Au théâtre ce soir

programme de télévision française

Au théâtre ce soir est une émission de télévision de Pierre Sabbagh diffusée en alternance entre les première et deuxième chaînes de l'ORTF puis sur TF1 (après l'éclatement de l'ORTF)[1] du au [2].

Au théâtre ce soir
Genre Théâtral
Réalisation Pierre Sabbagh
Pays Drapeau de la France France
Langue Français
Diffusion
Diffusion la première chaîne de l'ORTF
la deuxième chaîne de l'ORTF
TF1
Date de première diffusion
Date de dernière diffusion

L'émission consiste à diffuser à la télévision des représentations théâtrales enregistrées (les programmes de divertissement désigent ce genre, du « téléthéâtre ») en deux ou trois jours[3], au cours de représentations publiques au théâtre Marigny ou parfois au théâtre Édouard-VII à Paris.

Historique

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L'idée de créer cette émission se fait à la suite d'un mouvement de grève prolongé à l'ORTF. Les directeurs de programmes, à court d'émissions, demandent à la RTB son enregistrement de la pièce de théâtre La Bonne Planque de Michel André, ayant notamment pour vedette, l'acteur Bourvil, au sommet de sa popularité. Cette première pièce de théâtre est la seule à avoir été enregistrée au théâtre du Vaudeville à Bruxelles au lieu des théâtres Marigny ou Édouard-VII à Paris[4]. La diffusion de cette pièce, le samedi remporte un énorme succès d'audience et des sacs postaux entiers, remplis de lettres de téléspectateurs, parviennent à la télévision[5]. Devant l'engouement des téléspectateurs pour cette pièce de théâtre enregistrée pour la télévision en présence du public, Pierre Sabbagh a l'idée de créer l'émission Au théâtre ce soir[6] qui commence le , avec Trois garçons, une fille et se termine en et aura diffusé durant cette période 411 pièces de 300 auteurs dont plusieurs parviendront à la postérité et deviendront des grands classiques. L'émission, bien que décriée par la critique, a rassemblé des dizaines de millions de spectateurs[4].

Jean-Jacques Bricaire, administrateur du théâtre Marigny, choisit les textes, organise les répétitions, choisit les metteurs en scène et les acteurs et assure la gestion des contrats et des droits d'auteur[7].

En 1969, lors du remaniement de l'antenne des chaînes publiques, Pierre Sabbagh conçoit spécialement pour les soirées du jeudi sur la Première chaîne de l'ORTF, deux rendez-vous complémentaires intitulés « Au Cinéma ce soir »[8] et « Au Music-Hall ce soir »[9].

Au Théâtre ce soir permet à des comédiens de théâtre comme notamment Jacques François, depuis lors inconnu du grand public, d'être régulièrement en tête d'affiche à la télévision.

Le coût moyen du tournage et de la production est évalué à 70 000 francs, soit deux à trois fois moins qu’une dramatique tournée aux studios des Buttes-Chaumont[10].

L'émission est distribuée dans de nombreux autres pays francophones[11].

Les pièces choisie essentiellement dans la comédie de mœurs légère déclinant une certaine image de la frivolité parisienne (se tenant principalement dans les salons d'appartements de la bourgeoisie d'affaire), sont mises en scène notamment par Robert Manuel, Jacques Ardouin, Jean-Laurent Cochet, Robert Thomas ou encore Jean Piat[12].

En , Jacques Boutet, PDG de TF1, et Arnaud Ténèze, directeur du département musique et théâtre, décrètent l'arrêt de l'émission; elle survit toutefois trois ans de plus, grâce aux enregistrements déjà réalisés[4]. La faiblesse des moyens déployés (décors, costumes, quatre caméras), le choix de pièces de théâtre de boulevard à la qualité inégale bien qu'après se développe un théâtre alternatif de la contestation ou d'œuvres classiques plus controversées, accentuent le positionnement de l'émission de plus en plus décalée par rapport aux préoccupations de la société, ce qui provoque l'échec de ce véritable emblème télévisuel[13].

