîner le succès d'un sonnet! " |
А если натощак поэт перо берет, Подводит с голоду несчастному живот, Не мил ему Парнас и дела нет до Граций. Когда узрел Менад, был сыт и пьян Гораций; В отличье от Кольте, желая съесть обед, Он не был принужден скорей строчить сонет... |
Il est vrai : mais enfin cette affreuse disgrâce [неловкость] Rarement parmi nous afflige (огорчать, удручать) le Parnasse. |
Согласен; но это ужасное положение, Редко удраучает Парнас. [То есть не хрен писать, если не можешь себя прокормить] |
Ne descendons jamais dans ces lâches intrigues; N'allons point à l'honneur par de honteuses brigues (домогательства). |
Мы этой низостью пятнать себя не будем И, к почестям стремясь, о чести не забудем. |
Fuyez surtout, fuyez ces basses jalousies, Des vulgaires esprits malignes frénésies (исступление; буйство). Un sublime écrivain n'en peut être infecté; C'est un vice qui suit la médiocrité. |
Бегите зависти, что сердце злобно гложет. Талантливый поэт завидовать не может И эту страсть к себе не пустит на порог. |
Du mérite éclatant cette sombre rivale Contre lui chez les grands incessamment cabale, Et, sur les pieds en vain tâchant de se hausser, Pour s'égaler à lui cherche à le rabaisser. |
Блестящих достоинств подозрительный противник, Постоянно против него плетущий интриги в местах грантораспределения, Он напрасно тянется на ципочках, чтобы с ним сравняться И поэтому предпочитает для этого унизить великого до своего уровня |
English | Русский |
Dans un roman frivole aisément tout s'excuse | во фривольном романе легко все оправдывается |
D'un seul nom quelquefois le son dur ou bizarre
Rend un poème entier ou burlesque ou barbare. |
звучание одного лишь имены жесткого и путаного
делает стих целиком насмешливым или варварским |
Le seul courroux d'Achille
Remplit abondamment une Iliade entière |
одного гнева Ахилла
достаточно было для наполнения всей "Илиады" |
Un sonnet sans défaut vaut seul un long Poème. | сонет без дефектов стоит один длинной поэмы |
Entretient dans ses vers commerce avec les dieux. | удовольствие в своих стихах вступают в связи с богами |
L'un n'est point trop fardé, mais sa Muse est trop nue | один не хочет излишней косметики, но его муза выходит головатой |
Si son astre en naissant ne l'a formé poète,
Dans son génie étroit il est toujours captif ; Pour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif . |
если его звезда при рождении не сформировала его поэтом,
Если он стеснен в своих хилых природных данных И Феб для него безъязык, а Пегас слишком ретив |
La nature, fertile en Esprits excellents,
Sait entre les Auteurs partager les talents L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme; L'autre d'un trait plaisant aiguiser l'épigramme. |
|
Au joug de la raison sans peine elle fléchit
Et, loin de la gêner, la sert et l'enrichit |
под гнетом резона рифма всегда прогибается,
и отнюдь его не смущая, служит ему и его же обогощает |
Dédaigna de ces vers l'extravagance aisée | пренебрег экстравагантной легкостью этих стихов |
La rime est une esclave et ne doit qu'obéir. | рифма всего лишь раба, и должна повиноваться |
Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit, quand l'oreille est blessée. |
Даже наполненный стих и самый благородный образ мыслей
не могут нравиться, когда ранено ухо |
Mais, lorsqu'on la néglige, elle devient rebelle,
Et, pour la rattraper, le sens court après elle. |
но когда рифмой неглижируют, она поднимает бунт,
и чтобы настигнут ее, смысл бегает за ней |
Que ce style jamais ne souille votre ouvrage.
Imitons de MAROT l'élégant badinage |
чтобы пошловатый стиль не пачкал вашего труда,
подимитируйте элегантные дурачества Маро |
Un style trop égal et toujours uniforme
En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme. |
Стиль слишком ровный и всегда унифицированный
Напрасно бьет по глазам, он нас лишь лишь усыпляет |
Aimez donc la raison . que toujours vos écrits
Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix. |
любите разум, пусть ваши писалки
только у него и занимают свой блеск и свою ценность |
C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent,
Des traits d'esprit, semés de temps en temps, pétillent . |
отнюдь не достаточно, чтобы в работе, где копошатся черви,
искрились время от времени блески остроумия |
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage | двадцать раз на станке поправляйте вашу работу |
La vérité n'a point cet air impétueux . | правда никогда не имеет востороженного вида |
aimable en son air, mais humble dans son style,
Doit éclater sans pompe une élégante Idylle. |
любезная своей мелодией, но скромная по стилю,
Должна сверкать без помпы элегантная идиллия |
abject en son langage,
Fait parler ses bergers comme on parle au village |
автор, омерзительный в своем языке
заставляет говорить пастухов, как они говорят в деревне |
Ses vers plats et grossiers, dépouillés d'agrément,
Toujours baisent la terre et rampent tristement |
его плоские и грубые стихи, обстриженные от приятности,
целуют землю и печально ползают |
RONSARD, sur ses pipeaux rustiques,
Vient encor fredonner ses idylles gothiques |
Ронсар на своей деревенской дудочке,
взялся мурлыкать готические идиллии |
du tendre OVIDE animant les doux sons | мягкие звуки, одушевлявшиеся нежным Овидом |
Son style impétueux souvent marche au hasard
Chez elle un beau désordre est un effet de l'art. |
Ее пылкий стиль часто марширует наудачу;
у не живописный беспорядок -- результат искусства |
dont l'esprit flegmatique
Garde dans ses fureurs un ordre didactique |
чей флегматичный норов
сохраняет дидактический порядок в неистовствах |
La Ballade
Souvent doit tout son lustre au caprice des rimes. |
баллада часто обязана своим блеском капризу рифм |
Aux portefaix de Rome il vende Messaline | Ювенал продал Мессалину римским грузчикам |
Heureux, si ses discours, craints du chaste lecteur,
Ne se sentaient des lieux où fréquentait l'auteur |
счастливый, что его дискурсы, забоявшись целомудренного читателя,
не пахнут местами, где завсегдатайничает автор |
du son hardi de ses rimes cyniques,
Il n'alarmait souvent les oreilles pudiques! |
наглостью своих циничных рифм
он никогда не алармирует девтвенных ушей |
Nous voulons qu'avec art l'action se ménage | мы хотим, чтобы в пьесе искусство корешовалось с действием |
Mais il est des objets que l'art judicieux
Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux. |
есть однако предметы, которые искусство здравомыслия
должно предлагать ушам и отодвигать от глаз |
Le théâtre, fertile en censeurs pointilleux est un champ périlleux |
театр, обильный на мелкую цензуру
у нас всегда для выступающих как минное поле |
la Poésie épique,
Dans le vaste récit d'une longue action, Se soutient par la fable et vit de fiction. |
эпическая поэзия
в обширном докладе о длительных действиях поддерживает себя баснями и живет фикциями |
Sans tous ces ornements le vers tombe en langueur,
La poésie est morte ou rampe sans vigueur |
без этих украшений стих впадает в скуку
поэзия мертва или ползает без вигора |
Qui dit froid écrivain dit détestable auteur... | кто называет пистеля холодным называет его плохим |
Un auteur vertueux, dans ses vers innocents,
Ne corrompt point le coeur en chatouillant les sens |
добродетельный автор, в своих невинных стихах
не коррумпирует сердца, щекоча чувства |
English | Русский |
Sa muse déréglée, en ses vers vagabonds,
Ne s'élève jamais que par sauts et par bonds |
Его неотрегулированная муза, на своих блуждающих путях,
никогда не возвысится путем тычков и подскакиваний |
Un sonnet sans défaut vaut seul un long Poème. | сонет без дефектов стоит один длинной поэмы |
le vers sur le vers n'osa plus enjamber | стих уже не осмеливался наступать на другой стих |
Défendit qu'un vers faible y pût jamais entrer,
Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer. |
запретил там появляться когда слабому стиху,
и не осмеливаться вклиниваться уже однажды употребленному слову |
Des vers trop raboteux polit l'expression | софокл отполировал выражения слишком необструганных стихов |
Entretient dans ses vers commerce avec les dieux. |
удовольствие в своих стихах вступают в связи с богами
commerce -- Relations de société ou d'affaires, fréquentation: Le commerce des lettres, des muses, les occupations littéraires |
L'un n'est point trop fardé, mais sa Muse est trop nue | один не хочет излишней косметики, но его муза выходит головатой |
Si son astre en naissant ne l'a formé poète,
Dans son génie étroit il est toujours captif ; Pour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif . |
если его звезда при рождении не сформировала его поэтом,
Если он стеснен в своих хилых природных данных И Феб для него безъязык, а Пегас слишком ретив |
La nature, fertile en Esprits excellents,
Sait entre les Auteurs partager les talents L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme; L'autre d'un trait plaisant aiguiser l'épigramme. |
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Au joug de la raison sans peine elle fléchit
Et, loin de la gêner, la sert et l'enrichit |
под гнетом резона рифма всегда прогибается,
и отнюдь его не смущая, служит ему и его же обогощает |
Dédaigna de ces vers l'extravagance aisée | пренебрег экстравагантной легкостью этих стихов |
La rime est une esclave et ne doit qu'obéir. | рифма всего лишь раба, и должна повиноваться |
Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée
Ne peut plaire à l'esprit, quand l'oreille est blessée. |
Даже наполненный стих и самый благородный образ мыслей
не могут нравиться, когда ранено ухо |
Mais, lorsqu'on la néglige, elle devient rebelle,
Et, pour la rattraper, le sens court après elle. |
но когда рифмой неглижируют, она поднимает бунт,
и чтобы настигнут ее, смысл бегает за ней |
Que ce style jamais ne souille votre ouvrage.
