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Date de création : 22.05.2012
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24.08.2017
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Société
JUSTICE Deux hommes qui devaient être jugés pour un braquage et un viol sont repartis libre...
Le procureur est en retard, la juge libère les accusésbackground: none !important;">4
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Julien Sofianos
La boulette. Un braqueur et un violeur présumés, qui devaient être jugés dans des affaires distinctes lundi après-midi en comparution immédiate au tribunal de Papeete, ont été relâchés par la présidente alors que le représentant du ministère public avait quelques minutes de retard.
La présidente du tribunal, Denise Roguet Lacroix, a constaté cette absence et a levé l’audience au bout de quelques minutes, relâchant les prévenus.
Des relations tendues entre magistratsLe vice-procureur Michel Bonnieu, qui était dans son bureau, est aussitôt arrivé, mais trop tard. Il s’est dit « très surpris » mais n’a pas souhaité donner plus d’explications à l’AFP. Selon un avocat, il avait pourtant prévenu que ses audiences précédentes avaient tardé, et qu’il aurait dix minutes de retard. Pour le Parquet, le vice-procureur était présent et l’audience aurait dû se tenir.
Les trois hommes seront cités à comparaître à une autre date. La juge n’a pas souhaité s’exprimer sur cette affaire. Selon plusieurs sources judiciaires, cet incident est dû aux relations tendues qu’entretiennent certains magistrats au tribunal de Papeete.
Un homme de 31 ans devait comparaître pour braquage à main armée, un fait très rare en Polynésie. Samedi soir, masqué par une cagoule, il est soupçonné d’avoir menacé le gérant d’une roulotte-pizzeria avec une carabine à plombs, avant de s’enfuir avec un maigre butin : moins de cent Euros. Traqué par une trentaine de gendarmes et une brigade cynophile, il avait été retrouvé quelques heures plus tard. Il a reconnu avoir prémédité son acte.
Le violeur présumé est un multirécidiviste, soupçonné de nombreuses agressions sexuelles sur son ex-compagne, enceinte de six mois. Il l’aurait menacée de mort et violée samedi soir, alors qu’il lui est interdit de l’approcher. « Je suis sûre qu’il va retourner la voir dès ce soir » s’est indignée son avocate, Me Aurélie Reynaud, auprès de l’AFP. « Ça nuit gravement à l’image de la justice, c’est honteux, c’est scandaleux » a-t-elle estimé.
La gendarmerie avait invité la presse le matin même pour médiatiser l’arrestation du braqueur. Toute la presse locale a donc assisté à l’audience avortée de lundi après-midi.
RELIGION Le pape François a fait de la défense de la famille traditionnelle un de ses leitmotivs...
Le pape François condamne les parents séparés qui prennent en «otages» leurs enfants
20 Minutes avec AFP
Le pape François a condamné mercredi les parents séparés qui «prennent en otages» leurs enfants dans leurs conflits, et dénoncé avec vigueur la «rupture» du «pacte entrefamille et société, famille et école» encouragée selon lui par certains «intellectuels».
«Tellement souvent, l'enfant est pris en otage par son père qui lui parle mal de sa mère, et par sa mère qui lui parle mal de son père, et cela fait tant de mal», a déclaré le papedans une catéchèse sur la famille, lors de l'audience générale sur la place Saint-Pierre.
«Je dis aux parents séparés: jamais, au grand jamais, ne prenez votre enfant en otage! Vous vous êtes séparés pour tant de motifs et de difficultés, mais les enfants ne doivent pas être ceux qui portent le poids de cette séparation, ceux qui sont utilisés comme otages contre l'autre conjoint». «Ils doivent pouvoir grandir en entendant leur mère parler bien de leur père, et leur père parler bien de leur mère, même s'ils ne sont plus ensemble», a ajouté le pape argentin, soulignant que cela pouvait être «très difficile» mais «faisable».
Fervent défenseur de la famille traditionnelleLe pape François, qui a fait du combat pour la famille traditionnelle un de ses leitmotivs, a fustigé les idéologies contemporaines qui font le procès de la famille, à quelques mois d'un synode (assemblée d'évêques) qui doit aborder la question délicate de l'échec de nombreux mariages catholiques et de la multiplication des divorces.
Pour le pape François aussi, une famille, c’est un papa et une maman
«Aujourd'hui, des intellectuels critiques de toutes sortes réduisent au silence les parents de toutes les manières, en cherchant à défendre les nouvelles générations des dommages -vrais ou présumés-- de l'éducation familiale. La famille a été accusée d'autoritarisme, de favoritisme, de conformisme, de répression affective générant les conflits», a-t-il accusé avec colère.
«Une fracture s'est ouverte entre famille et société, entre famille et école, le pacte éducatif s'est rompu aujourd'hui, la confiance réciproque est minée», a-t-il encore dénoncé.
Un juge antiterroriste a souligné le « danger » du projet de loi sur le renseignement qui doit être débattu à l’Assemblée nationale à partir du 13 avril.
Certes, une loi sur le renseignement de ce type peut être redoutable entre les mains de Jean-Marie Le Pen et autre Jean Roucas, mais ce que ne dit pas ce juge intolérant, c’est que nous sommes gouvernés par des personnalités intègres qui ont déjà fait la démonstration de leur bienveillance.
Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter outre mesure, comme tempère le vertueux journaliste avant-gardiste Yves Calvi.
– « Une gauche putassière » : Sur une certaine gauche et la prostitution
« Une gauche putassière »
Sur une certaine gauche et la prostitution
Par CHRIS HEDGES, Prix Pulitzer 2002
auteur de L’empire de l’illusion et La mort de l’élite progressiste
Affiché en anglais sur TRUTHDIG le 8 mars 2015
Copyright ©Chris Hedges, avril 2015
(VANCOUVER, Colombie-Britannique) La prostitution est l’expression par excellence du capitalisme mondial. Nos maîtres d’entreprise sont des proxénètes. Nous sommes tous avili.e.s, réduit.e.s à l’appauvrissement et l’impuissance, pour desservir les exigences cruelles et lascives de l’élite corporative. Et quand ils se fatiguent de nous, ou quand nous n’avons plus d’utilisation à leurs yeux, nous sommes rejetés comme autant de déchets humains. Si nous acceptons que la prostitution devienne légale, comme l’a fait l’Allemagne, qu’elle devienne admissible dans une société de droit, nous ferons collectivement un pas de plus vers la plantation mondiale en cours de construction par les puissants. La lutte contre la prostitution est la lutte contre un néolibéralisme déshumanisant qui commence, mais ne prendra pas fin avec la subjugation des filles et des femmes appauvries.
La pauvreté n’est pas un aphrodisiaque. Celles et ceux qui vendent leur corps pour le sexe le font par désespoir. Ils aboutissent souvent avec des blessures physiques, avec diverses maladies et conditions médicales, dont de graves traumatismes affectifs. La gauche est poussée à la faillite morale par son incapacité à comprendre que la prostitution légale est un autre visage du néolibéralisme. Vendre votre corps pour du sexe n’est pas un choix. Ce n’est pas une question de liberté. C’est un acte d’esclavage économique.
Par une nuit pluvieuse récemment, j’ai marché parmi les femmes désespérément prostituées sur les trottoirs des 15 pâtés de maison composant le quartier Downtown Eastside de Vancouver; la plupart d’entre elles sont des femmes autochtones indigentes. J’ai vu, sur les coins de rue désolés où les femmes attendent les clients-prostitueurs, la cruauté et le désespoir qui caractériseront bientôt la plupart de nos vies si les architectes du néolibéralisme demeurent au pouvoir. Le Downtown Eastside souffre du taux d’infection au VIH le plus élevé en Amérique du Nord. Il est peuplé de toxicomanes, de gens brisés, sans abri, de personnes vieilles et malades mentales, toutes cyniquement jetées à la rue.