Annonce rituelle

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Ne se contentant pas de saluer le public en fin de représentation, les retransmissions s'achèvent par la présentation de la troupe et le plus souvent, par la célèbre formule : « les décors sont de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell ». Au cours des dernières années, le public du théâtre Marigny scande lui-même le nom du responsable des décors et de celui des costumes. Cette particularité inspire certains humoristes comme, la rubrique régulière d'Yves Frémion pendant des années dans les colonnes de Fluide glacial sous le pseudonyme « L. et D. Corson de Rojayheart ».

Parmi les pièces les plus célèbres

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Les pièces jouées par année

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Les réalisateurs de l'émission

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Liste des acteurs et actrices qui ont joué dans Au théâtre ce soir (liste non exhaustive)

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Liste des metteurs en scène

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Notes et références

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  1. « Au théâtre ce soir - L'Encyclopédie des émissions TV », sur Toutelatele.com (consulté le ).
  2. Jean-Louis Robert et Myriam Tsikounas, Imaginaires parisiens, Éditeur du CREDHESS, .
  3. Mise en place des éléments du décor et de l’éclairage le jeudi, répétitions le vendredi et samedi dans la matinée, enregistrement le samedi après-midi.
  4. a b et c Armelle Héliot, « « Au théâtre ce soir », fauteuils d'orchestre », sur Le Figaro, .
  5. Jean Diwo, Si vous avez manqué le début, Albin Michel, 1976, p.86
  6. Jean Diwo, Si vous avez manqué le début, Albin Michel, 1976, p.87 : "C'est le succès de La Bonne Planque, pièce filmée au cours d'une représentation, devant un public manifestant ses réactions, qui a donné l'idée à Pierre Sabbagh de produire sa série Au théâtre ce soir"
  7. Jean-Jacques Ledos, Dictionnaire historique de télévision, Éditions L'Harmattan, , p. 59.
  8. https://www.youtube.com/watch?v=FlL6TZY2IWs Générique de 1969, INA, sur Youtube.com, consulté le 31 mars 2024
  9. https://books.openedition.org/editionscnrs/2941?lang=fr Évelyne Cohen, Marie-Françoise Lévy, Pascale Goetschel « La télévision des Trente Glorieuses. Les dramatiques télévisées, lieux d’apprentissage culturel et social dans la France des Trente Glorieuses ? Le jeudi voit alterner Au théâtre ce soir, Au cinéma ce soir et Au music-hall ce soir. », Hors collection, CNRS Editions Paris, 2007, 978-2-271-06521-6, 318 pages, papges 113-143
  10. Archives nationales, archives ORTF, 1993, art. 188, convention 1970, article 3. À titre indicatif, le devis pour Le Misanthrope mis en scène par Pierre Dux dont la fabrication est prévue en juin de la même année indique une somme de 565 921 francs.
  11. Télé 7 Jours no 1097, semaine du 6 au , page 14, article de Martine de Rabaudy avec interview de Pierre Sabbagh : « L'émission a aussi une valeur d'exportation dans tous les pays francophones. Ça se vend comme des petits pains, mais pour une poignée de cacahuètes. L'antenne québécoise diffuse un spectacle par semaine. Et quand je suis allé au Gabon, à Alger, à Tunis ou au Maroc, j'ai été sidéré par son retentissement. »
  12. Encyclopædia Universalis, vol. 22, , p. 435.
  13. Jean Caune, La Culture en action de Vilar à Lang, Presses Universitaires de Grenoble, , 352 p..
  14. Divergence sur l'orthographe du nom entre le visionnement et ce qui est affiché sur la jaquette du DVD ou sur le site de Fred Kiriloff.
  15. Le costumier a fait une brève apparition dans Le noir te va si bien en y incarnant le diable à la fin de la pièce.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Pascale Goetschel, « Décors parisiens dans Au théâtre ce soir. Rituels et stéréotypes », Sociétés et représentations, no 17,‎ , p. 247-272.

Liens externes

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