Imitons de MAROT l'élégant badinage |
чтобы пошловатый стиль не пачкал вашего труда,
подимитируйте элегантные дурачества Маро |
Un style trop égal et toujours uniforme
En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme. |
Стиль слишком ровный и всегда унифицированный
Напрасно бьет по глазам, он нас лишь лишь усыпляет |
Aimez donc la raison . que toujours vos écrits
Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix. |
любите разум, пусть ваши писалки
только у него и занимают свой блеск и свою ценность |
C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent,
Des traits d'esprit, semés de temps en temps, pétillent . |
отнюдь не достаточно, чтобы в работе, где копошатся черви,
искрились время от времени блески остроумия |
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage | двадцать раз на станке поправляйте вашу работу |
La vérité n'a point cet air impétueux . | правда никогда не имеет востороженного вида |
aimable en son air, mais humble dans son style,
Doit éclater sans pompe une élégante Idylle. |
любезная своей мелодией, но скромная по стилю,
Должна сверкать без помпы элегантная идиллия |
abject en son langage,
Fait parler ses bergers comme on parle au village |
автор, омерзительный в своем языке
заставляет говорить пастухов, как они говорят в деревне |
Ses vers plats et grossiers, dépouillés d'agrément,
Toujours baisent la terre et rampent tristement |
его плоские и грубые стихи, обстриженные от приятности,
целуют землю и печально ползают |
RONSARD, sur ses pipeaux rustiques,
Vient encor fredonner ses idylles gothiques |
Ронсар на своей деревенской дудочке,
взялся мурлыкать готические идиллии |
du tendre OVIDE animant les doux sons | мягкие звуки, одушевлявшиеся нежным Овидом |
Son style impétueux souvent marche au hasard
Chez elle un beau désordre est un effet de l'art. |
Ее пылкий стиль часто марширует наудачу;
у не живописный беспорядок -- результат искусства |
dont l'esprit flegmatique
Garde dans ses fureurs un ordre didactique |
чей флегматичный норов
сохраняет дидактический порядок в неистовствах |
La Ballade
Souvent doit tout son lustre au caprice des rimes. |
баллада часто обязана своим блеском капризу рифм |
Aux portefaix de Rome il vende Messaline | Ювенал продал Мессалину римским грузчикам |
Heureux, si ses discours, craints du chaste lecteur,
Ne se sentaient des lieux où fréquentait l'auteur |
счастливый, что его дискурсы, забоявшись целомудренного читателя,
не пахнут местами, где завсегдатайничает автор |
du son hardi de ses rimes cyniques,
Il n'alarmait souvent les oreilles pudiques! |
наглостью своих циничных рифм
он никогда не алармирует девтвенных ушей |
Nous voulons qu'avec art l'action se ménage | мы хотим, чтобы в пьесе искусство корешовалось с действием |
Mais il est des objets que l'art judicieux
Doit offrir à l'oreille et reculer des yeux. |
есть однако предметы, которые искусство здравомыслия
должно предлагать ушам и отодвигать от глаз |
Le théâtre, fertile en censeurs pointilleux ,
Chez nous pour se produire est un champ périlleux |
театр, обильный на мелкую цензуру
у нас всегда для выступающих как минное поле |
Sans tous ces ornements le vers tombe en langueur,
La poésie est morte ou rampe sans vigueur |
без этих украшений стих впадает в скуку
поэзия мертва или ползает без вигора |
Qui dit froid écrivain dit détestable auteur... | кто называет пистеля холодным называет его плохим |
Un auteur vertueux, dans ses vers innocents,
Ne corrompt point le coeur en chatouillant les sens |
добродетельный автор, в своих невинных стихах
не коррумпирует сердца, щекоча чувства |
English | Русский |
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d'esprit que peu de jugement. |
Если стиль быстрый и рифмует на ходу,
то он менее маркирует избыток духа, чем мизер суждения |
cet amas de nobles fictions | эта масса благородных вымыслов |
Le comique, ennemi des soupirs et des pleurs | комическое -- враг вздохов и слез |
L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme | один может оттрасировать в стихах любовное пламя |
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées, Le jour de la raison ne le saurait percer. |
есть душонки, темные мысли которых
как будто затемнены огромной тучей Свет разума не знает, как их пронзить |
L'autre a peur de ramper , il se perd dans la nue . | другой боиться ползать, и блуждает в облаках |
La plupart, emportés d'une fougue insensée | некоторых уносит бессмысленная пылкость |
le sens de vos vers tarde à se faire entendre | смысл ваших стихов понимается с опозданием |
prompt à se détacher | быстр на отвязывание |
Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,
Mon esprit aussitôt commence à se détendre; Et, de vos vains discours prompt à se détacher, Ne suit point un auteur qu'il faut toujours chercher. |
Если смысл ваших стихов затормаживается в их понимании,
Мой дух тут же вступает в расслабуху; И проворный в отвязывании от ваших пустых дискурсов Не следует за автором |
Un flatteur aussitôt cherche à se récrier | флатер только и ждет, как бы выразить свою радость |
Chaque vers qu'il entend le fait extasier | всякий стих его приводит в экстаз |
Il trépigne de joie, il pleure de tendresse | он трепыхается от радости, он хнычет от умиления |
Il réprime des mots l'ambitieuse emphase | он подавляет слова амбициозно возвышенные |
Il faut que sa douceur flatte, chatouille, éveille,
Et jamais de grands mots n'épouvante l'oreille. |
нужно чтобы его нежность гладила, ласкала, бодрила,
и ни за что громкими словами не пугала ушей |
Qui s'affligent par art, et, fous de sens rassis ,
S'érigent pour rimer en amoureux transis |
кто околпаченный искусством, и обалдевший от безразличия,
выдает себя за застенчивого влюбленного, лишь бы рифмовать |
Amour dictait les vers que soupirait Tibule | Амур дикотовал стихи, которыми давал одышку Тибул |
Qui mollement résiste, et, par un doux caprice,
Quelquefois le refuse afin qu'on le ravisse. |
Кто мягко сопротивляется, и, неупорно капризничая,
Порой в нем отказывает, чтобы его похитили |
La raison outragée enfin ouvrit les yeux | оскобленный разум наконец открывает глаза |
Du moindre sens impur la liberté l'outrage,
Si la pudeur des mots n'en adoucit l'image. |
Он мельчайшего нечистого смысла свобода француза оскорбляется,
если чистота слов не смягчает образа |
imprimant ses sottes rêveries | напечатав свои глупые мечты |
pour nous divertir, nous arracha des larmes. | трагедия, чтобы нас рассеять, вырывает у нас слезы |
débrouillant mal une pénible intrigue,
D'un divertissement me fait une fatigue. |
плохо распутывая мучительную ингригу,
из развлечения вгоняет меня в скуку |
d'aller, par un tas de confuses merveilles,
Sans rien dire à l'esprit, étourdir les oreilles . |
собирается кучей спутанных чудес
ничего не говорящих ни уму ни сердцу, бить по перепонкам |
Là, le vin et la joie éveillant les esprits | и вот вино и радость разбудили души |
donnant l'essor à son génie | дав размах своему гению |
Chaque passion parle un différent langage | каждая страсть говорит своим языком |
La colère est superbe et veut des mots altiers,
L'abattement s'explique en des termes moins fiers. |
гнев высокомерен и нуждается в возвышенных словах,
уныние объясняется менее гордыми терминами |
Tous ces pompeux amas d'expressions frivoles
Sont d'un déclamateur amoureux des paroles |
Вся эта масса фривольных выражений
исходит от декламатора, влюбленного в слова |
Il faut dans la douleur que vous vous abaissiez | нужно, чтобы в горестях и вы стушевывались |
Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez |
чтобы выманить у меня слезы, вы сами должны плакать
|
Ces grands mots dont alors l'acteur emplit sa bouche
Ne partent point d'un coeur que sa misère touche. |
пусть великие слова, какими актер наполняет свой рот,
выходят из его сердца, лишь когда его коснутся неприятности |
Il faut qu'en cent façons, pour plaire, il se replie | чтобы нравиться, автор должен прогибаться на сотню фасонов |
que tout ce qu'il dit, facile à retenir,
De son ouvrage en nous laisse un long souvenir. |
нужно, чтобы то что говорит артист, было легко усвоить,
и чтобы от его труда в нас сохранилась долгая память |
Le poète s'égaye en mille inventions | поэт развлекается тысячами изобретений |
dieux éclos du cerveau des poètes | боги, вылупившиеся из поэтических мозгов |
De figures sans nombre égarez votre ouvrage;
Que tout y fasse aux yeux une riante image |
от персонажей без числа ваша пусть ваша работа блуждает,
и пусть все в ней глазам представляет нелепую картину |
dans leur sombre humeur, se croiraient faire affront | своим мрачным юмором они думают, что аффронтируют |
son feu, dépourvu de sens et de lecture,
S'éteint à chaque pas, faute de nourriture. |
его пылание за неимением смысла и школы
тушится на каждом шагу за отсутсвием питания |
Un geste la découvre, un rien la fait paraître | жест открывает наши черты, пустячок ее выявляет |
Un geste la découvre, un rien la fait paraître
Mais tout esprit n'a pas des yeux pour la connaître. |
жест открывает наши черты, пустячок ее выявляет
Но часто самый тонкий ум не в состоянии понять по ним человеческую натуру |
Un jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices,
Est prompt à recevoir l'impression des vices |
молодой человек в кипеже своих капризов
весьма падок на восприятие пороков |
Je condamne sa faute en partageant ses larmes. | я осуждаю грехи Дидоны, разделяя ее слезы |
De l'aspect du supplice effraya l'insolence | видом пыток напугала наглость |
aux accents dont Orphée emplit les monts de Thrace,
Les tigres amollis dépouillaient leur audace |
от звуков, которыми Орфей наполнил горы Фракии
помягчевшие тигры сбросили с себя свою смелость |
Apollon par des vers exhala sa fureur. | Апполон стихами исторг свой гнев |
Introduits par l'oreille, entrèrent dans les coeurs. | рецепты, вводимые через ухо, вступали в сердце |
English | Русский |
Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire | кто не умеет себя ограничивать, не может писать |
Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire | часто страх перед одним несчастьем влечет к еще худшему |
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser | прежде чем писать, научитесь мыслить |
Chaque mot eut toujours deux visages divers | Каждое слово имеет два разных лика |
Le secret est d'abord de plaire et de toucher
Inventez des ressorts qui puissent m'attacher. |
секрет нравиться и трогать --
изобретите пружины, которые могут быть прилажены ко мне |
Le style le moins noble a pourtant sa noblesse. | стиль по видимости не благородный имеет свое благородство |
Souvent trop d'abondance appauvrit la matière. | часто обилие обедняет материал |
English | Русский |
Que leurs tendres écrits, par les Grâces dictés,
Ne quittent point vos mains, jour et nuit feuilletés. |
чтоб их прекрасные стихи, надиктованные грациями,
никогда не покидали ваших рук, листаемые днем и ночью |
English | Русский |
En vain l'esprit est plein d'une noble vigueur,
Le vers se sent toujours des bassesses du coeur |
напрасно дух полон благородной живости.
Стихи его отдают душком низости сердца |
de l'honneur, en vers, infâmes déserteurs | в стихах от чести позорные дезертиры |
Tel excelle à rimer qui juge sottement | этот отличается в рифмовке, а судит глупо |
Un lecteur sage fuit un vain amusement
Et veut mettre profit à son divertissement |
мудрый читатель бежит пустого развлечения
и хочет взять пользу в своем развлечении |
Est vain dans ses discours, volage en ses désirs,
Rétif à la censure et fou dans les plaisirs. |
молодой человек пуст в своих дискурсах, ветренен в желаниях,
норовист к порицаниям и дурак в своих желаниях |
Ce poète orgueilleux, trébuché de si haut | этот гордый поэт, оступившись с таких высот |
Réglant tout, brouilla tout, fit un art à sa mode | все регулируя, все перекувыркал, сделал искусство по своей манере |
L'ignorance toujours est prête à s'admirer | невежество всего готово к восхищению |
Un sage ami, toujours rigoureux, inflexible,
Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible |
мудрый друг всегда ригорист, несклоняемый,
он никогда не оставляет вас мириться с вашими недостатками |
toujours constant à ne se point dédire | он всегда постоянен в своем нежелании признавать свои ошибки |
Cependant, à l'entendre, il chérit la critique;
Vous avez sur ses vers un pouvoir despotique... Mais tout ce beau discours dont il vient vous flatter N'est rien qu'un piège adroit pour vous les réciter. Aussitôt, il vous quitte; et, content de sa Muse, S'en va chercher ailleurs quelque fat qu'il abuse; Car souvent il en trouve : ainsi qu'en sots auteurs, Notre siècle est fertile en sots admirateurs ; |
Послушать его, так он лелеет вашу критику,
вы имеете над его стихами прямо-таки деспотическую власть, Но все эти красивые рассуждения, лестью которых он вас окружает, не более чем ловкая заманка, чтобы вы их читали. Как только он уходит от вас, довольный своей музой, Он ищет в другом месте хлыща, которого бы утомить. И часто находит, подобно тому как на глупых писателей наш век плодороден и на глупых почитателей |
Leurs transports les plus doux ne sont que phrases vaines.
Ils ne savent jamais que se charger de chaînes, Que bénir leur martyre, adorer leur prison, Et faire quereller les sens et la raison. |
их возвышенность, самая нежная, лишь пустые фразы.