Lee Lakeman, l’une des radicales les plus importantes au Canada, et plusieurs membres du Vancouver Rape Relief & Women’s Shelter, m’ont rencontré un matin dans leur bureau de quartier à Vancouver. Au début des années 1970, Lakeman a ouvert sa maison de l’Ontario aux femmes victimes de violence et à leurs enfants. Dès 1977, elle avait rejoint à Vancouver l’organisation Rape Relief & Women’s Shelter, fondée en 1973 et aujourd’hui le plus ancien centre de crise anti-viol au Canada. Elle a été au premier plan sur le terrain des luttes menées au Canada contre la violence anti-femmes, créant des alliances avec des groupes comme le Réseau d’action des femmes autochtones et de la Coalition des femmes asiatiques pour mettre fin à la prostitution.
Lakeman et son organisation ont refusé d’accorder au gouvernement de Colombie-Britannique l’accès aux dossiers de victimes, afin de protéger l’anonymat de ces femmes. Elles ont également refusé ces renseignements aux tribunaux, dans lequel, dit Lakeman, « les avocats de la défense tentent de discréditer ou d’intimider les plaignantes dans les dossiers pénaux de violence masculine contre les femmes ». Ce défi a coûté au refuge son financement gouvernemental. « Il demeure impossible de travailler efficacement dans un centre SOS viols ou d’une maison de transition sans enfreindre périodiquement la loi canadienne », dit Lakeman, qui se décrit comme étant de plus en plus radicale.
Lakeman, avec les féministes radicales alliées à Rape Relief, est la bête noire non seulement de l’État mais des libéraux ineptes qui pensent que la violence physique exercée contre une femme est odieuse si elle se produit dans un atelier de misère mais qu’elle est d’une certaine façon acceptable si elle a lieu dans une chambre louée, une ruelle, un bordel, un salon de massage ou une voiture. Lakeman se bat contre un monde qui est devenu engourdi, un monde qui a banni l’empathie, un monde où la solidarité avec les opprimé.e.s est un concept étranger. Et, avec les bouleversements à venir causés par le changement climatique et par la dégradation du capitalisme mondial, elle craint que si des mécanismes ne sont pas mis en place pour protéger les femmes pauvres, l’exploitation et les abus vont augmenter.
« Nous n’avons jamais cessé d’avoir à composer avec la misogynie des militants de gauche », explique-t-elle. « C’est un grave problème. Comment pouvons-nous parler les unes aux autres à titre de mouvements? Nous voulons parler de la formation de coalitions. Mais nous voulons de nouvelles formations qui prendront au sérieux le leadership des femmes, qui utiliseront ce qui a été appris dans les 40 ou 50 dernières années. Nous traitons avec les plus dépossédées des femmes. Et il est clair pour nous que chaque soulèvement bâclé, chaque soulèvement chaotique et non planifié, a des effets dévastateurs sur les femmes pauvres. Nous avons besoin de faire intégrer du discernement à nos pratiques de révolte. Nous ne voulons pas de la version de droite traditionnelle du maintien de l’ordre. Nous travaillons contre elle. Nous n’appelons pas à une réduction des droits des hommes. Mais, sans une communauté organisée, sans responsabilité de l’État, chaque femme doit s’en remettre à ses propres ressources face à un homme plus puissant qu’elle. »
« Nous assistons à une gamme de violences exercées contre les femmes que les générations avant nous n’ont jamais vue : inceste, violence conjugale, prostitution, traite et violence contre les lesbiennes », poursuit-elle. « Tout cela est devenu normal. Mais dans les périodes de chaos, ces violences s’aggravent. Nous essayons de nous accrocher à ce que nous savons sur la façon de prendre soin des gens, à ce que nous savons des modes de travail démocratiques, à une non-violence qui n’est pas récupérée par l’État. Mais il nous faut insister sur le droit de chaque femme à ne pas devoir affronter tout homme seule. Nous devons exiger la primauté du droit. »
« La mondialisation et le néolibéralisme ont accéléré un processus dans lequel les femmes sont vendues tout de go, comme si c’était OK de prostituer des femmes asiatiques dans les bordels sous prétexte qu’elles envoient de l’argent à des familles pauvres », précise-t-elle. « Voilà le modèle néolibéral qui nous est proposé. C’est une industrie. C’est OK… juste un job comme n’importe quel autre. Ce modèle dit que les gens sont autorisés à posséder des usines où l’on produit de la prostitution. Ils peuvent posséder des systèmes de distribution [destinés à la prostitution]. Ils peuvent utiliser la publicité pour la promouvoir. Ils peuvent faire des profits. Les hommes qui paient pour la prostitution soutiennent ce mécanisme. L’État qui permet la prostitution soutient ce mécanisme. La seule façon de lutter contre le capitalisme, le racisme et de protéger les femmes est d’empêcher les hommes d’acheter des prostituées. Et une fois cela fait, nous pourrons nous mobiliser contre l’industrie et l’État au profit de l’ensemble de la lutte antiraciste et anticapitaliste. Mais les hommes devront accepter le leadership féministe. Ils devront nous écouter. Et ils devront renoncer à l’auto-indulgence de la prostitution. »
« La gauche s’est disloquée dans les années 1970 en raison de son échec à composer avec le racisme, l’impérialisme et la liberté des femmes », explique Lakeman. « Ces problèmes demeurent les lignes de faille. Il nous faut bâtir des alliances en travers de ces fossés. Mais il y a des enjeux qui coupent court aux ententes. Vous ne pouvez pas acheter des femmes. Vous ne pouvez pas battre des femmes. Vous ne pouvez pas attendre de nous des coalitions sur les enjeux « plus larges » à moins d’accepter cela. Le problème avec la gauche, c’est qu’elle a peur des mots comme « la morale ». La gauche ne sait pas comment faire la distinction entre le bien et le mal. Elle ne comprend pas ce qui constitue un comportement contraire à l’éthique. »
Même si beaucoup de féministes radicales sont profondément hostiles aux politiques néolibérales de l’État, elles réclament néanmoins des lois pour protéger les femmes et exigent que la police intervienne pour mettre fin à l’exploitation des femmes. Le refuge de Vancouver a déposé un mémoire d’amicus curiae dans une affaire entendue par la Cour suprême du Canada en plaidant pour la dépénalisation des personnes prostituées, majoritairement des femmes et des enfants, et pour la pénalisation de ceux, surtout des hommes, qui les exploitent comme proxénètes, clients et propriétaires de bordels. Lakeman et les autres femmes ont subi de vives critiques, notamment de la gauche, pour ce plaidoyer.
« Dans la gauche progressiste, il est populaire d’être anti-État« , rappelle-t-elle. « Il n’est pas populaire de dire que nous devons faire pression sur l’État pour qu’il s’acquitte de politiques données. Mais toute résistance doit être précise. Elle doit remodeler la société étape par étape. Nous ne pouvons pas abandonner les gens. Cela s’avère difficile à comprendre pour la gauche. Il ne s’agit pas, pour nous, d’une position rhétorique. Cela vient de répondre à notre ligne de crise tous les jours. La gauche tient un discours mince et facile au sujet de sa compassion pour les personnes prostituées, mais sans jamais faire quoi que ce soit de concret pour ces personnes. »
Cette position, qui en est une que j’appuie, marginalise Lakeman et les autres femmes de son collectif parmi les personnes qui devraient être leurs allié.e.s.
« Nous avons été dénoncées. Nous avons vu notre financement attaqué. Nos membres ont été attaquées. Nous avons été boycottées », dit-elle. « On nous vilipende lors d’événements publics. On nous traite d’homophobes, de transphobes, d’hyper-moralistes; on nous accuse d’appuyer l’État, de haïr les hommes et d’être anti-sexe. »
La légalisation de la prostitution en Allemagne et aux Pays-Bas a élargi la traite de femmes et conduit à une explosion de la prostitution enfantine dans ces deux pays. Des filles et des femmes pauvres d’Asie, d’Europe de l’Est et d’Afrique y sont expédiées à des bordels légaux. Les damnées de la terre, un élément du modèle néolibéral, sont importées pour desservir les désirs et les fétiches des gens du monde industrialisé.
