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Date de création : 28.04.2012
Dernière mise à jour :
11.12.2024
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Entre les maisons en bois pastel et les collines dominant Kulusuk, un village insulaire du Groenland, les chiens de Moses Bajare guettent la formation des glaces pour s'élancer sur la banquise et traquer l'ours ou le phoque. Robuste et endurant, le chien du Groenland, assez semblable au husky, est depuis des siècles l'animal de trait idéal pour le chasseur inuit qui écume sur son traîneau l'immense désert blanc pendant les longs mois d'hiver où le mercure peut afficher -35°C.
Mais le réchauffement de l'atmosphère et des océans accélère la fonte des glaces, deux fois plus rapide dans l'Arctique, et retarde leur formation à la fin de l'été. Matelas Souple DECOUVRIR Sponsorisé par Hypnia Pour Moses, c'est tout un mode de vie, plus qu'un simple gagne-pain, qui est menacé au Groenland, recouvert à 85% de glace. "Quand j'ai un problème, avec la famille, dans ma vie, je me réfugie dans la nature avec mes chiens. Et après un ou deux jours, quand je reviens, c'est réglé", raconte cet homme de 59 ans, unique policier du village de 250 âmes. Cet été, des climatologues guidés par des chasseurs ont publié des photos saisissantes de chiens progressant péniblement dans un fjord dont la banquise était recouverte de glace fondue. Sous un ciel désespérément bleu, face aux montagnes déneigées, l'attelage semble marcher sur l'eau. A Kulusuk, les chiens de Moses s'ébattent sous le soleil estival, nettoyant leur épais pelage et agitant au vent leur queue touffue comme des panaches blanc et noir dans le ciel boréal. Dans l'est du Groenland, la chasse au phoque, à la baleine ou au narval, petit cétacé apparenté à une licorne des mers, se fait en bateau, et non à bord de motoneiges. Et pendant l'hiver, Moses continue de sortir sa meute de 12 chiens jusqu'aux rives de l'océan comme il le fait depuis 35 ans, pour mettre son kayak à l'eau et suivre les colonies de phoques, carabine à la main. La glace change Et ce, même si la glace n'est pas aussi épaisse qu'avant, dès le mois de février, et fond précocement, dès le mois de mai désormais au lieu de juin ou juillet. "La glace est en train de changer", déplore Moses, qui comme la plupart des 250 habitants de Kulusuk est Inuit - un peuple indigène qui représente 90% de la population du Groenland. A Kulusuk, 79% des habitants estiment que la glace est devenue plus dangereuse ces dernières années, et 67% pensent que le réchauffement menace le traîneau à chiens, selon une étude menée par les universités de Copenhague et du Groenland, territoire autonome danois. "Avant, on pouvait sortir à traîneau pendant quatre ou cinq mois pendant l'hiver", se souvient Kunuk Abelsen, un jeune chasseur, mais "maintenant, c'est seulement pendant trois mois". Lui possède 22 chiens et chiots. Une partie de la meute vit sur une île rocailleuse, de l'autre côté du fjord pendant l'été. A l'approche de son bateau en ce jour d'août, les chiens, excités, s'ébrouent, aboient. Le chef de meute, Han Solo, est tenu à l'écart du groupe et de son rival, un jeune mâle agressif répondant au nom de Cristiano. Ses chiens sont pour Kunuk une partie de son identité. "Nous n'avons pas de terrain de foot, pas de piscine, et vous pouvez aller loin dans la nature", dit-il. "Si on arrêtait d'utiliser (les chiens), nous perdrions une part importante de notre culture". Et des revenus que les propriétaires de traîneaux tirent de leur activité de guide auprès des touristes étrangers. Un tour avec des chiens de traîneau est facturé jusqu'à 1.000 couronnes danoises (135 euros), une petite fortune au vu des prix affichés au petit supermarché local. "Le dérèglement climatique, c'est vraiment pas bon"