Они только и делают, что вздевают на себя цепи, благославяют свое мучение, обожают зону, и без конца заставлюют спорить чувства и разум il n'a jamais fait que s'amuser = он всегда только развлекался |
Maigres historiens, suivront l'ordre des temps! | тощие историки тащатся за порядком времен |
On vit tous les bergers, dans leurs plaintes nouvelles,
Fidèles à la pointe encor plus qu'à leurs belles; |
И уже мы видим всех пастухов, как они в своих скорбях
верны словечкам уже более, чем своим возлюбленным |
Insipides plaisants, bouffons infortunés,
D'un jeu de mots grossiers partisans surannés. |
безвкусные забавники, неумелые буффоны,
Преждевременные партизаны грубых слов |
Un auteur n'y fait pas de faciles conquêtes;
Il trouve à le siffler des bouches toujours prêtes. |
автор в театре не сделает легких побед,
всегда находятся рты для освистания |
Enflant d'un vain orgueil son esprit chimérique,
Fièrement prend en main la trompette héro?que. |
иной поэт, возбуждая напрасной гордостью свой химерический дух,
гордо хватается за героический барабан |
Lui-même, applaudissant à son maigre génie,
Se donne par ses mains l'encens qu'on lui dénie |
он сам, апплодируя своему тощему гению,
своими руками подсыпает себе ладану, которому ему больше никто не подлевает |
Et, mille fois, un fat finement exprimé
Méconnut le portrait sur lui-même formé. |
тысячу раз тонко с тонкостью изображенный хлыщ
не узнавал портрета, написанного с него самого |
La vieillesse chagrine incessamment amasse;
Garde, non pas pour soi, les trésors qu'elle entasse; Marche en tous ses desseins d'un pas lent et glacé; Toujours plaint le présent et vante le passé; Inhabile aux plaisirs, dont la jeunesse abuse, Blâme en eux les douceurs que l'âge lui refuse. |
Печальная старость завсегда копит,
хранит сокровища, которе она сэкономила, но не для себя. Во всех своих замыслах ходит медленным шагом и замороженным, всегда жалуется на настоящее и хвалится прошедшим, неспособная к наслаждениям, которыми злоупотребляет юность, она обличает в них деликатности, которым им отказывает возраст |
un médecin,
Savant hâbleur, dit-on, et célèbre assassin. |
врач,
умелец подольститься и знаменитый убийца |
Gardez-vous d'imiter ce rimeur furieux
Qui, de ses vains écrits lecteur harmonieux , Aborde en récitant quiconque le salue Et poursuit de ses vers les passants dans la rue. |
стерегитесь имитировать этого неистового рифмача,
который своими напыщенными стихами берет на абордаж любого, кто едва лишь с ним поздоровался, и преследует его своими стихами вплоть до случайных прохожих |
On a beau réfuter ses vains raisonnements,
Son esprit se complaît dans ses faux jugements; Et sa faible raison, de clarté dépourvue, Pense que rien n'échappe à sa débile vue. |
напрасно опревергать его вздорные резонирования,
его дух сам себе нравиться своими фальшивыми суждениями; и его слабый разум, лишенный ясности, думает, что ничто не ускользает от его дебильного взора |
Là le Grec, né moqueur, par mille jeux plaisants,
Distilla le venin de ses traits médisants. |
в комедии греки, прирожденные насмешники, тысячью приятных шуток
выделяют яд и своих злоречивых бесед |
Des vulgaires esprits malignes frénésies | злобное буйство вульгарных душ |
Le poète n'est plus qu'un orateur timide
un froid historien d'une fable insipide |
поэт без метафор всего лишь робкий оратор
холодный историк безвкусных басен |
Du mérite éclatant cette sombre rivale | блистающего достоинства мрачный противник |
Notre siècle est fertile en sots admirateurs | наш век плодороден на глупых почитателей |
sur les pieds en vain tâchant de se hausser,
Pour s'égaler à lui cherche à le rabaisser. |
напрасно пытаясь подняться, чтобы возвыситься,
чтобы сравняться с благородными, он лишь ищет их опустить до себя |
English | Русский |
En mille écrits fameux la sagesse tracée
Fut, à l'aide des vers, aux mortels annoncée |
в тысячах писаний прочерченная мудрость
аннонсировалась к будущим покойникам при помощи стихов |
Sa Muse en arrivant ne met pas tout en feu,
Et, pour donner beaucoup, ne nous promet que peu |
его Муза подходя, не пламенеет изо всех сил,
а, чтобы дать много, обещает мало |
rima des mascarades | обрифмовал маскарады |
sa Muse vit , dans l'âge suivant, par un retour grotesque,
Tomber de ses grands mots le faste pédantesque. |
его муза в следующем веке, через гротескный поворот,
упала с величественных слов в пышную педантичность voir+инф -- voir имеет служебную функцию; не переводится |
VILLON sut le premier, dans ces siècles grossiers,
Débrouiller l'art confus de nos vieux romanciers |
вийон первый в наши грубые века
сумел распутать перемешанное искусство наших первых писак |
Mais, dans l'art dangereux de rimer et d'écrire,
Il n'est point de degrés du médiocre au pire |
но в опасном искусстве рифмовать и писать
нет степеней перехода от среднего к плохому |
le Ciel en vers fit parler les oracles | небо заставило оракулов говорить стихами |
Et leur art, attirant le culte des mortels,
&Аgrave; sa gloire en cent lieux vit dresser des autels. |
искусство, привлекая поклонение смертных,
видела, как в сотнях мест ему воздвигают алтари |
les beaux-arts
D'un astre favorable éprouvent les regards |
изящные искусства
от благосколонной звезды испытывают взгляды т. е. пользуются вниманием высших |
L'ouvrage le plus plat a, chez les courtisans,
De tout temps rencontré de zélés partisans |
самая пошлая работа находит, среди придворных,
во все времена горячих сторонников |
La faveur du public excitant leur audace,
Leur nombre impétueux inonda le Parnasse. |
Раз уж фавор публики возбудил их мужество,
Немыслимое число затопило Парнас независимый причастный оборот |
Un vil amour du gain, infestant les esprits,
De mensonges grossiers souilla tous les écrits, |
подлая любовь к прибыли, заразив души,
грубой ложью запачкала писания |
Et partout, enfantant mille ouvrages frivoles,
Trafiqua du discours et vendit les paroles. |
муза везде, рождая тысячи фривольных работ,
спекулирует беседами и продает слова |
Chaque mot eut toujours deux visages divers;
La prose la reçut aussi bien que les vers; L'avocat au Palais en hérissa son style, Et le docteur en chaire en sema l'?vangile. |
Каждое слово имеет два разных лика;
Проза получает это слова так же, как и стихи Адвокат в палате будирует им свой стиль И доктор с кафедры с его помощью высевает Евангелие |
sans pointe , un amant n'osa plus soupirer | без словечек уже и влюбленный не осмеливался воздыхать |
Agréable indiscret qui, conduit par le chant,
Passe de bouche en bouche et s'accroît en marchant. |
приятная нескромность, отцитированная в песне,
переход изо рта в рот и, маршируя, растет |
THESPIS fut le premier qui, barbouillé de lie ,
Promena dans les bourgs cette heureuse folie |
Фепсид был первым, сгоношившийся до люмпенов.
тащил по городу это веселое безобразие |
Les climats font souvent les diverses humeurs | климат часто образует разные нравы |
Chacun le peut traiter de fat et d'ignorant;
C'est un droit qu'à la porte on achète en entrant |
каждый может третировать автора за фата и игнорамуса,
этот право которое покупается на входе |
Par ce sage écrivain la langue réparée
N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée |
язык, отремонтированный этим мудрым писателем
более не предлагал невульгарному уху ничего грубого |
Enfin, de la licence on arrêta le cours | наконец остановили разгул безобразничанья |
Le magistrat des lois emprunta le secours | начальство взяло в помощники себе законы |
bannissant l'amour de tous chastes écrits,
D'un si riche ornement veulent priver la scène |
изгнав любовь из их целомудренных писаний,
хотят лишить сцену такой богатой орнаментировки |
Et partout, des discours, comme une idolâtrie,
Dans leur faux zèle iront chasser l'allégorie |
и повсюду из дискурса, как идолопоклонничество
они в их фальшивом усердии собираются изгнать аллегорию |
English | Русский |
Ce n'est qu'une aventure ordinaire et commune,
Qu'un coup peu surprenant des traits de la fortune. |
|
On ne vit plus en vers que pointes triviales | В стихах уже нет ничего, кроме тривиальной игры слов |
D'un pinceau délicat l'artifice agréable
Du plus affreux objet fait un objet aimable. |
Своей тонкой кистью умелый художник
Ужасный предмет превращает в приятный |
de ces auteurs l'abondance stérile | стерильное многословие этих авторов |
L'autre d'un trait plaisant aiguiser l'épigramme.. | другой поэт умеет одной выпуклой чертой заострить эпиграмму |
Le caprice tout seul faisait toutes les lois | все законы в искусстве производит один только каприз |
réduisit la Muse aux règles du devoir. | он привел Музу до соблюдения правил долга |
Que jamais du sujet le discours s'écartant
N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant. |
Никогда не надо отклоняться от сюжета,
В поисках забористого словечка |
Craignez-vous pour vos vers la censure publique?
Soyez-vous à vous-même un sévère critique. |
Вы боитесь критики в печати?
Так будьте же сами себе самым суровым критиком |
Qu'ils soient de vos écrits les confidents sincères,
Et de tous vos défauts les zélés adversaires. |
|
Dépouillez devant eux l'arrogance d'auteur | Критики! безжалостно сдирайте с авторов шкуру высокомерия |
Il vous comble partout d'éloges fastueux ... | Он вас осыпет с ног до головы многоречивыми элогами |
D'un ton un peu plus haut, mais pourtant sans audace,
La plaintive ?légie en longs habits de deuil, Sait, les cheveux épars , gémir sur un cercueil. |
|
Apollon de son feu leur fut toujours avare. | Апполон был очень скуп для этих по части своего поэтического огня |
Pourvu que sa finesse, éclatant à propos,
Roulât sur la pensée et non pas sur les mots. |
Лишь бы тонкость поэта блистала походя,
Касаясь только тех предметов, которые не отклоняют от повествования. |
Et d'un sens détourné n'abuse avec succès | |
Toutefois n'allez pas, goguenard dangereux,
Faire Dieu le sujet d'un badinage affreux. &Аgrave; la fin tous ces jeux, que l'athéisme élève, Conduisent tristement le plaisant à la Grève. |
Во всяком случае, чересчур смелые шутники
не нужно делать бога персонажем насмешек. В концовке этих игр, которые воспитывает атеизм, шутник препровождается на Гревскую площадь |
Il faut, même en chansons, du bon sens et de l'art
Mais pourtant on a vu le vin et le hasard |
нужно даже в шансонах выкладываться здравым смыслом и искусством,
но там видны лишь вино и азартные игры |
Mais, pour un vain bonheur qui vous a fait rimer,
Gardez qu'un sot orgueil ne vous vienne enfumer. |
Однако ради непрочного счастья, которое вас заставляет рифмовать,
не давайте себя обкурить фимиамом |
tout à coup la vérité connue
Change tout, donne à tout une face imprévue. |
одним ударом опознанная правда
все изменяет, всему дает неожиданное лицо |
ESCHYLE
D'un masque plus honnête habilla les visages |
эсхил более пристойной маской одел лица |
Là, pour nous enchanter, tout est mis en usage;
Tout prend un corps, une âme, un esprit, un visage. |
чтобы нас развлечь, все в поэзии берется на вооружение:
все облекается в плоть, воодушевляется, одухотворяется, надевает личину |
On s'ennuie aux exploits d'un conquérant vulgaire. | скучны подвиги вульгарного героя |
N'allez pas dès l'abord, sur Pégase monté
Crier à vos lecteurs, d'une voix de tonnerre " Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre. " |
не пытайтесь с ходу погнать строптивого Пегаса
à l'abord, dès l'abord, au premier abord, de prime abord - сразу же; с самого начала; с первого взгляда |
Tout reçoit dans ses mains une nouvelle grâce | все в руках Гомера получает новое изящество |