Le travail forcé dans l’économie privée mondiale génère des profits illicites annuels de 150 milliards de dollars, selon un rapport de l’Organisation internationale du Travail. L’OIT a estimé que près des deux tiers de ces bénéfices, soit 99 milliards, provenaient de l’exploitation sexuelle commerciale. Plus de la moitié des 21 millions de personnes que l’OIT évalue avoir été contraintes au travail forcé et à l’esclavage contemporain sont des filles et des femmes victimes de la traite à des fins sexuelles. Elles sont déplacées comme du bétail des pays pauvres vers les pays riches. Et le rapport de l’OIT ne documente pas la traite domestique, où les femmes sont transportées de zones rurales vers des zones urbaines ou permutées de quartier en quartier. Les trafiquants promettent aux femmes pauvres des emplois légitimes et bien rémunérés, mais quand les victimes se présentent, les trafiquants ou les proxénètes les dépouillent de leurs pièces d’identité et les enferment dans un péonage écrasant, fardeau d’une dette composée de frais artificiels ou d’emprunts contractés pour payer les drogues utilisées pour créer une accoutumance. L’âge moyen auquel les femmes entrent dans la prostitution est 16 ans. Une étude a révélé que l’âge moyen auquel meurent les prostituées est de 34 ans. Quant aux femmes forcées à l’esclavage sexuel en Europe, l’OIT a évalué que chacune pouvait générer des profits de 34 800$ par an pour ceux qui les tiennent dans la servitude.
Lakeman appelle ce qui est arrivé dans des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas « l’industrialisation de la prostitution ».
En contrepartie, la Suède, en 1999, a criminalisé l’achat de sexe. La Norvège et l’Islande ont, depuis, fait de même. Ces deux réponses – l’approche allemande et ce qu’on appelle le modèle nordique – ont eu des effets dramatiquement différents. L’approche allemande et néerlandaise normalise et étend la traite des personnes et la prostitution. L’approche nordique les bat en brèche. La Suède a réduit la prostitution de rue de moitié et libéré de nombreuses femmes de l’esclavage sexuel. Lakeman, citant le modèle nordique, appelle à la criminalisation de l’achat, plutôt que de l’offre, de services sexuels. Celles dont les corps sont vendus ne devraient pas être sanctionnées, dit-elle.
Depuis décembre dernier, l’achat de sexe est maintenant illégal au Canada. La Loi sur la protection des communautés et des personnes exploitées, ou projet de loi C-36, criminalise l’achat de services sexuels et décriminalise la vente de ces services. Elle restreint la publicité de services sexuels et la communication en public à des fins de prostitution. Mais la loi a déclenché une vive opposition et fait face à des menaces de contestation judiciaire. La première ministre de l’Ontario, la Commission de police de Vancouver, des responsables de l’application de la loi et d’autres organisations politiques et politiciens ont annoncé qu’ils ne l’appliqueraient pas. Le Nouveau Parti démocratique, deuxième plus grand parti au Canada, et le Parti libéral ont annoncé leur intention de travailler en vue de légaliser la prostitution. Il n’existe aucune garantie que la loi résistera à mesure que l’inégalité économique et sexuelle grandit à travers le monde.
« Le commerce mondial, en particulier celui des femmes asiatiques, a été systématiquement aggravé par les politiques néolibérales des pays du Premier monde », a déclaré Alice Lee, qui fait partie de la Coalition des femmes asiatiques mettant fin à la prostitution. « Ces politiques sont ancrées dans les disparités sociales de race, de classe et de genre. Elles créent des conditions qui forcent les femmes pauvres à migrer. Ceux qui soutiennent la légalisation de la prostitution affirment souvent que la traite est mauvaise, mais que la prostitution est acceptable. Mais traite et prostitution sont inséparables. »
« Les femmes asiatiques sont surtout amenées à la traite par le besoin de gagner de l’argent dans la prostitution pour soutenir leurs familles », dit-elle. « Et nous créons actuellement des générations entières de femmes qui sont prostituées et abandonnées à l’exploitation. Quand nous étions au Cambodge, nous sommes allées dans un quartier où les femmes ont grandi comme prostituées dans les années 20 et où 90 pour cent des femmes sont devenues prostituées. En Chine, le communisme a éradiqué la prostitution, ou du moins la prostitution visible. Mais avec le capitalisme chinois, la prostitution est aujourd’hui partout. »
«Les femmes de Chine travaillent pour un dollar par jour dans les usines », dit Lee. « Les trafiquants attirent frauduleusement ces femmes dans la prostitution en leur offrant une alternative au désespoir avec une promesse de meilleurs emplois et de conditions améliorées de travail. Dans les villes minières et les centres d’extraction de ressources, des femmes sont recrutées et amenées comme prostituées pour desservir les hommes. Elles sont amenées dans les bases militaires et les sites touristiques. Là où règnent l’exploitation économique, le militarisme et la destruction écologique, les femmes sont prostituées et exploitées. »
« Pour les femmes de couleur, la prostitution est une extension de l’impérialisme », explique Alice Lee. « C’est la sexualisation du racisme. La prostitution est bâtie sur les disparités de pouvoir social de race et de couleur. Les femmes de couleur sont exploitées de manière disproportionnée par le biais de la prostitution. Ce racisme n’est pas reconnu par les gens du Premier monde, y compris la gauche. Le racisme sexualisé nous rend invisible et hors de propos. Il rend impossible pour nous d’être considérées humaines. »
«Les femmes du Tiers-monde sont utilisées dans le monde développé pour le travail domestique, les soins aux personnes âgées et la sexualité débridée des hommes », dit Lakeman. « Notre liberté en tant que femmes ne peut pas reposer sur cet arrangement. »
Beaucoup des femmes autochtones des rues du quartier Downtown Eastside ont été gravement battues, torturées ou assassinées ou ont disparu. En mai 2014, la Gendarmerie royale du Canada a publié un rapport affirmant que 1 017 femmes et filles autochtones avaient été assassinées entre 1980 et 2012 au Canada, un chiffre que les organisations de femmes autochtones jugent sous-évalué. À mesure que la prostitution et la pornographie deviennent normalisées, il en est de même de la violence masculine contre les femmes.
« Lorsque certaines femmes sont achetées et vendues », déclare Hilla Kerner, une Israélienne qui travaille au refuge de Vancouver depuis 10 ans, « toutes les femmes peuvent être achetées et vendues. Lorsque certaines femmes sont traitées en objets, toutes les femmes sont traitées en objets. »
Original : Blog TRUTHDIG : http://www.truthdig.com/report/item/the_whoredom_of_the_left_20150308
La cour d'appel de Nancy (Lorraine) a jugé mercredi 1 avril que briser son bracelet électronique lorsqu'on n'est plus en détention afin de se soustraire au contrôle judiciaire ne constitue pas une "tentative d'évasion". C'est pour ces faits que Jean-Luc Moindrot, violeur récidiviste, se retrouvait à nouveau devant la justice. En juin dernier, il avait détruit son bracelet électronique à son domicile de Nacy avant d'être interpellé trois semaines plus tard à la frontière espagnole. En première instance, il avait été condamné à 18 mois de prison pour ce délit.
Toutefois lors du procès en appel, le 4 mars dernier, l'avocat général avait requis la relaxe. Car si le bracelet électronique peut permettre à certains détenus de bénéficier libération conditionnelle, Jean-Luc Moindrot, lui, avait déjà purgé la sienne lorsqu'il s'est vu placer sous surveillance judiciaire, compte tenu de son caractère dangereux de violeur en série.
Condamné une première fois en 1991 à Orléans cet homme de 48 ans avait à l’époque écopé de 9 ans de prison. Il a par la suite été condamné en 2001 à Auxerre à 20 ans de réclusion dont 13 ans de sureté pour trois nouveaux viols. Il avait obtenu 45 mois de réductions de peine ce qui lui avait permis de sortir de prison le 3 décembre 2013.
Il avait alors été équipé d'un bracelet électronique, assorti d'une obligation de suivi psychiatrique et d'injection pour contrôler sa libido. Il ne pouvait en outre se trouvait hors de son domicile que 4 heures par jour.