Chaque vers, chaque mot court à l'événement. | каждый стих, каждое слово бегут к событию |
C'est avoir profité que de savoir s'y plaire. | это получить прибыль -- знать как этим пользоваться |
Jamais d'un écolier ne fut l'apprentissage. | из школьника никогда не сделается мастер |
Si contre cet arrêt le siècle se rebelle,
&Аgrave; la postérité d'abord il en appelle |
если против благоприятного для себя приговора век бунтует,
он аппелирует к потомкам |
Mais, attendant qu'ici le bon sens de retour
Ramène triomphants ses ouvrages au jour, Leurs tas, au magasin, cachés à la lumière, Combattent tristement les vers et la poussière. |
но пока здравый смысл к нам не возвратился,
выводя с триумфом его труды на божий свет, их кучи, в магазине, спрятанный от свету, печально борются с червяками и пылью |
Aux accès insolents d'une bouffonne joie
La sagesse, l'esprit, l'honneur furent en proie. |
к наглым аксесам буффонных радостей
приговариваются мудрость, ум, честь |
Chacun, peint avec art dans ce nouveau miroir,
S'y vit avec plaisir, ou crut ne s'y point voir |
каждый, нарисованный с искусством в зеркале комедии,
видел там себя с удовольствием, или верил, что не видит себя там |
Mais son emploi n'est pas d'aller, dans une place,
De mots sales et bas charmer la populace. |
но его амплуа не ходить на площадь
и очаровывать толпу непристойными и низкими словечками |
ses discours, partout fertiles en bons mots | его диалоги всегда обильны остротами |
Aux dépens du bon sens gardez de plaisanter | стерегитесь шутить за счет здравого смысла |
Laissant de Galien, la science suspecte,
De méchant médecin devient bon architecte. |
оставив Галена, подозрительное знание,
из плохого врача родился отличный архитектор |
Un fou du moins fait rire et peut nous égayer;
Mais un froid écrivain ne sait rien qu'ennuyer |
дурак может, по крайней мере, нас рассмешить и развлечь;
холодный писатель может только наскучить |
souple à la raison, corrigez sans murmure. | податливый разуму, исправляйтесь не возникая |
Par d'injustes dégoûts combat toute une pièce | хайло несправедливыми отвратом побивает любое стихотворение |
Blâme des plus beaux vers la noble hardiesse | дурак поливает благородную смелость самых прекрасных стихов |
Fuyez des mauvais sons le concours odieux : | избегайте гнусного сбегания неудобных звуков |
Lui seul éclaircira vos doutes ridicules | он один развеет ваши смешные сомнения |
De votre esprit tremblant lèvera les scrupules. | хороший критик уберет скрупулы с вашего трепыхания ума |
Trahissant la vertu sur un papier coupable,
Aux yeux de leurs lecteurs rendent le vice aimable. |
предавая добродетель на преступной бумаге,
они в глазах читателя делают порок завлекательным |
Un sublime écrivain n'en peut être infecté;
C'est un vice qui suit la médiocrité. |
утонченный писатель не может быть заражен злобным буйством,
это порок, которым идет посредственность |
Que les vers ne soient pas votre éternel emploi;
Cultivez vos amis, soyez homme de foi |
пусть ваши стихи не будут вашим вечным занятием,
культивируейте друзей, будьте надежным мужиком |
Travaillez pour la gloire, et qu'un sordide gain
Ne soit jamais l'objet d'un illustre écrivain. |
работайте на славу, и чтобы низкая прибыль
не была единственной целью знаменитого писателя |
Mettent leur Apollon aux gages d'un libraire
Et font d'un art divin un métier mercenaire. |
они отдают своего Апполона в залог книготорговцу
и из божественного искусства делают профессию мелкого торговца |
Hésiode par d'utiles leçons,
Des champs trop paresseux vint hâter les moissons . |
Гесиод полезными лекциями
хотел ускорить жатву с ленивых полей |
Aux plus savants auteurs, comme aux plus grands guerriers,
Apollon ne promet qu'un nom et des lauriers |
более знающим авторам, как и великим воякам,
Аполлон обещает только имя и лавры |
Un auteur qui, pressé d'un besoin importun,
Le soir entend crier ses entrailles à jeun |
автор, прессуемый неотложной заботой,
слышит вечером, как кричат его кишки |
Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. | на всякого дурака имеется еще больший дурак, который этим восхищается |
Le plus mauvais plaisant eut ses approbateurs | самый пошлый зубоскал имеет своих обожателей |
English | Русский |
Quoi que vous écriviez évitez la bassesse :
Le style le moins noble a pourtant sa noblesse. |
чтобы вы ни писали, избегайте низостей:
стиль по видимости не благородный имеет свое благородство |
Prenez mieux votre ton, soyez Simple avec art | возьмите ваш тон, будьте просты с искусством |
Pour enfermer son sens dans la borne prescrite,
La mesure est toujours trop longue ou trop petite. |
чтобы запереть смысл в предписанных границах,
у них всегда размер то слишком долог, то слишком короток |
On peut avec honneur remplir les seconds rangs | можно с достоинством быть на вторых ролях |
Il n'est temple si saint, des anges respecté,
Qui soit contre sa Muse un lieu de sûreté. |
и даже церковь, уважаемая ангелами, для того не святое место,
кто ищет там прибежище от музы назойливого поэта |
Trop resserré par l'art, sort des règles prescrites,
Et de l'art même apprend à franchir leurs limites. |
талант, сжатый искусством, выходит за предписанные правила,
и от самого же искусства учиться переступать его границы |
Qu'en savantes leçons votre Muse fertile
Partout joigne au plaisant le solide et l'utile. |
пусть ваша Муза, насыщенная учеными лекциями,
везде к приятному присоединяет полезное и солидное |
Tout doit tendre au bon sens : mais, pour y parvenir,
Le chemin est glissant et pénible à tenir |
все должно тянуться к благоразумию: но чтобы туда доскакать,
дорога скользкая и мучителная для прохождения |
L'ardeur de se montrer, et non pas de médire,
Arma la Vérité du vers de la Satire. |
пыл, чтобы объявить себя, а не злословить
вооружает истину стихом сатиры du vers = "de + le vers" -- предлог + артикль de la Satire -- частичный артикль |
Affecta d'enfermer moins de mots que de sens. | сумел ограничиться меньшим количеством слов, чем смыслов |
La nature est en nous plus diverse et plus sage | наши природа и более разнообразная и более мудрая |
La nature, féconde en bizarres portraits,
Dans chaque âme est marquée à de différents traits |
Натура, весьма плодоносная на странные портреты,
в каждой душе отмечена на разные манеры |
Le temps, qui change tout, change aussi nos humeurs | время, которое все меняет, меняет также наши гуморы |
Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses moeurs | всякий возраст имеет свой дух и свои нравы |
English | Русский |
L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme | один может оттрасировать в стихах любовное пламя |
Des plaisirs de l'amour vanter la douce amorce | из удовольствий любви воспевать ее затравку |
De cette passion la sensible peinture
Est pour aller au coeur la route la plus sûre. |
чувствительное изображение любви
наиболее надежная дорога, чтобы отыскать путь к сердцу |
On dirait que pour plaire, instruit par la nature,
Homère ait à Vénus dérobé sa ceinture. |
говорят, что чтобы нравиться, наученный натурой,
Гомер у Венеры украл трусы |
L'amour le moins honnête, exprimé chastement,
N'excite point en nous de honteux mouvement |
любовь, наименее честная, выраженная скромно,
не возбуждает в нас позорных поползновений |
English | Русский |
De tous ces faux brillants l'éclatante folie | блестящее неистовство этих фальшивых бриллиантов |
D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir | инструктировал о силе слова, вставленного в нужное место |
une bergère
De superbes rubis ne charge point sa tête |
поселянка
не отягощает своей головы великолепными рубинами |
Au milieu d'une églogue entonne la trompette. | посреди эклоги раздается труба |
La plaintive ?légie en longs habits de deuil | Хнычущая элегия в длинных траурных одеждах |
L'?pigramme, plus libre en son tour plus borné,
N'est souvent qu'un bon mot de deux rimes orné. |
Эпиграмма, в своем течении более свободная,
Часто всего лишь острота, украшенная двумя рифмами |
Un orage terrible aux yeux des matelots,
C'est Neptune en courroux qui gourmande les flots |
то что в глазах матросов страшная буря,
так это Нептун взнуздывает флота |
?cho n'est plus un son qui dans l'air retentisse,
C'est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse. |
в пьесе эхо -- это не звук, который раздается в воздухе,
это нимфа в слезах жалуется на Нарцисса |
Son livre est d'agréments un fertile trésor
Tout ce qu'il a touché se convertit en or |
книга Гомера плодороднейшее сокровище на приятности,
все чего он касается, конвертируется в золото |
English | Русский |
J'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène,
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène, Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux, Roule, plein de gravier , sur un terrain fangeux . |
я предпочту ручеек, который по мокрому песочку
медленно променирует на лугу среди цветов, чем вышедший из берегов поток, который катится на манер урагана полный гравия, по грязной земле |
La nature, fertile en Esprits excellents | натура, плодородная на превосходные таланты |
Tantôt, comme une abeille ardente à son ouvrage,
Elle s'en va de fleurs dépouiller le rivage |
Как пчелка, яростная в своей работа,
Ода обдирает все цветы в округе |
Latin | русский |
Humano capiti cervicem pictor equinam iungere si velit et varias inducere plumas undique conlatis membris, ut turpiter atrum desinat in piscem mulier formosa superne, spectatum admissi risum teneatis, amici? |
Если художник решит приписать к голове человечьей Шею коня, а потом облечет в разноцветные перья Тело, которое он соберет по куску отовсюду - Лик от красавицы девы, а хвост от чешуйчатой рыбы, - Кто бы, по-вашему, мог, поглядев, удержаться от смеха? |
credite, Pisones, isti tabulae fore librum persimilem, cuius, velut aegri somnia, vanae fingentur species, ut nec pes nec caput uni reddatur formae. 'Pictoribus atque poetis quidlibet audendi semper fuit aequa potestas.' |
Верьте, Пизоны: точь-в-точь на такую похожа картину Книга, где образы все бессвязны, как бред у больного, И от макушки до пят ничто не сливается в цельный Облик. Мне возразят: "Художникам, как и поэтам, Издавна право дано дерзать на все, что угодно!" |
Scimus, et hanc veniam petimusque damusque vicissim, sed non ut placidis coeant inmitia, non ut serpentes avibus geminentur, tigribus agni. |
Знаю, и сам я беру и даю эту вольность охотно - Только с умом, а не так, чтоб недоброе путалось с добрым, Чтобы дружили с ягнятами львы, а со змеями пташки. |
Inceptis gravibus plerumque et magna professis purpureus, late qui splendeat, unus et alter adsuitur pannus, cum lucus et ara Dianae et properantis aquae per amoenos ambitus agros |
Так ведь бывает не раз: к обещавшему много зачину Вдруг подшивает поэт блестящую ярко заплату, Этакий красный лоскут - описанье ли рощи Дианы, Или ручья, что бежит, извиваясь, по чистому лугу, |
aut flumen Rhenum aut pluvius describitur arcus, sed nunc non erat his locus. Et fortasse cupressum scis simulare: quid hoc, si fractis enatat exspes navibus, aere dato qui pingitur? amphora coepit institui: currente rota cur urceus exit? |
Или же Рейна-реки, или радуги в небе дождливом, - Только беда: не у места они. Допустим, умеешь Ты рисовать кипарис, - но зачем, коль щедрый заказчик Чудом спасается вплавь из обломков крушенья? Допустим, Начал ты вазу лепить, - зачем же сработалась кружка? |
denique sit quodvis, simplex dumtaxat et unum. | Стало быть, делай, что хочешь, но делай простым и единым. |