Lors de son interpellation en juillet dernier, il avait expliqué aux forces de police avoir briser son bracelet électronique pour "aller voir la mer". Les réductions de peine dont il bénéficiait ayant été levé pour cet acte, Jean-Luc Moindrot dort depuis en prison.
Auteur : La rédaction de FranceSoir.fr
Emprisonné à tort pendant 13 ans, il n'obtient pas un centime de la justice
Par Caroline Politi publié le 23/03/2015 à 07:15, mis à jour à 14:02
Abderrahim El Jabri a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Après avoir passé 13 ans en prison, il tente aujourd'hui de se faire indemniser. En vain. Aucune trace de sa détention ne figure en effet dans son dossier.
image: http://1.1.1.2/bmi/static.lexpress.fr/medias_10361/w_2048,h_890,c_crop,x_0,y_218/w_605,h_270,c_fill,g_north/el-jabri_5305145.jpeg
Abderrahim El Jabri a passé 13 ans en prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Aujourd'hui, il se bat pour être indemnisé.
L'Express/Caroline Politi
Son appartement, au sud de Lille, est à peine plus grand que son ancienne cellule. Mais cette pièce un peu défraichie a un goût de liberté aux yeux d'Abderrahim El Jabri. Après avoir passé 13 ans en prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis, l'ancien détenu savoure le retour à une vie -presque- normale. Aller faire ses courses ou, mieux, aller manger dehors, inviter qui il veut, aller se promener... "Faire comme tout le monde, en fait", résume en souriant ce Marocain de 49 ans, cheveux ras et traits marqués. Seule trace de ce long combat judiciaire: les piles de documents qui s'entassent le long des murs, entre les cartons de bonbons et les gels douche achetés par boites de dix.
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"Le principal préjudice, c'est le temps passé qu'on ne pourra pas rattraper", philosophe-t-il. Derrière les barreaux, il a vu ses copains se marier, faire des enfants, au moment même où sa fiancée de l'époque mettait les voiles. Il a vécu la mort de son père du fond de sa cellule sans obtenir le droit d'aller à son enterrement. Pour ces années perdues, il réclame un peu plus de 3 millions d'euros à l'Etat, même s'il est conscient qu'il n'obtiendra pas la somme dans sa totalité.
Les démarches ne devaient être qu'une simple formalité, elles se sont muées en véritable parcours du combattant. Mi-janvier, un courrier l'informe que sa demande pourrait être déboutée. "Il ressort des démarches effectuées par l'Agent judiciaire de l'Etat (...) que la côte détention n'a pas été numérisée et n'est donc pas disponible pour la consultation", écrit l'avocat de l'Agent judiciaire. En clair: son dossier n'ayant pas été numérisé, il n'est pas possible de vérifier que la détention a bien eu lieu. "On est dans une situation totalement absurde, s'emporte son avocat Me Darrigade. Les arrêts de condamnation, l'acquittement et plusieurs recours mentionnent les périodes de détention subies et on veut nous faire croire qu'elles n'ont pas existé. C'est le signe qu'en France, on ne veut pas reconnaître ses erreurs."
Le visage d'Abderrahim El Jabri se ferme lorsqu'il parle de ce nouveau combat qui l'attend. L'homme est fatigué de jouer les David contre Goliath. Il a voué 17 ans de sa vie à prouver son innocence. Depuis ce soir de décembre 1997 où le corps d'Abdelaziz Jhilal, le p'tit Azouz comme on le surnomme dans le quartier, est retrouvé lardé d'une centaine de coups de couteau, dans un fossé, à Lunel (Hérault). L'enquête s'oriente rapidement vers lui et un de ses amis, Abdelkader Azzimani: la veille au soir, les deux hommes, trafiquants de cannabis à l'époque, lui ont avancé cinq kilos de "marchandise". "Azzimani le connaissait très bien. On lui a fait confiance quand il nous a dit qu'il revenait dans cinq minutes." L'homme ne réapparaîtra jamais. Les deux trafiquants de drogue se mettent alors à sa recherche. "Je pensais qu'il nous avait arnaqués", confie-t-il. Ce n'est que le lendemain après-midi qu'ils apprendront la nouvelle. "Immédiatement, j'ai su que tout jouait contre nous."
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Abderrahim El Jabri (à gauche) Abdelkader Azzimani (à droite) avec leurs avocats Jean-Marc Darrigade et Luc Abratkiewicz au début de leur procès en révision, le 30 juin 2014 à Nîmes.
afp.com/Pascal Guyot
Arrêtés en avril 1998, ils sont condamnés en première instance et en appel, à 20 ans de réclusion criminelle. Azzimani passera 12 ans derrière les barreaux, El Jabri 13 ans. Du fond de sa cellule, ce dernier remue ciel et terre: écrit chaque semaine au procureur et aux juges, missionne des copains dans d'autres prisons pour enquêter sur certains détenus susceptibles d'avoir des informations... L'enquête sera finalement relancée par la rétractation du principal témoin -qui affirmait les avoir vus sur les lieux du crime en compagnie de la victime. Un nouveau test ADN désigne deux nouveaux suspects qui avouent rapidement.
Abderrahim El Jabri n'oubliera jamais le jour où il a appris que les véritables coupables avaient été arrêtés. C'était en mars 2011. "Je mangeais avec un gars qui venait de m'aider à repeindre ma cellule quand une dame est venue m'informer que je devais appeler mon avocat de toute urgence. Elle avait le visage fermé: immédiatement, je me suis dit qu'il était arrivé quelque chose à ma mère. J'avais déjà perdu mon père quelques mois auparavant, j'ai cru qu'elle était peut-être morte de chagrin." Ses craintes seront vite dissipées par la voix rassurante de la secrétaire: sa sortie de prison est proche. Il se souvient des larmes de joie: les siennes évidemment mais également celles des autres détenus qui ont suivi, à ses côtés, son combat. Il sera définitivement acquitté en juillet 2014.
"Je me suis battu pour prouver mon innocence et une fois que c'est fait, on cherche un nouveau motif pour s'acharner contre moi", déplore-t-il, en sirotant son café. Et d'ajouter: "Je suis sûr qu'on me fait payer mon acharnement". Preuve en est, selon lui: l'avocat de l'Agent judiciaire chargé des réparations d'Azzimani a jugé son dossier recevable. Certes, il lui propose dix fois moins que ce qu'il réclamait -240 000 euros au lieu de 2,4 millions d'euros- mais la machine est en route.
A l'entendre, Abderrahim El Jabri en veut plus à la justice qu'aux deux meurtriers. "Les meurtriers, c'est des pauvres types. Ce qu'ils ont fait est mal, doublement mal, puisqu'ils nous ont fait porter le chapeau. Mais les juges avaient tous les éléments matériels et objectifs pour éviter ça..." Pour autant, le conseil et son client restent confiants: tous deux estiment que l'Etat finira pas reconnaître son erreur. Le dossier doit être tranché en mai par la cour d'appel de Nîmes.
Reste que le temps est compté. Car un passé comme celui d'El Jabri encombre également l'avenir. L'homme vit aujourd'hui au crochet de sa famille: son appartement lui est prêté par sa soeur et chaque membre de sa famille lui donne un coup de main financier. Pourtant, il l'assure, il aimerait bien travailler comme tout le monde. Chauffeur-livreur, ça lui irait bien. Mais l'ancien détenu doit faire face à un autre problème: il est sous le coups d'une interdiction de territoire datant de 1994 et ne peut donc pas exercer d'activité professionnelle. Son avocat a adressé une demande de grâce présidentielle. En attendant, El Jabri se rend tous les trois mois à la préfecture renouveler son titre de séjour. "J'attends, mais de toute façon, je n'espère rien. La justice française m'a prouvé qu'on ne pouvait rien en attendre."
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/emprisonne-a-tort-pendant-13-ans-la-justice-refuse-de-lui-verser-le-moindre-centime_1663241.html#UUE0wPfSZPhtxyqo.99
Un colloque sur les violences sexuelles a été organisé la semaine dernière au Sénat par l’associationMémoire traumatique et victimologie. Les résultats des enquêtes menées auprès de 1214 personnes font froid dans le dos, tant en raison de l’ampleur des séquelles que des lacunes de la prise en charge.