Maxima pars vatum, pater et iuvenes patre digni, decipimur specie recti: brevis esse laboro, obscurus fio, sectantem levia nervi deficiunt animique, professus grandia turget, |
Нас ведь, поэтов, отец и достойные дети, обычно Призрак достоинств сбивает с пути. Я силюсь быть краток - Делаюсь темен тотчас; кто к легкости только стремится - Вялым становится тот; кто величия ищет - надутым; |
serpit humi tutus nimium timidusque procellae: qui variare cupit rem prodigialiter unam, delphinum silvis adpingit, fluctibus aprum: in vitium ducit culpae fuga, si caret arte. |
Кто осторожен, боится упасть, - тот влачится во прахе; Ну, а кто пожелал пестротою рискнуть непомерной, Тот пририсует и вепря к реке, и дельфина к дубраве: Если науки не знать - согрешишь, избегая ошибки! |
Aemilium circa ludum faber imus et unguis exprimet et mollis imitabitur aere capillos, infelix operis summa, quia ponere totum nesciet: hunc ego me, si quid componere curem, non magis esse velim quam naso vivere pravo, spectandum nigris oculis nigroque capillo. |
Возле Эмильевой школы любой ремесленник сможет Очень похоже отлить из бронзы и ноготь и волос, Статуи все же ему не создать, коли он не умеет В целое их сочетать. Не хотел бы таким оказаться Я в сочиненьях моих: не хотел бы я быть кривоносым, Даже когда у меня и глаза и кудри на славу. |
Sumite materiam vestris, qui scribitis, aequam viribus et versate diu, quid ferre recusent, quid valeant umeri. Cui lecta potenter erit res, nec facundia deseret hunc nec lucidus ordo. |
Взявшись писать, выбирайте себе задачу по силам! Прежде прикиньте в уме, что смогут вынести плечи, Что не поднимут они. Кто выбрал посильную тему, Тот обретет и красивую речь, и ясный порядок. |
Ordinis haec virtus erit et venus, aut ego fallor, ut iam nunc dicat iam nunc debentia dici, pleraque differat et praesens in tempus omittat. In verbis etiam tenuis cautusque serendis hoc amet, hoc spernat promissi carminis auctor. |
Ясность порядка и прелесть его (или я ошибаюсь?) В том всегда состоит, чтоб у места сказать об уместном, А остальное уметь отложить до нужного часа. Даже в плетении слов поэт осторожный и чуткий, Песню начав, одно предпочтет, а другое отвергнет. |
Dixeris egregie, notum si callida verbum reddiderit iunctura novum. Si forte necesse est indiciis monstrare recentibus abdita rerum et fingere cinctutis non exaudita Cethegis, |
Лучше всего освежить слова сочетаньем умелым - Ново звучит и привычное в нем. Но если придется Новые знаки найти для еще не известных предметов, Изобретая слова, каких не слыхали Цетеги, - |
continget dabiturque licentia sumpta pudenter, et nova fictaque nuper habebunt verba fidem, si Graeco fonte cadent parce detorta. Quid autem |
Будет и здесь позволенье дано и принято с толком, Будет и к этим словам доверье, особенно, если Греческим в них языком оросится латинская нива. |
Caecilio Plautoque dabit Romanus ademptum Vergilio Varioque? ego cur, adquirere pauca si possum, invideor, cum lingua Catonis et Enni sermonem patrium ditaverit et nova rerum nomina protulerit? Licuit semperque licebit signatum praesente nota producere nomen. |
То, что посмели Цецилий и Плавт, ужель не посмеют Делать Вергилий и Варий? А я в моих скромных стараньях, - Чем я хулу заслужил, когда еще Энний с Катоном Обогащали латинскую речь находками новых Слов и Названий? Всегда дозволено было и будет Новым чеканом чеканить слова, их в свет выпуская! |
Ut silvae foliis pronos mutantur in annos, prima cadunt: ita verborum vetus interit aetas, et iuvenum ritu florent modo nata vigentque. Debemur morti nos nostraque: sive receptus |
Словно леса меняют листву, обновляясь с годами, Так и слова: что раньше взросло, то и раньше погибнет, А молодые ростки расцветут и наполнятся силой. Смерти подвластны и мы и все, что воздвигнуто нами. |
terra Neptunus classes Aquilonibus arcet, regis opus, sterilisve diu palus aptaque remis vicinas urbes alit et grave sentit aratrum, seu cursum mutavit iniquum frugibus amnis doctus iter melius: mortalia facta peribunt, nedum sermonum stet honos et gratia vivax. |
В море ли вторгшийся мол защищает суда от Борея (Царственный труд!), разлитая ли зыбь болот бесполезных Чувствует плужный сошник и питает окрестные грады, Или река, чье теченье бедой угрожало посевам Новое русло нашла, - творения смертных погибнут Вечно ли будет язык одинаково жив и прекрасен? |
Multa renascentur quae iam cecidere cadentque quae nunc sunt in honore vocabula, si volet usus, quem penes arbitrium est et ius et norma loquendi. Res gestae regumque ducumque et tristia bella quo scribi possent numero, monstravit Homerus, |
Нет, возродятся слова, которые ныне забыты, И позабудутся те, что в чести, - коль захочет обычай Тот, что диктует и меру, и вкус, и закон нашей речи Дал нам Гомер образец, каким стихотворным размером Петь мы должны про царей, вождей, кровавые войны. |
versibus inpariter iunctis querimonia primum, post etiam inclusa est voti sententia compos, quis tamen exiguos elegos emiserit auctor, grammatici certant et adhuc sub iudice lis est, |
В строчках неравной длины сперва изливалось стенанье, После же место нашла скупая обетная надпись; Впрочем, имя творца элегических скромных двустиший Нам неизвестно досель, хоть словесники спорят и спорят. |
Archilochum proprio rabies armavit iambo, hunc socci cepere pedem grandesque cothurni, alternis aptum sermonibus et popularis vincentem strepitus et natum rebus agendis, |
Яростный был Архилох кователем грозного ямба; Приняли эту стопу, и котурны, и низкие сокки, Ибо пригодна она, чтоб вести разговоры на сцене, Зрителей шум покрывать и событья показывать въяве. |
Musa dedit fidibus divos puerosque deorum et pugilem victorem et equum certamine primum et iuvenum curas et libera vina referre: descriptas servare vices operumque colores cur ego si nequeo ignoroque poeta salutor? |
Лире же Муза дала славословить богов и героев, Лучших кулачных бойцов, коней, в ристании первых, Да воспевать хмельное вино и юные страсти. Если не знать, что к чему, не владеть оттенками стиля, Не соблюдать их черед, - за что же мне зваться поэтом? |
Cur nescire pudens prave quam discere malo? versibus exponi tragicis res comica non volt, indignatur item privatis ac prope socco dignis carminibus narrari cena Thyestae: singula quaeque locum teneant sortita decentem. |
Только ложный стыд предпочтет незнанье ученью! Как комедийный предмет в трагический стих не ложится, Так и фиестов пир гнушается легких размеров - Тех, что к лицу обыденным речам да комическим пляскам; Пусть же каждый прием соблюдает пристойное место! |
Interdum tamen et vocem comoedia tollit iratusque Chremes tumido delitigat ore, et tragicus plerumque dolet sermone pedestri, Telephus et Peleus cum pauper et exsul uterque proicit ampullas et sesquipedalia verba, si curat cor spectantis tetigisse querella. |
Впрочем, порой говорит и комедия голосом звучным, Если Хремет, разъярясь, величавые сыплет проклятья, - Как и в трагедии речь становится скромной и жалкой, Если Телеф и Пелей, нищетой и изгнаньем томимы, Вдруг позабудут напыщенный слог и слова в три обхвата, Думая лишь об одном - чтобы зрителя жалобой тронуть. |
Non satis est pulchra esse poemata: dulcia sunto et quocumque volent animum auditoris agunto. Ut ridentibus adrident, ita flentibus adflent humani voltus. Si vis me flere, dolendum est primum ipsi tibi: tum tua me infortunia laedent, |
Мало стихам красоты - пускай в них будет услада, Пусть увлекают они за собой наши лучшие чувства! Лица людей смеются с смеющимся, с плачущим плачут, - Сам ты должен страдать, чтобы люди тебе сострадали, Только тогда твои злоключения вызовут слезы, |
Telephe vel Peleu, male si mandata loqueris, aut dormitabo aut ridebo. Tristia maestum voltum verba decent, iratum plena minarum, ludentem lasciva, severum seria dictu. |
Будь ты Телеф иль Пелей. А начнешь болтать как попало, - Я посмеюсь, а то и засну. Печальные лица С грустною речью в ладу, сердитые - с гневною речью, Лица веселые - с шуткой, а строгие - с важным уроком. |
Format enim natura prius nos intus ad omnem fortunarum habitum: iuvat aut inpellit ad iram aut ad humum maerore gravi deducit et angit: post effert animi motus interprete lingua. |
Так уж устроены мы: на любое стеченье событий В нас сперва отвечает душа - удовольствием, гневом Или тоской, что гнетет до земли и сжимает нам горло, - А уж потом движенья души выливаются в слово. |
Si dicentis erunt fortunis absona dicta, Romani tollent equites peditesque cachinnum. Intererit multum, Davosne loquatur an heros, maturusne senex an adhuc florente iuventa fervidus, et matrona potens an sedula nutrix, mercatorne vagus cultorne virentis agelli, Colchus an Assyrius, Thebis nutritus an Argis. |
Если же речи лица несогласны с его положеньем, Весь народ начнет хохотать - и всадник и пеший. Разница будет всегда: говорят ли герои, иль боги, Или маститый старик, или юноша свежий и пылкий, Властная мать семьи иль всегда хлопотливая няня, Вечный скиталец - купец, или пахарь зеленого поля, Иль ассириец, иль колх, иль фиванец, иль Аргоса житель. |
Aut famam sequere aut sibi convenientia finge scriptor. Honoratum si forte reponis Achillem, inpiger, iracundus, inexorabilis, acer iura neget sibi nata, nihil non adroget armis. Sit Medea ferox invictaque, flebilis Ino, perfidus Ixion, Io vaga, tristis Orestes. |
Следуй преданью, поэт, а в выдумках будь согласован! Если выводишь ты нам Ахилла, покрытого славой, Пусть он будет гневлив, непреклонен, стремителен, пылок, Пусть отвергает закон и на все посягает оружьем; Будет Медея мятежна и зла, будет Ино печальна, Ио - скиталица, мрачен Орест, Иксион - вероломен. |
Siquid inexpertum scaenae conmittis et audes personam formare novam, servetur ad imum, qualis ab incepto processerit, et sibi constet. Difficile est proprie communia dicere, tuque rectius Iliacum carmen deducis in actus quam si proferres ignota indictaque primus: |
Если же новый предмет ты выводишь на сцену и хочешь Новый характер создать, - да будет он выдержан строго, Верным себе оставаясь от первой строки до последней. Впрочем, трудно сказать по-своему общее: лучше Песнь о Троянской войне сумеешь представить ты в лицах, Нежели то, о чем до тебя никто и не слышал. |
publica materies privati iuris erit, si non circa vilem patulumque moraberis orbem nec verbo verbum curabis reddere fidus interpres nec desilies imitator in artum, unde pedem proferre pudor vetet aut operis lex, |
Общее это добро ты сможешь присвоить по праву, Если не будешь ты с ним брести по протоптанной тропке, Словом в слово долбя, как усердный толмач-переводчик, Но и не станешь блуждать подражателем вольным, покуда Не заберешься в тупик, где ни стыд, ни закон не подмога. |
nec sic incipies, ut scriptor cyclicus olim: 'Fortunam Priami cantabo et nobile bellum.' quid dignum tanto feret hic promissor hiatu? Parturient montes, nascetur ridiculus mus. quanto rectius hic, qui nil molitur inepte: |
Не начинай, например, как древний киклический автор: "Участь Приама пою и деянья войны знаменитой". Что хорошего будет тебе от таких обещаний? Будет рожать гора, а родится смешная на свет мышь. Право, разумнее тот, кто слов не бросает на ветер: |
'Dic mihi, Musa, virum, captae post tempora Troiae qui mores hominum multorum vidit et urbes.' Non fumum ex fulgore, sed ex fumo dare lucem cogitat, ut speciosa dehinc miracula promat, Antiphaten Scyllamque et cum Cyclope Charybdim, |
"Муза, поведай о муже, который по взятии Трои Многих людей города посетил и обычаи видел", Он не из пламени дым, а из дыма светлую ясность Хочет извлечь, чтобы в ней явить небывалых чудовищ, Как Антифат, циклоп Полифем и Сцилла с Харибдой. |