En Mars 2005, dans le cadre de l’élaboration du plan « Violence et Santé », le rapport du Dr Jacques Lebas préconisait de mettre en place des recherches sur les trajectoires des personnes victimes de violence et sur leur accès au système de santé, pour mieux connaître leur parcours et pouvoir en analyser les dysfonctionnements dans le but d’améliorer la prise en charge [1]. Partant du constat que, dix ans plus tard, la collecte nationale de données sur le parcours de soin des victimes de violences sexuelles est toujours insuffisante, alors même qu’il s’agit d’un prérequis pour mettre en place des actions efficaces, l’associationMémoire Traumatique et Victimologie a décidé de conduire une enquête auprès des victimes de violences sexuelles. Cette enquête s’inscrit dans le cadre de la campagne Stop au Déni [2] de l’association, lancée en mars 2014, et surtout de la poursuite du but de l’association qui est d’améliorer l’identi- fication, la protection et la prise en charge des victimes de violences via l’informa- tion du public et la formation des professionnel-le-s impliqué-e-s, d’améliorer leur orientation et leur accès à des soins spécialisés de qualité, ainsi que de promouvoir la connaissance et la compréhension des conséquences des violences.
L’enquête Impact et prise en charge des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte, a été conduite de mars à septembre 2014 auprès de 1 214 victimes de violences sexuelles âgées de 15 à 72 ans, dont 1153 femmes et 61 hommes, dans le but d’évaluer l’impact des violences sur leur vie et leur parcours de prise en charge. La collecte de données a été effectuée par le biais d’un questionnaire anonyme auto-administré par ordinateur, composé de 184 questions, dont 122 questions fermées et 62 questions ouvertes. Le questionnaire, conçu par la Dre Muriel Salmona, psychiatre-psycho-traumatologue et Présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, comprenait trois groupes de questions. Le premier portait sur les violences sexuelles subies, le deuxième sur le parcours judiciaire et le troisième sur la santé et la prise en charge médicale. Ce questionnaire a été diffusé auprès de victimes de violences sexuelles via les sites et les comptes sociaux de l’association, la radio, la presse papier et web, ainsi que le réseau associatif.
Pour éviter tout biais lié à la confusion ou à l’ignorance, la question des violences sexuelles subies était posée en proposant en regard de chaque type de violence sa définition inscrite dans le code pénal lorsqu’elle existait. Dans le cas de l’inceste, qui ne figure pas dans le code pénal, nous avons retenu comme définition : « viols et agressions sexuelles commis par une personne de la famille ».
Les données ont été traitées et analysées par une équipe composée de deux médecins, la Dre Muriel Salmona, psychiatre-psychotraumatologue, et la Dre Noémie Roland, médecin généraliste et ancienne Chef de clinique des Universités en Médecine générale de Lyon Est, d’une sociologue, Émilie Morand, et de la rédactrice du rapport, Laure Salmona.
Les violences sexuelles sont un phénomène difficile à chiffrer, et les statistiques basées sur le nombre de plaintes enregistrées sont loin de refléter la réalité. À partir des années 2000, la première Enquête Nationale sur les Violences envers les Femmes en France (ENVEFF) [3] a suscité un début de prise de conscience de la prévalence et des aspects multiples du phénomène, d’autres enquêtes ont suivi, produisant à chaque fois des chiffres un peu plus élevés en matière de violences sexuelles, ce qui suggère que la parole des victimes met du temps à se libérer, et que les chiffres dont nous disposons aujourd’hui sont encore certainement sous-estimés.
L’enquête CSF (Contexte de la Sexualité en France) mentionne qu’en 2006, 20,4% des femmes et 6,8% des hommes âgé-e-s de 18 à 69 ans rapportaient avoir été déjà confronté-e-s à une agression à caractère sexuel, dont des tentatives de rapports forcés ou des rapports forcés pour 15,9% des femmes et 4,5% des hommes interrogé-e-s [4]. Les derniers chiffres officiels, publiés dans la lettre n°4 de novembre 2014 de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, font état, chaque année en moyenne, de 102 000 personnes dont 86 000 femmes et 16 000 hommes, victimes d’un viol ou d’une tentative de viol [5].
Mais ces statistiques ne prennent jamais en compte les violences sexuelles dont sont victimes les mineur-e-s, alors qu’il s’agit pourtant de la frange de la population la plus touchée. Un récent rapport de l’OMS souligne que 20% des femmes et 5 à 10% des hommes dans le monde rapportent avoir subi des violences sexuelles pendant leur enfance [6] ; et l’on sait grâce à l’enquête CSF que 59% des femmes et 67% des hommes victimes de violences sexuelles ont subi des premiers viols ou tentatives de viol avant l’âge de 18 ans [7]. Si l’on croise ces données avec celles de l’Observatoire national des violences faites aux femmes on obtient les chiffres suivants : environ 123 756 filles et 32 485 garçons de moins de 18 ans seraient victimes d’un viol ou d’une tentative de viol chaque année, ce qui porte le chiffre global de victimes de moins de 75 ans à près de 260 000 par an. Les violences sexuelles faites aux mineur-e-s sont peu documentées en France et il est regrettable que les enquêtes nationales excluent ainsi de leurs statistiques tout un pan particulièrement vulnérable de la population, comme c’est également le cas pour les personnes âgées, les personnes handicapées [8] et les personnes très défavorisées ou sans domicile fixe [9]. Or, les situations d’inégalité sont connues pour favoriser la propagation des violences sexuelles, qui sont des instruments de domination et d’oppression - une personne vulnérable ou discriminée court donc plus de risques d’en subir.
Toutes les études de victimation le confirment : les violences sexuelles, perpétrées en majorité par des hommes, sont un phénomène endémique qui touche toutes les catégories sociales et toutes les franges de la population. Alors que de nombreuses études scientifiques internationales prouvent que ces violences ont de lourdes répercussions sur la vie et la santé des victimes tout au long de leur existence, la France est concrètement très en retard en ce qui concerne la prise en compte des conséquences psychotraumatiques des violences, et nous ne disposons que de peu de données sur les trajectoires des victimes de violences sexuelles. Hormis l’enquête AIVI [10], conduite en 2009 auprès de victimes d’inceste uniquement, aucune enquête nationale n’avait interrogé directement les victimes. Jusqu’ici, toutes les études prenant en compte les conséquences des violences sexuelles consultaient uniquement des professionnel-le-s en contact avec les victimes. Notre enquête nationale auprès des victimes de violences sexuelles est donc une grande première et les données collectées se révèlent particulièrement alarmantes.
Parmi les 1 214 répondant-e-s, on retrouve 95% de femmes, seuls 5% d’hommes ont participé à l’enquête. Vu le déni qui entoure la question des violences sexuelles faites aux hommes, il existe de fortes probabilités que le pourcentage d’hommes parmi les victimes de violences sexuelles soit en réalité bien plus élevé.
70% des répondant-e-s ont déclaré avoir subi plusieurs types de violences sexuelles, nous avons donc choisi de privilégier systématiquement la violence assortie des circonstances les plus aggravantes [11] afin d’isoler une violence principale subie pour chaque répondant-e. Le viol est la violence la plus fréquemment rapportée par les répondant-e-s, il est possible à cet égard que de nombreuses victimes ayant uniquement subi des faits de violences considérés comme des délits par le code pénal ne soient pas suffisamment informées pour les identifier comme tels, ou qu’elles se soient moins senties ciblées par notre enquête.
70% des répondant-e-s déclarent avoir été victimes de plusieurs violences sexuelles 68% des victimes ont subi au moins un viol
Parmi les victimes d’inceste, 58% ont été victimes de viol. Sans surprise, les situations d’inceste concernent des victimes mineur-e-s au moment des faits dans une écrasante majorité des cas. Seules 1% des victimes d’inceste ont subi l’inceste à l’âge adulte uniquement. La majorité (78%) des répondant-e-s qui ont vécu des violences sexuelles uniquement à l’âge adulte ont subi des viols.
Plus les principales violences subies sont assorties de circonstances aggravantes, et plus les répondant-e-s ont eu tendance à subir d’autres violences sexuelles.
L’âge au moment des premières violences sexuelles est sans conteste la donnée la plus marquante apportée par les résultats de l’enquête. 81% des répondant-e-s qui ont renseigné la question déclarent avoir subi les premiers faits avant l’âge de 18 ans, 68% avant l’âge de 15 ans, 51% avant 11 ans et 21% avant 6 ans.
81% des victimes étaient mineures au moment des premières violences sexuelles 1 victime sur 2 a subi les premières violences sexuelles avant 11 ans 90% des hommes interrogés étaient mineurs lors des premières violences sexuelles
Lorsque la victime avait moins de 6 ans au moment des faits, les violences sexuelles sont liées à une situation d’inceste dans 70% des cas, et dans 58% des cas si la victime avait entre 6 et 10 ans. Ces situations d’inceste peuvent perdurer pendant des années comme en atteste le témoignage de cette victime :
« Mon père m’a violé en moyenne 3 à 4 fois par semaine pendant plus de dix ans. »
Une écrasante majorité des auteur-e-s de violences sexuelles sont de genre masculin : 96% des agresseurs sont des hommes lorsque la victime est mineure, et 98% quand la victime est majeure. Les 4% et 2% restants sont donc des femmes, et pour les victimes mineures, souvent des mères.
Les violences sexuelles faites aux mineur-e-s sont rarement perpétrées par des pédo-criminels inconnus de la victime. Ainsi, dans 94% des cas les agresseurs sont des proches, voire même des membres de la famille dans plus de la moitié (52%) des cas. Hors situation d’inceste, les agressions sexuelles et les viols sont le plus souvent commis par des personnes faisant partie du cercle de connaissances de la victime, dans respectivement 59% et 55% des cas.
Lorsque la victime est mineure, 94% des agresseurs sont des proches 1 victime mineure sur 2 a été agressée par un membre de sa famille
Lorsque les victimes sont mineures, il est fréquent que les violences sexuelles soient infligées par plusieurs agresseurs, en réunion ou de façon successive. On retrouve notamment des tableaux dans lesquels plusieurs membres d’une même famille ont agressé la victime.
« De 3 ans à 10 ans, masculin, 50 ans, grand-père maternel. De 5 ans à 7 ans, masculin, 15 ans, frère.
à 12 ans, masculin, 15 ans, autre frère.
à 15 ans, masculin, 22 ans, petit-ami.
De 7 ans à 18 ans, dans la sphère publique, exhibitions masculines. »
24% des auteur-e-s de violences sexuelles sur mineur-e-s étaient mineur-e-s au moment des faits [12]. Leur victime avait moins de 10 ans dans 62% des cas. Et 68% de ces enfants et adolescent-e-s agresseurs ont commis des viols, incestueux dans près d’un quart des cas (23%). Selon un article de Becker et Hunter, ces agresseurs mineurs seraient eux-même victimes de violences sexuelles dans 40 à 80% des cas [13].
Quand la victime est majeure l’agresseur est une personne connue dans 77% des cas, voire même un-e partenaire ou un-e ex-partenaire dans 41% des cas. Les personnes ayant autorité responsables des violences sexuelles sont le plus souvent des supérieurs hiérarchiques, mais aussi des médecins, des moniteurs d’auto-école, des enseignants et des clients habituels de la prostitution.
Les viols sont en majorité perpétrés par des partenaires ou des ex-partenaires (47%), et seuls 18% des viols imposés à une victime majeure sont le fait d’inconnus. Les victimes de viol en situation d’inceste qui subissent de nouvelles violences à l’âge adulte sont victimes d’un-e partenaire ou d’un-e ex-partenaire dans plus d’un tiers des cas (34%).
Quel que soit l’âge des victimes, les résultats de l’enquête indiquent donc que les sphères familiales et amicales constituent le contexte le plus favorable aux vio- lences et le plus grand réservoir d’agresseurs.
Le viol qui hante l’imaginaire collectif de nos sociétés patriarcales, celui perpétré sur une jeune femme par un inconnu armé, dans une ruelle sombre ou un parking, est donc loin d’être représentatif de la réalité.
Ce sont les enfants qui courent le plus de risques de subir des violences sexuelles, et c’est au sein du foyer que ce risque est le plus élevé.
Le suicide est la conséquence la plus dramatique des violences sexuelles, mais ceux et celles qui ont mis fin à leurs jours ne sont malheureusement plus là pour en parler. Les hommes, qui sont plus nombreux que les femmes à réussir leur suicide [14], sont probablement plus touchés qu’elles par ces morts précoces lorsqu’ils ont été victimes de violences sexuelles, rendant ainsi les violences qu’ils ont subies encore plus difficiles à quantifier et donc à dénoncer.
Parmi les répondant-e-s, un grand nombre de victimes ont rapporté avoir déjà eu des idées suicidaires et 42% ont déclaré avoir fait au moins une tentative de suicide.
78% des victimes interrogées rapportent avoir déjà eu des idées suicidaires 42% déclarent avoir déjà fait au moins une tentative de suicide Le risque de tentative de suicide est 7 fois plus élevé chez les répondant-e-s que dans la population générale
Les tentatives à répétition sont fréquemment rapportées, et certaines victimes ont tenté plus de 10 fois de mettre fin à leurs jours, quelques-unes plus de 20 fois. Ces tentatives de suicides ont parfois eu lieu dans l’enfance comme en témoignent ces répondantes :
« Trois, à 13 ans, 20 ans et 22 ans »
« Quatre. A 6 ans, j’ai voulu me jeter sous une voiture. Ma tante m’a rattrapée à temps. »
La tendance des répondant-e-s à tenter de se suicider est corrélée à la gravité des violences subies, et plus la victime est jeune au moment des faits, plus le risque croît. Ainsi, près de la moitié des victimes qui avaient moins de 6 ans au moment des violences rapportent avoir fait au moins une tentative de suicide.
Interrogées au sujet de l’impact des violences sexuelles sur leur qualité de vie, les victimes le considèrent en majorité comme important. Elles sont également nombreuses à rapporter que les violences ont eu des répercussions néfastes sur leur vie familiale, affective et sexuelle. Ces conséquences semblent encore plus lourdes lorsque la victime a subi les violences en situation d’inceste ou — si elle était majeure au moment des faits — lorsque l’auteur-e est un-e partenaire ou un-e ex-partenaire.
65% des répondant-e-s jugent l’impact des violences sur leur qualité de vie important à très important Pour les victimes de violences sexuelles conjugales ce taux atteint 80%
Ce sont les viols qui ont les conséquences les plus graves, d’autant plus s’ils sont vécus en situation d’inceste. Par ailleurs, plus la victime est jeune au moment des faits, plus l’agresseur est proche de la victime, plus il a d’autorité sur elle, et plus l’impact sur sa qualité de vie et le risque qu’elle tente de se suicider sont importants.
En matière de violences sexuelles, le déni et la loi du silence règnent en maîtres, et les victimes ont couramment l’impression que personne ne peut les comprendre ni les aider. Quand elles dénoncent les violences, elles sont fréquemment ostracisées par leur famille, et subissent des remarques malveillantes à la suite desquelles elles se murent parfois dans le silence. Certaines d’entre elles évitent même délibérément toute interaction sociale, ce qui peut devenir un facteur d’exclusion.
?44% des victimes interrogées éprouvent un sentiment de solitude extrême 56% des répondant-e-s n’ont pu parler à personne au moment des violences
Les résultats de l’enquête tracent un tableau bien sombre de la vie des victimes de violences sexuelles. Seules, incomprises, abandonnées, en proie à des souffrances psychiques atroces, elles tentent tant bien que mal de s’adapter à ce que la société attend d’elles, n’y parvenant pas toujours. Le mal-être dû aux violences qu’elles ont subi et leur manque de confiance en elles se conjuguent, rendant bien souvent leur situation épineuse et précaire. Les actes les plus anodins leur demandent des efforts énormes, et leur vie peut devenir un véritable enfer.