nec reditum Diomedis ab interitu Meleagri nec gemino bellum Troianum orditur ab ovo: semper ad eventum festinat et in medias res non secus ac notas auditorem rapit et quae desperat tractata nitescere posse relinquit |
Он Диомедов возврат не начнет с Мелеагровой смерти, Он для Троянской войны не вспомнит про Ледины яйца Сразу он к делу спешит, бросая нас в гущу событий, Словно мы знаем уже обо всем, что до этого было Все, что блеска рассказу не даст, он оставит в покое - |
atque ita mentitur, sic veris falsa remiscet, primo ne medium, medio ne discrepet imum. Tu, quid ego et populus mecum desideret, audi, |
И, наконец, сочетает он так свою выдумку с правдой Чтобы началу конец отвечал, а им - середина Слушай, чего от тебя и я и народ мой желаем, |
si plausoris eges aulaea manentis et usque sessuri, donec cantor 'vos plaudite' dicat. Aetatis cuiusque notandi sunt tibi mores, mobilibusque decor naturis dandus et annis. Reddere qui voces iam scit puer et pede certo signat humum, gestit paribus conludere et iram colligit ac ponit temere et mutatur in horas. |
Если ты хочешь, чтоб зритель сидел, не дыша, наготове Хлопать, как только актер под занавес: "Хлопайте!" - скажет Должен представить ты нам все возрасты в облике верном Для переменчивых лет приискав подходящие краски Мальчик, который едва говорить и ходить научился Любит больше всего возиться среди однолетков То он смеется, то в плач, что ни час, то с новою блажью |
Inberbis iuvenis, tandem custode remoto, gaudet equis canibusque et aprici gramine campi, cereus in vitium flecti, monitoribus asper, utilium tardus provisor, prodigus aeris, sublimis cupidusque et amata relinquere pernix. |
Юноша с первым пушком на щеках, избавясь от дядьки, Рад и псам, и коням, и зелени Марсова поля, К злому податлив, как воск, а добрых советов не слышит, Думать не хочет о пользе своей, тратит деньги без счету, Самоуверен, страстями горит, что разлюбит, то бросит. |
Conversis studiis aetas animusque virilis quaerit opes et amicitias, inservit honori, conmisisse cavet quod mox mutare laboret. |
Зрелый муж на иное свои направляет заботы - Ищет богатств, полезных друзей, блистательной службы, Остерегается ложных шагов и лишних усилий. |
Multa senem circumveniunt incommoda, vel quod quaerit et inventis miser abstinet ac timet uti, vel quod res omnis timide gelideque ministrat, dilator, spe longus, iners avidusque futuri, difficilis, querulus, laudator temporis acti se puero, castigator censorque minorum. |
Старца со всех сторон обступают одни беспокойства - Все-то он ищет, а то, что найдет, для него бесполезно, Все свои дела он ведет боязливо и вяло, Медлит решенье принять, мечтает пожить да подумать, Вечно ворчит и брюзжит, выхваляет минувшие годы, Ранние годы свои, а юных бранит и порочит. |
Multa ferunt anni venientes commoda secum, multa recedentes adimunt: ne forte seniles mandentur iuveni partes pueroque viriles: semper in adiunctis aevoque morabitur aptis. |
Много приносят добра человеку бегущие годы, Много уносят с собой; так пусть стариковские роли Не поручают юнцу, а взрослые роли - мальчишке: Каждый должен иметь соответственный возрасту облик. |
Aut agitur res in scaenis aut acta refertur. Segnius inritant animos demissa per aurem quam quae sunt oculis subiecta fidelibus et quae ipse sibi tradit spectator: non tamen intus |
Действие мы или видим на сцене, иль слышим в рассказе, то, что дошло через слух, всегда волнует слабее, Нежели то, что зорким глазам предстает необманно И достигает души без помощи слов посторонних. |
digna geri promes in scaenam multaque tolles ex oculis, quae mox narret facundia praesens: ne pueros coram populo Medea trucidet aut humana palam coquat exta nefarius Atreus aut in avem Procne vertatur, Cadmus in anguem. |
Тем не менее ты не все выноси на подмостки, Многое из виду скрой и речистым доверь очевидцам. Пусть малюток детей не при всех убивает Медея, Пусть нечестивый Атрей человечьего мяса не варит, Пусть не становится Кадм змеею, а птицею - Прокна: |
Quodcumque ostendis mihi sic, incredulus odi. Neve minor neu sit quinto productior actu fabula quae posci volt et spectanda reponi. Nec deus intersit, nisi dignus vindice nodus inciderit, nec quarta loqui persona laboret. |
Видя подобное, я скажу с отвращеньем: "Не верю!" Действий в пьесе должно быть пять: ни меньше, ни больше, Ежели хочет она с успехом держаться на сцене. Бог не должен сходить для развязки узлов пустяковых, И в разговоре троим обойтись без четвертого можно. |
Actoris partis chorus officiumque virile defendat, neu quid medios intercinat actus quod non proposito conducat et haereat apte. |
Хору бывает своя поручена роль, как актеру: Пусть же с нее не сбивается он, и поет между действий То, что к делу идет и к общей направлено цели. |
Ille bonis faveatque et consilietur amice et regat iratos et amet pacare tumentis, ille dapes laudet mensae brevis, ille salubrem iustitiam legesque et apertis otia portis, ille tegat conmissa deosque precetur et oret, ut redeat miseris, abeat Fortuna superbis. |
Дело хора - давать советы достойным героям, В буйных обуздывать гнев, а в робких воспитывать бодрость. Дело хора - хвалить небогатый стол селянина, И справедливый закон, и мир на открытых дорогах; Дело хора - тайны хранить и бессмертным молиться, Чтобы удача к смиренным пришла и ушла от надменных. |
Tibia non ut nunc orichalco vincta tubaeque aemula, sed tenuis simplexque foramine pauco adspirare et adesse choris erat utilis atque nondum spissa nimis complere sedilia flatu, quo sane populus numerabilis, utpote parvos, et frugi castusque verecundusque coibat. |
Флейта была не всегда, как теперь, окована медью, Спорить с трубой не могла, и отверстий имела немного; Вторила хору она, и силы в ней было довольно, Чтоб оглашать дуновеньем ряды не слишком густые, Где собирался народ, еще малочисленный, скромный, Знающий цену труду, известный строгостью нравов. |
Postquam coepit agros extendere victor et urbis latior amplecti murus vinoque diurno placari Genius festis inpune diebus, accessit numerisque modisque licentia maior. |
Только когда рубежи раздвинул народ-победитель, Город обнес просторной стеной, и под праздник без страха Начал с утра вином ублажать хранителя-бога, Стала являться в ладах и напевах сугубая вольность: |
Indoctus quid enim saperet liberque laborum rusticus urbano confusus, turpis honesto? |
Что в них мог понимать досужий невежда-крестьянин, Сев, как мужик средь мужей, с горожанами чуткими рядом?! |
sic priscae motumque et luxuriem addidit arti tibicen traxitque vagus per pulpita vestem, sic etiam fidibus voces crevere severis, et tulit eloquium insolitum facundia praeceps utiliumque sagax rerum et divina futuri sortilegis non discrepuit sententia Delphis. |
Тут-то к былой простоте прибавились резвость и роскошь, И зашагал по помосту флейтист, волоча одеянье; Тут и у строгих струн явилися новые звуки; Тут и слова налились красноречьем, дотоль небывалым, Так что с этой поры и хор, как вещун и советник, Стал в песнопеньях своих темней, чем дельфийский оракул. |
Carmine qui tragico vilem certavit ob hircum, mox etiam agrestis satyros nudavit et asper incolumi gravitate iocum temptavit eo quod inlecebris erat et grata novitate morandus spectator functusque sacris et potus et exlex. |
А трагедийный поэт, за козла состязаясь в театре, Стал заголять сатиров лихих, деревенскою шуткой Неколебимую строгость смягчив, - и все потому, что Были приманки нужны и новинки, которые любит Зритель, после священных пиров и пьяный и буйный. |
Verum ita risores, ita commendare dicacis conveniet satyros, ita vertere seria ludo, ne, quicumque deus, quicumque adhibebitur heros, regali conspectus in auro nuper et ostro, migret in obscuras humili sermone tabernas aut, dum vitat humum, nubis et inania captet. |
Впрочем, даже самих сатиров, насмешников едких, Так надлежит представлять, так смешивать важность и легкость, Чтобы герой или бог, являясь меж ними на сцене, Где он за час до того блистал в багрянице и зле Не опускался в своих речах до убогих притонов и не витал в облаках, не чуя земли под ногами |
Effutire levis indigna tragoedia versus, ut festis matrona moveri iussa diebus, intererit satyris paulum pudibunda protervis. non ego inornata et dominantia nomina solum verbaque, Pisones, satyrorum scriptor amabo |
Легких стихов болтовни трагедия будет гнушаться - Взоры потупив, она проскользнет меж резвых сатиров Словно под праздничный день матрона в обрядовой пляске Я бы, Пизоны, не стал писать в сатировских драмах Только простые слова, в которых ни веса, ни блеска |
nec sic enitar tragico differre colori, ut nihil intersit, Davusne loquatur et audax Pythias, emuncto lucrata Simone talentum, an custos famulusque dei Silenus alumni. |
Я бы не стал избегать трагических красок настолько Чтобы нельзя уже было понять, говорит ли плутовка Пифия, дерзкой рукой у Симона выудив деньги, Или же верный Силен, кормилец и страж Диониса. |
Ex noto fictum carmen sequar, ut sibi quivis speret idem, sudet multum frustraque laboret ausus idem: tantum series iuncturaque pollet, tantum de medio sumptis accedit honoris. |
Я б из обычнейших слов сложил небывалую песню, Так, чтоб казалась легка, но чтоб всякий потел да пыхтел бы, Взявшись такую сложить: великую силу и важность Можно и скромным словам придать расстановкой и связью. |
Silvis deducti caveant me iudice Fauni, ne velut innati triviis ac paene forenses aut nimium teneris iuvenentur versibus umquam aut inmunda crepent ignominiosaque dicta. |
Фавнам, покинувшим лес, поверьте, совсем не пристало Так изъясняться, как тем, кто вырос на улицах Рима: То услаждая себя стишком слащавым и звонким, То громыхая в ушах похабною грязною бранью. |
Offenduntur enim, quibus est equus et pater et res, nec, siquid fricti ciceris probat et nucis emptor, aequis accipiunt animis donantve corona. Syllaba longa brevi subiecta vocatur iambus, |
То и другое претит тому, у кого за душою Званье, и род, и доход; и он в похвале не сойдется С тем, кто привычен жевать горох да лузгать орехи. Долгий слог за кратким вослед называется ямбом: |
pes citus: unde etiam trimetris adcrescere iussit nomen iambeis, cum senos redderet ictus, |
Быстрая эта стопа, всегда выступая попарно, Триметра имя дала стиху о шести удареньях. |
primus ad extremum similis sibi: non ita pridem, tardior ut paulo graviorque veniret ad auris, spondeos stabilis in iura paterna recepit commodus et patiens, non ut de sede secunda cederet aut quarta socialiter. Hic et in Acci |
Из одинаковых стоп состоял он когда-то; но после, Чтобы весомей и медленней нашего слуха касаться, Он под отеческий кров величавые принял спондеи, Кротко для них потеснясь, за собою, однако, оставив Место второе и место четвертое. Чистые ямбы |
nobilibus trimetris adparet rarus et Enni in scaenam missos cum magno pondere versus aut operae celeris nimium curaque carentis aut ignoratae premit artis crimine turpi. Non quivis videt inmodulata poemata iudex et data Romanis venia est indigna poetis. |
Редки у Акция в славных стихах, и у Энния редки В триметрах тяжких его, под которыми гнутся подмостки, - Что ж, тем хуже для них: это знак иль небрежной работы, Или незнанья основ мастерства, что столь же постыдно. Правда, не всякий ценитель расслышит нескладную строчку Даже и это для римских поэтов обидная вольность. |
Idcircone vager scribamque licenter? an omnis visuros peccata putem mea, tutus et intra spem veniae cautus? vitavi denique culpam, non laudem merui. Vos exemplaria Graeca nocturna versate manu, versate diurna. |
Значит ли это, что я начну писать как попало, Стану ошибки свои выставлять напоказ беззаботно Зная, что все мне простят? Упреков, быть может, избегну, Но не дождусь и похвал. Образцы нам - творения греков: Ночью и днем листайте вы их неустанной рукою! |
at vestri proavi Plautinos et numeros et laudavere sales, nimium patienter utrumque, ne dicam stulte, mirati, si modo ego et vos scimus inurbanum lepido seponere dicto legitimumque sonum digitis callemus et aure. |
Если же ваши отцы хвалили и ритмы и шутки Даже у Плавта, - ну что ж, такое в них было терпенье, Можно даже сказать - их глупость, если мы сами В силах умом отличить от изящного грубое слово Или неправильный стих уловить на слух и на ощупь. |
Ignotum tragicae genus invenisse Camenae dicitur et plaustris vexisse poemata Thespis, quae canerent agerentque peruncti faecibus ora. |
Первым творенья свои посвятил трагической музе Феспис, который возил представленья свои на телеге, А исполнителям их он суслом вымазывал лица. |
Post hunc personae pallaeque repertor honestae Aeschylus et modicis instravit pulpita tignis et docuit magnumque loqui nitique cothurno. |
Только Эсхил облачил их в плащи, надел на них маски И научил их ходить ногою, обутой в котурны, По невысоким подмосткам, вещая высокие речи. |
Successit vetus his comoedia, non sine multa laude, sed in vitium libertas excidit et vim dignam lege regi: lex est accepta chorusque turpiter obticuit sublato iure nocendi. |
Дальше черед наступил комедии древней и славной: Много похвал стяжала она, но, впав в своеволье, Стала закон преступать, и тогда, по слову закона, Хор в ней постыдно умолк, утратив право злоречья. |
Nil intemptatum nostri liquere poetae nec minimum meruere decus vestigia Graeca ausi deserere et celebrare domestica facta vel qui praetextas vel qui docuere togatas. |
Наши поэты брались за драмы обоего рода И заслужили по праву почет - особенно там, где Смело решались они оставить прописи греков И о себе о самих претексты писать и тогаты. |
Nec virtute foret clarisve potentius armis quam lingua Latium, si non offenderet unum quemque poetarum limae labor et mora. Vos, o |
Думаю даже, что наш язык сравнялся бы славой С доблестью наших побед, когда бы латинским поэтам Их торопливость и лень не мешала отделывать строки. |
Pompilius sanguis, carmen reprehendite, quod non multa dies et multa litura coercuit atque praesectum deciens non castigavit ad unguem. ingenium misera quia fortunatius arte credit et excludit sanos Helicone poetas Democritus, bona pars non unguis ponere curat, |
Вы, о Помпилия кровь, не хвалите стиха, над которым Много и дней и трудов не потратил напилок поэта, Десятикратно пройдясь и вылощив гладко под ноготь! Как-то сказал Демокрит, что талант важнее ученья И что закрыт Геликон для поэтов со здравым рассудком. |
Non barbam, secreta petit loca, balnea vitat. nanciscetur enim pretium nomenque poetae, si tribus Anticyris caput insanabile numquam tonsori Licino conmiserit. o ego laevus, qui purgor bilem sub verni temporis horam. |
Не оттого ли теперь не хотят ни стричься, ни бриться Наши певцы, сидят по углам и в баню не ходят, Словно боясь потерять и званье и славу поэта, Ежели голову вверят свою брадобрею Лицину, Неизлечимую даже и трех Антикир чемерицей? |
Non alius faceret meliora poemata, verum nil tanti est. ergo fungar vice cotis, acutum reddere quae ferrum valet exsors ipsa secandi, |
Ах, для чего я, глупец, по весне очищаюсь от желчи? Кабы не это, писал бы и я не хуже любого! Только зачем? Уж лучше мне быть, как камень точильный, Тот, что совсем не остер, но делает острым железо: |
munus et officium, nil scribens ipse, docebo, unde parentur opes, quid alat formetque poetam, quid deceat, quid non, quo virtus, quo ferat error. |
Сам не творя, покажу я, в чем дар, в чем долг стихотворца, Что ему средства дает, образует его и питает, Что хорошо, что нет, где верный путь, где неверный. |
scribendi recte sapere est et principium et fons. Rem tibi Socraticae poterunt ostendere chartae verbaque provisam rem non invita sequentur. qui didicit, patriae quid debeat et quid amicis, |
Мудрость - вот настоящих стихов исток и начало! Всякий предмет тебе разъяснят философские книги, А уяснится предмет - без труда и слова подберутся Тот, кто понял, в чем долг перед родиной, долг перед другом |
quo sit amore parens, quo frater amandus et hospes, quod sit conscripti, quod iudicis officium, quae partes in bellum missi ducis, ille profecto reddere personae scit convenientia cuique. |
В чем состоит любовь к отцу, и обрату, и к гостю В чем заключается дело судьи, а в чем - полководца Или мужей, что сидят, управляя, в высоком сенате - Тот для любого лица подберет подобающий облик. |
Respicere exemplar vitae morumque iubebo doctum imitatorem et vivas hinc ducere voces. Interdum speciosa locis morataque recte fabula nullius veneris, sine pondere et arte, valdius oblectat populum meliusque moratur quam versus inopes rerum nugaeque canorae. |
Далее, я прикажу, чтоб ученый умел подражатель Жизнь и нравы людей наблюдать для правдивости слога. Драма, где мысли умны, а нравы очерчены метко, Даже если в ней нет изящества, важности, блеска, Больший имеет успех и держится дольше на сцене, Нежели та, где одни пустые и звонкие строчки. |
Grais ingenium, Grais dedit ore rotundo Musa loqui, praeter laudem nullius avaris. Romani pueri longis rationibus assem discunt in partis centum diducere. 'Dicat |
Грекам, грекам дались и мысли, и дар красноречья, Ибо они всегда ценили одну только славу! Ну, а у нас от ребяческих лет одно лишь в предмете: Медный асе на сотню частей разделять без остатка! |
filius Albini: si de quincunce remota est uncia, quid superat? poteras dixisse.' 'Triens.' 'Eu, rem poteris servare tuam. redit uncia, quid fit?' |
"Сын Альбина, скажи: какая получится доля, Если отнять одну от пяти двенадцатых асса?" - "Треть!" - "Молодец! Не умрешь без гроша! А если прибавить?" |
'Semis.' an, haec animos aerugo et cura peculi cum semel imbuerit, speremus carmina fingi posse linenda cedro et levi servanda cupresso? |
"...То половина!" - Корысть заползает, как ржавчина, в души: Можно ли ждать, чтобы в душах таких слагалися песни, Песни, кедровых достойные масл и ларцов кипарисных? |
Aut prodesse volunt aut delectare poetae aut simul et iucunda et idonea dicere vitae. Quidquid praecipies, esto brevis, ut cito dicta percipiant animi dociles teneantque fideles: omne supervacuum pleno de pectore manat. |
Или стремится поэт к услаждению, или же к пользе, Или надеется сразу достичь и того и другого. Кратко скажи, что хочешь сказать: короткие речи Легче уловит душа и в памяти крепче удержит, Но не захочет хранить мелочей, для дела не нужных. |
Ficta voluptatis causa sint proxima veris: ne quodcumque volet poscat sibi fabula credi neu pransae Lamiae vivum puerum extrahat alvo. |
Выдумкой теша народ, выдумывай с истиной сходно И не старайся, чтоб мы любому поверили вздору, И не тащи живых малышей из прожорливых Ламий. |
Centuriae seniorum agitant expertia frugis, celsi praetereunt austera poemata Ramnes: omne tulit punctum, qui miscuit utile dulci lectorem delectando pariterque monendo. |
Строгих полки стариков в стихах лишь полезное ценят; Быстрые всадники знать не хотят никаких поучений; Всех соберет голоса, кто смешает приятное с пользой, И услаждая людей, и на истинный путь наставляя. |
Hic meret aera liber Sosiis, hic et mare transit et longum noto scriptori prorogat aevum. |
Книга такая плывет за моря, приносит доходы Для продавца, а творцу дарит долголетнюю славу. |
Sunt delicta tamen, quibus ignovisse velimus: nam neque chorda sonum reddit quem volt manus et mens, poscentique gravem persaepe remittit acutum, nec semper feriet quodcumque minabitur arcus. |
Правда и то, что порой мы прощаем поэту ошибки: Ведь не всегда и струна звенит, как мы бы хотели, И отвечает смычку вместо звука высокого низким, Да не всегда и стрела попадает туда, куда метит. |
Verum ubi plura nitent in carmine, non ego paucis offendar maculis, quas aut incuria fudit aut humana parum cavit natura. quid ergo est? Ut scriptor si peccat idem librarius usque, quamvis est monitus, venia caret, et citharoedus ridetur, chorda qui semper oberrat eadem, sic mihi, qui multum cessat, fit Choerilus ille, |
Вот почему не сержусь я, когда в стихах среди блеска Несколько пятен мелькнут, плоды недостатка вниманья Или природы людской - в ней нет совершенства. Однако Плох тот книжный писец, который снова и снова, Как его ни учи, повторяет все ту же ошибку, Плох кифаред, на одной и той же фальшивящий ноте, - Так же плох и поэт нерадивый, подобно Херилу: |
quem bis terve bonum cum risu miror, et idem indignor, quandoque bonus dormitat Homerus, verum operi longo fas est obrepere somnum. |
Буду я рад, отыскав у него три сносные строчки, Но рассержусь, когда задремать случится Гомеру - Хоть и не грех ненадолго соснуть в столь длинной поэме. |
Ut pictura poesis: erit quae, si propius stes, te capiat magis, et quaedam, si longius abstes, haec amat obscurum, volet haec sub luce videri, iudicis argutum quae non formidat acumen, haec placuit semel, haec deciens repetita placebit. |
Общее есть у стихов и картин: та издали лучше, Эта - вблизи; одна пленяет сильней в полумраке, Между тем как другая на вольном смотрится свете И все равно не боится суда ценителей тонких; Эта понравится вмиг, а иная - с десятого раза. |
O maior iuvenum, quamvis et voce paterna fingeris ad rectum et per te sapis, hoc tibi dictum tolle memor, certis medium et tolerabile rebus recte concedi: consultus iuris et actor causarum mediocris abest virtute diserti Messallae nec scit quantum Cascellius Aulus, |
Старший из братьев! Хоть ты и сам от природы разумен, И наставленья отца тебя разумному учат, Все же послушай меня. В иных человечьих занятьях Даже посредственность в дело идет: правовед и оратор, Даже если один красноречьем уступит Мессале, А другой - широтою познаний Касцеллию Авлу, |
sed tamen in pretio est: mediocribus esse poetis non homines, non di, non concessere columnae. Ut gratas inter mensas symphonia discors et crassum unguentum et Sardo cum melle papaver offendunt, poterat duci quia cena sine istis: sic animis natum inventumque poema iuvandis, si paulum summo decessit, vergit ad imum. |
Все-таки оба в цене; а поэту посредственных строчек Ввек не простят ни люди, ни боги, ни книжные лавки! Как на богатом пиру нескладный напев музыкантов, Мак в сардинском меду иль масло, жирное слишком, Нам претят, ибо мы и без них пировали бы славно, - Точно так и стихи, услада душевная наша, От совершенства на шаг отступив, бездарными будут. |
Ludere qui nescit, campestribus abstinet armis indoctusque pilae discive trochive quiescit, ne spissae risum tollant inpune coronae: |
Кто не владеет мечом, тот не ходит на Марсово поле, Кто не держал ни мяча, ни диска, не бегал, не прыгал, Тот не пойдет состязаться, чтоб стать посмешищем людям. |
qui nescit versus, tamen audet fingere. quidni? Liber et ingenuus, praesertim census equestrem summam nummorum vitioque remotus ab omni. |
Только стихи сочиняет любой, не боясь неуменья, А почему бы и нет? Он не раб, он хорошего рода, Всадником числится он, и в дурных делах не замечен. |
Tu nihil invita dices faciesve Minerva: id tibi iudicium est, ea mens. siquid tamen olim scripseris, in Maeci descendat iudicis auris et patris et nostras nonumque prematur in annum membranis intus positis: delere licebit, quod non edideris, nescit vox missa reverti. |