Cette solitude et cette vulnérabilité conduisent bien souvent les victimes à subir de nouvelles violences sexuelles, l’OMS a d’ailleurs reconnu en 2010 qu’avoir subi des violences est le facteur de risque principal pour en subir à nouveau [15].
Et pourtant, malgré leur grande vulnérabilité, les victimes de violences sexuelles ne bénéficient que trop rarement de protection et de justice, les rares qui portent plainte voient leurs droits régulièrement bafoués et sont parfois maltraitées par la police et les professionnel-le-s de la justice. Une grande majorité de répondant-e-s déplorent n’avoir jamais été protégé-e-s, ni par la police, ni par leurs proches. Et même lorsqu’une plainte à été déposée, les mesures de protection sont loin d’avoir été systématiques.
?83 % des victimes interrogées déclarent n’avoir jamais été protégées
Les mineur-e-s ne bénéficient pas de plus de protection, loin de là, seules 4% des victimes agressées dans l’enfance rapportent avoir été prises en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Et parmi les victimes qui ont porté plainte, 66% de celles qui avaient moins de 6 ans au moment des faits, 70% de celles qui avaient entre 6 et 10 ans, et 71% de celles qui avaient entre 11 et 14 ans, rapportent n’avoir jamais été protégées.
Sur les 1214 victimes interrogées, 380 ont porté plainte, soit 31% d’entre elles [16]. Cela ne signifie pas que les 69% restantes n’aient pas désiré le faire, certaines n’ont pas porté plainte parce que les faits étaient prescrits, ou parce que l’agresseur était inconnu ou décédé. Dans certains cas la plainte a bien été déposée mais pas enregistrée :
« J’ai tenté de porter plainte pour le deuxième viol subi à 18 ans par l’homme inconnu, trois jours après les faits, mais les policiers ont refusé d’enregistrer ma plainte, mettant en doute ma version des faits, exerçant des pressions pour que je renonce. »
La plupart des victimes interrogées ont porté plainte pour être reconnu-e-s comme victimes et empêcher l’agresseur de continuer à sévir, mais nombreuses sont celles qui déplorent avoir mal vécu le dépôt de plainte. Les victimes de violences sexuelles sont particulièrement vulnérables du fait du traumatisme qu’elles ont subi, et ce type de démarche, qu’elles font parce qu’elles veulent se reconstruire, parce qu’elles espèrent une protection pour elles-même ou pour d’autres, leur est extrêmement difficile ; elles ont donc plus que jamais besoin d’être crues, accompagnées et soutenues, et non pas d’être maltraitées une nouvelle fois. Les conséquences du manque de for- mation des professionnel-le-s qui les accueillent lors du dépôt de plainte peuvent être dramatiques et les conduire au suicide.
Le temps du procès a également été considéré comme éprouvant par une majorité de répondant-e-s. Si certaines victimes se sentent soulagées, voire réparées, lorsque l’agresseur est reconnu coupable, de nombreux-ses répondant-e-s évoquent des non-lieux ou des peines dérisoires, regrettant dès lors d’avoir perdu beaucoup de temps, d’énergie et d’argent pour rien. Ils ou elles n’ont pas l’impression que la gravité des violences sexuelles subies ait été reconnue et ont parfois le sentiment que la justice privilégie les agresseurs au détriment des victimes.
Ce sentiment d’injustice est renforcé par les trop fréquentes correctionnalisations des viols ainsi que par le problème des délais de prescription. Plus d’un tiers (34%) des répondant-e-s témoignent d’une période d’amnésie traumatique, or ces amné- sies peuvent durer jusqu’à 40 ans après les faits et empêchent trop souvent les vic- times d’obtenir justice du fait de la prescription.
« La requalification […] à été une épreuve parce que je savais que ça voulait dire qu’il [l’agresseur] ne serait jamais reconnu coupable. »
« J’estime que la justice n’a pas du tout rempli son rôle car les faits ne devraient pas être prescrits, les crimes sexuels sur mineurs doivent être imprescriptibles. »
?
81% des répondant-e-s estiment que la justice n’a pas joué son rôleLe sentiment d’injustice et de non-reconnaissance éprouvé par les victimes dont la prise en charge judiciaire s’est mal passée peut engendrer une situation de détresse aux conséquences néfastes.
Les répondant-e-s qui estiment ne pas s’être senti-e-s reconnu-e-s comme victimes par la police et la justice ont plus tendance à tenter de se suicider que la moyenne des autres victimes interrogées
Malgré ce tableau accablant, plus de la moitié des répondant-e-s seraient prêt-e-s à porter plainte à nouveau si c’était à refaire. Il ne s’agit donc pas de déconseiller aux victimes de violences sexuelles d’avoir recours à la justice mais bien d’améliorer leur prise en charge et de respecter leurs droits.
Le risque de développer un état de stress post-traumatique est particulièrement élevé dans le cas de violences sexuelles, et plus encore en cas de viol, d’inceste et de violences sexuelles ayant eu lieu dans l’enfance. 80% d’états de stress post-traumatique ont été recensés en cas de viol contre 24% pour l’ensemble des traumatismes [17], ce taux approchant les 87% en cas de violences sexuelles ayant eu lieu dans l’enfance [18]. Dans les cas de violences sexuelles incestueuses imposées dans l’enfance ce taux peut même atteindre 100% [19]. Suite au trauma, les victimes développent une mémoire traumatique [20], véritable torture qui leur fait revivre sans fin les violences dans un état de stress extrême. Pour y échapper, leur seul recours est de mettre en place des stratégies de survie (conduites d’évitement et conduites dissociantes anesthésiantes) extrêmement coûteuses pour leur santé et leur qualité de vie, et pouvant même impliquer un risque vital [21].
Plus les violences sexuelles ont lieu tôt dans la vie et plus les conséquences sur la santé sont lourdes : avoir subi des violences dans l’enfance est un des déterminants principaux de l’état de santé même cinquante ans après [22]. C’est un important facteur de risque de présenter de nombreuses pathologies psychiatriques, cardio-vasculaires, pulmonaires, endocriniennes, auto-immunes et neurologiques ainsi que des douleurs chroniques et des troubles du sommeil. Des études scientifiques ont par ailleurs démontré que les violences sexuelles entraînent des atteintes neurologiques [23] ainsi que des altérations épigénétiques [24] pouvant être transmises à la génération suivante. Toutes ces conséquences ne sont pas irrémédiables, des soins adaptés permettent de les traiter.
Sans grande surprise, l’impact des violences sur la santé mentale est considéré comme important par une écrasante majorité de victimes. Il est déclaré plus impor- tant par les victimes de viol ou d’inceste et deux tiers des répondant-e-s ayant subi des viols en situation d’inceste estiment qu’il a été très important. De même, plus les violences ont eu lieu tôt et plus l’impact a été important : 66% des victimes ayant vécu les premières violences avant l’âge de 6 ans considèrent que l’impact sur leur santé mentale a été très important, contre 45% de celles qui les ont vécues entre 15 et 17 ans.
Parmi les multiples troubles présentés par les victimes, les symptômes intrusifs (flash-backs, réminiscences et images intrusives), qui concernent 60% des répondant-e-s, sont typiques de l’état de stress post-traumatique et sont dus à la réactivation de la mémoire traumatique [25] - qui peut se produire n’importe quand à partir du moment ou un stimulus rappelle l’événement traumatique. À ces symptômes s’ajoutent les conduites d’hyper-vigilance et d’évitement qui sont mises en place afin d’éviter la réactivation de la mémoire traumatique. Cette réactivation engendre un état d’angoisse extrême et une souffrance psychique intolérable chez le sujet, qui cherchera alors à se déconnecter par tous les moyens possibles, notamment via de nombreuses conduites dissociantes entraînant une anesthésie émotionnelle : consommation d’alcool ou de drogue, troubles alimentaires, mises en danger, auto-mutilations, etc., ces conduites étant particulièrement délétères pour la santé des victimes.