Ты же, прошу, ничего не пиши без воли Минервы: Вот тебе главный совет. А ежели что и напишешь - Прежде всего покажи знатоку - такому, как Меций, Или отцу, или мне; а потом до девятого года Эти стихи сохраняй про себя: в неизданной книге Можно хоть все зачеркнуть, а издашь - и словца не поправишь. |
Silvestris homines sacer interpresque deorum caedibus et victu foedo deterruit Orpheus, dictus ob hoc lenire tigres rabidosque leones, dictus et Amphion, Thebanae conditor urbis, saxa movere sono testudinis et prece blanda ducere quo vellet. Fuit haec sapientia quondam, |
Первым диких людей от грызни и от пищи кровавой Стал отвращать Орфей, святой богов толкователь; Вот почему говорят, что львов укрощал он и тигров И Амфион, говорят, фиванские складывал стены, Двигая камни звуками струн и лирной мольбою С места на место ведя. Такова была древняя мудрость: |
publica privatis secernere, sacra profanis, concubitu prohibere vago, dare iura maritis, oppida moliri, leges incidere ligno. |
Общее с частным добро разделять, со священным мирское, Брак узаконить, конец положив своевольному блуду, И укреплять города, и законы писать на скрижалях. |
Sic honor et nomen divinis vatibus atque carminibus venit. Post hos insignis Homerus Tyrtaeusque mares animos in Martia bella versibus exacuit, dictae per carmina sortes et vitae monstrata via est et gratia regum Pieriis temptata modis ludusque repertus et longorum operum finis: ne forte pudori sit tibi Musa lyrae sollers et cantor Apollo. |
вот откуда пришел почет к пророкам-поэтам И к песнопениям их! А потом и Гомер знаменитый, И Тиртей закалили мужей для воинственной брани, Песней ведя их на бой; в стихи облеклись прорицанья И наставленья на жизненный путь; пиерийские струны Милость дарили царей, несли развлечение душам, Отдых давали от тяжких трудов. Итак, не стыдися Музы, искусницы в лирной игре, и певца-Аполлона! |
Natura fieret laudabile carmen an arte, quaesitum est: ego nec studium sine divite vena nec rude quid prosit video ingenium: alterius sic altera poscit opem res et coniurat amice. |
Что придает стихам красоту: талант иль наука? Вечный вопрос! А по мне, ни старанье без божьего дара, Ни дарованье без школы хорошей плодов не приносит: Друг за друга держась, всегда и во всем они вместе. |
Qui studet optatam cursu contingere metam, multa tulit fecitque puer, sudavit et alsit, abstinuit venere et vino, qui Pythia cantat tibicen, didicit prius extimuitque magistrum. |
Тот, кто решил на бегах обогнуть вожделенную мету, Жил с малолетства в трудах, не знал ни Венеры, ни Вакха, Много и мерз и потел; кто идет состязаться на флейтах, Долго учился сперва и дрожал пред учителем строгим; |
Munc satis est dixisse 'ego mira poemata pango, occupet extremum scabies, mihi turpe relinqui est et quod non didici sane nescire fateri'. Ut praeco, ad merces turbam qui cogit emendas, adsentatores iubet ad lucrum ire poeta dives agris, dives positis in fenore nummis. |
Нам же довольно сказать: "Я на диво стихи сочиняю - Все остальное провал побери, а мне неприлично Вдруг признаться, что я, не учась, чего-то не знаю". Как созывает глашатай народ к продаже имений, Так и льстецов созывает поэт, к себе на поживу - Тот, у кого за душой и поместий и денег немало. |
Si vero est, unctum qui recte ponere possit et spondere levi pro paupere et eripere artis litibus inplicitum, mirabor, si sciet inter- noscere mendacem verumque beatus amicum. |
Если умеет отвесть на пиру он место для гостя, И поручительство дать бедняку, и вызволить в тяжбе Тех, кто сам на суде не силен, - то вряд ли отыщет Разницу он между лживым льстецом и подлинным другом. |
Tu seu donaris seu quid donare voles cui, nolito ad versus tibi factos ducere plenum laetitiae, clamabit enim 'pulchre, bene, recte', pallescet, super his etiam stillabit amicis ex oculis rorem, saliet, tundet pede terram. |
Если ты дал или дашь клиенту богатый подарок, - Не приглашай его слушать стихи, - он заранее полон Счастья он будет кричать: бесподобно, прекрасно, прелестно, Будет краснеть и бледнеть, глаза отуманит слезою, Будет подскакивать с места и оземь притопывать пяткой. |
Ut, qui conducti plorant in funere, dicunt et faciunt prope plura dolentibus ex animo, sic derisor vero plus laudatore movetur. Reges dicuntur multis urgere culillis et torquere mero, quem perspexisse laborent an sit amicitia dignus, si carmina condes, numquam te fallent animi sub vulpe latentes. |
Как в похоронных рядах наемный плакальщик будет Громче рыдать и заметней, чем тот, кто и вправду горюет, Так всегда лицемер крикливей; чем честный хвалитель. Видно, недаром у персов цари за полною чашей Чистым пытают вином, желая узнать человека, Верный он друг или нет. И если стихи ты слагаешь, Остерегись лицемерных лжецов с их лисьей личиной. |
Quintilio siquid recitares, 'corrige sodes hoc' aiebat 'et hoc'. mulius te posse negares bis terque expertum frustra: delere iubebat et male tornatos incudi reddere versus. |
Если Квинтилию ты читал свои сочиненья, Он говорил: "Исправь-ка вот то и это словечко". Ты возражал, что пытался не раз, но все понапрасну, - Он предлагал зачеркнуть весь стих и пустить в перековку. |
Si defendere delictum quam vertere malles, nullum ultra verbum aut operam insumebat inanem, quin sine rivali teque et tua solus amares. |
Если же ты начинал защищать неудачное место, Вместо того чтоб его изменить, - он больше ни слова: Можешь себя и творенья свои без соперников нежить! |
Vir bonus et prudens versus reprehendet inertis, culpabit duros, incomptis adlinet atrum transverso calamo signum, ambitiosa recidet ornamenta, parum claris lucem dare coget, arguet ambigue dictum, mutanda notabit: |
Здравый и дельный ценитель бессильные строки осудит, Грубым предъявит упрек, небрежные - черным пометит Знаком, перо повернув, излишнюю пышность - урежет, Там, где слишком темно, - прикажет света подбавить, Там, где двусмысленность, - вмиг уличит, где исправить - укажет; |
fiet Aristarchus, non dicet 'cur ego amicum offendam in nugis?' hae nugae seria ducent in mala derisum semel exceptumque sinistre. Ut mala quem scabies aut morbus regius urget aut fanaticus error et iracunda Diana, vesanum tetigisse timent fugiuntque poetam qui sapiunt, agitant pueri incautique sequuntur. |
Строгий, как сам Аристарх, он не скажет: "Зачем же мне друга Из пустяков обижать?" Пустяки-то к беде и приводят, Если за них навсегда осмеют и отвергнут поэта. Словно тот, кто коростой покрыт, или болен желтухой, Или лишился ума, иль наказан гневливой Дианой, Именно так ужасен для всех поэт полоумный - Все от него врассыпную, лишь по следу свищут мальчишки. |
Hic, dum sublimis versus ructatur et errat, si veluti merulis intentus decidit auceps in puteum foveamve, licet 'succurrite' longum |
Ежели он, повсюду бродя и рыгая стихами, Вдруг, как тот птицелов, что не впору на птиц загляделся, Рухнет в яму иль ров, - то пускай он хоть лопнет от крика: |
clamet, 'io cives', non sit qui tollere curet. Si curet quis opem ferre et demittere funem, 'qui scis, an prudens huc se deiecerit atque servari nolit?' dicam Siculique poetae narrabo interitum. 'deus inmortalis haberi dum cupit Empedocles, ardentem frigidus Aetnam insiluit. Sit ius liceatque perire poetis: |
"Люди! На помощь! Скорей!" - никто и руки не поднимет, Если же кто и начнет спускать ему в яму веревку, Я удержу: "А что, если он провалился нарочно И не желает спастись?" - и по этому поводу вспомню Смерть Эмпедокла: "Поэт сицилийский, в отчаянной жажде Богом бессмертным прослыть, хладнокровно в горящую Этну Спрыгнул. Не будем лишать поэта права на гибель! |
invitum qui servat, idem facit occidenti. nec semel hoc fecit nec, si retractus erit, iam fiet homo et ponet famosae mortis amorem. |
Разве не все равно, что спасти, что убить против воли? Это не в первый уж раз он ищет блистательной смерти, - Вытащишь, кинется вновь: ему уж не быть человеком. |
Nec satis adparet, cur versus factitet, utrum minxerit in patrios cineres an triste bidental moverit incestus: certe furit ac velut ursus, obiectos caveae valuit si frangere clatros, |
Кроме того, ведь мы и не знаем, за что он наказан Страстью стихи сочинять? Отца ль осквернил он могилу Молнии ль место попрал, - но лютует он хуже медведя Хуже медведя, что клетку взломал и ревет на свободе!" |
Indoctum doctumque fugat recitator acerbus, quem vero arripuit, tenet occiditque legendo, non missura cutem nisi plena cruoris hirudo.' |
Так от ретивых поэтов бегут и ученый и неуч - Если ж поймает - конец: зачитает стихами до смерти И не отстанет, пока не насытится кровью, пиявка. |
Ст. 20-21. Намек на анекдот о живописце, умевшем писать только кипарисы - деревья, посвященные мертвым; когда кто-то, спасшись от кораблекрушения, попросил его изобразить это спасение на картине, художник спросил, не написать ли тут же и кипарис.
Ст. 32. Эмильева школа - гладиаторская школа в Риме.
Ст. 50. Цетег - консул 204 г. до н.э.; Цицерон считал его первым римским оратором.
Ст. 63-68. Перечисляются мелиоративные мероприятия, осуществленные Августом в Италии.
Ст. 73. Дал нам Гомер образец... - Размер Гомера - гексаметр.
Ст. 75. В строчках неравной длины... - в элегических двустишиях (ст. 77), сочетающих длинный гексаметр с более коротким пентаметром.
Ст. 80. Котурн - высокая обувь трагических актеров, сокк - плоская обувь комических.
Ст. 94. Хремет - персонаж комедий, так же как далее - Пифия и Симон (ст. 237-238).
Ст. 96. Телеф и Пелей - трогательные образы царей в несчастье.
Ст. 136. Циклический автор. - Киклическими назывались поэмы продолжателей Гомера, старавшихся охватить как можно более широкий круг ("кикл") мифологических событий.
Ст. 141-142. Сокращенный перевод первых стихов "Одиссеи".
Ст. 155. "Хлопайте!" - возглас, которым обычно кончались латинские комедии.
Ст. 179. В рассказе "вестников" излагались обычно убийства, чудеса и прочие "несценические" эпизоды.
Ст. 191. Бог... для развязки... - известный прием "deus ex machina".
Ст. 192. И в разговоре троим обойтись без четвертого можно. - Правило о трех собеседниках объясняется тем, что в аттической трагедии могли играть только три актера.
Ст. 202. Флейта - точнее, дудка - сопровождала песни хора.
Ст. 205 и след. Здесь описывается (с большими неточностями) развитие драматических представлений в Греции в VI -V вв. до н.э.
Ст. 220. ...за козла состязаясь... - народная этимология слова "трагедия" (буквально: "козлиная песнь").
Ст. 221. Сатиры составляли хор в так называемой сатировской драме (ст. 234), появившейся в V в.; Гораций предлагает ввести этот жанр и в латинскую драму, заменив сатиров фавнами (ст. 244).
Ст. 253. Ямбический триметр состоял из шести ямбических стоп, расчлененных на три "двустопия" - отсюда название.
Ст. 256. Спондей - стопа из двух долгих слогов; ее употребление в ямбе определялось особыми правилами (ст. 258), которых Энний, Акций и Плавт не соблюдали.
Ст. 288. Претексты и тогаты - трагедии и комедии из римской жизни.
Ст. 292. Вы, о Помпилия кровь... - Царь Нума Помпилий считался предком рода Пизонов.
Ст. 332. Кедровым маслом натирались и в кипарисных ларцах хранились дорогие книги.
Ст. 340. Ламия - чудовище-людоед в италийских народных комедиях ("ателланах").
Ст. 375. Сардинский мед отличался горьким привкусом.
Ст. 387. Меций. - О Меции Тарпе см. примеч. к сатире 1,10.
Ст. 438. Квинтилий Вар - критик, на смерть которого написана Ода 1,24.
Ст. 472. Молнии ль место попрал... - Место удара молнии считалось священным.
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Новые книги авторов СИ, вышедшие из печати:
О.Болдырева "Крадуш. Чужие души"
М.Николаев "Вторжение на Землю"