1 victime sur 2 témoigne d’une souffrance psychique importante suite aux violences
L’état de stress post-traumatique est également connu pour être l’un des troubles entraînant le plus de troubles somatiques [26], mais l’impact des violences sexuelles sur la santé physique est encore peu étudié en France. Il serait nécessaire que le corps médical s’y intéresse de plus près et pratique un dépistage systématique des violences sexuelles, et également des autres formes de violences, à toutes les étapes du parcours de soin.
Plus les violences subies avant l’âge de 18 ans ont été précoces et plus l’impact sur la santé physique apparaît comme important : les victimes ayant vécu les premières violences avant 6 ans sont 59% à le trouver important à très important.
Parmi l’ensemble des répondantes, 8,5% des victimes de viol sont tombées enceintes suite à un viol et un quart d’entre elles ont mené leur grossesse à terme. Ces grossesses consécutives à des viols concernaient des mineures dans au moins 21% des cas. Selon les réponses à l’enquête, ces victimes mineures étaient âgées de 9 à 17 ans au moment de la grossesse, avec une moyenne d’âge de 15 ans.
25% des répondantes ayant été enceintes suite à un viol ont mené à terme leur grossesse
De nombreuses répondant-e-s rapportent souffrir de pathologies somatiques diverses : douleurs chroniques, fibromyalgie, pathologies de l’appareil uro-génital, dysfonctionnements thyroïdiens, colopathies fonctionnelles, cancers, maladies autoimmunes, etc.
?58% des répondant-e-s déclarent avoir souffert de douleurs chroniques suite aux violences
Les conséquences psychotraumatiques des violences sexuelles ont un impact très lourd sur la santé des victimes, elles peuvent perdurer des années, si ce n’est toute la vie, en l’absence de dépistage et de prise en charge. Il est absolument indispensable que les victimes de violences bénéficient de soins adaptés.
Plus la prise en charge médicale est précoce et moins les victimes de violences sexuelles développeront d’état de stress post-traumatique, et donc de mémoire traumatique, par la suite [27]. Les violences sexuelles sont par ailleurs une urgence médico-légale (recherche de preuves et certificat médical) et médicale (soins somatiques et psychologiques, contraception d’urgence et prévention, traitement des infections sexuellement transmissibles).
22% des victimes interrogées ont bénéficié d’une prise en charge rapide suite aux violences. Seul-e-s 18% des répondant-e-s ayant eu une prise en charge en urgence rapportent avoir bénéficié d’un examen et de soins physiques, et 6% de soins de l’état de choc psychotraumatique. Dans le cadre d’un viol, 16% des répondantes seulement se sont vu proposer une contraception d’urgence. Quant à la prévention du VIH (virus de l’immunodéficience humaine) et des autres MST (maladies sexuellement transmissibles), elle n’est intervenue que dans respectivement 19 et 16% des cas. L’information des patients ne semble pas non plus avoir été considérée comme une priorité, et seules 5% des victimes se sont vues expliquer les gestes médicaux qui allaient être pratiqués sur elles. On voit donc que la prise en charge d’urgence des victimes pourrait être largement améliorée par la mise en place de protocoles spécifiques.
78% des répondant-e-s n’ont eu aucune prise en charge médicale rapide après les violences
Hors du cadre des soins d’urgence, les professionnel-le-s de santé sont par ailleurs des interlocuteurs privilégiés et un recours essentiel pour les victimes de violences : dans 18% des cas c’est à eux ou elles qu’elles se sont adressées lorsqu’elles ont parlé pour la première fois des violences subies, et beaucoup considèrent qu’ils ou elles les ont sauvées. Malheureusement, le manque de formation de ces professionnel-le-s, la méconnaissance des concepts de mémoire traumatique et de conduite dissociante, la propension au déni vis-à-vis de la réalité des violences sexuelles et de leur prévalence, entraînent des effets néfastes pour les victimes. Non seulement les violences subies sont rarement dépistées ou prises en compte, et les victimes ne sont donc pas correctement orientées, soignées et prises en charge, mais elles peuvent également être maltraitées lorsqu’elles parviennent à parler des violences sexuelles.
« Je n’aime pas trop critiquer le système de santé… mais la seule chose qui me vient à l’esprit c’est : prise en charge soit lamentable (culpabilisation, déni) soit inadaptée (psychanalyse). »
1 victime sur 5 parle pour la première fois des violences sexuelles subies à un-e professionnel-le de santé
Les symptômes psychotraumatiques sont encore très méconnus. Peu identifiés et traités, ils sont le plus souvent interprétés comme provenant de la personne elle- même, de sa nature, de sa personnalité, de sa mauvaise volonté, ou sont étique- tés comme des maladies mentales. De ce fait, les suicides, les conduites à risque, les explosions de mémoire traumatique et les états dissociatifs traumatiques sont trop souvent mis sur le compte de troubles de la personnalité, de dépressions, voire même de psychoses comme c’est le cas pour 17% des répondant-e-s, alors qu’il s’agit de conséquences normales dues au traumatisme. Les violences sexuelles subies ne sont presque jamais évoquées comme cause principale, et la question : « avez-vous subi des violences ? » n’est que très rarement posée.
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41% des répondant-e-s rapportent que les praticien-ne-s consulté-e-s n’ont pas recherché ou diagnostiqué de troubles psychotraumatiques Une psychose a été diagnostiquée chez près d’1 victime sur 5Dans plus d’un tiers des cas, la prise en charge n’a pas été centrée sur les violences subies alors qu’il a été démontré que plus une thérapie est focalisée sur le trauma, plus elle est efficace pour traiter les symptômes psychotraumatiques [28]. La moitié des répondant-e-s jugent que les prises en charge n’ont pas été satisfaisantes et de nombreuses victimes rapportent avoir souffert de maltraitances dans le cadre du soin. Trouver une prise en charge efficace et des professionnel-le-s bienveillant-e-s n’est pas aisé pour les victimes de violences sexuelles et elles doivent fréquemment patienter de longues années avant de pouvoir bénéficier de soins adaptés.
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Dans 38% des cas les soins n’ont pas été centrés sur les violences subies 1 répondant-e sur 2 a jugé négativement les soins reçus 41% des répondant-e-s considèrent que certains soins reçus ont été maltraitantsPar ailleurs, suite aux violences, l’accès à certains soins est difficile pour 62% des répondant-e-s, qui préfèrent laisser évoluer leurs pathologies plutôt que de consulter. Les soins gynécologiques et dentaires, ainsi que la kinésithérapie, sont considérés comme particulièrement anxiogènes.
Afin d’améliorer la prise en charge des victimes de violences sexuelles, les préconisations des répondant-e-s sont les suivantes : faciliter les démarches des victimes (information sur les mécanismes psychotraumatiques, gratuité des soins, centres pluridisciplinaires de prise en charge, protection), former les professionnel-le-s de santé au dépistage des violences, à la réalité des violences et de leurs conséquences, et rompre le silence qui entoure les violences via des campagnes d’information et de prévention.
81% des répondant-e-s jugent qu’il est important que les professionnel-le-s de santé soient formé-e-s 89% des répondant-e-s estiment que la gratuité des soins est importante
? Les bienfaits d’une prise en charge adaptée sont incontestables, les répondant-e-s qui sont parvenu-e-s à en bénéficier soulignent que cela a changé leur vie et les a sauvé-e-s. Une meilleure information des victimes, ainsi qu’une formation des professionnel-le-s de santé qui les prennent en charge, sont absolument nécessaires : il est essentiel que les victimes de violences sexuelles puissent être informées que les troubles psychotraumatiques dont elles souffrent sont des conséquences normales de violences traumatisantes et qu’ils peuvent être traités.
L’enquête a été victime de son succès et nous n’avons malheureusement pas pu, par manque de temps et de moyens, exploiter la totalité des résultats collectés. Nous n’avions pas prévu un tel nombre de réponses et nous n’y étions pas préparé-e-s. Nous nous sommes du coup heurté-e-s à diverses problématiques lors de l’exploita- tion des résultats. Ainsi, les victimisations successives de la majorité des répondant-e-s ont rendu difficile l’identification précise des faits qui les avaient conduit-e-s à porter plainte ou pour lesquels ils ou elles avaient reçu une prise en charge d’urgence.
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